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Dans  les  faits,  le  recours  aux  PPP  s’explique  principalement  par  des  raisons budgétaires

Dans le document EVALUATION DES PARTENARIATS PUBLIC PRIVE (Page 35-39)

Encadré 5  : Exemples de recours fondés sur la complexité

2.4. Dans  les  faits,  le  recours  aux  PPP  s’explique  principalement  par  des  raisons budgétaires

2.4.1. Les acheteurs publics continuent de recourir aux PPP pour s’affranchir des  contraintes budgétaires 

Au­delà des motifs de recours prévus par la loi et la jurisprudence, la plupart des  interlocuteurs  rencontrés  par  la  mission  ont  souligné  que  les  « avantages »  budgétaires et comptables avaient été déterminants dans leur décision de recourir aux  PPP : 

 la déconsolidation de l’investissement ;  jusqu’à  une  époque  récente,  les  montants  investis  dans  une  opération  réalisée  en  PPP  n’étaient  pas  enregistrés  au  bilan  des  pouvoirs  adjudicateurs,  ce  qui  permettait  ainsi  de  déconsolider  une  partie  de  l’endettement réalisé au titre des opérations d’investissement (cf. supra) ; 

 l’étalement dans le temps de la dépense d’investissement, pour éviter de mobiliser  sur  une  seule  opération  le  budget  d’investissement  d’une  année.  Un  maire  l’exprime  publiquement  dans  un  numéro  de  « La  vie  des  PPP »  consacré  à  l’éclairage  public  en  soulignant que « l’une des principales raisons pour lesquelles nous avons choisi le contrat  de partenariat reste la maîtrise du budget, notamment par la possibilité de lisser les  mensualités »45 ; 

 la sécurisation des montants liés à l’investissement. Dans le cadre du PPP de Paris‐

IV Clignancourt, le projet était initialement prévu en loi MOP, avec financement via un  contrat  de  plan  État‐région  (CPER).  La  suppression  des  crédits  initialement  fléchés  a  incité l’université et le ministère de l’enseignement supérieur à conduire l’opération en

c  

PPP, de manière à sécuriser ces  rédits ; 

 la sécurisation des montants liés à l’entretien et à la maintenance de l’ouvrage. 

Dans  certains  ministères,  des  acheteurs  publics  ont  indiqué  à  la  mission  que  leur  recours massif à des PPP résultait d’une stratégie délibérée visant à éviter un risque de  régulation budgétaire sur leurs dépenses d’entretien ;  

       

44 Une telle définition de la complexité nécessiterait probablement une modification du texte de l’ordonnance, afin  de  ne  conserver  dans  la  définition  de  la  complexité  que  celle  découlant  d’une  impossibilité  pour  la  personne 

pu  », et en supprimant la 

mblique à « définir seule et à l'avance les moyens techniques pouvant répondre à ses besoinsrojet ». 

ention d’une complexité due à la difficulté « d'établir le montage financier ou juridique du p

45 Article paru dans « La vie des PPP » spécial éclairage public, publication du Club des PPP. 

 pour l’État, le contournement des normes budgétaires, en particulier du « zéro  valeur » (cf. encadré suivant). Lors de ses entretiens avec les principaux ministères et  la  direction  du  budget,  la  mission  a  constaté  que  cet  objectif  de  contournement  est  particulièrement  poursuivi  pour  les  « grands »  projets  d’investissement  de  l’État :  les  PPP permettent en effet à la fois de différer la date de paiement jusqu’à la livraison  de l’équipement, mais également de lisser la dépense sur toute la durée du contrat,  c’est‐à‐dire sur plusieurs décennies, au travers du versement des loyers annuels. 

Encadré 7 : Les PPP comme ins  trument de contournement des normes de dépenses de l’État  La France  a  connu,  depuis  2004, deux normes de dépenses, applicables à l’État sur les seuls  crédits de paiement : 

ƒ la norme « zéro volume », cr éé e en 2004, fixe un objectif de c oissance annuelle en euros courants   r du budget général de l’État égal à l’inflation hors remboursements et dégrèvements d’impôts ; 

ƒ la  norme  « zéro  valeur »,  créée  en  2011,  impose  une  contrainte  supérieure,  à  savoir  la  stabilisation en euros courants des dépenses. Elle s’applique au même périmètre que celui de la  norme  « zéro  volume »,  dont  sont  exclues  les  charges  d’intérêt  et  la  contribution  de  l’État  au  compte  d’affectation  spéc le  « Pensions ». ia Cette norme suppose donc que soient réalisées  annuellement, en volume, des économies au moins égales à l’inflation. 

Dans un rapport de mai 201246, l’IGF a ident fié, parmi les risques i de contournement des nor esm   budgétaires, la multiplication des PPP à un double titre : 

ƒ les  loyers  ne  commencent  à  être  versés  qu’au  moment  de  la  livraison  de  l’équipement,  ce  qui  signifie  que la dépense est différée pendant toute la durée de construction ; aucune norme  budgétaire ne pèse donc sur le PPP entre la signature du contrat et la livraison de l’équipement ; 

ƒ les dépenses d’investissement et de financement sont lissées sur toute la durée du contrat,  c’est‐à‐dire sur plusieurs décennies. La norme budgétaire s’applique ensuite dans des proportions  très réduites sur le projet d’investissement. 

Aussi,  les  règles  d’enregistrement  des  PPP  en  comptabilité  budgétaire  permettent  de  contourner la norme de dépense annuelle. 

 pour  certaines  collectivités  locales,  notamment  outre­mer,  l’impossibilité  d’obtenir un prêt du fait de leur situation financière, en particulier de leur niveau  d’endettement (cf. infra). 

Les entretiens conduits par la mission avec les acheteurs publics ont permis d’établir  que le principal motif de recours aux PPP était, dans les faits, d’ordre budgétaire ou  financier. Ainsi, des motifs budgétaires ont été avancés pour justifier les projets de  l’État dans 75 % des cas, et dans 100 % des cas pour les collectivités locales ; dans plus 

du projet  Urgence  Bilan 

Incapacité 

PPP des collectivités locales  100 % 61 % 4 % 13 % 22 %  65 %

Source : Mission. 

Note : Ventilation effectuée à partir des éléments recueillis lors des entretiens de la mission avec les acheteurs publics. 

       

46 Maîtriser les dépenses de l’État pour revenir à l’équilibre des finances publiques : enjeux et leviers d’action,  Rapport IGF n°2012‐M‐008‐03, mai 2012. 

Parmi les motifs budgétaires ou financiers, les acheteurs publics ont pour l’essentiel  cherché à étaler dans le temps leurs dépenses d’investissement  (58 %  des  projets  de  l’État, et 78 % des collectivités locales), puis cherché à sécuriser les dépenses d’entretien  afférentes aux bâtiments (près de 65 % des cas). Certains acheteurs locaux ont également  indiqué  avoir  cherché  à  « déconsolider »  l’endettement  résultant  de  leur  projet  d’investissement ; ce risque est aujourd’hui en théorie réduit. 

PPP de l’État  58 % 33 % 67 %  0 %

PPP des collectivités locales  78 % 0 % 65 %  13 %

Source : Mission. 

Note : Ventilation effectuée à partir des éléments recueillis lors des entretiens de la mission avec les acheteurs publics. 

Or, la volonté de recourir aux PPP pour s’affranchir des contraintes budgétaires,  financières et, autrefois, comptables n’est pas une raison justifiée ou justifiable : 

 elle  fait  cou irr   des  risq es u importants à l’acheteur public, du fait de la nature  complexe de cet instrument juridique ; 

 elle  l’incite  à  investir  au­delà  de  ce  que  ses  ressources  lui  permettraient  de  devoir  faire  face  à  plus  ou  moins 

d’envisager,  et  brève  échéance  à  un  « mur 

budgétaire » ; 

 t courir le risque de surpayer un investissement, en l’absence de toute preuve  ficience des PPP (cf. infra) ; 

elle fai sur l’ef

 enfin, la facilité de paiement résultant du PPP peut inciter l’acheteur public à  investir dans des projets manifestement surcalibrés par rapport à ses besoins. 

2.4.2. Les PPP devraient être mieux pris en compte dans les normes budgétaires  Si l’enregistrement des PPP en comptabilités nationale et générale est une évolution  positive, il apparaît néanmoins insuffisamment vecteur de discipline, en particulier  pour l’État : 

 le PPP conserve plusieurs avantages par rapport à la loi MOP, notamment vis­à­

vis des normes budgétaires.  Celles‐ci  incitent  de  fait  les  administrations  à  recourir  aux  PPP  à  court  terme,  en  menaçant  le  respe

itude sur l’efficience de ce choix (cf.ct  de  la  norme  à  moyen  terme  et  sans 

aucune cert  infra) ; 

 davantage que le niveau de dette publique exprimée en points de produit intérieur  brut  (PIB), le principal indicateur suivi par les marchés financiers est, dans les  faits, le volume d’émission obligataire annuel de l’État. Si le PPP se traduit, après  réception  de  l’ouvrage,  par  une  augmentation  du  niveau  de  dette  publique,  il  ne  se  traduit  pas,  à  l’inverse  de  la  loi  MOP,  par  un  surcroît  d’émission  obligataire  à  court  terme car son financement est de nature bancaire. 

Ces  « avantages »  de  court  terme  des  PPP  par  rapport  à  la  loi  MOP  sont  très  préoccupants  dans  une  perspective  de  moyen  terme.  Afin  de  permettre  aux  administrations de faire des choix rationnels et cohérents dans le temps, il convient  donc de neutraliser les biais favorables aux PPP dans le cadre budgétaire actuel. 

 

Proposition n° 9 : Modifier la norme budgétaire de manière à neutraliser ses effets sur  la décision de recourir à un PPP 

 

Plusieurs scénarios sont envisageables pour éviter que les PPP ne soient appréhendés comme  des instruments de contournement de la norme budgétaire : 

Une première option, minima,  ne  supposerait  aucune  modification  normative.  Elle  consisterait à formaliser une « charte de bonne gestion », consistant en la prise en compte  des montants d’investissement des PPP dans la norme. 

Une seconde option serait de favoriser le versement de crédits de paiement dès la  signature du contrat, pour que la norme – qui ne porte que sur les crédits de paiement  – s’applique aux engagements budgétaires pris dans le cadre de ces contrats.  La  solution  envisagée  consisterait  à  créer  un  compte  spécial  pour  les  dépenses  d’investissement  liées  aux  PPP,  sur  lequel  seraient  versés  les  crédits  de  paiement nécessaires au financement des dépenses d’investissement budgétées : 

 la création d’un compte de cette nature permettrait les reports de crédits d’une année  sur l’autre sans la limitation du budget général, pour la période courant de la signature  du contrat au versement effectif des crédits. Les crédits de paiement étant versés dès la  signature du contrat, la norme budgétaire s’appliquerait. Le versement des crédits de  paiement devrait  néanmoins  être  échelonné  sur  quelques  années,  au  cours  de  la 

en

période de construction, afin d’éviter de créer un biais   défaveur des PPP par rapport  à la loi MOP ; 

 cette  solution  suppose  toutefois  une  modification  de  la  LOLF,  permettant  la  création  d’un compte ad hoc, dédié aux crédits de paiement des PPP ; 

 par ailleurs, elle a l’inconvénient de constituer, pendant plusieurs années, des réserves  financières importantes et potentiellement mobilisables pour d’autres objets. Ce risque  serait  néanmoins  réduit  en  cas  de  refinancement  public  des  projets  après  la  construction (cf. infra) ; 

Enfin, une dernière option serait de construire une norme pluriannuelle spécifique  pour les dépenses d’investissement, qui permettrait de clarifier  les engagements  budgétaires pris en matière de commande publique : 

 soit sous la forme d’une norme pluriannuelle indépendante, ce qui suppose d’extraire  les dépenses d’investissement en crédits de paiement de la norme  « zéro  valeur » ; la  définition d’une telle norme pose toutefois un problème de périmètre. Il serait, en effet,  préférable  de  maintenir  les  investissements  de  faible  montant  sous  la  norme  « zéro  valeur » afin de préserver une certaine souplesse de gestion au sein des programmes 

A seules  les  dépenses  d’investissement 

budgétaires.  ussi,  relatives  aux  « grands 

équipements » devraient être soumises à une telle norme pluriannuelle ; 

 soit  sous  la  forme  d’une  « infra­norme »  pluriannuelle,  propre  aux  dépenses 

d’inve e z   d s  e

défini

stiss ment,  de  la  norme  générale  «  éro  valeur »,  ont  le orientations  s raient  es en loi de programmation des finances publiques (LPFP) ; 

y une  telle  solution  permettrait  de  préserver  le  cadre  général  de  la  norme 

« zéro valeur »  et  d’effectuer  les  arbitrages  en  son  sein,  entre  les  dépenses  d’investissement et les autres dépenses ; 

y un plafond en matière d’investissement et de commande publique serait défini de  manière triennale dans le cadre de la LPFP. 

3. Les  risques  budgétaires,  financiers  et  de  gestion  publique  soulevés 

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