• Aucun résultat trouvé

AKmad Amîn définit le zajal comme étant la poésie populaire, en langue dialectale

(al-sh`ir al- `âmmî). Douze articles y font référence, l’un d’entre eux sous l’intitulé de « Al-zajal » lui étant tout particulièrement consacré.2 Dans cet article, l’auteur indique que la poésie populaire, répandue parmi les Egyptiens, est composée selon des mètres particuliers (awzân), et qu’elle revêt des formes variées.3 Les Egyptiens ont de « charmants zajal-s, de forme et

d’esprit légers (khafîf al-rûh wa-khafîf al-wazn) ».4 L’auteur indique qu’il n’en donnera pas d’exemple car il existe des livres connus à ce sujet. On en relève cependant quelques extraits dans le Dictionnaire, au sujet des belles-mères et de la chance.5 On trouve également la citation d’un quatrain du commun du peuple (al-`âmma) sur le lupin, sans que l’auteur en précise le genre.6 Il évoque enfin par deux fois le thème de l’amour dans le zajal.7 Il en recense plusieurs auteurs célèbres : `Abd Allâh Nadîm (1843-1896)8, `Alî al-Laythî (1821-1896)9, +asan al-Âlâtî (m. 1889)10, MuKammad `Uthmân Jalâl, que AKmad Amîn présente comme un « grand poète » (zajjâl)11, al-Naggâr12, Imâm al-`Abd13, ainsi que deux poètes de Haute-Egypte, al-QûVî14 et `Abd Allâh Lahlûba15. Il relève également la présence de poèmes de ce type dans les pièces de théâtre d’ombres d’Ibn Dâniyâl.16

Mawwâl

Quatre articles évoquent le genre du mawwâl, sans que l’auteur n’en propose aucune définition.17 Il s’agit de différents types de poèmes composés en quatrains ou selon l’un de ces

1 On trouve dans le Dictionnaire plusieurs exemples de poèmes humoristiques. Voir « Al-fukâha », 368, pp. 309-310, « El-mufâraqât », 454, pp. 374-375 et le chapitre sur L’humour.

2 « Al-tamthîl », pp. 126-128, « Ge`êdî », pp. 137-138, « Al-Kubb », p. 153, « Al-Ka]] », pp. 171-172, « Al-Kamâ », p. 177, « +amâm », pp. 178-179, « Al-zajal », p. 218, « Al-safar », pp. 232-233, « Al-shi`r », pp. 249-250, « El-6a`âyda », pp. 260-262, « Al-fukâha », pp. 309-310, « Al-lahja al-`âmiyya », 417, pp. 345-347.

3 Ce genre se caractérise par une forme et une prosodie particulière, que l’auteur distingue toujours de la poésie (shi`r, ash`âr). Voir « Al-tamthîl », pp. 126-128, « Al-Kubb », p. 153, « Al-Ka]] », pp. 171-172, « +amâm », pp. 178-179, « Al-safar », pp. 232-233, « Al-shi`r », pp. 249-250, « Al-lahja al-`âmiyya », 417, pp. 345-347. Dans ce dernier article, AKmad Amîn donne un exemple de poème (shi`r) en dialecte égyptien. Selon le dictionnaire de Hinds et Badawi, p. 366, le zajal est un poème léger ou populaire, en strophe, souvent satirique.

4 « Al-zajal », p. 218.

5 « Al-Kamâ », p. 177, « Al-Ka]] », pp. 171-172. Voir aussi « Al-fukâha », pp. 309-310.

6 « Turmus », p. 116.

7 « Al-Kubb », p. 153, « Al-safar », pp. 232-233.

8 Voir aussi le chapitre sur L’humour.

9 « Al-fukâha », pp. 309-310. Voir aussi le chapitre sur L’humour.

10 « Al-zajal », p. 218. Voir aussi le chapitre sur L’humour.

11 « Al-fukâha », p. 309. Voir aussi le chapitre sur Le théâtre.

12 « Al-zajal », p. 218.

13 Ibid.

14 « Al-zajal », p. 218, « El-6a`âyda », pp. 260-262.

15 « El-6a`âyda », pp. 260-262.

16 « Al-tamthîl », pp. 126-128.

17 « Al-Kashîsh », pp. 169-171, « Al-Ka]] », pp. 171-172, « Al-fûl », pp. 312-313, « Al-lahja al-`âmiyya », pp. 345-347.

deux schémas de rimes : AAABA ou AAABBBA.1 Ses rimes jouent notamment sur la paronomase en rapprochant des mots ou groupes de mots presque homonymes. AKmad Amîn évoque les « gracieux mawwâl-s » des Egyptiens2 et en cite trois exemples : l’un sur le haschich, un autre sur les fèves (fûl) et enfin un troisième sur la chance, dont al-BûVîrî est l’auteur.3

Des poètes populaires, les udabâtiyya

Les udabâtiyya, qui sont des poètes improvisateurs, sont signalés dans cinq articles.4

Ils apparaissent comme une communauté issue du commun du peuple (al-`awâmm).5 Ils se distinguent par le port d’un tarbouche dont ils font tourner le gland pour provoquer le rire.6 L’auteur note qu’ils récitent ou improvisent de « charmants zajal-s » et même qu’ils excellent dans l’improvisation.7 Il souligne par ailleurs leur éloquence (faVâKa).8 AKmad Amîn mentionne une de leurs célèbres formules : « Je suis un poète improvisateur et j’aime le pain

avec mes pommes de terres ».9 Il évoque par trois fois la joute poétique qui les opposa, lors du

mawlid de Badawî, à `Abd Allâh Nadîm et que ce dernier remporta.10 Il rapporte également l’anecdote qu’il tient de l’un de ses amis concernant le vol et la restitution par les udabâtiyya de la bourse de l’un de leurs spectateurs.11 Il les compare à d’autres communautés (Wâ’ifa) dénommées « Yârmaz » et « Ge`êdiyya », qui paraissent être composées tout à la fois de mendiants, de musiciens, de poètes et de chanteurs.

« Il y avait au Caire une communauté appelée « Yârmaz », nom dont j’ignore

l’étymologie. Ils se distinguaient par leur habillement : ils étaient vêtus d’une djellaba bleue, serrée par une ceinture qu’ils remontaient jusqu’aux aisselles. Ils coiffaient un tarbouche sans turban, avec une houppe bleue. Ils faisaient tourner rapidement la houppe en remuant leur cou. Chacun d’eux en giflait le visage d’un autre et ils semblaient s’amuser de ce jeu.

Ils portaient une Wabla12 sous le bras et la battaient à la cadence des mouvements de leur houppe. Ils ressemblaient à la communauté des udabâtiyya, que nous avons déjà

évoquée. »1

1 Voir le dictionnaire de Hinds et Badawi, p. 840. Le mawwâl est également chanté : « Le mawwâl est un chant

non rythmé improvisé par une strophe de poésie populaire appelée également mawwâl. Il commence

généralement par une forme vocale, le layâlî, dont le texte se compose des mots yâ layl yâ `ayn (« Ô nuit, ô

lumière des yeux »). On le chante seul ou en guise de prologue à une chanson plus longue. », IBRAHIM, M. F. et PIGNOL, A., L’Extase et le transistor. Aperçus sur la chanson égyptienne contemporaine de grande

audience, dossier du Cedej n° 2, Le Caire, Cedej, 1986, p. 145. En ce qui concerne les mawwâl-s cités dans le

Dictionnaire, il est précisé qu’ils sont dits et non pas chantés.

2 « Al-lahja al-`âmiyya », pp. 345-347.

3 « Al-Kashîsh », pp. 169-171, « Al-fûl », pp. 312-313, « Al-Ka]] », pp. 171-172.

4 « Ibn - Ebn el-nukta », pp. 10-16, « Ge`êdî », pp. 137-138, « Al-zajal », p. 218, « Al-mu`addida », p. 373, « Yârmaz », p. 419.

5 « Al-zajal », p. 218.

6 « Ge`êdî », pp. 137-138. Le dictionnaire de Hinds et Badawî, p. 12, signale que l’expression « `Âmil zayy

el-udabâtî » (se comporter comme un udabâtî ) signifie faire le clown ou le pitre.

7 « Ge`êdî », pp. 137-138, « Al-zajal », p. 218.

8 « Al-mu`addida », p. 373.

9 « Anâ el-adîb el-udabâtî/AKebb el-`îsh taKt baWâWî » (le pain sous une patate douce), « Ge`êdî », p. 137. Dans l’article « Al-baWâWa » (la patate douce), p. 89, AKmad Amîn explique que la patate douce est le plat du pauvre et qu’elle remplace le pain.

10 « Ibn - Ebn el-nukta », pp. 10-16, « Ge`êdî », pp. 137-138, « Al-zajal », p. 218.

11 « Ge`êdî », p. 138. Dans ce récit, les udabâtiyya apparaissent comme une communauté organisée sous l’autorité d’un shaykh, guidée par des traditions d’esprit chevaleresque ou viril (murû’a).

« El-Ge`êdiyya est le nom donné à une communauté et je ne sais d’où elle vient.2 C’est une communauté de crapules et de gens vils, qui vivent généralement de la mendicité. Ils vont souvent deux par deux, l’un avec une petite darabukka3 et l’autre avec des cymbales (Vâgât).

Ils portent des vêtements courts qui n’atteignent pas le genou, et vont sans saroual et pieds nus, coiffés d’un vieux tarbouche, d’un vieux turban ou d’une vieille calotte. Ils fréquentent les places, le premier battant la darabukka et le second frappant ses cymbales et entonnent

des chants particuliers, pour la plupart obscènes.

Parmi ceux-ci, il y a une communauté appelée udabâtiyya (...). »4

La valorisation esthétique de la littérature populaire se trouve à l’origine de la naissance du folklore comme discipline en Europe. L’idée d’une poésie populaire dans laquelle s’exprimaient l’âme et le génie d’un peuple a notamment motivé les premières collectes de la tradition orale. Dans le Dictionnaire, AKmad Amîn définit les caractéristiques de la poésie égyptienne. L’expression poétique est révélatrice du caractère égyptien, dont elle porte le cachet évident. Mais elle n’est pas issue de la parole populaire. Elle demeure une poésie savante et un art de lettrés même quand elle est composée en langue dialectale. Bien que AKmad Amîn souligne l’éloquence des poètes improvisateurs et leur excellence en la matière, leur postérité semble surtout liée à `Abd Allâh Nadîm et l’on ne relève aucune identification nationale à leur propos tandis qu’elle est particulièrement appuyée au sujet d’al-Bahâ’ Zuhayr et d’Ibn Dâniyâl.

1 « Yârmaz », p. 419.

2 Selon le dictionnaire de Hinds et Badawi, p. 162, le terme ge`êdî désigne les membres d’une tribu de Haute-Egypte la Ga`ayda, un musicien jouant du tambour ou de la flûte, ainsi qu’un fainéant et un bon à rien.

3 Petit tambour en terre.