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2.4 La Discipline Positive

2.5.2 L’identité professionnelle enseignante

Udave (2000) s’intéresse essentiellement à l’identité professionnelle enseignante ainsi qu’à son lien avec les formations. Il distingue donc les enseignants qui construisent leur identité

à travers les formations des autres enseignants. Suite à la réalisation d’un atelier sur le thème de l’identité professionnelle en lien avec la formation, Udave (2000) met en évidence que la formation peut contribuer, pour une partie des enseignants, à la construction identitaire de ces derniers. Il en ressort que la formation permet l’interaction entre le caractère professionnel et personnel de l’enseignant. Ainsi, Udave (2000) arrive aux conclusions suivantes : l’implication personnelle est incontournable en tant qu’enseignant puisque la communication est centrale dans le métier, les enseignants peuvent se construire en se démarquant de certains enseignants dont ils s’opposent aux valeurs et aux pratiques puisque « l’identité de chacun résulte d’une combinaison particulière d’appartenances multiples » (Udave, 2000, in Tozzi & Etienne, 2000, p. 40).

Quant aux enseignants qui participent moins aux formations, les représentations de leur identité professionnelle peuvent être multiples et contradictoires toujours selon Udave (2000).

Cet auteur mentionne un certain nombre de critères qui contribuent à la construction identitaire de ces enseignants. Il s’agit de la discipline d’enseignement, le grade, l’appartenance à un mouvement pédagogique reflétant certaines valeurs pédagogiques, éthiques et politiques ; l’appartenance syndicale qui représente une certaine conception du métier à laquelle les membres adhèrent ; l’établissement et la nature de l’établissement, c’est-à-dire sa taille, son milieu rural ou urbain, sa situation géographique et sa situation sociale. Puis, ce même auteur définit l’identité professionnelle des enseignants comme

se caractéris[ant] par des critères liés à la fois aux représentations que l’on se fait du métier mais aussi dépendants de la personne que l’on est. De sorte que les enseignants se distinguent aussi par leur style d’enseignement et leur rapport à l’évaluation, par le type de communication avec les élèves et avec les collègues. (Udave, 2000, in Tozzi &

Etienne, 2000, p. 45)

Enfin, Udave (2000) exprime également que l’identité enseignante peut être aussi bien stable que floue et que les identités de chacun peuvent évoluer à tout moment.

A partir de la réflexion de Muchielli (1986) et Udave (2000), nous pouvons déjà différencier l’identité professionnelle de l’identité professionnelle enseignante. En effet, l’identité professionnelle caractérise principalement l’identité d’une personne par rapport à sa profession, peu importe le type de profession. Comme le mentionne Muchielli (1986), les principaux critères utilisés afin de décrire une identité professionnelle constituent les éléments du curriculum vitae ainsi que les activités professionnelles. Quant à l’identité professionnelle

enseignante, elle correspond à l’image que les enseignants ont d’eux-mêmes par rapport à leur fonction. Puisqu’il s’agit d’un métier social, la définition de cette identité fait autant référence à sa représentation du métier qu’à la personne que l’on est. La construction identitaire enseignante fait donc appel aux dimensions professionnelles et personnelles de l’enseignant.

Udave (2000) met en évidence plusieurs critères susceptibles d’intervenir dans la construction de l’identité professionnelle enseignante. Il s’agit des formations, de la discipline d’enseignement, du grade, de l’appartenance à un mouvement pédagogique, de l’appartenance syndicale, de l’établissement et de sa nature.

Selon Justras, Legault et Desaulniers (2007), autrefois, l’identité professionnelle se construisait à partir de la simple appartenance à un groupe telle que la profession pratiquée qui était clairement définie auprès de tous. Aujourd’hui, selon Dubar (2000) cité dans l’ouvrage de Gohier (2007), l’appartenance à un groupe ne suffit plus à définir son identité professionnelle ; d’autres dimensions doivent être prises en compte. (Justras, Legault & Desaulniers, 2007, in Gohier, 2007, p. 94) Ainsi, « l’identité professionnelle est conçue comme un construit qui permet de comprendre comment les enseignants se définissent eux-mêmes par rapport à soi, aux autres et aux divers changements auxquels ils doivent faire face » (p. 95). Il s’agit donc d’un processus réflexif qui est propre à chaque individu ; il ne s’agit pas non plus d’un construit figé, il peut évoluer. Selon Justras, Legault et Desaulniers (2007), ce construit repose sur des croyances, des émotions, des connaissances de la matière enseignée, la conception de la relation avec les élèves, le rôle de l’enseignant, les expériences ainsi que sur la philosophie personnelle de l’enseignant.

Ces mêmes auteurs soulèvent également la question de la place des valeurs de l’enseignant à l’école. Ils mentionnent la présence d’une tension entre les valeurs sociales, celles des familles des élèves et les valeurs éducatives ainsi que, du côté de l’enseignant, entre les valeurs personnelles et professionnelles. Ils révèlent alors la difficulté de faire avec une telle diversité de valeurs et s’interrogent sur l’imposition ou l’éducation de certaines valeurs par les enseignants.

Gohier, Anadòn, Bouchard, Charbonneau et Chevrier (2007) élaborent également une définition de l’identité professionnelle. Selon ces auteurs,

l’identité professionnelle se construit sur l’image que chaque individu a de lui-même comme professionnel de l’enseignement, sur sa manière particulière d’être enseignant, ses valeurs, sa propre histoire de vie, ses désirs, ses savoirs, ses peurs et le sens qu’a,

dans sa propre vie, le fait d’être enseignant. Elle se construit aussi dans les relations que chaque enseignant entretien avec ses collègues, les acteurs scolaires, la direction et autres groupes sociaux. (Gohier, Anadòn, Bouchard, Charbonneau & Chevrier, 2007 in Gohier, 2007, p. 14)

Ainsi, pour ces auteurs, l’identité professionnelle renvoie à des dimensions autant sociales qu’individuelles. Il s’agit de deux dimensions qu’ils différencient sous les termes d’identisation correspondant « aux croyances, aux attitudes, aux valeurs éducatives prônées par la personne en cohérence avec ses valeurs personnelles » (Anadon, Gohier & Chevrier, 2007, in Gohier, 2007, p. 15) et d’identification correspondant « à la possibilité de se reconnaître dans différents groupes d’appartenance » (p.14) ; en d’autres termes « le rapport au travail, aux responsabilités, aux apprenants, aux collègues et au corps enseignant ainsi qu’à l’école comme institution scolaire » (p.14).

En résumé, tous les auteurs semblent se rejoindre sur le fait que l’identité professionnelle enseignante fait autant appel aux dimensions personnelles telles que les croyances et les valeurs personnelles de l’individu que sociales de l’enseignant comme le rapport à l’enseignement, à sa responsabilité et aux relations avec les différents acteurs sociaux.

Ceci peut s’expliquer, du moins en partie, par le fait qu’il s’agit d’un métier social au travers duquel la communication est centrale. Ainsi, l’identité professionnelle enseignante correspond à un processus réflexif mobile de l’image de soi sur sa manière d’être enseignant faisant référence à des valeurs personnelles et professionnelles.

Ceci met alors en évidence la présence de valeurs personnelles dans l’attitude de l’enseignant ainsi que dans les choix qu’il effectue dans sa classe. Il semble alors intéressant de se questionner sur ces valeurs personnelles : sont-elles si différentes entre les différents enseignants ? Quelle place ont-elles en classe ?