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Dénomination des noms de lieux en Algérie et normalisation

Chapitre III : Politique linguistique de dénomination et de normalisation de la

3.4. Les Langues étrangères dans la période précoloniale

3.6.4. Dénomination des noms de lieux en Algérie et normalisation

Avant d'aborder la dénomination en toponymie qui fait partie des actions de politique linguistique, il faudrait d'abord établir la distinction entre les concepts de nomination et dénomination qui, au départ de notre recherche, nous ont posé problème et nous avons sombré entre les deux car l’usage n’établit pas de distinction nette entre ces concepts. Ce n'est qu'à partir des réflexions à ce sujet qui ont tenté d'en tracer la limite que nos doutes se dissiperont et se révéleront loisibles. La dénomination par définition est la" Désignation (d’une personne ou d’une chose) par un nom. Nom affecté à une chose ; appellation, désignation.153 L’étymologie, l’usage latin et celui du français courant assignent à nommer et à nomination de « distinguer, désigner par un nom (une chose, un concept), qualifier 154.Il apparaît conforme à la diachronie, à la morphologie, à la logique, aux pratiques langagières et aux fins théoriques, d’assigner à nomination le champ du discours, et à dénomination celui de la langue. La proposition laisse entier le problème du nom "155 , quel que soit le terme employé, le « lien désignationnel » est toujours concerné.

3.6.4.1. Processus de nomination des noms de lieux : choix et raisons 3.6.4.1.1. Nomination d’un lieu

151Dourari, A .Politiques linguistiques en domaine francophone, Vienne, Octobre, 2011. 152Ibid.

153Le Robert .Dictionnaire étymologique du français. Paris. Tome I. p664.

154Siblot, Paul. De la dénomination à la nomination, Cahiers de praxématique. Mis en ligne le 01 janvier 2009, URL : http://praxematique.revues.org/368 consulté le 10 octobre 2014.

155 Kleiber, G. Polysémie et référence : la polysémie, un phénomène pragmatique. Cahier de lexicologie.1984. p6.

Nommer est d’abord un verbe du premier groupe, c’est désigner quelqu’un ou quelque chose en disant ou écrivant son nom 156.La nomination des lieux est une forme de marquage de terrain, c’est une façon d’en indiquer la possession au nom de diverses raisons, telles que l’appartenance, la découverte,la construction, l’immigration, l’invasion, la colonisation ou la récupération. Nommer c'est aussi s'approprier157. Cette opération de nommer est en fait un acte d’attribution d’un signifiant qui se fond dans le signifié où il n’est pas rare que le référent n’ait plus d’existence comme le cas de certains toponymes qui sont des référents, des noms de personnages ou d’événements et qui ont disparu ou n'ont plus d'existence matérielle. La toponymie en Algérie s’inscrit dans le droit fil de ce que nous venons d’avancer ci-dessus sur la nomination de l’espace. En évoquant la signification première de la plupart des villes et des lieux en Algérie, nous assistons fréquemment à des discussions, des polémiques et des explications controversées dues à une volonté de privilégier une langue ou un idiome, chacun essayant d’adapter son explication à son discours et à ses objectifs.

En réalité, l’histoire de L’Algérie a connu diverses langues, et il est dans de nombreux cas, difficile de trouver le substrat d’un nom. Notre démarche consistera à identifier synchroniquement les langues correspondant aux toponymes qui font l’objet de notre recherche, et à essayer de comprendre les significations et les raisons de ces toponymes (ceci se justifiera par le choix des questions à travers notre enquête dans la deuxième partie de cette thèse).

"Appelée dénomination toponymique, l’acte par lequel un nom propre est donné à un lieu ville, région, pays est bien un acte ethno socioculturel et même bien souvent un « acte politique "158, "une sorte d’intervention de type in vitro"159 .Cette opération tend à former le toponyme d’un lieu en respectant certaines règles, dont le but est la commémoration de personnes, d’événements liés étroitement au lieu à nommer par l’utilisation de données géographiques, historiques, ethnographiques, linguistiques ou autres. La nomination des lieux est une forme de marquage de

156Petit Larousse en couleurs .Canada, libraire Larousse ; Ed, 1986. p 626. 157Attali, 1991 ; Guillorel, 1999 ; Havard, 2003.

158Gendron, Stéphane. L’origine des noms de lieux en France, Paris, Errance. , 2003. p55. 159Calvet L.-J. In vivo vs. in vitro dans Moreau, M.-L. (éd.), Sociolinguistique, concepts de base, Sprimont (B), Mardaga. 1997. p 179.

terrain, car" nommer c’est aussi s’approprier"160, c’est une façon de proclamer la possession pour divers raisons. En Algérie, et d’une façon générale, cette dénomination peut prendre des formes nombreuses et très variées. D’où un classement en catégories s’est opéré pour tenter d’en comprendre le sens et nous nous sommes inspirée d’une classification proposée.161 Depuis toujours, l’homme a voulu identifier son environnement, soit par besoin de référence envers ses pairs, soit pour rappeler un événement important ou un illustre personnage. Dénommer des lieux, des artères, c'est donner une touche d'immortalité à son milieu de vie. L’appellation du lieu est souvent renvoyée par une autre, ce changement passe par trois phases d’actions : baptiser, débaptiser et rebaptiser.

Le choix des noms n'est pas toujours aléatoire comme on pourrait le supposer. Et si la pertinence de ce choix semble involontaire dans certains cas, elle cache souvent une intention non révélée. Les noms peuvent également être sélectionnés par motivation personnelle ou encore dans l'intérêt de la collectivité. Nommer un lieu relève d’une action des politiques linguistiques aussi. En Algérie, et d’une façon générale la dénomination peut prendre des formes nombreuses et très variées (une riche nomenclature).

Les recherches dans ce domaine en Algérie montrent que les fonds toponymiques comprennent des formations venues de tous les horizons méditerranéens, africains et autres

et leur inventaire apparait d’une grande richesse. Certains toponymes ont été mis en évidence et ont été élucidés, d’autres restent obscurs quant à leur signification. 162

La toponymie en Algérie s’inscrit dans le droit fil de ce que nous venons d’avancer ci-dessus sur la nomination de l’espace. En évoquant la signification première de la plupart des villes et des lieux en Algérie, nous assistons fréquemment à des discussions, des polémiques et des explications controversées dues à une volonté de privilégier une langue ou un idiome, chacun essayant d’adapter son explication à son discours et à ses objectifs.

160Attali, 1991 ; Guillorel, 1999 ; Havard, 2003Attali, J. (1991). 1492. Paris : Fayard.

161 Cette classification est inspirée de la contribution par Margouma Mansour dans l'article La Toponymie algérienne : lecture préliminaire de la dénomination de l’espace, In Nouvelle Revue d’Onomastique, n° 43-44/ 2004. Paris. pp. 229-234.

162Pellegrin, A, Essai sur les noms de lieux d’Algérie et de Tunisie : Etymologie, signification », Tunis, SAPI.1949.