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C. Les stratégies socio-affectives

3) La précision des objets et des situations d’évaluation

2.20 LA PEDAGOGIE DU FRANÇAIS DANS LES GRANDS GROUPES

La politique algérienne dans le domaine éducatif, par la démocratisation et la gratuité de l’enseignement, avait conduit à une augmentation des apprenants non seulement au primaire mais aussi au niveau du secondaire et du supérieur. Au niveau de l’école primaire, le nombre d’élèves dans une classe peut varier de 30 à 40. Dans ce cadre il faut préciser qu’est ce qu’un « grand groupe », par rapport à quoi le compare-t-on ? Dans quel cas considèrent-on qu’un groupe est grand ? Quand on parle des difficultés d’enseignement en face d’un grand groupe, il faut prendre en considération plusieurs paramètres.

Actuellement en Algérie, on tente par tous les moyens de réduire le nombre d’élève par salle de classe en construisant plus de 200 classes par an et en instaurant une politique de formation et de recrutement du personnel enseignant. Malgré cela, il n’est pas inhabituel de trouver des classes de plus de 40 élèves.

Ce phénomène s’étend au secondaire et même au supérieur. En Algérie, en ce qui concerne la classe de français et compte tenu des conditions dans la quelles la langue est enseignée, le nombre d’élèves et leur hétérogénéité constituent une contrainte majeure. En présence d’un grand groupe, le travail de l’enseignant devient plus important, plus difficile et plus complexe, d’autant plus que les conditions satisfaisantes de travail ne sont pas garanties de même que la réussite d’un plus grand nombre. On peut se poser la question de l’existence ou de l’absence de corrélation entre les effectifs et la réussite scolaire.

Certainement les conditions de travail sont différentes selon qu’il s’agit d’un petit ou d’un grand groupe. On ne peut, sur la base du nombre d’élèves, avancer qu’il y aura réussite ou moins de réussite. Le nombre d’apprenants dans une salle de classe ne présente qu’une variable parmi tant d’autres.

Un enseignant qui maîtrise son cours, qui est bien préparé peut être déstabilisé par un grand groupe qu’il ne l’a pas pris en compte et par la même sentir l’incapacité d’assurer la leçon selon le plan qu’il avait établi.

Une autre situation peut se présenter :

Un petit groupe avec des conditions matérielles de travail adéquates. L’intervention de l’enseignant est insatisfaisante : des défaillances à tous les niveaux, un cours mal préparé, le travail de groupe mal organisé etc..

La relation entre les résultats scolaires et le nombre d’élèves dans la classe peut aussi être influencé par d’autres facteurs : l’origine socioculturelle des apprenants, le choix des méthodes d’enseignement, le matériel utilisé…

Certes le nombre d’élèves est un obstacle, mais il ne faut pas ignorer les facteurs énumérés ci-dessus. Les effectifs importants ne peuvent à eux seuls influer sur la qualité d’un enseignement.

Nous proposons dans le cadre de notre travail, de mettre l’accent sur l’importance de la formation des enseignants (formation initiale et formation continue) afin de leur permettre de prendre en considération cette réalité quotidienne dans nos salles de classe et de s’adapter aux différentes situations.

D’autre part un grand groupe peut être à l’origine d’un enrichissement du potentiel de communication. Ce groupe, en grandissant devient de plus en plus hétérogène et complexe et il serait difficile de mobiliser les potentialités pour résoudre les problèmes. Dans ces cas, le rôle que doit jouer l’enseignant est primordial par rapport aux propositions qui ont été faites pour résoudre ces problèmes. Parmi ces propositions on peut citer : la division du groupe en sous-groupes, le travail en atelier. Mais cela n’est possible que si l’infrastructure de l’école le permette et que les manuels soient disponibles en nombre suffisants pour faciliter le cours et éviter au maître d’écrire le texte au tableau ou de le dicter aux élèves.

L’évaluation est très importante, mais quand un enseignant prend en charge un groupe de 40 ou 50 élèves ne rend pas la tâche facile ou efficace.

Nous proposons de clore notre réflexion sur cette question, en adoptant les repères proposés par Sow Fall (1991), Il s’agit des éléments suivants :

 D’abord il convient de constater qu’il n’y a pas de certitude en ce qui concerne la définition d’un grand groupe.

 Le vrai problème concerne l’enseignant et son habilité à s’adapter à la situation qui se présente. « Peut-il faire les étalonnages, les calibrages nécessaires aux

objectifs poursuivis, en fonction de la masse et du degré d’hétérogénéité des groupes d’apprenants ? » (op.cit : 42).

 La formation est le seul investissement qui peut garantir la réussite du plus grand nombre.

 Les techniques proposées pour résoudre le problème du grand groupe ne sont que des techniques et si l’enseignant ne comprend pas leur fonctionnement, il ne fera pas non plus l’effort de lectures qu’il faut pour continuer sa formation.

 Une des situations à l’origine de la hantise du grand nombre est l’absence de formation appropriée et le manque de motivation.

Nous réitérons qu’aucune recherche systématique, à notre connaissance, n’a été menée sur la question d’effectifs élevés dans la classe de FLE en Algérie. Puisque nous avons affaire à une situation délicate, il vaut mieux réfléchir aux remèdes les plus adaptables.

CONCLUSION

Nous venons de voir tout au long de ce chapitre que, le domaine de l’enseignement des langues étrangères a été longtemps le fait de la linguistique appliquée qui, s’occupant seulement de la matière à enseigner, concevait l’objectif à atteindre comme l’aptitude à produire des phrases correctes (compétence linguistique). Cet objectif est devenu maintenant une capacité plus large susceptible de permettre au sujet parlant de faire face, avec aisance et efficacité, à des situations de communication variées dans le but de se faire accepter comme partenaire potentiel dans le code étranger. Pour la réalisation de cet objectif, il fallait outre la linguistique, s’ouvrir à d’autres disciplines permettant non seulement de formuler les contenus à enseigner en fonction de cet objectif, mais surtout de concevoir une manière d’enseigner qui sera la plus adaptable possible au sujet qui apprend cette langue. L’enseignant de langues est engagé dans un processus continu de remise en question. La recherche de scientificité à laquelle tend la didactique, implique l’extension des ressources offertes et le développement de l’esprit critique. Tout passera donc par la formation et l’information. Les enseignants de langues sont des éducateurs et doivent à tout prix rester des passeurs de lectures et d’idées.

CHAPITRE III ( CADRE THEORIQUE DES