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A quel point la Discipline Positive nécessite-t-elle que les enseignants développent une posture professionnelle spécifique ? développent une posture professionnelle spécifique ?

8. Eléments de conclusion

8.1 Retour sur les questions spécifiques de la recherche

8.1.1 A quel point la Discipline Positive nécessite-t-elle que les enseignants développent une posture professionnelle spécifique ? développent une posture professionnelle spécifique ?

Jane Nelsen (2012), comme mentionné précédemment, met en évidence cinq critères essentiels à la pratique d’une DP efficace. Robbes (2015), Lasala, Mcvittie et Smitha (2015) ainsi que Gabriel s’accordent sur le fait qu’il ne s’agit peut-être pas simplement d’activités à réaliser, mais surtout d’une posture professionnelle, d’un regard sur la vie ou d’une philosophie de vie à adopter. La recherche menée permet de mettre en évidence deux styles de pratiques de la DP. En effet, trois enseignantes semblent pratiquer la DP en adoptant une certaine posture, c’est-à-dire que les actions des enseignantes reflètent les principes de la DP tandis que les cinq autres enseignantes avouent avoir sélectionné les activités et/ou les principes qui les intéressent et les avoir mis en place dans leur classe. De ce fait, à mon sens, elles n’adoptent pas une réelle posture de DP. Quel type de posture faut-il adopter afin de pratiquer une DP ? Afin de répondre à ces interrogations, prenons les différents critères élaborés par Jane Nelsen (2012) permettant de mettre en évidence la posture à adopter afin de pratiquer une DP.

Le premier critère de Jane Nelsen (2012) correspond à la mise en place d’une discipline ferme et bienveillante. Cela prend son sens, mais, selon les propos des enseignantes, il ne s’agit pas de quelque chose de facile à obtenir. En effet, il s’agit de trouver un équilibre dans sa manière de faire la discipline, de gérer les comportements, entre la fermeté et la bienveillance.

Pour entrer dans cette posture, il faut alors prendre conscience qu’à certains moments, on a été peut-être trop ferme ou trop bienveillant afin de se réajuster constamment. Un indice primordial

afin de trouver cet équilibre semble correspondre à l’apparition de comportements déviants.

Effectivement, si des élèves s’écartent des règles mises en place, cela peut signifier qu’on a peut-être été trop ferme ou trop bienveillant à ce moment-là. Il s’agit donc réellement d’une danse continuelle ou d’une balance à réajuster à chaque moment et, en tout cas pas, une simple action à réaliser. On peut même dire que ce premier critère correspond déjà à une réelle posture à trouver entre la bienveillance et la fermeté ; énoncer être ferme et bienveillant ne signifie pas que nous le sommes.

Aussi, afin d’être ferme et bienveillant, il s’agit, selon Gabriel, d’adopter un style démocratique avec les élèves : « le style démocratique agir avec fermeté et bienveillance parce que tout ça va être compris dedans » (Gabriel), car, selon lui, « dans un style démocratique chacun a droit à la parole d’une manière respectueuse l’enfant et l’adulte » (Gabriel). Par ailleurs, être respectueux envers soi-même et envers les élèves correspond également à être ferme et bienveillant selon Lasala, Mcvittie & Smitha (2015).

En second lieu, Jane Nelsen (2012) explique que la discipline établie doit permettre aux élèves de développer un sentiment d’appartenance. A travers cette recherche, nous avons relevé que la construction d’une relation de confiance avec les élèves est davantage favorable au développement du sentiment d’appartenance au groupe, sentiment recherché par tout être social selon Dreikurs (Charles, 1997). En effet, la construction d’une relation de confiance permet aux élèves de reconnaître leurs erreurs et d’ajuster leur comportement sans avoir peur des potentielles répercussions, des potentielles punitions. Au contraire, un système de comportement sanctionnant les mauvais comportements n’aide pas forcément les élèves à développer un sentiment d’appartenance. Dans un système de couleurs par exemple, les élèves vont agir d’une certaine manière car ils ne veulent pas arriver dans le rouge ; ils agissent alors par peur et n’ont pas parce qu’ils se sentent appartenir au groupe.

La construction d’une relation de confiance ne constitue pas non plus une chose facile à réaliser et demande également du temps. Effectivement, pour cela, l’enseignant doit discuter des comportements à adopter en classe avec les élèves afin que chacun puisse dire ce qu’ils pensent. Il doit aussi mettre en évidence avec les élèves des conséquences logiques en cas de transgression ou mettre en place certaines routines afin que chaque élève parvienne à se comporter le plus proche de la manière adhérée par tous, afin que chaque élève apprenne à se comporter de la bonne manière. Pour cela, l’enseignant doit adopter une certaine posture lors de la mise en place des règles, des conséquences et lors de leur transgression ou tout simplement

lorsque quelque chose ne fonctionne pas bien au sein de classe : une posture que l’on peut appeler démocratique.

Comme troisième critère, Jane Nelsen (2012), mentionne que la discipline établie doit être efficace à long terme. Comme déjà évoqué, une méthode punitive peut être efficace à court terme, mais elle ne l’est pas à long terme. De ce fait, afin que la discipline soit efficace à long terme, il faut adopter une autre technique que les sanctions et les punitions. Comme le montre cette recherche, une posture démocratique peut alors représenter une alternative permettant d’établir une discipline efficace à long terme. En effet, en discutant avec les élèves des comportements à adopter et en mettant en place des routines permettant un soutien à l’adoption des comportements adéquats, entre autres en impliquant les élèves dans l’élaboration des règles, des conséquences et, de manière, dans les processus de décision, ceux-ci sont plus à-même de respecter les règles et de manière plus permanente. En effet, plusieurs enseignantes mentionnent que le climat de classe est apaisé et que les conflits ont diminué. Aussi, la posture démocratique permet aux élèves d’être impliqués dans les décisions d’organisation de la classe et dans la recherche de solutions et leur permet de développer des compétences sociales ; ce qui correspond au quatrième critère énoncé par Jane Nelsen (2012).

Ainsi, afin de pratiquer une DP de manière « incarnée », il s’agit principalement d’adopter une posture démocratique vis-à-vis des élèves, ce qui ne peut se faire du jour au lendemain. Cette recherche révèle d’ailleurs l’importance et l’influence que peut avoir la volonté dans l’adoption d’une posture démocratique, d’une posture de DP. Tant que l’on ne décide pas d’adopter une posture démocratique, le changement ne se fait pas. Toutefois, cette posture, bien qu’elle soit démocratique, peut se matérialiser de différentes manières. En effet, comme nous l’avons vu, les enseignantes 1, 3 et 5 revêtent toutes une posture en accord avec les principes de la DP, une posture démocratique, pourtant l’enseignante 5 la pratique d’une manière différente des enseignantes 1 et 3 : elle ne met pas en place de TEC et n’a pas effectué d’activités provenant du guide.