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2.3 La discipline en classe

2.3.2 Les conséquences, les sanctions et les punitions

Selon Charles (1997), [de 9 à 12 ans, les élèves] acceptent qu[e l’enseignant] impose des conséquences raisonnables si quelqu’un enfreint le règlement, surtout s’ils ne sont pas eux-mêmes responsables de l’infraction » (Charles, 1997, p. 275). Cette section permet ainsi de mettre en évidence en quoi consiste une « conséquence raisonnable » et de définir les différents termes que l’on peut rencontrer dans la littérature afin de sanctionner un comportement

inadéquat ou d’enseigner un comportement opportun. Ainsi, les notions de conséquences logiques, conséquences naturelles, sanction et de punition sont définis ci-dessous.

2.3.2.1 Les conséquences logiques

Afin de définir ce terme, prenons, pour commencer, la définition que Charles (1997) énonce dans son ouvrage : « les conséquences logiques sont des effets résultant systématiquement de comportements donnés ; elles sont établies conjointement par l’enseignant et par les élèves » (Charles, 1997, p. 119). En d’autres termes, les conséquences logiques découlent logiquement du comportement inadéquat réalisé et sont élaborées en coopération entre les élèves et l’enseignant. Elles peuvent ainsi correspondre, par exemple, à faire refaire le chemin parcouru en marchant si l’élève court dans les couloirs ; à ramasser un papier jeté par terre ; à apporter un nouveau crayon lorsque l’élève casse intentionnellement celui d’un camarade ; etc. Les conséquences logiques correspondent donc à des comportements que pourrait rencontrer l’élève dans la vie de tous les jours.

Jane Nelsen (2012), une des auteures des textes concernant la Discipline Positive, partage le point de vue de Charles concernant les conséquences logiques. Toutefois, selon Jane Nelsen (2012), elles doivent également être annoncées à l’avance afin d’en faire « [une]

expérience utile » (Nelsen, 2012, p. 169), entre autres, d’enseigner le comportement approprié à la situation vécue. Aussi, toujours selon cette auteure, pour être efficace et bénéfique, une conséquence logique doit respecter, ce qu’elle nomme, « les 4 « R » des conséquences logiques » (Nelsen, 2012, p. 171). Pour ce faire, la conséquence doit respecter quatre principes : elle doit être « reliée » d’une manière logique au comportement réalisé, être « respectueuse », c’est-à-dire qu’elle ne doit pas être humiliante, dévalorisante ou culpabilisante, être

« raisonnable » par rapport au comportement réalisé ainsi qu’être « révélée » à l’avance, c’est-à-dire qu’elle doit être connue des élèves au préalable.

2.3.2.2 Les conséquences naturelles

Les conséquences naturelles peuvent également être utilisées pour réguler les comportements « inappropriés » des enfants ou des élèves (Nelsen, 2012). Selon Jane Nelsen (2012), ces dernières se manifestent sans l’intervention de l’adulte et permettent un apprentissage à l’enfant. Plus précisément, il s’agit d’une conséquence inhérente au comportement réalisé tel que si on ne boit pas, on a soif ; ou si on ne met pas de capuchon sous la pluie, on a les cheveux mouillés. Ces conséquences peuvent ainsi naturellement constituer

des apprentissages pour les élèves. En effet, après avoir réalisé l’expérience, l’enfant se souvient de la conséquence et ne fera pas la même erreur la prochaine fois ; il mettra son capuchon. Néanmoins, selon Jane Nelsen (2012), les bénéfices de ces conséquences naturelles peuvent disparaître lorsque l’adulte ajoute un « je te l’avais dit ». Dans ce cas-là, l’élève ne pense qu’à réfléchir à ce qu’il pourrait répondre à l’adulte dans ces conditions plutôt qu’à ne pas reproduire ce comportement. Ainsi, selon Jane Nelsen (2012), pour que les conséquences naturelles soient bénéfiques pour l’enfant, l’adulte doit l’accompagner avec bienveillance et empathie dans cette expérience, en étant par exemple compréhensif avec la situation vécue par l’enfant. Toutefois, toujours selon cette auteure, les conséquences naturelles ne peuvent être utilisées lorsque la situation met en danger l’enfant, lorsque les conséquences naturelles entravent les droits d’autrui ou lorsqu’elles ne produisent aucun impact direct sur l’enfant.

2.3.2.3 Les punitions et les sanctions

Afin de tenter de différencier ces deux termes, qui peuvent nous paraître, au premier abord, comme étant des synonymes, j’ai débuté ma réflexion sur les définitions les plus courantes, celles provenant du dictionnaire Larousse. La punition est définie comme une

« peine infligée pour un manquement au règlement, en particulier à un élève, à un militaire : Comme punition il a eu une heure de colle » (Larousse.fr). Puis la sanction est définie, quant à elle, comme une « mesure répressive infligée par une autorité pour l'inexécution d'un ordre, l'inobservation d'un règlement, d'une loi : Prendre des sanctions contre des grévistes » (Larousse.fr). Ainsi, ces deux actes interviennent lors de la transgression d’un règlement sous la forme d’une peine ou d’une mesure répressive, ayant, entre autres, la même signification.

Bien qu’il n’y ait pas de distinction fondamentale dans la définition de ces deux termes, selon Richoz (2015), il existe tout de même une différence. Celle-ci se situe dans l’intention qui accompagne l’acte de sanctionner ou de punir. Selon cet auteur, l’acte endosse une valeur de sanction lorsque l’adulte sanctionne « le comportement de transgression », c’est-à-dire qu’il a pour intention d’aider l’élève à prendre conscience de sa mauvaise conduite ou à réparer ses gestes. Au contraire, l’acte prend la valeur d’une punition lorsque l’adulte sanctionne la personne, c’est-à-dire qu’il a pour intention de faire souffrir le sujet, de lui faire payer son comportement ou même de l’humilier. Maheu (2010) fait également une distinction entre ces deux termes. Selon cette auteure, « s’il est vrai qu’une punition permet d’obtenir la soumission par la peur, une sanction vient plutôt conduire à la compréhension active des règles et des lois » (Maheu, 2010, p. 64). Ainsi, selon ces deux auteurs, il semblerait que la punition ait plutôt pour but de faire peur ou mal ainsi que de montrer qui commande alors que la sanction viserait

plutôt l’apprentissage d’un comportement adapté. Maheu (2010) distingue également ces deux termes par le moment où ceux-ci sont utilisés en situation. La punition est donnée immédiatement suite au problème ou à la difficulté alors que la sanction est donnée de manière différée. Cet élément contribue d’ailleurs à justifier pourquoi la sanction aurait plutôt une visée d’apprentissage alors que la punition servirait uniquement à rétablir l’ordre, par la peur ou l’humiliation. En effet, suite à un débordement ou une difficulté, il n’est pas toujours possible de prendre des décisions « sensées » ; rétablir l’ordre apparaît comme essentiel, alors qu’après coup, l’adulte est beaucoup plus lucide et apte à gérer le problème.

Aussi, contrairement aux conséquences logiques et naturelles, « les punitions n’ont pas de lien logique ou naturel avec le comportement ; en effet, il n’est pas logique de faire copier à l’élève la règle qu’il a enfreinte […] » (Archambault & Chouinard, 2003, p. 134) et, de ce fait, elles n’ont pas de visée d’apprentissage. La punition vise l’arrêt immédiat du comportement perturbateur ainsi qu’à marquer la position supérieure de l’enseignant ; elle a alors uniquement un effet à court terme.

Ainsi, Selon Richoz (2015) pour qu’une sanction soit éducative, elle doit respecter un certain nombre de critères. Tout d’abord, la sanction doit être respectueuse, ce qui implique qu’elle doit sanctionner l’acte de transgression et non l’enfant. Elle ne peut être humiliante, ni violente. Ensuite, la sanction doit également être juste par rapport à l’acte réalisé. Pour ce faire, elle doit être donnée de manière différée et individuelle. Une sanction ne peut être juste si elle est collective selon Richoz (2015). La sanction est également réparatrice, elle permet soit de réparer l’acte réalisé, symboliquement ou matériellement, soit d’apporter une réparation intérieure à l’enfant. La sanction éducative doit aussi avoir du sens, c’est-à-dire qu’elle doit permettre à l’élève de comprendre la position de l’autre ainsi que les conséquences de son acte.

C’est pourquoi à travers les sanctions, il est important de questionner l’élève sur le pourquoi de son geste et de lui expliquer pourquoi son acte est sanctionné. Enfin, la sanction doit être bienveillante ; elle doit vouloir du bien à l’élève et non pas développer un sentiment négatif chez ce dernier. Par conséquent, la finalité de la sanction doit conduire, dans une situation similaire, l’enfant à réagir d’une manière différente, d’une manière appropriée. Dans ce sens-là, on peut dire que la sanction est éducative car elle apprend à l’élève à se comporter différemment, à se comporter de manière appropriée dans diverses situations conflictuelles.

Quant à la punition, elle « punit » l’enfant et non l’acte de transgression, c’est pourquoi, on dit qu’elle est injuste et irrespectueuse ; elle n’est pas accompagnée de bienveillance non plus. Elle est également immédiate dans le sens qu’elle est principalement donnée sur le coup de l’action

et n’a pas forcément de visée réparatrice.

Une sanction éducative rejoint alors différents critères alloués aux conséquences logiques. En effet, la sanction éducative, tout comme la conséquence logique, doit être respectueuse, raisonnable ou juste et relié au comportement ou réparateur du comportement réalisé. Ainsi, l’élément qui semble différencier les termes correspond au fait que la sanction ne doit pas forcément être révélée à l’avance.