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La notion de communication et tout ce qui touche au concept de compétence de communication dans le cadre de l’apprentissage d’une langue étrangère ont fait l’objet d’études et de recherches. Ce concept élaboré par D.HYMES est repris par la suite par d’autres auteurs. La définition donnée à ce concept n’a cessé d’évoluer au cours de l’histoire de la linguistique.

La notion de compétence a d’abord été opposée à la performance est ainsi définit par le lexique des notions linguistiques F.Neuveu (2000 : 22) :

Il a d’abord désigné un ensemble structuré de connaissances et d’aptitudes linguistiques acquises au cours de la période d’apprentissage et partagée par les locuteurs d’une même langue. Ce savoir commun appelé également grammaire intériorisée, est ce

qui permet aux sujets parlants de produire et de comprendre un nombre théoriquement illimité de phrases. C’est la compétence qui explique par exemple la capacité d’un locuteur à émettre un jugement sur la grammaticalité d’un énoncé, c’est adire sur sa conformité aux règles qui régissent la grammaire de sa langue. A cette capacité théorique, s’oppose la performance qui correspond à la mise en application effective de ces connaissances linguistiques, chez le sujet, au cours de la production des énoncés dans des situations de communications spécifiques. C’est la performance qui permet par exemple à un locuteur de statuer sur l’acceptabilité d’un énoncé c’est-à dire sur son accessibilité sémantique.

Par la suite, cette notion a essaimé dans les recherches sur le travail (en psychologie et en sciences de l’éducation) et, dans un champ plus large que la linguistique, elle s’est développée comme un concept autonome, qui sera partiellement repris par le cadre européen (2001). Voici quelques étapes de cette évolution :

Pour D.Hymes (1991 :28), « la compétence d’un individu dans une langue est

fonction, en partie et de façon variable, des autres langues qu’il peut connaître et utiliser ».

Pour Le Boterf (1997 :56) , « Les compétences professionnelles se construisent en

formation, mais aussi au gré de la navigation quotidienne d’un praticien, d’une situation de travail à une autre ».

Selon P.Perrenoud (2006 :17), la notion de compétence désignera ici :

« Une capacité de mobiliser diverses ressources cognitives pour faire face à un type

de situations ». Selon le même auteur (op.Cit) : l’exercice de la compétence passe par des opérations mentales complexes, sous-tendues par des schèmes de pensée, ceux qui permettent de déterminer (plus ou moins consciemment) une action relativement adaptée à la situation».

Si nous appliquons la notion de compétence et la notion de situation aux apprenants algériens de notre recherche, on peut dire qu’en ce qui concerne le cas des apprenants algériens, il est question d’au moins trois langues (kabyle, le dialecte arabe et l’Arabe classique) ou deux d’entre elles.

D.Hymes (1991 :129), désigne sous l’expression compétence de communication la maîtrise au moins partielle et même inégale de l’ensemble des règles psychologiques, culturelles et sociales qui ordonnent l’utilisation de la parole dans un cadre social. Pour lui la compétence de communication suppose la maîtrise des codes, des variantes sociolinguistiques et des critères de passage d’un code ou d’une variante à d’autre. La compétence implique aussi pour lui un savoir pragmatique quant aux conventions énonciatives qui sont d’usage dans la communauté considérée.

Selon Holtzer (1981:16), qui revient sur les apports de Hymes, la compétence de communication est conçue « comme un savoir constitué de règles grammaticales et de

règles sociolinguistiques » par rapport à la compétence linguistique qui est comprise

comme « un système de règles de grammaire permettant au sujet d’émettre et de

comprendre un nombre infini de phrases ». (Cf. notre première définition, opposé à celle

de performance).

D’après P.Martinez (1996:12), « le modèle proposé par D.Hymes en 1974 fait

intervenir la situation, extrêmes physiques et psychologiques, les participants, les buts projetés et les buts atteints ; Les séquences d’actes avec leurs contenues et leurs formes, les tonalités et le ton adopté, les instruments, codes et canaux moyens de la communication, les normes socioculturelles d’interaction ou d’interprétation, les genres ou types d’activité, conversations, conte, récit etc. »

Avec cet élargissement du cadre conceptuel de la compétence de communication, nous pouvons dire que l’acte de parole représente un acte social au-delà de la compétence grammaticale.

Pour s’assurer qu’une personne est capable de participer à la vie sociale en tant qu’utilisatrice d’une langue, il faut analyser son aptitude à intégrer l’utilisation du langage à d’autre mode de communication tels la gestuelle, le rire, la politesse …..

Sur le plan historique, la notion de compétence de communication d’après S.Moirand (1990 :15), «est apparue aux Etats Unis à partir des critiques des sociolinguistiques

(D.Hymes en particulier) à l’encontre du concept de compétence tel qu’il apparaît dans la notion compétence /performance de N.Chomsky. Cette théorie cherche à expliquer les règles linguistiques qui permettrent d’engendrer toutes les phases grammaticales d’une

langue. La critique essentielle a porté sur le fait qu’aucune place n’était accordée aux contextes situationnels et socioculturels. Or selon D.Hymes, il semble exister des règles d’emploi (sociales, culturelles….) sans lesquelles les règles grammaticales seraient inutiles ».

Ces règles, pour un natif, sont intériorisées et inconscientes, elles ont été acquises par l’éducation et l’expérience sociale.

Pour certains chercheurs, le terme « communication » ne renvoie qu’à ce qui se passe dans la communication avec les autres. S’appuyant sur les travaux d’ethnologues et de méthodologues, D.Hymes (1991 :129) rappelle : « ce qui se passe dans la communication

met en jeu ce que les participants apportent à cette communication et ce qu’ils ont à leur disposition pour l’accomplir et l’interpréter ».

L’apprenant de langue étrangère met en œuvre toutes sortes de stratégie pour apprendre à communiquer dans cette langue. La plupart du temps cet effort est basé sur la mémorisation.

Pour l’apprenant, savoir parler une langue c’est pouvoir construire des phrases dans le but de se faire comprendre par un locuteur natif de cette langue. L’apprenant croit avoir réussi quand le locuteur natif donne l’impression de comprendre et quand, les deux ensembles, parviennent à avoir un échange.

Mais ce qui échappe à l’apprenant c’est que le locuteur natif emploie dans ce genre de situation une variété linguistique qu’il n’utiliseront pas avec un autre natif. Un apprenant de langue étrangère ne peut pas prétendre à la maîtrise de communication en langue étrangère seulement sur la base de la réaction de son interlocuteur qui maîtrise cette langue. Cependant, il faut veiller à ne pas demander à un locuteur non natif de s’exprimer comme un natif ! Chacun des deux, mis en relations, ajustera sa manière de parler et ses propos. Et le cadre européen montre bien que le niveau C1 est déjà excellent, tandis que le niveau C2 est celui d’un natif, mais surtout qu’à ce niveau….. il n’y a plus vraiment de niveau, mais des différences que l’interlocuteur permet de combler.

Gaonach (1987:178), fait allusion aux différentes recherches et travaux qui ont relevé l’opposition entre la notion de communication et les conceptions du langage ou de

Holtzer dans son analyse montre que certains exercices sont considérés comme « indifférent » en ce sens qu’ils ne présentent à l’élève qu’un matériau « purement

linguistique » qui n’aboutit pas à une compétence de communication. Ils ne servent à

rien, sauf à approfondir, ancrer, faire mémoriser des apports utiles à une compétence déjà installée.

La situation scolaire ou les exercices peuvent être effectués « d’une façon neutre » est qualifiée d’« artificielle » par Gaonach (1987:178) qui ne perçoit pas comment on peut produire des phrases « sans référence à un cadre de communication, quel qu’il soit ».

Notre connaissance de la situation d’apprentissage du Français langue étrangère nous amène à souscrire à cette remarque car le contexte scolaire constitue pour l’apprenant algérien le seul véritable contexte de communication. Il y a, bien sûr, les médias, qui pourraient être intégrés……mais cela demande des dispositifs à créer et à entretenir.

A l’écrit, la lecture et la compréhension d’un texte nous amènent à comprendre l’autre et entrer en communication avec lui. L’important n’est pas seulement être capable de lire des textes dans cette langue mais en plus être capable de comprendre un document audio dans la même langue. Le sujet doit avoir la capacité de produire un discours et s’exprimer dans la langue en question.

La culture est aussi une composante indissociable du processus de communication et des échanges interculturels. Pour pouvoir communiquer dans ce cadre, il faut d’après Holtzer (1981:19), « une connaissance des normes réglant les conduites communicatives

dans la culture de l’autre, la possession d’une compétence culturelle de communication permettant d’éviter certains blocages interactifs ».

Pour ce qui est de la communication dans la classe, il serait nécessaire d’après Berard (1991:49), d’éclaircir le rapport entre communication didactique et communication réelle ou authentique puisque d’après certains méthodologues la classe ne peut pas être un lieu d’échanges réels (ou pas directement). Pour elle il serait « extrême » d’avancer que ce qui se passe dans la classe entre les interlocuteurs est en dehors de toute réalité. A ce sujet Gaonach (1987:179) écrit que la communication « aurait une fonction effective et

Sur le plan méthodologique, il est primordial de proposer des activités qui rapprochent la langue apprise du monde de l’apprenant et du monde véhiculé par la langue cible.

S.Moirand, (1990:20), définit précisément la compétence de communication en identifiant quatre composantes :

 Une composante linguistique, c'est-à-dire la connaissance et l’appropriation des modèles phonétiques, lexicaux, grammaticaux et textuels du système de la langue.

 Une composante discursive, c'est-à-dire la connaissance et l’apprentissage des différents types de discours.

 Une composante référentielle, qui se traduit par la connaissance des domaines d’expérience et des objectifs du monde et de leurs relations.

 Une composante socioculturelle ; à savoir l’apprentissage des règles sociales et des normes d’interaction entre les individus et les institutions, la connaissance de l’histoire culturelle et des relations entre les objets sociaux.

Un examen minutieux de toutes ces composantes de la compétence de la communication démontre que l’activité langagière qui relève des savoirs linguistiques, sociaux et culturels, est très complexe et son acquisition ne peut se faire en quelques heures de cours. A ce niveau d’analyse de la compétence de communication, il est évident que des obstacles surgissent dans la transmission d’informations. Dans le cas de l’enseignant algérien, cela nécessitera sans doute du temps et des moyens importants pour créer chez lui cette compétence.

2.3 DIDACTIQUE DES LANGUES ETRANGERES

Une langue étrangère ne peut être apprise comme on apprend la langue maternelle. L’acquisition de la langue maternelle se fait naturellement au niveau oral sans une intervention pédagogique formelle ou systématique. L’enfant peut apprendre facilement de son entourage, il entend, il imite les sons, les mots … il est guidé par son entourage.

Mais pour les autres compétences (exemple : l’écrit, la lecture….) Seule une institution formelle en l’occurrence l’école permet de maîtriser, comme c’est le cas aussi pour la langue étrangère.