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3 2 La méthode de Schumpeter 159

Sohn-Rethel raconte385 que Lederer, enthousiasmé par son travail, lui aurait conseillé lors d'une rencontre à Paris, de l'envoyer à Schumpeter, lequel enseignait alors à Bonn, ce qu'il ne fit pas, sans trop pouvoir s'expliquer à lui-même cette négligence, sachant qu'en l'occurence, il y allait de son insertion dans le monde universitaire. L'explication qu'il avance a

posteriori tourne autour du thème récurrent d'une marginalité plus ou

moins subie, plus ou moins choisie. Quoi qu'il en soit, on peut s'interroger sur l'accueil que Schumpeter aurait réservé à ce texte et bien des éléments font redouter qu'il ne l'aurait pas forcément lu avec enthousiasme. En effet, malgré le refus de tout dogmatisme qui caractérise l'œuvre et la vie de Schumpeteret son premier ouvrage en particulier, il y a tout lieu de penser que la critique de Sohn-Rethel n'aurait été qu'une régression à ses yeux.

La thèse de notre auteur est une critique radicale et polémique. En cela déjà, elle est aux antipodes des intentions affichées de Schumpeter dans l'avant-propos à Nature et contenu principal de l'économie. Il ne se lasse pas, nous l'avons vu, d'y insister sur sa volonté d'impartialité, jugeant l'humeur querelleuse, les impatiences, les exigences démesurées qu'on rencontre d'après lui encore trop souvent dans sa discipline comme autant de maladies infantiles de cette science386. Son ambition, dit-il, est de "comprendre" et d'"analyser" :

Ce que nous voulons, c'est comprendre et non pas combattre,

apprendre, non pas critiquer, analyser et travailler à extraire de

385 Symposium, op. cit. p. 34.

386 La position de Schumpeter dans Esquisse d'une histoire de la Science Economique des

origines au début due XXème siècle., à l'égard de la "querelle des méthodes" relève de la

même attitude. Il y insiste sur le fait qu'il s'agit en effet bien davantage d'une querelle que d'un débat, allant jusqu'à se demander "cette lutte était-elle bien nécessaire ?" car, dit-il un peu plus loin : "comme dans la lutte politique, ce fut avant tout le cri de guerre auquel on fut sensible et qui éveilla des idées et des sentiments déterminés ; la pensée solidement élaborée compta beaucoup moins." p. 187.

chaque phrase ce qu'elle contient de juste et non pas seulement approuver ou rejeter.387

Il n'a, affirme-t-il, aucun intérêt à défendre telle thèse plutôt que telle autre et s'intéresse exclusivement à ce qui lui permet de progresser dans la connaissance. Il est évident, en revanche, que si Sohn-Rethel ne proclame pas ses sympathies partisanes, elles apparaissent pourtant clairement, et un discours empreint d'une telle équanimité pacifique se conçoit difficilement sous sa plume. La discrétion dans le langage utilisé est une forme de compromis qui peut éviter de choquer, mais qui ne saurait tromper pour autant.

Mais les divergences vont plus bien loin, dès le départ. Car Schumpeter veut certes contribuer à une gnoséologie économique, mais il récuse les préliminaires méthodologiques auxquels il reproche une généralité stérile et paralysante. Il plaide donc pour la méthode qui se constitue à travers le travail concret et de détail. C'est par le retour critique permanent sur chaque proposition énoncée, sur sa "valeur", son sens et sa "nature" que s'élaborera une théorie de la connaissance économique.388 Certes, il est des déclarations de Sohn-Rethel qui semblent aller dans le même sens, mais cette proximité apparente relève d'une divergence d'autant plus profonde autour d'un enjeu bien précis. La position de Schumpeter implique deux choses. Tout d'abord, il ne veut pas s'encombrer des contraintes des préambules méthodologiques, ni en imposer l'ennui au lecteur. Dans Theorie der wirtschaftlichen Entwicklung, il parle à ce propos d'un "carcan" (Panzer) dont il se passera entièrement dans ce deuxième ouvrage.389 Mais surtout, il craint les questions de principe qui, restant sans solution par nature, engagent la science dans des ornières dont elle risque de ne se sortir jamais. Il en est ainsi de la question de la spécificité de la théorie économique, comme de celle de la pertinence du modèle scientifique et plus précisément du modèle mathématique. Aussi prend-il le parti d'appliquer sa méthode, prouvant ainsi par les faits que "cela marche". Du moins le lecteur jugera-t-il sur pièces et non pas sur des idées préconçues et

387 Schumpeter, Wesen, op. cit. p.VI, c'est Schumpeter qui souligne : "Verstehen wollen wir

und nicht bekämpfen, lernen, nicht kritisieren, analysieren und das Richtige an jedem Satze herausarbeiten, nicht einfach billigen und verwerfen."

388Ibid. Vorwort p.XII: "Stets wollen wir uns klarzumachen suchen, was eigentlich jeder unserer Sätze bedeutet, was sein Wert und seine Natur ist."

générales. En cela il rejoint le point de vue de Léon Walras, même si pour celui-ci, il reste bien en-deçà de ce qu'exige son modèle.390 Une attitude qui se caractérise par une soumission à la finalité de la connaissance, toute empreinte de modestie. En témoigne cette phrase programmatique :

Nous nous contentons de dégager la nature du raisonnement exact dans notre domaine, et de mettre le doigt sur quelques points où le mouvement de la pensée prend de lui-même des formes mathématiques, que nous le voulions ou non, et d'expliquer avec soin et dans le détail ce qui se passe alors, ce que signifie l'événement et ce qu'on peut en attendre.391

La méthode se justifie par sa pratique et même, ici, apparaît comme imposée par "le mouvement de la pensée". Schumpeter rejette donc tout a

priori, dans tous les sens du terme, professant un pragmatisme392 qui correspond parfaitement à la définition qu'en donne Hans Hahn, l'un des fondateurs du cercle de Vienne, en se référant à Dewey et James, penseurs américains du pragmatisme. Alors qu'il vient d'évoquer la divergence de point de vue entre Ernst Mach et Ludwig Boltzmann au sujet de la coïncidence de la vérité avec ce qui est observable, Hahn prend position en disant :

Contrairement à cette conception métaphysique [celle de Mach en l'occurence-F.W.], selon laquelle la vérité consisterait dans la conformité – qu'on ne saurait pourtant constater – à la réalité, nous adhérons quant à nous à la conception pragmatique d'après laquelle la vérité d'une proposition consiste en ce qu'elle fait ses preuves.393

390 Dans Elements d'économie politique pure, Paris, Economica, 1988, première parution en

1889, Léon Walras met en effet en pratique les modèles mathématiques qu'il tient pour la forme "nécessaire et indispensable" (p. 214) de sa science, et c'est à sa démonstration même qu'il revient d'après lui d'en convaincre le lecteur. Par ailleurs, il déplore le fait que Menger, Wieser et Böhm-Bawerk n'aient pas vraiment utilisé les mathématiques, déclarant qu'ils lui "semblent se priver d'une ressource précieuse et même indispensable en refusant d'employer franchement la méthode et le langage mathématique dans un sujet essentiellement mathématique." (p. 253-254) Ce reproche pourrait aussi bien s'adresser à Schumpeter.

391 Schumpeter, Wesen, op. cit. p. XXI-XXII : "Wir begnügen uns, das Wesen des exakten

Raisonnements auf unserem Gebiete herauszuarbeiten und einige Punkte aufzuzeigen, wo der Gedankengang selbst mathematische Formen annimmt, ob wir wollen oder nicht, und sorgfältig auseinanderzusetzen, was dabei geschieht, was der Vorgang bedeutet und was dabei herauskommen kann."

392 Il qualifie lui-même sa démarche de pragmatique, op. cit. p. XVI.

393 Hahn, Hans, Empirismus, Logik, Mathematik, Frankfurt-am-Main, Suhrkamp, 1988 ; p.

Schumpeter, lui aussi, rejette tout ce qui pourrait avoir les apparences de la métaphysique, et exige de ses résultats, non pas qu'ils soient vrais ou faux, mais qu'ils fassent leurs preuves, c'est-à-dire qu'ils correspondent à la finalité de l'économie pure, finalité sur laquelle il faudra revenir. Il s'agit au départ de se démarquer des erreurs des classiques et des controverses jugées stériles parce que prisonnières des carcans dogmatiques. Ainsi lit-on dans la préface à Das Wesen und der Hauptinhalt der theoretischen

Nationalökonomie qu'il faut "dans tous les cas", choisir la méthode "qui

mène le plus loin possible", en dehors de tout parti pris "a priori"394. Il convient également de substituer aux notions de "vrai" ou de "faux", celles de "adéquat" (zweckmäβig) ou "non adéquat".395. Ou encore, et on pourrait multiplier les occurences :

Nous avons pour principe général de ne pas ergoter a priori sur les principes; en outre ce n'est pas leur justesse qui nous intéresserait, mais leur utilité.396

Mann fait remarquer qu'une telle argumentation évaluant une méthode d'après son utilité, si elle est très courante dans le pragmatisme américain, n'en est pas moins "cousue de fil blanc"397. Schumpeter, lui, considère qu'elle est nouvelle dans sa science et attend d'elle qu'elle permette de dépasser les querelles vaines, mais aussi qu'elle fasse progresser l'économie en ce qu'elle permettra plus de "précision" du jugement398.

Quelle est donc la finalité de la théorie pure, à quoi sert-elle ? On serait parfois tenté de dire : à rien. Elle est belle et se suffit à elle-même, ou du moins à celui qui l'élabore et y trouve intérêt et plaisir. La théorie peut être la seule affaire du théoricien. Dans la préface, on lit page XIX :

feststellbaren - Übereinstimmung mit der Realität, bekennen wir uns zur pragmatischen Auffassung : Wahrheit eines Satzes besteht in seiner Bewährung."

394 Schumpeter, Wesen, op. cit. p. XIV. 395 Ibid. p.XV.

396 Ibid. p. 57 : "Es ist im allgemeinen unser Grundsatz, nicht a priori über Prinzipien zu

streiten ; außerdem würde uns nicht ihre Richtigkeit, sondern nur ihre Brauchbarkeit interessieren."

397 Schumpeter, Das Wesen des Geldes, op. cit. p. XI: "fadenscheinig".

398 Schumpeter, Wesen, op. cit. p. XVI : "Und durch dieses, ich möchte sagen,

«pragmatische»" Vorgehen, welches noch nie eingeschlagen wurde, wird unser Urteil [...] viel präziser werden."

Je serais presque tenté de dire que les résultats concrets n'ont qu'une importance secondaire pour le but que je me fixe.399

Dans tous les cas, elle donne une vue claire et précise de son objet. Certes, pour l'instant, son champ d'exercice est encore limité, mais c'est qu'elle en est à ses débuts. Son mérite est sa pureté, c'est-à-dire le fait qu'elle est dépouillée de tout ce qui inutilement entrave la progression de la connaissance. Comme elle circonscrit rigoureusement son domaine, elle assigne à chaque science son champ propre. En outre, elle se défend de tout jugement de valeur ou d'opinion.

Néanmoins, il est évident qu'elle n'est pas dépourvue d'ambitions, qu'elle ne veut pas se contenter d'une relative impuissance. On peut considérer que son but est d'arriver à expliquer un état de l'économie à partir d'un autre et de prévoir éventuellement l'état futur400. Cela ne signifie pas, en revanche, qu'on envisage une utilité pratique, car pour la pratique, dit Schumpeter "il faut bien d'autres choses"401. Le critère de sa réussite n'étant pas, on l'a vu, qu'un résultat puisse être qualifié de vrai ou de juste, il doit coïncider avec les faits. Et tout à la fin de son premier livre, Schumpeter attribue à sa théorie une utilité plus concrète lorsqu'il souhaite qu'elle puisse servir dans le champ de la technique402.

Comment procède le théoricien ? Les déclarations pragmatiques ne sont en effet qu'un volet de la réflexion sur la méthode. Leur fonction est d'éliminer tout élément perturbateur. C'est dans cet esprit que Schumpeter écarte les problèmes qui relèvent à son avis d'autres disciplines, telles que la psychologie ou la sociologie par exemple. Sohn-Rethel lui reproche cette démarche comme une incorrection dès le début de son travail, mais c'est de la part de Schumpeter un parti pris tout à fait explicite que de renvoyer à d'autres champs ce qui risquerait d'entraver sa propre progression. C'est ainsi que, consacrant un chapitre à la "critique de la présentation

399 Ibid. p. XIX : "Fast möchte ich sagen, daß die konkreten Resultate für meinen Zweck

von nur sekundärer Bedeutung sind."

400 Ibid. p. 447.

401 Ibid. p. 454 : "da für die Praxis, [...] auch noch ganz andere Dinge [...] als die

reinökonomischen Gesetze in Betracht kommen".

habituelle" de l'état d'équilibre statique et à son rapport avec la sienne403, il y déclare notamment n'avoir nul besoin des trois choses suivantes :

[les] philosophies concernant les motivations, [les] analyses de la diversité de la nature humaine suivant le lieu et l'époque et [les] conclusions qu'on peut en tirer, et [la] doctrine des besoins des économistes politiques psychologues […].404

Le problème n'est pas seulement d'éliminer ce qui ne le concerne pas directement, mais aussi de se retirer des domaines où l'économiste ne saurait être que "dilettante" :

Ainsi notre discussion contribuera à justifier que l'économie fixe ses limites par rapport à ces disciplines, qu'elle fasse ressortir sa nature par rapport aux éléments qui les composent, à clarifier et à unifier son système et enfin à appuyer notre exigence d'une

division du travail dans les sciences de l'agir humain.405

Et c'est Schumpeter qui souligne cette exigence qui est bien sûr aux antipodes des conceptions rethéliennes ! Encore faut-il préciser qu'il ne s'agit pas d'une opération a priori, mais que les limites se fixent au cours de l'élaboration de la science. De la même manière, il lui semble tout à fait légitime de contourner un obstacle quand il le considère comme un handicap insurmontable, un procédé qu'il justifie en diverses occasions, ainsi dans le passage suivant où il s'agit également de circonscrire rigoureusement le champ de l'économie pure, afin de ne pas se perdre dans des immensités impossibles à maîtriser :

L'école historique ne nous dit rien de neuf lorsqu'elle nous fait remarquer que tout phénomène économique est le résultat d'influences aux multiples aspects et de processus compliqués, mais exiger que l'on se penche sur tout revient à renoncer à une science économique. La tentative de contourner ces difficultés ne

403 Ibid. pp. 145

404 Ibid. p. 154 : "Philosophien über die Motivationen, Untersuchungen der und Schlüsse

aus der Verschiedenheit der menschlichen Natur nach Ort und Zeit und die Bedürfnislehre der psychologischen Nationalökonomen [...]."

405 Ibid. p. 154 : "So wird unsere Diskussion dazu beitragen, unsere Abgrenzung der

Ökonomie nach diesen Seiten zu rechtfertigen, ihr Wesen abzuheben von diesen fremden Bestandteilen, ihr System zu klären und zu vereinheitlichen, und endlich, unsere Forderung nach Arbeitsteilung in den Wissenschaften vom menschlichen Handeln zu stützen."

signifie pas la négation de leur existence, elle est le fait d'une opération méthodologique.406

On peut compléter cette évocation du pragmatisme de Schumpeter en soulignant ses fréquents rappels de la grande part d'arbitraire dans toute théorie, que Sohn-Rethel cloue au pilori dès son premier paragraphe. Et pourtant, il n'est pas question pour autant d'anarchisme méthodologique. A l'utilité et à la vérification de la théorie par la conformité à la finalité, que nous avons déjà évoquées, il faut ajouter la nécessité d'une progression rationnelle et le respect de la logique propre à la méthode. Précisons que Schumpeter n'emploie pas le terme de ratio qui revient sans cesse sous la plume de son contradicteur, notamment lorsque celui-ci lui reproche de partir de l'hypothèse de l'adéquation entre rationalité économique et ensemble social. Et lorsqu'il parle de cette exigence de rationalité, c'est l'adjectif vernünftig qu'il emploie, qui, dans le contexte, sonne presque davantage comme raisonnable, tant il tient à éviter toute connotation métaphysique ou seulement philosophique :

La seule proposition tout à fait générale qui réellement tienne a

priori est à mon avis qu'il faut toujours procéder

raisonnablement.

c'est-à-dire : vernünftig vorgehen.407

Si Schumpeter prend ses distances par rapport au carcan méthodologique, il n'empêche que cette préoccupation est, on le voit, constante dans son premier ouvrage. Les justifications et précisions de cet ordre y tiennent une grande place et révèlent un auteur soucieux de se situer par rapport à ses condisciples et soucieux surtout de légitimer sa démarche. Elles accompagnent le travail de l'auteur qui sans cesse confronte ses affirmations à ces considérations. Cette attitude s'explique notamment par le fait que la méthode qu'il propose ne va pas de soi, qu'elle risque même de soulever bien des oppositions, non pas seulement en raison de ce

406 Ibid. p. 125 : "Die historische Schule sagt uns nichts Neues, wenn sie darauf hinweist,

daß jede wirtschaftliche Erscheinung ein Resultat vielgestaltiger Einflüsse, komplizierter Prozesse ist; aber die Forderung, auf all das einzugehen, bedeutet Verzicht auf eine Wirtschaftswissenschaft. In dem Versuche, diese Schwierigkeiten zu umgehen, liegt keine Leugnung ihrer Existenz, sondern nur eine methodologische Operation."

407 Ibid. p.XIV : "Der einzige ganz allgemeine Satz, der wirklich a priori haltbar ist, ist

pragmatisme iconoclaste, mais plus encore par sa volonté de scientificité. En effet, et c'est là ce qui motive principalement l'opposition radicale de Sohn- Rethel, Schumpeter est fasciné par les succès des sciences de la nature. Il part des difficultés auxquelles l'économie est confrontée et de ce qu'il considère comme ses échecs et il prétend appliquer une méthode différente en prenant les sciences exactes pour modèle et leurs succès pour but. Car il part de la constatation que "le système classique de l'économie est en ruines"408 et qu'il convient donc de trouver de nouvelles voies. D'où notre hypothèse que l'opposition de Sohn-Rethel ne saurait être pour lui qu'une régression. D'autant plus que, s'il se propose de répondre aux nombreuses questions soulevées par cette impasse dans laquelle semble se trouver l'économie, ce n'est, dit-il

pas, une fois de plus par des arguments généraux qui sont tous vrais et ne mènent à rien ; pas par la "dialectique", à l'aide de laquelle on peut tout prouver409

car pour

clarifier les fondements et résoudre avec certitude des problèmes précis410

il faut abandonner les spéculations vaines, et plus précisément, remplacer les notions de cause et d'effet par le concept, meilleur (vollkommener) de fonction. Une substitution que l'on trouve déjà chez Ernst Mach, en des termes fort proches, car il la justifie de façon très pragmatique par ses "besoins et ses fins" propres.411 L'écho de Mach est fréquemment perceptible

408 Ibid. p. XI : "Das klassische System der Nationalökonomie liegt in Trümmern."

409 Ibid. p. XII. C'est Schumpeter qui souligne et c'est lui qui met dialectique entre

guillemets : "Aber nicht wiederum mit allgemeinen Argumenten, die alle wahr sind und doch zu nichts führen ; nicht mit "Dialektik", mit der man alles beweisen kann, sondern aus unserer Arbeit heraus."

410 Ibid. p. XVII : "Klarheit in den Grundlagen und Sicherheit in der Lösung spezieller

Probleme ! Das ist es was wir anstreben, das ist es, worum wir die exakten Wissenschaften beneiden.." : "voici, ce à quoi tendent nos efforts, voici ce que nous envions aux sciences exactes [...]."

411 Mach, Ernst, Erkenntnis und Irrtum, Skizzen zur Psychologie der Forschung,

Leipzig,Verlag von Johann Ambrosius Barth, deuxième édition, 1906 , note 1 p. 279 : "Ich habe diesen Begriff [le concept de cause] für meine Bedürfnisse und Zwecke durch den Funktionsbegriff ersetzt."

d'ailleurs, dans le rôle central dévolu à la méthode des variations, ou dans la tolérance méthodologique par exemple.412

Ce sont les "formes de pensée" (Denkformen)413 mathématiques qui s'imposent d'elles mêmes, on l'a vu, en tant qu'instruments, sans que Schumpeter se permette pour autant d'affirmer qu'elles correspondent à la