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Langues, contact des langues dans l'odonymie et particularités toponymiques

Chapitre IV : Perspective méthodologique et approche

7.3. Les étapes de l'analyse de la néotoponymie à Boussemghoun

7.3.2. Langues, contact des langues dans l'odonymie et particularités toponymiques

Les langues référant aux noms de rues et de places, sont pour la plupart transcrites dans la langue arabe standard. Bien que certains soient représentés par

des spécifiques dans la langue chleuh, le cas de la Rue Tenout et Place Djebel Tamada cité et décrit dans le chapitre précédent. Ainsi, pour les autres, qui sont en langue Chleuh; il s'agit de noms de famille d'origine berbère, dans la langue berbère : cas des patronymes qui renvoient à des vocables en langue chleuh. Le cas du nom de Amellal signifie blanc, Nessi de la fraction At Nessi, Mazar Hekou, Merkek, Derbel et Zoudji.

7.3.2.1. Arabisation des toponymes

Pour les toponymes qui se sont arabisés, nous avons enregistré le cas des noms qui sont accompagnés du générique ethnonymique Ben, qui est à l'origine une dialectalisation de Ibn par la chute du i initial , qui renvoie à l'expression fils de, qui exprime la filiation chez les Arabes. Cette dernière a été emprunté pour se substituer au générique At, qui est une particule équivalent à: les...., les gens de...et qui se place devant des noms propres de familles, de tribus, de ville, etc.410 Cette pratique constitue une forme de nationalisation qui a accompagné la baptisation des noms de lieux en Algérie. Dans les exemples suivants :

Ben Dahou Tahar à l'origine At Dahou (voir annexes, enseigne n°4, p248) Ben Mammar El Habib At Maamar

Ben Nessi Mohammed AtNessi (voir annexes, enseigne n°10, p249)

7.3.2.2. Doublons toponymiques

Ce concept a été défini et développé plus haut411 en décrivant des exemples concernant plusieurs cas en Algérie. Nous avons aussi décelé quelques cas dans cette liste qui sera approuvée ou non ultérieurement. Pour le rappel, un doublon est un mot qui, dans le domaine de la toponymie, désigne l’existence de deux ou plusieurs entités géographiques portant le même nom". C'est une pratique toponymique à proscrire car elle peut prêter à confusion et peut créer l'ambigüité à assurer la sécurité reliée à la recherche d’une adresse civique pour divers services (ambulancier, policier, incendie, etc.).

Cette liste comporte plusieurs cas de doublets toponymiques. Nous avons recensé les cas suivants :

N° 1 et N°5 dans Rue Abad Mohamed N°31 et N°50 dans Benessi Mahmoud N°43 et N°47 dans Rue Achour Mohammed

410 Dictionnaire Kabyle Français. P.G.hyghe. 2ème éd Paris.1901.p 73. 411 Les doublons ont fait l'objet de recherche dans le chapitre quatre.

7.3.2.3. Toponymes hybrides

Nous avons aussi décelé des cas d'hybridation de toponymes, parmi lesquels nus avons enregistré :

Rue Djebel Tanout N°62 ,un toponyme composé d'un générique en langue arabe standard chari3 ,que nous avons translitéré en Rue dans le corpus pour tous les odonymes nsuite d'un deuxième générique Djbel, une forme dialectalisée de Djabel en langue standard et du spécifique Tanout qui signifie puits . Il s'agit d'un cas d'hybridation de trois langues : arabe standard, arabe dialectal et langue chleuh. Le même cas d'hybridation est observé dans le toponyme qui est inscrit dans l'ordre numéral N°66 avec Place Djebel Tamada, formé du générique saha translitéré en Place dans le corpus, de Djbel, une forme dialectalisée de Djabel et du spécifique Tamadda en langue chleuh qui désigne le sommet d’une montagne. Il s'agit aussi d'un cas de tautologie où nous constatons la combinaison dans un même toponyme de deux entités qui désignent le même référent dans deux langues différentes.

Liste N°3 du 20/11/2006. (Voir annexes textes réglementaires p258.)

Numéro Noms de rues, de places et

d’édifices publics Observations 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15

Rue Ziroud Youcef Rue Laarbi Ben Mhidi Rue Hassiba Ben Bouali Rue Ahmed Zabana Rue Didouche Mourad Rue Si El Haouès Rue Khemisti

Rue Abbane Ramdane Rue Lalla Fatma N'soumer Rue Moufdi Zakaria Rue Farhett Abbas

Rue Mustapha Ben Boulaid Place du 20 Aout

Place de la liberté Rue Place du Wiam

Délibérations N° : 45/2006 du 20/11/2006 approuvée sur PV N°: 02/207 du 05/05/2007

Cette liste des noms de rues et de places, compte des noms rebaptisés, car elle est issue d'une nomenclature nouvelle, approuvée en 2007. Les noms inscrits dans l'ordre numéral de 1 à 15 portaient déjà un nom et ont reçu de nouveaux référents (voir liste N°1) dont la plupart renvoyait à des noms de martyrs locaux de la région, remplacés par des noms de réputation nationale et internationale . Il s'agit, pour la plupart, de noms célèbres de martyrs tombés au champ d'honneur pendant la guerre de libération. Ils appartiennent à l'histoire de l'Algérie et font partie de la mémoire collective.

Douze de ces odonymes sont des noms propres, les trois autres sont des noms communs. Parmi les douze noms de martyrs, deux noms de femmes sont représentées dans l'odonymie de Boussemghoun, un phénomène que nous avons décrit plus haut et qui semble poser problème à l'échelle internationale par manque de représentativité .Les quatre autres noms sont des noms attribués à des places qui se sont substituées à des noms de martyrs.

7.3.2.4. Toponymie symbolique

Les noms de martyrs cités, renvoient directement à la grandeur de leurs actes de sacrifice et leur bravoure, ainsi qu'à leur loyauté envers leur pays. Le choix de leurs noms est sélectif, car il s'agit des plus grandes figures de la guerre de libération. Il s'agit des instigateurs et des meneurs de cette guerre. Nous citons à titre d'exemple Zighoud Youcef, membre important de l'OS qui a préparé le déclenchement de la lutte armée, élevé au grade de Colonel de l'ALN et confirmé comme commandant de la wilaya II .D'autres noms ont participé à la guerre mais ne sont morts qu'après l'indépendance. C’est le cas de Ferhat Abass ,fondateur de l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA), rallié au Front de libération nationale (FLN) durant la guerre d'indépendance, président du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) de 1958 à 1961, décédé en 1985 à Alger . C'est un leader nationaliste et homme d'Etat algérien.

Nous citons aussi, le cas du référent Moufdi Zakaria, surnommé le poète de la révolution, auteur de l'hymne national et de bien d'autres chants patriotiques. Il a participé à la Révolution par son militantisme et son savoir à éveiller la conscience nationale par sa plume. Il décède le 17 Aout 1977 à Tunis.

Il faut savoir que Khemisti, référent N°7, un des leaders de la Révolution n'est pas compté parmi les martyrs car il est mort juste après l'indépendance en 1963.

7.3.2.5. L'usage du surnom dans l'usage néo-toponymique

Nous notons que pour mieux imprégner les Algériens de leur histoire, les noms de rues sont baptisés par les surnoms de martyrs ,de poètes ou d' hommes politiques de la Révolution, un usage plus familier aux Algériens qui les ont connus : cas d’Ahmed Ben Abderrazak Hamouda, plus connu sous son nom de guerre Si El Haouès.

Moufdi Zakaria dont le vrai nom est Zekri Cheikh.

Lalla Fatma N'Soumer de son vrai nom Fadhma Si Ahmed Ou Méziane412