• Aucun résultat trouvé

Le développement et la croissance synonymes

Chapitre 1 : Du développement au commerce équitable en passant par l'intermédiaire du développement durablel'intermédiaire du développement durable

A) Le développement et la croissance synonymes

Il est nécessaire de définir chaque terme avant étudier les critères du

développement économique du XIIIe siècle au XXe siècle (1) et ses effets (2).

1) Les définitions du développement et de la croissance

19- Le PIB comme mesure économique du développement ou de la croissance –

Le Professeur RIST123 a comparé le « développement » à la « nature » puis à la

« croissance ». Selon cet auteur, le mot « nature » tire son origine du mot grec « physis », qui dérive du verbe « phuo » signifiant « croître, se développer ». Il s'est appuyé sur la définition de la nature donnée par ARISTOTE pour définir le « développement » : « la

nature ou développement signifie dans un premier sens la génération des choses qui se

développent [littéralement : qui participent au phénomène de croissance] et, […] dans un

autre sens, cette chose immanente à partir de laquelle ce qui doit croître tire sa croissance ». Étant transposée du domaine biologique, comme l'a remarqué André Fulbert

DUBOIS124, la croissance est définie dans le dictionnaire ROBERT comme « le

développement progressif des corps organisés, particulièrement en hauteur ». La croissance économique est « l'accroissement des quantités globales ou l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes d'un indicateur de dimensions caractéristique de l'économie. Au plan macro-économique, concrètement, la croissance économique est saisie par les statisticiens dans la mesure où ils constatent un accroissement du produit national, brut ou net, par tête. Ainsi, la croissance se traduit par un nombre (produit brut ou produit net) en augmentation ; on ne tient pas compte de la structure de production et il arrive que la croissance masque un déséquilibre progressif, annonciateur d'une régression

économique »125.

En résumé, le Produit Intérieur Brut (PIB)126 est la mesure de la croissance

économique. Selon M. Jean GADREY et la Professeur Florence JANY-CATRICE127, le

PIB se compose de deux parties : d'une part, la valeur marchande de tous les biens et services et, d'autre part, le coût de production des services non marchands des administrations publiques. Pour calculer l'accroissement économique, il faudrait examiner la progression du PIB, c'est-à-dire la progression du volume de toutes les productions de biens et de services qui se vendent, ou qui coûtent en monnaie.

A priori François PERROUX et A. F. DUBOIS ont séparé la notion de la

croissance de celle du développement économique. Mais cette distinction a été atténuée.

PERROUX128 a ajouté la définition de la croissance à celle du développement. Selon lui

« la croissance est l'augmentation prolongée de la dimension des véritables 124 A. F. DUBOIS, Éléments d'histoire économique croissance et développement, Économie et histoire : La

révolution industrielle, Montpellier, 1968, Fasc. II, p. 8. 125 A. F. DUBOIS, op. cit., note 124, Fasc. II, p. 10.

126 Le PIB représente la somme des valeurs ajoutées créées par des facteurs de production appartenant à des résidents qui sont les personnes établies durablement sur le territoire. À la différence du PIB, le PNB (Produit National Brut) est calculé à partir du critère de nationalité.

127 J. GADREY et F. JANY-CATRICE, Les nouveaux indicateurs de richesse, La Découvert, 2007, p. 17. 128 F. PERROUX, L'économie du XXe

caractéristiques d'une économie accompagnée de changements de structures et éventuellement de progrès, dans l'efficacité de l'effort et dans le bien-être ». Selon ce même auteur « le développement est la combinaison de changements qui rend l'économie

apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global »129. Inspiré par

PERROUX, A. F. DUBOIS a estimé que cette distinction est inutile pour les non spécialistes en économie. Il a conclu que « si le développement implique certaines croissances fondamentales, à défaut desquelles il ne saurait se manifester, le développement les englobe dans une dynamique de dépassement, qui met en cause tous

les aspects de la vie sociale »130.

On peut estimer que, souvent, certains économistes anglo-saxons ne se sont pas préoccupés suffisamment des mots employés. Seul le mot anglais « growth » a été employé notamment par William Arthur LEWIS, qui a publié en 1954 et dernièrement mis à jour en 2003, un ouvrage intitulé « The theory of economic growth », dont le titre a été traduit en 1971 par Mme Françoise PONS par « La théorie de la croissance économique ». De même Walt Whitman ROSTOW a publié en 1960 et dernièrement mis à jour en 1993, un ouvrage intitulé « The stages of economic growth : A non-communist manifesto », dont le titre fut traduit en français en 1997 par M. Philippe DE LAVERGNE par « Les

étapes de la croissance économique : un manifeste non-communiste »131. Mais selon A. F.

DUBOIS et la Professeur Sylvie BRUNEL, ces économistes anglo-saxons emploient les deux termes comme des synonymes.

20- Les cinq étapes du développement selon ROSTOW – Après la Seconde

Guerre mondiale, l'économie mondiale a suivi les modèles post-keynésien de HARROD

et DOMAR132. Ces modèles cherchent à assurer une croissance stable par l'instauration de

revenus, d'épargne, d'investissements et de la protection de l'emploi. Le Professeur

Frédéric TEULON133 a dressé une étude bibliographique pour illustrer ces modèles

129 F. PERROUX, op. cit., note 128, p. 192.

130 A.F. DUBOIS, 1968, op. cit., note 124, Fasc.II, p. 10.

131 W. W. ROSTOW, trad. P. DE LAVERGNE, Les étapes de la croissance économique : un manifeste

non-communiste, Economica, 3e éd., 1997.

132 F. TEULON, Croissance crise et développement, PUF, 2006, p. 186. 133 F. TEULON, note préc., p. 187.

économiques. Les économistes libéraux comme LEWIS et RICARDO ont une vision du développement économique fondée notamment sur les modèles d'industrialisation, de multiplication des productions et d'ouverture du marché à la concurrence internationale. Ces économistes ont affirmé que l'augmentation des produits agricoles et industriels fera profiter les citoyens du monde entier de la consommation de masse. Cette dernière assurerait l'augmentation d'un travail stable et la protection sociale des salariés. Le rapport

« production - consommation »134 est devenu « consommation - production ». Autrement

dit, pour assurer la croissance économique, les citoyens doivent consommer pour nourrir la production industrielle. Un ensemble de mesures est mis en place, notamment la publicité, pour inciter les consommateurs à légitimer leur besoin de marchandises commercialisées sur le marché. Ce modèle a été appliqué dans la majorité des pays

industrialisés, ainsi que l'a analysé ROSTOW135. Selon cet historien américain de

l'économie, il existe cinq catégories d'évolutions économiques, considérées comme cinq étapes successives de la croissance. Selon cette théorie, chaque pays suit ou a suivi ces cinq étapes vers le développement. Ces étapes sont « la société traditionnelle » suivie par « les conditions préalables au décollage », puis « le décollage », ensuite « la marche vers la maturité », et enfin « l'ère de la consommation de masse ». Ayant soif de développement, tout pays pourrait tirer expérience de ces étapes.

La première étape, appelée « société traditionnelle », correspond à des sociétés antérieures ou postérieures à Newton où les productions agricoles sont plafonnées par les méthodes traditionnelles sans l'usage de techniques modernes. Ce sont les sociétés traditionnelles, marquées par une hiérarchie sociale qui se traduit par des liens familiaux importants et un rôle important du clan dans l'organisation sociale. ROSTOW en donne quelques exemples, comme les dynasties chinoises, la civilisation du Moyen-Orient et de la Méditerranée et le monde de l'Europe médiévale.

La deuxième étape est celle d'une société réunissant les conditions préalables au décollage pour le développement, c'est-à-dire les sociétés en transformation à partir du stade de la société traditionnelle. Ces sociétés profitent des fruits de la science moderne

134 J. ROBIN, De la croissance économique au développement humain, Seuil, 1975, p. 30. 135 W. W. ROSTOW, trad. P. DE LAVERGNE, 1997, op.cit., note 130, p. 47.

pour les productions agricoles et industrielles et profitent de l'élargissement de marchés s'ouvrant à la concurrence internationale. Nous trouvons des exemples de ce stade parmi

les pays d'Europe occidentale à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle.

Ces sociétés ne sont pas seulement marquées par une croissance économique, mais cette dernière constitue aussi une condition de la croissance sociale en ce qui concerne la dignité nationale, le bien-être collectif et privé ou le bénéfice d'une vie meilleure pour les enfants par rapport à celle de leurs parents. Mais le résultat du progrès économique est très limité à cause des structures anciennes de ces sociétés.

La troisième étape consiste en un « décollage » qui représente le temps nécessaire pour que la société surmonte ses obstacles en vue d'une croissance régulière. Pendant cette période, les nouvelles industries se développement rapidement et engendrent des profits dont une bonne partie est réinvestie et sert à construire de nouvelles installations industrielles ou agricoles. À cette époque, la vie des travailleurs s'améliore conjointement à la croissance des productions. Autrement dit, les conditions sociales s'améliorent avec la croissance économique. ROSTOW a pris pour exemple de pays se trouvant dans le décollage la Grande-Bretagne, la France, les États-Unis, l'Allemagne, le Japon, la Russie

et le Canada au XIXe siècle.

La quatrième étape est appelée « marche vers la maturité ». Pendant cette période, l'économie démontre sa capacité à produire en recourant aux techniques modernes toute sorte de produits en fonction de la demande. Il s'agit de la période à partir de la fin du

XIXe siècle pour des pays comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et les

États-Unis, où les productions ont été faites selon des techniques sophistiquées et complexes. La cinquième et dernière étape de la croissance est dénommée « ère de la consommation de masse ». Elle correspond à une période pendant laquelle un grand nombre d'individus peuvent, grâce à leurs revenus, acquérir au-delà de leurs besoins indispensables en produits alimentaires, en logement et en vêtements. Ces situations

existent notamment dans les États-Unis, le Japon et l'Europe occidentale du XXe siècle.

21- La notion de Pays du Sud – Si la notion du développement se résumait à

trouveraient à l'état naturel, en n'ayant pas exploité leurs ressources naturelles et techniques pour augmenter leur croissance économique. Dans la théorie libérale économique, la protection sociale donnant aux travailleurs et à leurs familles un accès aux soins médicaux ainsi que l'éducation, ne sont que des conséquences de la croissance ou du développement économique. ROSTOW en veut pour preuve que, depuis la société traditionnelle, les travailleurs ont lutté contre une hiérarchie sociale qui ne profitait qu'à ceux qui ont des liens familiaux. Or dans la société de consommation de masse, les individus peuvent s'offrir des biens de consommation.

Alfred SAUVY136 emploi le terme « Tiers monde » pour désigner les pays moins

développés, par référence au « Tiers-état » qui représentait, dans la France ancienne, une troisième classe sociale inférieur à l'écart de la Noblesse et du Clergé. Après la seconde Guerre mondiale, le bloc de pays industriels sont désignés comme le Premier-monde. Le bloc des pays communistes, fonctionnant avec un système d'économie planifiée, est considéré comme le Deuxième-monde. Les pays restants sont considérés comme le « Tiers-monde ». Après la chute du bloc soviétique, l'expression « Tiers-monde » n'est plus utilisée et est remplacée par celle de « pays du sud ». Cette dernière désignation est arbitraire parce qu'elle ne se fonde que sur la situation géographique. Cette désignation ne comprend pas l'Australie, qui se trouve au Sud mais est considérée comme un pays du Nord. En tout cas, la dénomination n'est qu'une appellation : les pays du Sud sont les anciens pays du « Tiers-monde » qui correspondent à des pays en développement. Le

Tiers-monde comprend des nouveaux pays industrialisés et des pays sous-développés137.

22- L'application de la constatation de développement de ROSTOW dans le pays du Sud depuis la Seconde guerre mondiale – Le développement est la référence

essentielle de la politique d'aide au développement (APD), le Professeur RIST138 qualifie

de « religion du développement » la politique de coopération mise en place par l'Occident pour aider les pays du Tiers Monde depuis la Seconde Guerre mondiale. L'APD a permis aux grandes puissances et aux anciennes métropoles d'accompagner la décolonisation et

136 A. SAUVY, Trois mondes, une planète, L'observateur, n° 118, p. 14. 137 V. DIAZ PEDREGAL, 2007, op. cit., note 122, p. 28-29.

d'ouvrir les nouveaux marchés aux nations du Tiers Monde. Le scénario de ROSTOW a été appliqué dans le Tiers Monde, qui a pu avoir une bonne croissance économique par un

processus désigné par l'expression « big push »139. Dans ce processus, les États

interviennent dans la construction notamment de grands pôles industriels, de grandes routes, de barrages, d'usines, et de ports servant à l'exportation des matières premières.

23- La stagnation de la croissance économique du monde – Non seulement

dans le Tiers Monde, mais également en Occident, la croissance n'est pas illimitée : selon la théorie des cycles, énoncée par ARISTOTE « ce qui naît, grandit et atteint sa maturité

finit aussi par décliner et mourir, dans un perpétuel recommencement »140. En effet,

l'économie des pays développés a commencé à stagner à partir des années 50 en raison de l'inflation, des inégalités et de la pauvreté dues à l'inefficacité de leur système, comme l'a

affirmé PERROUX141.

Le système « consommer pour reproduire » oblige les consommateurs à demander sans cesse de nouveaux produits ou services au-delà de leurs besoins, tandis que les citoyens, qui sont eux aussi les consommateurs, n'ont pas obtenu le bien-être promis à cause notamment de l'inégalité des revenus. Les consommateurs se retrouvent très rapidement dans la surconsommation et le sur-endettement puis dans la pauvreté.

2) L'inégalité et la pauvreté constituent un frein au développement

24- La notion d'inégalité selon les économistes – Malgré son absence de

confirmation, différentes études ont montré que le modèle de la croissance économique

des pays développés à partir du XIIIe siècle a aggravé les inégalités et la pauvreté des

139 S. BRUNEL, 2012, op. cit., note 120, p. 10 et s. 140 G. RIST, 2007, op. cit., note 120, p. 64. 141 « Depuis le soir du XVIIIe

siècle, la pensée économique d'Occident est entraînée par un seul et même

espoir : le triomphe sur les raretés naturelles, l'inertie sociale et les tyrannies que l'homme impose à

l'homme. Cette libération, voyez maintenant comme elle élève la pensée marxiste. Ses récentes

productions, fidèles en ce point à K. MARX et à F. ENGELS, couronnent les duretés de la transition par le communisme terminal. Toute la production sociale s'est épanouie ; les restes de l'échange marchand ont été expulsés au bénéfice du transfert des seuls produits […]. La fin des raretés et celle des tyrannies se célèbrent en semble ». F. PERROUX, op. cit., note 128, p. 5 et 6.

peuples, tant au plan national qu'au plan international. Le Professeur Christian

COMELIAU142 s'est appuyé sur les travaux de M. Amartya SEN pour caractériser la

notion d'inégalité. M. SEN s'est appuyé sur les notions de « spectateur impartial » de Adam SMITH et de « justice comme équité » de John RAWLS pour identifier la notion d'inégalité, sans pour autant la définir clairement. Néanmoins, M. SEN semble assimiler

l'inégalité à la pauvreté en ce qu'elle est se ramène à « des privations de capacités »143.

Dans la même perspective, le Professeur COMELIAU pense que près de la moitié de la population mondiale ne semble pas disposer des ressources suffisantes pour mener une vie décente. L'inégalité n'est pas seulement mesurée par des salaires ou des revenus mais aussi par « le patrimoine et la richesse, l'accès au crédit, l'accès à l'emploi rémunérateur […]. Elle concerne de la même manière l'accès à la santé, à l'éducation et à d'autres service s publics et plus largement l'accès au pouvoir ». Autrement dit l'égalité s'apprécie économiquement et socialement.

En basant sur l'étude du Professeur Giovanni Andrea CORNIA144, le Professeur

COMELIAU considère que les inégalités nationales et internationales sont liées principalement au décalage des revenus des travailleurs urbains et des travailleurs

ruraux145. L'auteur distingue deux types de causes d'inégalité : les causes traditionnelles et

les nouvelles causes. Les causes traditionnelles d'inégalité sont notamment la concentration foncière au profit d'une minorité de propriétaires qui a limité l'exploitation des terrains agricoles pour la majorité de la population après une période de colonisation ; une domination des ressources naturelles attirant des mains d'œuvres peu ou non qualifiées et entraînant peu d'investissement dans l'éducation ; un accès inégal à l'éducation ; un biais urbain qui cause une politique sanctionnant l'exploitation agricole par une sur-taxation des produits exportés et par l'utilisation des économies tirées de l'exploitation rurale pour l'investissement urbain. Les nouvelles causes d'inégalité sont les nouvelles techniques permettant notamment de multiplier les productions, de réduire la 142 C. COMELIAU, La croissance ou le progrès ? Croissance, décroissance, développement durable, Seuil,

2006, p. 73 et s.

143 A. SEN, Un nouveau modèle économique : Développement, justice, liberté, Odile Jacob, 2003, p. 150. 144 G. A. CORNIA, Inequality and Poverty Trends in the Era of Liberalization and Globalization, 1999,

Université des Nations unies/WIDER,

http://www.wider.unu.edu/publications/policy-briefs/en_GB/pb4/_files/78807311723331954/default/pb4.pdf, consulté le 21 octobre 2012, p. 10. 145 C. COMELIAU, 2006, op. cit., note 142, p. 82.

main d'œuvre humaine, de commercialiser les services non commercialisables dans le

passé et le « consensus de Washington »146. Le consensus de Washington a eu pour

conséquences la libéralisation commerciale, la réduction du rôle de l'État, la privations, l'augmentation des flux financiers, des crises financières, une augmentation des taux d'intérêt, ainsi que des changements des institutions du travail. Cette dernière aboutit à l'instauration d'une flexibilité du travail, à une réduction de la régulation, à une dégradation du salaire minimum, à un amoindrissement du pouvoir des syndicats, etc.

25- L'inégalité constitutive d'une cause de pauvreté, toutes deux étant défavorables à la croissance – Selon le même document du Professeur CORNIA, aucune

étude ne peut affirmer fermement que l'inégalité est pro-croissance et qu'elle accélère la pauvreté. Néanmoins, le Professeur CORNIA a pu conclure qu'une inégalité trop basse ou trop haute est un facteur défavorable à la croissance. Cette étude a été remise en cause par le Professeur COMELIAU. Cet économiste a montré que lorsque « l'inégalité » égale la

pauvreté, les deux sont défavorables à la croissance, donc au développement147. Les

raisons à ce lien sont : un conflit politique et une absence de redistribution, qui ne permettent pas aux pauvres d'accéder aux ressources productives de l'économie ; un accès insuffisant au crédit pour les pauvres ; une instabilité politique ; une insuffisance de la demande interne, qui oblige les entreprises à exporter les produits puis à concurrencer les autres entreprises dans le monde et l'évolution démographique.

M. SEN a défini la pauvreté comme, « une privation de capacité de base plutôt que, simplement, un revenu faible. La privation de capacités élémentaires se traduit par une mortalité prématurée élevée, de la malnutrition, une morbidité persistante, un fort taux

d'illettrisme et autre problèmes »148.

Le Professeur COMELIAU a distingué la pauvreté absolue de la pauvreté relative.

146 Le consensus de Washington n'est pas un traité international. C'est une appellation informelle imaginées par John WILLAMSON, économiste américain, au début des années 90. Le consensus de Washington désigne les recommandations de politique macro-économique adressées aux pays en développement endettés par le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque mondiale et le gouvernement des États unis, qui se situent tous à Washington D.C ; cf. C. COMELIAU, L'économie contre le développement ?

Pour une éthique du développement mondialisé, L'harmattan, 2009, p. 62 et s.

147 V. note 145.

Selon l'auteur, la pauvreté absolue est caractérisée « à partir d'un seuil de disponibilités

monétaires au-dessous duquel les besoins essentiels149 ne peuvent plus être satisfaits, le

niveau le plus couramment évoqué dans les statistiques internationales récentes étant celui de 1 ou 2 dollars par habitant et par jour ». La pauvreté relative est mesurée par « rapport

au niveau de vie moyen dans la collectivité considérée »150. Selon cet auteur151, entre les

années 1820 et 1920 les inégalités et la pauvreté nationales et internationales ont augmenté alors que la croissance s'accélère. Il est par conséquent paradoxal de parler de