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Nous avons décrit les caractéristiques et limites des différentes méthodologies utilisées pour l’enseignement/apprentissages des langues étrangères et en particulier le FLE. Après l’approche communicative des années 80, nous sommes maintenant depuis le milieu des années 90, dans une nouvelle approche pédagogique appelée « approche

actionnelle ». Celle-ci propose de mettre l’accent sur les tâches à réaliser à l’intérieur

d’un projet global. L’action doit susciter l’interaction qui stimule le développement des compétences réceptives et interactives. Avant d’aller plus loin commençons par définir la notion de tâche.

2.6.1 Qu’est-ce qu’une tâche ?

Une tâche est définit par le Cadre Européen Commun de référence (CECR) comme :

« toute visée actionnelle que l’acteur se présente devant parvenir à un résultat donné en fonction d’un problème à résoudre, d’une obligation à remplir, d’un but qu’on s’est fixé ».

Pica et al expliquent : « qu’une tâche est orientée vers un objectif, qu’elle présuppose

une participation directe d’apprenants et quelle peut consister en des activités de résolution de problèmes, de prise de décision et d’échange d’opinion ».

Pour Ellis (2000 :195), « une tâche est un plan de travail qui met en œuvre de

Dans cette perspective, communiquer c’est agir avec l’autre. L’apprenant est un acteur social qui doit accomplir des tâches (pas uniquement langagières) la langue est utilisée comme outil pour faire et accomplir des tâches. C’est la tâche qu’on met en œuvre qui permet à l’apprenant de résoudre un problème et d’avoir un résultat, qui sera observable et mesurable. Elle favorise l’apprentissage de la langue, car elle permet aux apprenants non seulement d’améliorer leur compétence de communication en direct, mais aussi leur précision pragmatique et une complexité dans la production langagière.

Selon Willis (1996 :35-36), le recours aux tâches : « permettent aux apprenants de

construire leur confiance en eux dans l’interaction en langues étrangères mais aussi dans l’accomplissement d’une tâche, qu’elle leur donne la possibilité de s’adonner à une interaction spontanée, de négocier les tours de paroles, d’essayer diverses stratégies de communication ».

Le CECR 2000 propose une perspective actionnelle qui voit l’utilisateur et l’apprenant comme un acteur social. L’enseignant se doit de proposer des tâches motivantes et authentiques leur permettant de communiquer pour de vrai et au sein d’interactions sociales réelles. Il se doit non seulement d’instaurer un climat de confiance et d’adapter le contenu du cours en fonction des besoins langagiers des apprenants, mais aussi se ranger comme un animateur d’apprentissage en attirant l’attention de l’apprenant sur sa manière d’apprendre.

La deuxième évolution ébauchée par le Conseil de l’Europe correspond en fait à une perspective nouvelle que C. Puren appelle « co-langagière co- culturelle » et qu’il propose de considérer non pas comme une nouvelle révolution qui se doit de rompre avec les anciennes méthodes et approches, mais plutôt comme un nouvel enrichissement de la panoplie des différentes perspectives à la disposition des enseignants et de l’apprenant. L’être humain est appelé à vivre par occasion ou profession hors de son contexte socio-culturel, et se trouve engagé dans l’approche de l’étranger. Il faudrait que l’enseignant apprenne à ses élèves à comprendre et à collaborer avec les autres et à être confronté directement à l’altérité. Ce qu’il faudrait viser particulièrement c’est la contextualisation. Mais au-delà de la spécificité de toute action en contexte, il s’agit de rendre compte d’un savoir qui puisse être transféré à d’autres acteurs et à d’autres environnements. Donc en didactique de l’interculturel, les méthodologies actuelles envisagent toute une

compréhension de l’Autre au détriment de la seule description et de la simple connaissance théorique de sa culture. Si comme l’affirment Martine, Abdallah-Pretceille et Louis Porcher, « la communication, dans sa double dimension, linguistique est

relationnelle, est prioritaire, les informations culturelles doivent être placées dans leur contexte d’énonciation et de production. Elles ne prennent sens que dans une situation précise ».

2.6.2 L’approche de l’interculturel par les représentations

Le concept de représentation au sens familier et du grand public est image, regard, point de vue, mais il emprunte son sens à la psychologie social. Au sens large, les représentations peuvent être considérées comme des façons d’organiser notre connaissance de la réalité, elle-même construite socialement, elles sont directement liées à notre appartenance à une communauté.

Pour Zarate (1993 :37), « comprendre une réalité étrangère, c’est expliquer les

classements propres à chaque groupe et identifier les principes distinctifs d’un groupe par rapport à un autre »

Les dialogues et saynètes stéréotypées utilisés par les enseignants observés en classe de langue actuellement sont nécessaires car ce sont des schémas cognitifs indispensables à la compréhension et à la production des discours, mais constituent une vision généralisante et réductrice de la réalité qui entraîne souvent un manque de tolérance vis-à-vis d’autrui. Il est donc essentiel que l’enseignant travaille les représentations de l’autre avec les élèves; sa démarche sera double. Tout d’abord, il les amènera à prendre connaissance de certains codes culturels propres à la culture cible et il leur apprendra à les manipuler Blondel et al. (1998): ce premier apprentissage permettra de prévenir un certain nombre de malentendus ; ensuite, il s’agira d’exercer les élèves à prendre conscience du caractère relatif à leurs représentations. La didactique de l’interculturelle vise aussi à développer une réflexion destinée à éviter les heurts qui surgissent dans les rencontres entres personnes et cultures différentes en les valorisant afin de s’en servir comme outil de développement linguistique et vecteur de reconnaissance identitaire.

Les textes littéraires bien choisis et bien exploités constituent d’excellentes passerelles entre les cultures puisqu’ils sont des révélateurs privilégiés des visions du

monde. L’objectif est de favoriser la découverte réciproque des différentes cultures et de les confronter, en suscitant l’échange de points de vue. Il s’agit pour chacun, mais surtout pour l’apprenant étranger, de comprendre de quelle manière son interlocuteur utilise la culture pour entretenir la relation engagée. La presse, les médias, notamment les sites Internet, sont des outils privilégiés à la condition qu’ils fassent l’objet de comparaisons concernant leurs caractéristiques et leurs enjeux culturels. L’échange ou l’élaboration de journaux ou d’autres productions écrites avec des élèves d’autres écoles ou pays est à l’ordre du jour et est relayée par l’utilisation ou la création de sites internets où le forum, de discussion permet des interactions en temps réel.

Le défi de l’interculturalité, est bien entendu la montée des nationalismes et des intégrismes de toutes sortes que suscite le jeu des rapports de forces internationaux où se mêlent politique, économie, religions et cultures, et, c’est à l’école notamment aux cours de langues que l’on peut préparer les futurs générations.

La perspective actionnelle serait une approche qui mettrait au centre de ses préoccupations la définition des tâches chez l’élève et une réflexion sur l’organisation de ces tâches. L’approche co-culturelle par contre vise la compréhension de l’Autre. Elle consiste à préparer les élèves à co-habiter harmonieusement dans leur propre pays ou dans un pays étranger, avec des natifs de différentes cultures étrangères, comme c’est déjà le cas par exemple dans les entreprises multinationales, ou dans les universités où tous les étudiants de tous pays étudient ensemble dans la langue du pays d’accueil. Il ne s’agit plus seulement de communiquer avec l’autre mais d’agir avec l’Autre en langue étrangère.

Il est tout de même à noter que dans les classes surchargées de nos écoles au primaire, et ailleurs ce ne sera pas une mince affaire que de gérer ces classes dans le cadre du travail en petits groupes d’élèves. C’est pourquoi la mise en place de nouveaux rapports enseignants enseignés, la prise en compte des réalités algériennes tant du point de vue matériel que du point de vue épistémologique de nos enseignants constitue un autre défi à relever dans la problématique de l’enseignement/apprentissage.