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 Le financement des PPP

Dans le document EVALUATION DES PARTENARIATS PUBLIC PRIVE (Page 42-45)

La réalisation des PPP prend le plus souvent la forme d’un montage en financement de projet  classique, associant des fonds pr res et des financementop s bancaires. 

1/ Dans un montage en financement de projet, la personne publique contracte avec une société  de réalisation dédiée au projet  (special purpose vehicle  –  SPV  –  ou  société  de  projet),  titulaire  du  contrat de partenariat. Cette société assure la réalisation de l’intégralité du projet en contractant avec  plusieurs  prestataires (bureaux  d’étude,  entreprises  de  travaux  publics  et  de  maintenance,  établissements de crédit, compagnies d’assurance, etc.), et assume ainsi un rôle d’ensemblier.  

Les actionnaires de la société de projet sont généralement les entreprises en charge de la construction 

       

53 Les collectivités territoriales sont soumises au principe de l’équilibre réel des budgets, régi par l’article L.1612 ‐ 4 du CGCT. Les sections de fonctionnement et d’investissement doivent donc être votées à l’équilibre. La règle d’or  découle  de  ce  principe  d’équilibre  budgétaire  et  impose  aux  collectivités  de  ne  recourir  à  l’emprunt  que  pour  financer des dépenses d’investissement. Le financement des dépenses de fonctionnement et le remboursement de  la dette doivent donc s’opérer à partir des ressources propres de la collectivité. 

54 D’autres montages peuvent cependant être envisagés pour des projets de plus faible montant : le financement  apporté directement par la société assurant la réalisation du projet, ainsi que les montages en crédit‐bail. Ces deux  montages ne sont adaptés qu’à des projets de taille modérée et présentant un degré de complexité limité. 

de  l’infrastructure,  les  principaux  prestataires  de  service,  les  établissements  de  crédit  ainsi  que  des  investisseurs spécialisés55. La participation au capital de la société de projet contribue au partage  des risques entre les différents intervenants privés.  

Les fonds propres investis par les actionnaires ne contribuent que de manière résiduelle au  financement de l’ouvrage (généralement 10% du montage). Un  volume  limité  de  fonds  propres  permet  de  limiter  le  coût  global  du  financement,  dans  la  mesure  où  le  taux  de  rendement  interne56  exigé par les apporteurs de fonds propres est plus élevé que les taux d’intérêt bancaires. 

2/ La majeure partie du financ ment e du projet est apportée sous forme de dette bancaire,  contractée par la société de projet (près de 90 % du montant à financer des projets) :  

ƒ en phase de construction,  la  société  de  projet  recourt  à  des  prêts  de  court  terme  destinés  à  assurer la fourniture de trésorerie adaptée au projet de construction ; 

ƒ en phase d’exploitation, la société de projet refinance la dette à court terme contractée en  phase de construction. Les emprunts de long terme sont d’une maturité identique ou proche de  la durée du contrat de partenariat. La fixation du coût des crédits (« cristallisation des taux ») peut  intervenir dès la signature du contrat ou ultérieurement et au plus tard, à la livraison de l’ouvrage. 

3/ Une fraction prépondérante de cette dette bancaire bénéficie de la garantie apportée par 

une cession de créance détenue par la société de projet sur la personne publique (dite « cession 

Dailly »)57 : 

ƒ dans ce dispositif, la société de projet cède aux établissements de crédit la créance constituée par  l’engagement de paiement des loyers par la personne publique ; 

ƒ la cession de créance porte sur le montant des loyers d’investissement et de financement. Elle est  prévue dès la signature du contrat de partenariat, qui en fixe  les conditions. Ce mécanisme, qui 

Société de projet Société de projet

Contrat Construction

Contrat PPP

Fonds propres 10%

Etablissement Contrat exploitation et

maintenance Cession de créances

80% acceptation et paiement direct du

loyer

Société de projet Société de projet

Contrat Construction

Contrat PPP

Fonds propres 10%

Etablissement Contrat exploitation et

maintenance Cession de créances

80% acceptation et paiement direct du

loyer investissement

Paiement des loyers

 

En réduisant le risque supporté par l’établissement prêteur, la cession de créance permet de  diminuer le coût de l’emprunt. Avant  septembre  2008,  les  marges  de  financement  associées  à  un  prêt  dossé à une cession de créance étaient limita ées   à 10 à 20 points de base au‐dessus du prix de la  ressource interbancaire (taux Euribor).  

Afin  de  faciliter  la  réalisation  des  ouvrages  en  PPP  en  période  de  tarissement  des  financements  bancaires, le législateur a autorisé en 2009 l’octroi de financements publics58

       

55  Dans  les  montages  dits  « innovants »,  ou  dans  certains  projets  sensibles  de  l’État  (comme  dans  celui  de  la 

co cf. 

innstruction  du  site  du  ministère  de  la  Défense  sis  à  Balard),  la  Caisse  des  dépôts  est  actionnaire  des  SPV  ( fra).  l’accélération  des  programmes  de  construction  et  d’investissement  publics  et  privés  a  prévu  que  le  partenaire  privé pouvait se voir confier « tout ou partie » du financement de l’ouvrage. 

Ce montage repose cependant sur l’existence d’un financement privé abondant et de  long terme.  Or,  l’examen  d’un  échantillon  de  contrats59  montre  que la crise financière a  profondément bouleversé les conditions d’accès au crédit et remis en cause l’accès  quasi illimité des personnes publiques à la liquidité bancaire,  tel  qu’il  avait  pu  être  observé avant 2008 (cf. annexe V). Les déterminants de cette évolution sont multiples : 

 la crise financière a, de manière générale, conduit à une diminution de l’activité  et de la rentabilité des banques, poussant celles­ci à augmenter leurs marges ; 

 le renforcement de la réglementation prudentielle, prévue par le comité de Bâle60,  a contraint la capacité de financement des établissements de crédit. Pour faire face aux  nouvelles  exigences  prudentielles,  les  banques  doivent  allonger  la  maturité  de  leurs  passifs et réduire leur dépendance aux financements de court terme afin de limiter la  transformation61

Dans ce contexte, le financement bancaire traditionnel des projets de PPP apparaît  menacé par : 

 un  « coût  d’opportunité »  croissant ;  par  rapport  à  un  financement  sur  crédit  budgétaire, le coût d’un PPP est devenu très important, en raison de la diminution du  rendement des obligations d’État. Depuis 2008, l’écart de coût entre le financement  public  direct  et  le  financement  bancaire  rendu  le  financement  public  globalement plus attractif que le financement privé ; 

 un  tarissement  des  liquidités  bancaires,  notamment  sur  des  maturités  supérieures à 15 ans. Actuellement, la liquidité est apportée principalement par des  établissements  bancaires  étrangers,  notamment  japonais,  allemands  et,  jusqu’à  une  période récente, espagnols62, qui bénéficient d’un accès privilégié à la liquidité63 mais  dont la présence pérenne sur le marché français ne peut être assurée ; 

 des exigences de garanties démesurées de la part des établissements bancaires,  qui font peser des risques importants sur les acheteurs publics. 

       

59 Afin de documenter l’évolution des conditions de financement des contrats de partenariat, la mission a procédé  à  l’étude  d’un  large  échantillon  de  63  PPP  établis  par  l’État  (23  contrats),  des  établissements  hospitaliers  (4  contrats) et des collectivités locales (36 contrats), et signés de février 2006 à juillet 2012. 

60 Les accords de décembre 2010, dits de « Bâle III », sont en cours de transposition en droit communautaire dans  le cadre de la directive « CRD IV ». 

61 Autorité de contrôle prudentiel, Présentation du secrétaire général adjoint au Club banque, 19 jui  2010.n  

62  Par  exemple,  pour  les  banques  japonaises  :  Mizuho,  Bank  of  Tokyo‐Mitsubishi,  Sumitomo  Mitsui  Banking  Corporation ;  pour  les  banques  allemandes :  Bayern  LB,  KfW,  DZ  Bank ;  pour  les  banques  espagnoles :  BBVA  et  Santander.  Les  difficultés  actuelles  des  établissements  espagnols  devraient  néanmoins  réduire  leur  rôle  sur  le  marché du financement des infrastructures. 

63 À titre d’exemple, le pool bancaire finançant la ligne à grande vitesse Bretagne Pays de Loire dans le cadre d’un  CP  signé  en  2011  entre  RFF  et  Eiffage,  est  constitué  de  BBVA,  Santander,  Société  générale,  Bayern  LB,  Mizuho,  SMBC,  Bank  of  Tokyo‐Mitsubishi,  Sumitomo  Mitsui  Banking  Corporation,  ING,  KfW,  DZ  Bank,  Unicredit,  Crédit  mutuel, pour un montant total à financer de 1,02 Md€. 

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