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1. Méthodologie de la recherche

1.1. Le positionnement épistémologique fondé sur un constructivisme modéré

L’épistémologie est une science qui regarde les sciences avec une vigilance critique, (Wacheux, 1996). Elle autorise au scientifique de produire des résultats, de les affirmer et de les partager avec le reste de la communauté scientifique.

Ces trois premières lignes posent déjà un débat. Les essais de descriptions méthodologiques et épistémologiques ont, de tout temps, aiguisé les divergences, tant la question est compliquée à éclaircir. Dumez interpelle les chercheurs sur la pertinence du paradigme. « Je vais expliquer

brièvement pourquoi pour moi il n‘y a pas de paradigme épistémologique », (Dumez , 2011,

p. 56). Pour l’auteur, le paradigme est une manière de voir le monde, là où la plupart voit une

théorie ou un outil conceptuel. Et l’auteur de continuer en concluant, « Les paradigmes entre

eux sont incommensurables. », (ibid., p 56).

Pour d’autres, il faut distinguer en termes d’épistémologie le cadre du paradigme. Van de Ven prétend que toute recherche s’inscrit de facto dans un cadre épistémologique, (Van de Ven, 2007, p. 3). En acceptant ce principe, le cadre peut être défini comme « ayant des hypothèses fondatrices et des principes d’élaboration de connaissances et de justification des connaissances précisément explicités et acceptés par certaines communautés de recherche. »,

(Avenier & Thomas, 2012, p. 14). Et Kuhn de confirmer tout en précisant que le paradigme épistémologique est « la constellation entière des croyances, valeurs, techniques, etc.,

partagées par les membres d'une communauté donnée »158, (Kuhn, 1996, p. 175).

La constellation que décrit Kuhn est soumise à l’évolution des connaissances, principe même de la recherche scientifique, et par conséquent des postures engagées. Le paradigme est une « vision du monde ». Les deux points de vue s’accordent semble-t-il sur le fait que « Le

paradigme scientifique est unique à un moment du temps. », (Dumez , 2011, p. 56).

C’est donc au sein d’un paradigme que nous allons définir le cadre épistémologique de notre recherche. Le Moigne (2013) distingue deux grands paradigmes épistémologiques : le positivisme et le constructiviste. Perret et Séville (2007) différentient le positivisme, mais dissocient le constructivisme et obtiennent deux paradigmes : l’interprétativisme et le constructivisme. Ces deux derniers sont regroupés par les auteurs autour de la phénoménologie. Ce qui permet de distinguer clairement la genèse de la connaissance, son chemin d’approche, la valeur de cette connaissance et ses critères de validité.

Lors d’une démarche de recherche positiviste, l’intention est d’expliquer la réalité. Le chercheur et l’objet observé ne sont pas en interaction car l’objet est réel, unique, connaissable et sa détermination est naturelle, (Perret & Séville, 2007, p. 22). L’observation permet de déterminer les causes qui autoriseront d’établir les règles et la forme de détermination de ce réel. Le chercheur, isolé de l’objet étudié, se doit de diviser, en autant d’éléments possibles, les constituant de son observation afin de réduire le problème à son

expression la plus simple. Ce qui le conduit à un raisonnement de type syllogistique, de cause

à effet. L’observation émet alors Le déterminant de l’état ou l’objet observé. Il peut être répliqué afin d’être validé.

L’interprétativisme est très proche du constructivisme. Ils différent tous deux sur quatre points. Tout d’abord, leur approche se distingue concernant la genèse de la connaissance. Comment est-elle engendrée ? Le premier se fonde sur l’interprétation, le second sur la construction de la connaissance. Le chemin de la connaissance scientifique, est également divergent. L’interprétativisme privilégie la compréhension alors que le constructivisme favorise la construction. Ces principes les positionnent avant tout pour une application managériale directe. La valeur de la connaissance se distingue entre les deux paradigmes, l’idiographie159 est mise en avant pour l’interprétativisme alors que l’adéquation de la connaissance est la valeur attribuée pour le constructivisme. Enfin, les critères de validité sont différents. L’empathie160 valide la connaissance dans une démarche de recherche interprétativiste, alors que l’enseignabilité sera le critère de validation pour le constructivisme.

Le constructivisme repose sur l’interdépendance entre l’objet et le chercheur, tout comme l’interprétativisme. En effet, les faits observés se construisent autour de l’interprétation à la fois des acteurs et du chercheur. Le constructivisme accepte et met en lumière le fait que d’autres acteurs et un autre chercheur construisent une interprétation différente pour les mêmes faits. Dans ce paradigme constructiviste, la confrontation que le chercheur effectue entre son interprétation et les représentations des autres acteurs permet l’évaluation de la connaissance. C’est ainsi que Guba et Lincoln (1989; 1998) justifient le choix pour cette posture, ayant pour objectif de parvenir à un consensus Objectif qui n’est pas toujours satisfait, selon les auteurs. Dans la recherche en gestion, l’interaction est un facteur important dans l’étude, et notamment dans l’étude de terrain. La récolte d’informations et de données

159 Focalisé sur le singulier, l’individu, l'unique, qui a trait à la non récurrence.

par le biais de méthodes propres à la recherche terrain, comme les entretiens par exemple, peut favoriser cette interaction qui est porteuse de sens pour Nietzche « Il n’y a pas de faits, il

n’y a que des interprétations »161. Nietzche a, en effet, clairement décrit l’interprétation.

Quelques fragments posthumes (d’automne 1885 à Automne 1886) nous permettent d’appréhender la question de l’interprétation. Nietzche affirme :

« Que la valeur du monde est dans nos interprétations (- que peut-être quelque

part d’autres interprétations que celles qui sont simplement humaines sont possibles-), que les interprétations sont jusqu’à présent des évaluations […] c’est

là ce qui transparaît dans mes écrits »161

L’autre affirmation de Nietzche plaide en faveur d’une démarche constructiviste.

« Le caractère interprétatif de tout événement (Geschehens). Il n’existe pas

d’événement (Ereignis) en soi. Ce qui arrive (geschieht) est un groupe de

phénomènes choisis et rassemblés par un être interprétant »161

Boghossian, lui, positionne l’étude de la construction sociale comme un fait incontournable qui doit être considéré par le chercheur.

« Tout d'abord, dans le sens ordinaire, il est généralement des choses ou des

objets qui sont construits, comme des maisons ou des chaises, mais notre théoricien ne s'intéresse pas tant à la construction de choses que dans la construction des fait - dans le fait que quelques pièces de métal soient des pièces de monnaie, plutôt que dans la pièce de métal elle-même.

Deuxièmement, notre théoricien de la construction sociale n'est pas intéressé par les cas où, comme un fait contingent, quelques faits sont amenés à exister par des activités intentionnelles de personne, mais seulement par les cas qui ont pu être amenés à exister de cette façon. Dans le sens technique visé, alors, un fait est socialement construit si et seulement si il est nécessairement vrai que ce ne pouvait être obtenu uniquement grâce aux actions contingentes d'un groupe

social. »162 , (Boghossian, 2007, p. 23).

161 Fragments posthumes, automne 1885 – automne 1886, repris par Berner, (Berner, 2006, p. 1)

162 « First, in the ordinary sense, it is usually things or objects that are built like houses or chairs, but our theorist is interested not so much to build things in the construction of that - in that some metal pieces are coins, rather than the metal piece itself.- Second, the theorist of the social construction is not interested in the case where, as a contingent fact, some facts are brought into existence by intentional activities person, but only the cases that have been brought into existence this manner. . "In the technical sense referred to, then, is a fact socially constructed if and only if it is necessarily true that this could be achieved only through contingent actions of a social group. "

Hennin affirme que « la connaissance est l’action de construire la connaissance [...] La

connaissance est le produit d’une interaction. », (Hennin, 1993, p. 238). Le Moigne est

proche de cette position lorsqu’il utilise, tout au long de son livre dédié au constructivisme, la parabole de Marx, « il construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la

ruche »163, (2002, p. 15). Le Moigne défend une démarche constructiviste favorable à

l’interdisciplinarité, mais aussi pour une approche systémique en opposition à l’approche

systémisme plus particulière au paradigme positiviste.

« La systémique, discipline scientifique, se définit par son projet, qui est « méthodes » (méthode de modélisation des phénomènes perçus complexes). Elle ne prétend pas – et ne

veut pas prétendre (choix délibéré des constructivismes) – àune fonction d ́explication de

l ́inexplicable complexité. Elle se propose de construire des « compréhensions », (…), des

phénomènes perçus complexes”, (Le Moigne, 2002, p. 310).

Ainsi dans une démarche de construction de la connaissance, l’étude d’interactions entre des acteurs économiques qui impliquent une approche théorique multiple, mobilise une méthode

systémique. Notre volonté d’éviter une interdépendance trop forte164

entre l’observateur et

l’objet, écarte une approche interprétativiste comme le soulignent Yanow (2006) ou Sandberg

pour qui les « approches interprétatives considèrent sujet et l'objet comme constituant une

relation inséparable. »165, (Sandberg, 2005, p. 44) Néanmoins, nous ne pouvons opter pour le choix radical d’un paradigme épistémologique qui guide notre thèse, partagé entre deux courants majeurs et opposés dans leur extrême.

Bien que de « tendance forte » constructiviste, notre volonté de confirmer notre approche empirique par une analyse de données quantitatives, met à mal un positionnement ferme. De par cette double approche, que nous allons justifier plus en avant, nous positionnons la démarche de notre recherche dans un paradigme constructiviste « aménagé ». Nous empruntons ce terme à Baumard pour qui, en Sciences de Gestion, le constructivisme à la

française est avant tout un « positivisme aménagé », (1997, p. 2).

Le terme de « constructivisme modéré », dont l’objectif est de « développer une intelligence

de ce contexte en s’imprégnant du langage des acteurs et faire preuve tout autant d'empathie que d'opportunisme méthodologique. », (Charreire & Huault, 2001, p. 33), semble mieux

163« Ce qui fait la supériorité de l’architecte le plus médiocre sur l’abeille la plus experte, c’est qu’il construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche », Marx, (Le capital, p. 728) repris par Le Moigne (2002)

164 Nous tentons d’exposer ici que nous devons être vigilant dans l’interdépendance qui pourrait être due à l’expérience de praticien de l’observateur que nous sommes, qui nécessite un effort de détachement de la connaissance terrain ex ante.

165 « Interpretive approaches regard subject and object as constituting an inseparable relation. », (Sandberg, 2005). Il faut entendre par « sujet », le « sujet connaissant », c’est à dire l’observateur scientifique.

convenir à notre objet de recherche.

En effet, selon notre recensement, le modèle logistique de la Grande Distribution de type « Plug and Play » fait l’objet de peu de travaux empiriques sous un éclairage « socio-économique » du point de vue théorique. Bien que des travaux s’intéressent à certains aspects de notre objet de recherche, ils semblent néanmoins éloignés d’une construction telle que nous souhaitons l’aborder. C’est à dire, établir une compréhension des relations économiques et sociales entrelacées qui s’articulent dans un espace d’échanges défini.

Ce travail s’apparente à une construction de la connaissance plutôt qu’à une observation prenant appui sur des travaux existants sous la même approche. Il s’agit donc de collecter les données nécessaires à cette construction, ce qui justifie pour l’observateur de s’engager dans une approche exploratoire.

Cette approche s’articule dans un positionnement épistémologique fondé sur un constructivisme modéré. Il semble donc nécessaire, dans un premier temps, de recourir à une étude de cas approfondie afin de saisir le sens et les caractéristiques de l’objet de recherche.

1.2.La nécessité d’une démarche exploratoire pour observer un objet complexe

L’objet de recherche présente la caractéristique d’être inter-organisationnel, ce qui signifie également une conception multi-stratégique en prenant en compte les différents acteurs et leurs interactions. Le travail de recherche vise à une tentative de compréhension d’une organisation dont la complexité est, semble-t-il, multiple. Une approche de l’objet sous un éclairage unique peut paraître restrictif. Dans le cas d’une démarche fondée sur une hybridation théorique, c’est la compréhension de l’espace au sein duquel agissent les relations économiques et sociales et d’une certaine définition de ses pourtours du point de vue théorique qui est la cible de la recherche.

En nous positionnant ainsi face à l’objet, et sans remettre en cause la question de recherche et ses sous-questions, il s’agit de tenter de donner un sens à un objet observé, de délimiter les champs permettant de les définir en termes « socio-économiques ».

Ainsi, la typologie de notre approche dans notre démarche de construction apparaît plus clairement. Nous pouvons la confronter au classement proposé tout d’abord par Post et Andrew (1982) qui distinguent quatre grandes catégories de recherche. Le tableau suivant résume les 4 typologies de recherche qu’elles ont identifiées.

Trudel et al. proposent d’introduire un statut intermédiaire aux quatre typologies d’approche de Post et Andrew. Des quatre types initiaux, ce sont six démarches distinctes qui sont identifiées. Elles permettent de positionner plus précisément la démarche optée pour la recherche.

Tableau 8 - Les typologies d’approche de recherche

Type de recherche Question Usage principal

Descriptive Que se passe t-il ?

Il s’agit de développer les fondements d'une étude à venir, d’illustrer une théorie.

La démarche est empirique.

Exploratoire Comment l'organisation

fonctionne t-elle ?

L’étude principale permet de structurer une étude plus large. Cette approche permet

de clarifier explicitement les variables en cause.

Explicative Quelle est l'origine de. ?

Il s’agit de tester des hypothèses dans le but de

construire une théorie.

Prédictive Que se passera t-il si. ?

Le test et la vérification d’hypothèses sont au cœur de

la démarche. Source : Post et Andrew (1982)

Seule l’approche exploratoire semble ne pas avoir été mixée afin d’obtenir un statut intermédiaire entre deux approches. Le statut évaluatif pourrait être une approche engagée à la suite d’une première approche exploratoire, tout comme le statut explicatif-diagnostic.

Un rapide aperçu des 6 démarches de recherche et des questions qu’elles impliquent nous permet d’être plus clair. Elles nous permettent d‘effectuer un choix d’approche qui semble approprié au positionnement constructiviste modéré de notre travail de recherche. Nous proposons le tableau suivant (6) de Trudel et al. dans lequel apparaissent les statuts et les questions auxquelles la typologie d’approche peut répondre.

La démarche exploratoire semble être la plus appropriée car elle permet de clarifier un

problème ou de circonscrire une réalité devant être observée. D’une certaine façon elle vise à

Tableau 9 - Les statuts intermédiaires d’approche de recherche Types de démarche

de recherche Questions Descriptif Qu’est-ce que c’est ?

Descriptif-explicatif

• Comment fonctionne le phénomène ?

• Comment le phénomène se présente-t-il statistiquement ou dynamiquement ?

• Comment se comporte-t-il ?

Explicatif-diagnostic Pourquoi fonctionne le phénomène ?

• Pourquoi le phénomène se présente-t-il ou se comporte-t-il ainsi ? Diagnostic-prédictif Comment le phénomène se comportera-t-il ?

Evaluatif • Quelle est la valeur, la portée du phénomène étudié ?

Exploratoire

• Comment circonscrire un objet de recherche, définir de nouvelles

pistes de recherche, choisir des avenues théoriques ou identifier une méthode appropriée à l’objet ?

Source Trudel et al. (2007, p. 42)

Popper (1979, p. 77) relève la difficulté d’une démarche de construction de la connaissance. Ses propos, ci-dessous, semblent justifier que, dans le choix d’un positionnement épistémologique tel que le constructivisme modéré et face à un objet de recherche complexe, l’approche exploratoire paraît appropriée.

« C’est toujours le problème qui est le point de départ. L’observation ne devient une sorte de point de départ que si elle révèle un problème ; ou, en d’autres termes, que si elle nous surprend, si elle nous montre que quelque chose dans notre savoir, dans nos attentes ou dans nos théories n’est pas tout à fait en ordre. Les observations ne conduisent donc à des problèmes que si elles entrent en conflit avec certaines de nos attentes conscientes ou inconscientes. Ce qui dans ce cas constitue le point de départ du travail scientifique, ce n’est pas tant l’observation pure et simple que l’observation dans sa signification spécifique – c’est-à-dire précisément l’observation qui crée un problème. »

Par le bornage que l’approche exploratoire permet, c’est le choix adéquat de collecte d’informations et de données qui devient pertinent au regard du terrain et de l’objet de recherche mais aussi de son contexte. Elle implique systématiquement une méthode

qualitative afin de collecter le matériau nécessaire dans le but de répondre à la question fondamentale d’une démarche exploratoire.

L’objet de notre recherche a été défini précédemment comme une organisation complexe. Dans notre revue de littérature, nous avons relevé qu’elle s’apparente à un « organisation d’organisations ». Il nous faut donc, à travers la mobilisation de plusieurs théories et concepts, tendre à expliciter les relations, interactions et stratégies, qui agissent au sein de cette organisation.

« La recherche exploratoire permettrait ainsi de baliser une réalité à étudier ou de choisir les méthodes de collecte des données les plus appropriées pour documenter les aspects de cette réalité ou encore de sélectionner des informateurs ou des sources de

données capables d’informer sur ces aspects. », (Trudel, Simard, & Vonarx, 2007, p. 39)

La recherche exploratoire autorise à échafauder un système crescendo de validation de l’observation. Au travers d’une avancée pas à pas, elle permet de borner plus précisément l’objet de recherche, pour confirmer ou infirmer, au fur et à mesure des observations, la construction de la connaissance. L’ouverture, à la prise en compte d’information ou de données imprévues ou nouvelles, est d’une importance capitale dans notre travail de recherche et son statut méthodologique. Cette posture est adaptée à notre terrain et objet de recherche complexe et inter organisationnel.

1.3.La triangulation, une réponse méthodologique adaptée

Une démarche exploratoire est généralement réalisée en connaissance des biais méthodologiques potentiels. Ceci justifie l’importance que nous attachons à la validation des étapes et des résultats pour chacune des étapes de la recherche. Weiss avance que « Pour faire des analyses comparables de la mise en place d'organisations différentes, un cadre global est

nécessaire, un cadre fondé sur une vision globale des organisations. », (Weiss, 1968, p. 142).

Campbell et Fiske proposent de combiner ensemble plusieurs méthodes d’observation différentes dans le but de circonscrire, en termes de Sciences Sociales et Sciences de Gestion, au mieux l’objet de recherche et les phénomènes observés. Ils affirment qu’en triangulant ainsi les méthodes, la validation acquiert un statut fort. Initialement, la triangulation est utilisée dans le but de positionner géographiquement un objet de manière précise. Dans le cadre de la recherche, la triangulation autorise à statuer que « La validation est typiquement

convergente, une confirmation par la procédure de mesure indépendante. »166, (1959, p. 81). Les auteurs argumentent cette triangulation en affirmant que « plus d'un chemin, ainsi que

plus d'une méthode doivent être utilisés dans le processus de validation »167, (1959, p. 82).

Jick confirme que « pour les chercheurs en organisations, cela implique l'utilisation de

plusieurs méthodes pour étudier la même dimension d'un problème de recherche », (Jick,

1979, p. 602).

Denzin précise que la triangulation est « la combinaison de plusieurs méthodologies dans

l’étude d’un même phénomène »168 , (2009, p. 297). Ce choix de mixer les méthodes est

implémenté afin qu’il « renforce notre conviction que les résultats sont valides et non un

artefact méthodologique »169, (Jick, 1979, p. 602). Jick soutient, tout comme Diesing (2008),

que la variété des combinaisons possibles, offerte par une démarche mobilisant la recherche terrain et celle impliquant une méthode basée sur le sondage, doit être considérée comme « un

continuum plutôt que comme deux types distincts de méthodes »170, (1979, p. 604). C’est ce

mécanisme d’observation que nous avons choisi de mettre en action pour notre recherche. Les étapes que nous détaillerons plus en avant démontrent l’utilité d’une démarche qualitative puis quantitative dans notre construction de la connaissance mais aussi dans un souci de validation des résultats.

L’utilisation de plusieurs méthodes permet également au chercheur de donner un sens à une