• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE V : FORMATION DES ENSEIGNANTS EN ALGERIE ALGERIE

5.3 LA FORMATION INITIALE : LA VRAI TRANSFORMATION

Une étude des modalités de la formation à ce stade s’avère importante puisque c’est ici que s’opère la vraie transformation chez le futur enseignant. Develay (1994 :121) propose de l’étudier à travers trois concepts : celui D’une trajectoire générale de formation, celui de processus de formation et celui de modes de formation.

C’est au cours de la trajectoire générale qu’il se produit : « Une évolution de

l’étudiant en formation au regard de son futur métier».

Nous avons ailleurs dans ce travail, parlé de la représentation que l’étudiant possède non seulement de l’enseignement mais de l’enseignant, avant son entrée en formation. Nous savons aussi que pour beaucoup de futurs enseignants, cette représentation reste malgré la formation qu’ils ont suivie. Cette trajectoire concerne aussi le formateur qui s’attend lui aussi à une transformation chez les stagiaires à sa charge. Pour cette raison, il possède « un cadre de référence pour les pratiques pédagogiques » (op. cit.) qu’il souhaite les voir mettre en actes. Une confrontation entre le modèle implicite du stagiaire au début de la formation et le modèle pédagogique du formateur produit « un modèle

Quant aux processus de formation, il s’agit des catégories d’activités fonctionnelles que le formateur suscite chez les stagiaires. Parler d’un processus de formation implique que celle–ci représente « Un ensemble de faits significatifs, distincts qui constituent un

tout ». (Op. cit.) Nous savons que les stagiaires ne réagissent pas de la même façon devant

les savoirs et savoir-faire à acquérir : chaque individu a sa façon de percevoir mais aussi de concevoir ce qui lui est proposé.

Pour former un enseignant il faut s’intéresser à lui comme personne, dans son entier, puisque cette formation oblige à vivre de différentes situations tout en le préparant à affronter d’autres.

Dans ce contexte, Develay distingue six processus de formation qui, selon lui, couvrent les quatre domaines de compétences que le futur enseignant doit maîtriser : La formation par instruction, la formation par la documentation, la formation par l’expérimentation et la rétroaction et la formation à la recherche.

Le troisième concept, celui des modes correspond à l’encadrement des futurs enseignants au cours de leur formation. Ici il est question de la place du stagiaire par rapport aux autres. Develay (op. cit : 139), énumère quatre modes de formation : le premier est une formation collective où les objectifs, modalités et itinéraire de formation sont fixés par le centre de formation et les formateurs. Le groupe reste entièrement consommateur. Le deuxième est le mode de formation différenciée qui, comme la situation précédente, est entièrement sous la responsabilité du centre et des formateurs. La différence c’est q’il y a quelques itinéraires et modalités qui cherchent pendant une durée à s’adapter aux besoins des stagiaires. Le troisième mode, la formation individualisée nécessite un référentiel de formation, qui propose une grande souplesse aux stagiaires en leur offrant la possibilité de déterminer leur itinéraire de formation après négociation avec des formateurs. Cependant, une formation ne peut être individualisée que si les situations de formation le sont aussi. Le dernier mode, la formation personnalisée vise à aller plus loin que l’individu pour s’intéresser aux personnes, « dans leurs dimensions culturelles,

mentales, affectives et dans leurs rôles sociaux ». L’accent est mis sur le concept

d’accompagnement qui vise à substituer au formateur technicien un formateur accompagnateur.

Les didacticiens sont d’accord que la phase initiale de la formation ne peut pas préparer l’enseignant pour toute sa carrière. De Landsheere (op. cit : 353) rappelle à juste titre que la quantité des connaissances relatives aux matières à enseigner est énorme et ne peut pas donc être assimilée en trois ou quatre années d’études. Une fois sur le terrain,

« L’éducateur enseigne à la fois ce qu’il sait et ce qu’il est. La personne se transforme, doit continuer à se développer, à s’enrichir au cours de sa vie ».

Cela est dû au fait que la société dans laquelle il exerce évolue et que cela entraîne d’autres changements, notamment dans l’enseignement. Quant à Mialaret (1996 :79), aucune formation : « Ne peut se renfermer sur elle-même et fixer définitivement ses

propres finalités ».Le jeune maître connaîtra sur le terrain des circonstances et situations

qui seront forcément différentes de celles qu’il a connu es pendant sa formation. L’auteur voit la formation initiale comme un maillon d’une longue chaîne : « qui se prolongera

pendant toute la carrière de l’éducateur ».

Elle ne peut donc être limitée à l’institut de formation et dans une période académique limitée. C’est au cours de cette période que les formés prennent conscience des difficultés rencontrées par d’autres, les analysent et se préparent à leur tour à affronter les mêmes situations.

Girard (1995 :136) propose de considérer quatre éléments dans la formation initiale des enseignants de langues :

1) Le premier est ce qu’il appelle l’entraînement langagier. Il s’agit d’un perfectionnement de la langue que l’enseignant de langue va enseigner et cela va de soi. Pour que le futur enseignant devienne un « bon communicateur », il faut qu’il soit capable de s’adapter aux diverses situations de communication « au milieu social des

interlocuteurs aux rôles qu’ils jouent les uns par rapport aux autres, aux registres utilisés liaison avec les sujets traités ». Cette compétence doit prendre en compte non seulement

les multiples échanges professeurs/élèves mais aussi la capacité de l’enseignant à se servir des nombreux auxiliaires sonores et audio-visuels qui aujourd’hui jouent un rôle très important dans l’enseignement des langues étrangères.

2) Le deuxième élément nous renvoie aux connaissances relatives aux matières à enseigner dont parle De Landsheere (1992). Dans ce bagage de connaissances s’inscrivent

« Connaissances du pays ou des pays, de leurs modes de vie, de leurs traditions, de

leur littérature et autres et autres formes d’expression artistique, des enjeux économiques, scientifiques et technologiques, etc. Une bonne part de ces connaissances doivent en toute évidence être remises à jour par la formation continue ».

3) Il s’agit ici d’une information solide sur les conditions de l’enseignement aux différents niveaux où l’enseignant sera appelé à exercer. Figurent ici toutes les catégories de personnes avec lesquelles l’enseignants entrera en contact : les élèves les autres enseignants et les administrateurs. Ensuite il y a le cadre institutionnel qui comprend le type d’établissement scolaire et le cycle d’études. On doit aussi considérer les conditions d’horaires, les effectifs de classe, les directives administratives et pédagogiques reçues. Au niveau social, les mouvements de populations et les mouvements sociaux entraînent des va et vient du côté des élèves et provoquent des changements dans les démarches pédagogiques que l’enseignant doit mettre en œuvre. L’information donnée en formation initiale ne peut pas durer dans une telle perspective.

4) Le quatrième élément touche à l’aspect pratique de la formation. Il faut qu’elle donne au futur enseignant « l’occasion d’apprendre à exercer son métier avec de vrais élèves dans de vraies classes….. ». C’est ici qu’intervient le stage pratique qui donne au futur enseignant un avant-goût de sa future tâche. Il aura en même temps l’occasion de mettre en pratique les principes pédagogiques qui lui ont été inculqués, et d’apprécier leurs avantages ou inconvénients éventuels et « tirer toutes les conséquences de cette

confrontation avec la réalité de la classe ». Cet aspect de la formation initiale est très

important. Girard souligne qu’il ne doit pas être oublié dans les actions de la formation continue « où il deviendra un gage de crédibilité de la part des stagiaires ». Pour l’enseignement du français langue étrangère à l’étranger l’enseignant se verra proposé beaucoup de méthodes et de manuels didactiques. La formation théorique devrait le sensibiliser à la multiplicité des méthodes, des matériaux et des solutions pratiques possibles.

Selon Brassard et Reuter (1992 :23), la formation initiale doit réaliser deux choses :

 Elle doit insister sur la relativité des théories et des pratiques (ce qui implique la prise en compte de la diachronie dans les enseignements).

Elle doit « sécuriser » au moment de l’entrée dans la vie professionnelle en offrant à la fois des pistes de travail concrètes (exemples diversifiés de

démarches, de séquences, d’exercices ….) et une réflexion sur les débuts professionnels eux-mêmes. Les débuts dans le professionnel constituent un moment particulier de la carrière professionnelle d’un individu.

D’après les didacticiens, deux choses sont possibles à ce moment-là : Soit la

« régression culpabilisée » des débutants qui se réfugient dans la sécurité des pratiques

traditionnelles qu’ils ont eux mêmes vécues comme élèves, soit une prise de risques novatrice sans les moyens techniques (et expérientiels )pour la gérer. C’est pour cette raison que l’un des objectifs de la formation initiale doit être de « réussir l’articulation

formation initiale, pratique professionnelle, formation continue ».

5.4 LA FORMATION CONTINUE : LE DEVELOPPEMENT DE LA COMPETENCE