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1.9 L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS ET LES OBJECTIFS A L’ECOLE FONDAMENTALE Si l’histoire impose un état de fait, une configuration linguistique comme un fait

1.9.1 Le français au niveau du secondaire

Au lendemain de l’indépendance et dès 1963, les orientations officielles, les directives et les programmes mettent en avant la nécessité d’algérianiser les contenus et les programmes hérités du système colonial. Dans l’orientation l’élaboration des programmes, les responsables des écoles algériennes furent guidés par les considérations suivantes :

1) L’école algérienne a pour mission de former « de jeunes algériens et non des jeunes

français ».

2) Rajeunissement des programmes : les adapter aux exigences de notre temps. 3) Le français est une langue véhiculaire des techniques et des pensées modernes.

C’est dans cette optique que les anciens programmes ont été reconduits mais expurgés des textes littéraires trop marqués idéologiquement (mode de pensée capitaliste, caractère colonial affirmé). Le souci d’ouverture sur la culture universel conduira à l’introduction de la littérature « étrangère ».

Vers les années 1970, la pratique des cours de français se résumait essentiellement à l’analyse et à l’explication des textes littéraires (Kateb Yacine, Emile Zola, Mohamed Dib, etc.) Par contre les activités des langues consistaient en des activités de lecture expressive de reconstitution de textes, d’analyse lexicale, l’explication de référents culturels et historiques.

Les orientations et les programmes de 1974 redéfinissent les caractères et les modalités d’application (méthodologie, horaires…) de l’enseignement du français à la lumière du système général de l’école algérienne à orientation polytechnique. Les objectifs assignés à l’enseignement du français sont ainsi spécifiés : on cherche de faire acquérir un savoir, un savoir être et un savoir devenir dans le cadre d’une préparation des générations futures à la maîtrise du progrès scientifique et technique.

L’objectif au niveau linguistique est d’instaurer une compétence syntaxique et lexicale.

A l’article 25 du titre III de l’ordonnance du 16.04.76 on peut lire : l’école fondamentale est chargée de dispenser aux élèves :

- « l’enseignement des langues étrangères qui doit leurs permettre d’accéder à une documentation simple dans ses langues, à connaître les civilisations étrangères et à développer la compréhension mutuelle entre les peuples ».

Dans le même contexte, au congrès du F.L.N tenu le 27.05.1979 la résolution n° 10 relative à l’éducation et à la formation stipule :

« Élaborer une politique générale des langues étrangères, aussi bien sur le plan de l’apprentissage que sur celui de leur utilisation dans l’enseignement supérieur où elle doivent trouver leur prolongement en tant que langue d’enseignement, de documentation et de recherche à côté de la langue nationale ».

Parmi ces documents de référence, on peut lire à la page 66 de la Charte nationale de 19761 :

« cette récupération totale de la langue nationale et sa nécessaire adaptation à tous les besoins de la société n’excluent pas un ferme encouragement à l’acquisition des langues étrangères a cet égard, notre idéal le mieux compris est d’être pleinement nous même, tout en nous ouvrant sur les autres et en maîtrisant, en même temps que notre langue dont la primauté reste indiscutable, la connaissance de langues de culture qui nous faciliterons la constante communication avec l’extérieur, c'est-à-dire avec les sciences et les techniques modernes et l’esprit créateur dans sa dimension universel la plus féconde ».

A la lecture des textes fondamentaux qui instituent l’enseignement des langues étrangères en Algérie, il ressort que notre système éducatif assigne à l’enseignement des langues étrangères deux missions :

A. « Ouvrir sur le monde », « favoriser la communication et la compréhension

mutuelle entre les peuples ».

B. « Favoriser l’accès à une documentation à caractère scientifique et technique ».

Le premier objectif d’ordre éducatif, il consiste en l’effort de donner à l’apprenant une formation de base, de parfaire sa culture générale, sa connaissance des autres.

Le second est d’ordre fonctionnel ou pragmatique.

Il s’agit de doter l’apprenant d’une « langue - outil », d’une langue instrument qui lui permettrait d’accéder à un savoir d’ordre scientifique et technique sans toucher aucunement aux fondements de sa personnalité.

A ce niveau, l’accent est mis sur la dimension « instrumentale » du langage.

Sur le plan fonctionnel, la langue française en tant que langue étrangère jouera un rôle essentiellement « instrumental », son enseignement-apprentissage doit permettre d’accéder à un savoir d’ordre « scientifique » et « technique ».

Par opposition au français « général », « littéraire », « le français fonctionnel » à pour objectifs de développer des savoirs faire (et non plus des savoirs ou des savoir être), des aptitudes à l’expression/compréhension dans des situations de communication à caractère scientifique et technique. L’activité pédagogique consiste à initier un mode d’organisation et de fonctionnement du texte à caractère scientifique. On se détourna des textes à caractère poétiques et on investit des supports à dominante scientifique ou technique. Ce sont surtout les textes de vulgarisation et non d’investigation qui ont été retenu. Ces derniers ont posé des problèmes aux enseignants qui n’étaient guère préparés de par leurs formations à l’enseignement des langues de spécialité ou du moins à des supports plutôt scientifiques et techniques.

Dès l’arrivée au niveau du secondaire des sortants de l’école fondamentale, l’enseignement est totalement arabisé. Le français est enseigné au même titre que l’anglais en tant que langue étrangère avec un volume horaire hebdomadaire de cinq heures en moyenne.

Sur la base de nos observations personnelles au lycée et durant les corrections du bac, tous les enseignants de français sont unanimes sur la médiocrité du niveau des élèves sauf quelques exceptions, et à partir des conclusions d’une étude faite par l’INRE1 en 2002, nous remarquons qu’à ce jour, la majorité des sortants du secondaire, même titulaires du baccalauréat, ne maîtrisent pas le français au niveau de l’oral et surtout au niveau de l’écrit. Voici à titre d’exemple, les caractéristiques des stagiaires recensés par les formateurs des instituts de formations lors des épreuves des concours organisés chaque année.

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La majorité des stagiaires admis à la formation ont des difficultés en expression orale ; leur expression orale manque de fluidité; ils utilisent des structures rigides, stéréotypées. A l’écrit, ils rédigent facilement en arabe. En français, ils ne savent pas construire un paragraphe structuré.

En compréhension de l’écrit, les stagiaires comprennent facilement les textes présentant des difficultés moyennes; ils rencontrent des difficultés d’ordre rhétorique et de structuration du sens. En vocabulaire, ils ont un lexique passif important mais ils ne savent pas s’en servir.

En grammaire, leur métalangue est hétéroclite et plutôt pauvre. Ils ne maîtrisent pas les concepts, et leur connaissance du système verbal du français est très approximative. Mais, il faut préciser qu’il y a une minorité de stagiaires qui s’expriment avec aisance et dont les écrits sont excellents. Pour les autres si on leur clarifie les choses les futurs enseignants comprennent. Toutes ces lacunes s’expliquent évidemment par la rigidité des cadres théoriques du système scolaire qui les a formé. Et s’il y a d’autres causes, elles ne nous sont pas directement accessibles.