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CONCEPTS ET NOTIONS UTILISES)

A- Du côté des apprenants

3.4 APPROCHE PAR COMPETENCE .1 Notion de compétence

Tenter d’aborder cette étude en utilisant la notion de compétence n’est pas une entreprise sans risques étant donné la polysémie du terme. C’est une notion générale qui connaît un usage de plus en plus fréquent, en position dans les deux domaines : le monde du travail et celui de l’éducation. Son statut même de concept est contingent ; la notion de compétence fait partie depuis longtemps du langage courant et son emploi quotidien est fréquent sans poser à ceux qui l’utilisent de graves questions techniques ; c’est d’ailleurs une des difficultés rencontrées avec le concept de compétence : celle d’être également une notion familière. Le risque de malentendu est permanent. Gaston Bachelard affirmait qu’un concept scientifique devait se construire contre les représentations familières et spontanées : c’est probablement le cas pour celui de compétence.

La compétence est trop souvent entendue comme l’application de savoir théoriques ou pratiques, ou comme un ensemble d’aptitudes ou de traits de personnalité (rigueur, esprit d’initiative, ténacité). De façon générale, on associe la compétence à un travail bien fait et l’on dit que telle ou telle réalisation a été faite avec compétence, que tel ou tel est compétent

l’inverse on taxera d’incompétent celui qui s’est révélé incapable de démêler des situations problématiques pour lesquelles il est en principe préparé. Un enseignant compétent, pour les parents d’élèves et pour ces derniers (et pour la société) sera celui qui créera les conditions de la réussite scolaire des classes qu’il a en charge. Mais pour établir ces conditions, force est d’admettre que l’enseignant doit à la fois non seulement posséder sa matière, c’est-à dire avoir une connaissance approfondie du savoir qu’il enseigne, mais aussi traiter avec pertinence le problème de séquences d’apprentissages. L’apprentissage ne saurait passer mécaniquement de l’enseignant à l’enseigné par la seul grâce du discours de cet enseignant et donc la compétence de l’enseignant doit nécessairement intégrer cette dimension d’un savoir en vue de traiter des cas difficiles d’apprentissage de telle ou telle notion. Ainsi, dans une situation d’enseignement la compétence de l’enseignant serait de juger de la meilleur façon de transmettre telle ou telle notion et de procéder à une gestion de la classe en conformité avec cette façon.

Pour le Robert, la compétence est :

« La connaissance approfondie, reconnue, qui confère le droit de juger ou de décider en certaines matières ».

Alors que pour Larousse serait :

« L’aptitude d’une personne à décider ; la capacité reconnue en telle ou telle matière ».

Etre compétent serait :

Etre capable de juger, d’agir avec compétence. La compétence possède aussi une signification juridique, on entend parler que tel tribunal s’est déclaré « compétent » ou

« incompétent » pour juger d’une affaire. Dans ce cas là la compétence d’un tribunal est

selon le Robert :

« L’aptitude légale ; l’aptitude d’une juridiction à instruire et juger un procès ».

Dans ce qu’on vient de voir, on peut avancer qu’être compétent en telle ou telle matière c’est avoir des connaissances en cette matière mais aussi avoir la capacité de juger et de décider dans la situation qui relève du domaine en question, c’est-à-dire du domaine où s’exerce cette compétence, par exemple. Dans la compétence, une somme de connaissance ne suffit pas. Un élève peut connaître les règles de grammaire d’une langue n’implique pas forcément que l’on sache l’écrire et la parler correctement. A ce niveau, on pourrait reprendre ce qui, selon O. Reboul, caractérise la compétence :

1. La compétence s’exerce dans un domaine qui a ses propres règles, Reboul parle de code. En effet la compétence linguistique s’appuiera nécessairement sur un

ensemble de règles syntactiques, le juge ou l’avocat s’appuiera sur des textes de lois, l’enseignant ou l’élève en mathématique s’appuiera sur des définitions, des théorèmes, des règles propres aux mathématiques.

2. La connaissance de ses règles n’est pas la compétence. Ce n’est pas la connaissance des lois et des dispositions légales qui feraient d’un avocat compétent, mais plutôt sa capacité à juger de tout le parti à tirer des points forts de l’affaire dont il a la charge et ce sur la base de lois en vigueur dans son pays et de toute la jurisprudence en tant que source d’inspiration juridique. Mais ses règles fixent des limites dans lesquelles s’exerce la compétence en question. Dans ces limites, elle « la compétence » est la capacité de produire un nombre infini de performances. La performance de l’élève serait, par exemple, de rédiger un texte, qui en respectant les règles grammaticales, aurait du sens. Ce qui nous amène au troisième trait.

3. Il y a production de performance dans le respect de certaines règles, mais ces performances doivent répondre à la situation en jeu c’est-à-dire des performances adaptés au problème à résoudre par l’élève face à u texte à rédiger, par le juge face à une affaire pour laquelle le verdict le plus juste doit être rendu, par l’avocat qui veut gagner un procès, etc. De plus, ces performances ne sont pas déterminées à l’avance, deux élèves peuvent traiter avec compétence un même problème mais de façon différente, chacun ayant sa propre méthode et sa propre solution. Deux élèves peuvent traiter brillamment un même sujet et ce de façon radicalement différentes, chacun privilégiant, dans ce sujet, l’aspect qui l’inspire le plus ou qu’il considère comme le plus intéressant. C’est pourquoi Reboul écrit que :

« Quel que soit le nombre d performances que produit une compétence, le fait et qu’elle les produit de façon imprévisibles ».

La performance qui témoigne d’une compétence n’est pas déterminée à l’avance et peut prendre des formes inattendues, non forcément imprévisibles. En tant qu’enseignants, lorsqu’une libre expression s’installe en classe, n’est-on pas surpris de certaines solutions que proposent nos élèves ?

Donc la compétence ne se réduirait pas à une pratique plus où moins mécanique de règles, à une observance de règles qui donnerait le résultat attendu et recherché, il y a

quelque chose d’autre, qui, à partir des règles, dépasserait leur strict observance et qui relèverait d’un jugement libre susceptible de produire une performance.

La formation des compétences exige une petite « révolution culturelle », pour passer d’une logique de l’enseignement à une logique d’entraînement (coatching) sur la base d’un postulat assez simple : les compétences se construisent en exerçant face à des situations d’emblée complexes. Il s’agit selon la belle formule de Philippe Meirieu (1996) :

« D’apprendre, en le faisant, à faire ce qu’on ne sait pas faire ». Donc on ne construit

des compétences qu’en affrontant de vrais obstacles, dans une démarche de projet ou de résolution de problèmes. Or, comme le dit parfois Philippe Meirieu, chacun voudrait savoir, mais pas forcément apprendre. Pour persévérer face à l’obstacle plutôt que de le contourner ou de renoncer au projet, il faut plus que de la motivation scolaire traditionnelle, mélange de désir de bien faire, de plaire, de ne pas avoir d’ennuis.

Une démarche orientée vers la construction de compétence exige de l’élève une plus forte implication dans la tâche. Non seulement une présence physique et mentale effective, requise par les autres élèves autant que par l’enseignant, mais un investissement impliquant imagination, ingéniosité suite dans les idées. L’approche par compétence exige : transparence, coopération tenacité et responsabilité. Cela modifie considérablement le contrat didactique et interdit à l’élève de se replier, aussi facilement que d’habitude, dans une prudente passivité.

3.4.2 Résistance auxchangements

Aujourd’hui malgré plus d’un siècle de mouvements d’école nouvelle et de pédagogies actives, malgré plusieurs décennies d’approches constructivistes et systémiques en sciences de l’éducation, les modèles transmissifs et associationnistes conservent leurs légitimités et tiennent encore, assez souvent le haut du pavé c’est le cas de la plupart des enseignants observés.

Pour développer une approche par les compétences, le système éducatif dépend de l’adhésion et de l’engagement des enseignants. Une telle approche suppose l’émergence d’un nouveau type de professionnalité, d’identité de formation au métier d’enseignant. A supposer, qu’il existe une volonté politique claire et durable. On discernera les innombrables résistances que rencontrerait une telle mutation dans une fraction importante

du corps enseignant en place, mais aussi parmi les stagiaires en formation initiale. Lorsque ces résistances ne sautent pas aux yeux, c’est que l’approche par compétence n’est pas une politique affirmé, juste une figure de style dans le discours ministérielles et une incantation dans les programmes.

3.5 MOTIVATION

Face au désintérêt manifeste de beaucoup d’apprenants voire à leurs refus de l’institution scolaire, la tentation peut-être pour le maître de se résigner, mais ils peuvent aussi chercher les meilleurs moyens de re-susciter de l’intérêt pour ce qui s’apprend à l’école c’est le travail sur la motivation.

3.5.1 Définition de la motivation

Afin de mieux comprendre ce concept commençons par le définir.

Dans son sens le plus général, la motivation est un concept utilisé en psychologie pour tenir compte des facteurs qui déclenchent les conduites. Elle peut-être définie d’après le dictionnaire de didactique, comme : « un principe de forces qui poussent les organismes à

atteindre un but ».

Dans le domaine de l’apprentissage, la motivation joue un grand rôle et qu’elle détermine la mise en route, la vigueur ou l’orientation des conduites ou des activités cognitives et fixe la valeur conférée aux divers éléments de l’environnement. Le désir pour le savoir est bien un processus multiforme, biologique, psychique, culturel. Il conduit l’apprenant à donner du sens à ce qu’il apprend ce qui augmente en retour sa motivation.

Motiver c’est : « donner à l’enfant le désir d’apprendre et toute méthode sera bonne

« disait Jean-Jacques Rousseau dans Emile ». (1995 : 127)

Le moteur de toute activité chez les animaux et les êtres humains, qu’ils soient des enfants ou des adultes, est l’intérêt provoqué par un besoin. Les enfants sont insensibles à des intérêts indirects ou lointains auxquelles peuvent répondre des adultes capables de réfléchir et d’estimer le profit ultérieur qu’ils retireront d’une activité qui s’impose à eux aujourd’hui. Parler à des enfants de leurs avenir, du bénéfice qu’ils retireront étant grands, de l’application qu’ils auront mise à bien travailler en classe, c’est s’illusionner. Il faut chercher la satisfaction immédiate qui provoquera l’application, en éveillant les intérêts qui assureront la manifestation.

Ainsi, l’enseignement serait motivé aux yeux des élèves ce qui assurerait son efficacité car la motivation est une force propulsive de l’action et de l’effort. Toute tâche dont la motivation est claire à l’esprit de l’élève, fait naître en lui le désir ou le besoin de l’accomplir. Tout travail qui le séduit et qu’il veut mener à bonne fin suscite un effort, une capacité d’attention, une persévérance qu’il fournit avec facilité et contentement sans se rendre compte de l’état de tension dans lequel il se trouve. La seconde condition de l’efficacité de l’enseignement et qu’il soit adapté aux capacités mentales des apprenants.

Donc recherche de l’intérêt et de la motivation, respect des périodes de maturations, entraînement à l’effort dans une atmosphère de liberté surveillée engageant la responsabilité telles sont les conditions propres à donner à l’enseignement et à l’éducation les bases solides sur lesquelles l’un ou l’autre concourront avec sécurité et efficacité à la formation intellectuelle morale et sociale des apprenants.