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Description des toponymes du Ksar lieu n°1 de la recherche

Chapitre IV : Perspective méthodologique et approche

6.2. Description des toponymes du Ksar lieu n°1 de la recherche

6.2.1. Analyse lexico- sémantique des référents linguistiques

 Ksar, ou Ighrem : on note deux structures dans deux langues différentes au toponyme référent. Ksar est un vocable d'origine arabe, il désigne un palais. Il est synonyme d'Aghrem, village fortifié du sud. C'est une habitation sédentaire des nomades berbères. Les deux structures sémantiques sont dans l'usage des autochtones.

 Zaouïa : est un édifice d'aspect religieux dont le rôle ressemble à celui de l'école. (voir annexes enseignes p 246).

303 Un système conçu par le Groupe des Experts des Nations Unies pour les Noms géographiques (GENUNG) en 1994. 304 Il s'agit de Mr Belhadji Laghrissi.

305Touati Zoulika archéologue de formation et responsable du service de la conservation du patrimoine dan la wilaya d'El Baydh .

306La personne ressource est Mr Aquouche Ahmed surnommé Doudou. 307 Il s'agit du musicien en langue chleuh Bachir Belhadj.

 Tmedla : est un terme en langue tachelhit qui signifie quartier. Il est utilisé comme générique à toute voie de communication"309 Tmedla a pour équivalent en français, rue, classé dans la catégorie des odonymes servant de générique.

 Nqab : mot d'origine berbère qui désigne un passage spécial pour les femmes, passage réservé aux femmes et qui se trouve entre deux quartiers. Il est vraisemblable, qu’un lien existe entre Niqab en langue arabe qui signifie voile du visage et ce passage utilisé par les femmes du Ksar. Elles passent voilées sans qu'elles ne soient aperçues par les hommes surtout étrangers. Niqab ou Nicab est une forme de xénisme, défini comme voile qui se place sur le front au- dessus du litham qui couvre la partie inférieure de la figure. Nous avons enregistré une autre orthographe du nom de lieu ncqeb310 dont le sens renvoie à becqueter et qui signifie picorer, grignoter. On peut, si on veut donner la chance à toutes sortes d'interprétation, penser que, par extension, le terme renvoie à la manière de manger de manière très réduite ou de manière à ne pas être vu. Pour les voies de communication, elles ont toutes des référents dans la langue tachelhit. Dans la structure architecturale du Ksar ou Agherm, le passage est très utilisé, d'où notre intérêt à le définir das le récit qui suit :

Au XIème siècle, ce mot désigne un défilé dans la montagne, un port ou plus généralement l’endroit où l’on passe. Au XIXème siècle, par extension, il sera appliqué aux petites rues interdites aux voitures, souvent couvertes. A la même époque, ce mot entre dans des expressions comme ... souterrain (1824, pour les chemins de fer) et ...à niveau (1868). Il exprime aussi l’idée active d’ " action de passer ", de se rendre d’un lieu à un autre (1165).De ce mot, est dérivé le mot passager (ère), employé autrefois au sens concret de " qui sert à passer au-delà du cours d’eau, de la mer ". L’adjectif a pris le sens de " qui ne fait que passer "

concurrencé par le terme de passage. Par transposition, sur le plan temporel, passager a pris son sens moderne de " qui dure peu de temps ". Au XIXème siècle, il a servi à qualifier aussi un endroit où circule

beaucoup de monde311.

 Zqaq ou Zikak : terme dans la langue arabe qui signifie venelle, il est utilisé avec la même fréquence que passage dans le Ksar.

 Djmaât ou djma`a : terme en langue tachelhit. C'est une placette, un espace qui sert de centre commercial, lieu de rencontres, de réunion qui se situent au sein du Ksar. C'est une sorte de place équipée de banquettes en pierre et ponctuée par des édifices de commerce. Cette institution coutumière des conseils qui se constituaient spontanément au sein du groupe, était chargée non pas d'édicter des règlements nouveaux mais d'assurer, selon le consentement 309 Une information que nous ont confiée plusieurs informateurs.

310 Amawal lexique, français Tamazight, L'odyssée, Mkrane Chemin 2007, Tizi Ouzou.p86.

311 Le Robert .Dictionnaire: historique de la langue française. Direct. Alain REY 311 www.techno-science.net.Ex consulté le 04/ 04/2013.

général, l'application de règles remontant au passé le plus lointain. Dans une culture de tradition orale, seuls les hommes d'âge avancé se sont trouvés à même d'assimiler l'ensemble des connaissances utiles. Elle sert aussi à la célébration des événements heureux comme les fêtes, fête de mariage, circoncision, etc. (voir l'enseigne dans les annexes p 247).On retrouve ces génériques, en Algérie, de manière générale dans l'usage des toponymes suivants :

 Ksar Bousemghoun, Ksar Chellela, Ksar Tiout etc.  Aghrem ajdid, Aghrem Aqdim, ,

 Zaouia Tidjania,(Ain Madhi à Laghouat)312

 Zaouia Qadiria à Ruisset Ouargla,  Zaouia Allaouia à Mstaganem

 Tmedla n' Teboun, Tmedla net slimane ,

Ces entités administratives sont, soit désignatives de lieu ou accompagnant un nom spécifique pour désigner un toponyme. Quant aux toponymes, nous en citons par ordre d’importance de l'entité administrative ou géographique en nous appuyant sur une évolution diachronique des toponymes.

6.2.2. Usage sociolinguistique de la toponymie Ksourienne

Ksar : Le mot se prononce « gsar » par les autochtones quand ils se trouvent en présence

d’étrangers. C'est une altération phonique de la racine arabe qasr qui est un espace confiné et réservé, limité à l’usage de certains. Le ksar (pl. ksour) est un grenier, mieux encore un ensemble de greniers bien ajustés. Ibn Khaldoun nous dit : " les premiers ksour datent probablement des Ier et IIeme siècle avant J.-C. Ils constituent sans doute l’extension progressive jusqu'à l’Atlas saharien du phénomène de sédentarisation des nomades berbères. "313

Ancien lieu de résidence des autochtones, son étude toponymique nous permet de saisir le type de toponyme en usage par les habitants avant leur départ de leur village.

Ksar est un mot d'origine arabe. Les autochtones utilisent le référent équivalent dans la langue locale, une variété du berbère tachelhitt314. Le Ksar est conçu non pas comme une habitation bourgeoise, une acception qui lui est attribuée dans la langue arabe, mais en tant que village fortifié, structure de pratiques socio-architecturales ancestrales basées sur une forme d’harmonie 312La confrérie tidjania est fondée en 1782 à Boussamghoun (El Bayadh). Son fondateur est né en 1737 dans la ville de Aïn Madhi (Laghouat) comme en témoignent plusieurs écrits.

313lbn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique du Nord.Traduit de l’arabe par le baron de Slane, Paris, Geuthner, 1978 T. III, p. 459.

314Ce point est déjà abordé dans les chapitres 2et 3, il s'agit d'une variété de la langue berbère et le mot Ksar a pour référent dans cette langue aghrem.

entre l’homme, sa culture, le climat et la géographie des lieux. Ce lieu qui permet, avec des palmeraies comme espace nourricier, un système oasien composé de l’espace minéral, le ksar et de l’espace végétal qui est la palmeraie. La ville devient le lieu majeur du changement social .Il est nommé aussi dans la langue locale. Ksar signifie château, ou palais. En arrivant en Afrique du nord les arabes ont utilisé les mots de ksar qui renvoient à château, palais ou casbah, pour nommer les villes amazighes du sud. Les français ont repris ces termes à leur compte et les ont intégrés dans leur langue.

" aγram : nm, le mot aghrem signifie ville ou cité en amazighe. Il est souvent traduit en français par le mot "Ksar ".315

Ighrem «ville, bourg, village», taghremt « petit village, petit château», en néfousi, dialecte de Libye, aghrem, «ville» ; en mozabite, aghrem, « cité, ville, ville entourée de remparts, village», en zenagi, dialecte de Mauritanie, irmi «village, agglomération sédentaire». Dans les parlers du Maroc central (groupe tamazight), ighrem a le sens de «village, village fortifié» et de «magasin à grain», le diminutif tighremt a le sens de «maison fortifiée». Ce sens se retrouve également en tachelhit : tighremt, «maison fortifiée, maison pourvue de tours», et le masculin igherm a plusieurs sens secondaires : «mur de soutènement d'une culture, ruines d'une habitation, etc. En toponymie, Ighrem est attesté à plusieurs endroits du monde berbère. En Algérie, on le retrouve par exemple en Kabylie, avec le village d'Ighram, dans la vallée de la Soummam"316. Son usage peut être cofondu au toponyme ou en générique accompagné du nom spécifique qui peut être le nom d'une commune ou d'une ville pour cette recherche.

6.2.3. Caractéristiques des emplois de quelques toponymes

 Emplois pléonastique du toponyme Ksar

Kasr El Assad : une appellation pléonastique donnée au Ksar. Elle est consignée sur l'enseigne, à

son entrée. (Voir annexes enseigne n°1, p 245). Elle signifie le ksar le plus heureux, en référence à la révélation prophétique qu'a pu avoir le fondateur de la tariqa Tijaniya en référence à Sid Ahmed Tijanidans la cittion suivante :

Qui a vu non pas en songe mais à l'état d’éveil le prophète Mohamed, qui l'affranchit de toutes affiliations confrériques antérieures, lui donne mission de fonder sa propre tariqa et de pratiquer l'initiation

315Cid kaoui, dictionnaire français tachelhit et tamazirt, p59.

316Dictionnaire Amazighe- Français. parler deb Figuig et ses régions. Hassane Benamara. Centre de l'aménagement linguistique 2013 p 523.

spirituelle, et selon les récits rapportés, à cette révélation, Sid Ahmed Tijani appelle le Ksar par ce nom El Asaad, relativement à ce qui lui est arrivé317

Il faut rappeler que Sid Ahmed Tijani est venu à Bousemghoun en 1786 de son retour à la Mecque. Il fut leur cheikh et a été proclamé aussi le Quotb à qui on réserve un lieu appelé Zaouïa Tidjania en son honneur et à une partie abritée du Ksar nommé la khalwa où a séjourné pendant treize années Sid Ahmed Tijeni en 1786.

Zaouia Tijania : c’est aussi le nom attribué soit par assimilation au Ksar ou en faisant référence au

lieu de culte musulman défini par Daumas comme " école religieuse et maison d'hôtes".318 Son nom remonte à son fondateur Sid Ahmed Tidjani, le Cheikh de la tariqa. Un lieu de ce nom lui a été réservé pour recevoir les adeptes qui sont très nombreux sur le territoire algérien, voire même, dans le monde entier. (Voir annexes enseignes p245, enseigne n°2).