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d’un genre de vie aux modes de vie

B) La diversification des groupes culturels de l’archipel, leur lieu de vie et leur rapport à la ressource de vie et leur rapport à la ressource

1. La diversification culturelle sur fond politique et économique

La composition culturelle de la population peuplant l’archipel s’est diversifiée depuis l’arrivée des premiers Européens. Plusieurs groupes humains plus ou moins nombreux, motivés par des opportunités économiques ou amenés contre leur gré ont fait souche en Nouvelle-Calédonie.

Ces communautés sont représentées par les Européens issus des colons libres ou pénaux, ou constitués de travailleurs immigrés d’origines diverses, attirés par les opportunités économiques qu’offrait l’archipel, ou amenés de force. Bref, qu’ils fassent partie de groupes plus ou moins nombreux, ils ont tous fait souche dans l’archipel et sont nommés « Calédoniens ».

Notre propos n’est pas de retracer l’histoire complète de l’arrivée de ces groupes humains, la littérature montre que ce sujet fut et est encore l’objet d’études historiques fournies (Angleviel, 2000; Brou, 1975; Brou, 1982; Brou, 1992; Christnacht, 1987; Devambez-Armand, 1994; Merle, 1995; Shineberg, 2003; Terrier-Douyère, 2000). Il est d’en dégager les lignes directrices afin de comprendre succinctement mais efficacement comment s’explique la diversité du ou des peuples29

vivant en Nouvelle-Calédonie, et voir si cette diversité a permis de distinguer des comportements de pêche différents.

a) Ces Européens à la recherche des baleines et du santal

Les premiers groupes humains ayant contribué à diversifier la composition culturelle des habitants de la Nouvelle-Calédonie furent les baleiniers dès 1793 dont la présence fut plus marquée entre 1835 et 1860. Ils ne furent pas très nombreux à choisir de s’établir en Nouvelle-Calédonie, et

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La distinction volontaire entre le ou les peuples tient aux différentes théories qui gravitent autour des représentations des habitants peuplant la Nouvelle-Calédonie, ou bien à l’échelle d’analyse à laquelle on se place. En effet, certains avancent qu’il n’y a qu’un seul peuple aux différentes communautés culturelles, et d’autres parlent de plusieurs peuples car ces différentes communautés ne se mélangent pas ou plus en raison de l’existence de cloisonnements entre les communautés. Nous nous accorderons à dire qu’il exista des peuples en Nouvelle-Calédonie lors de l’arrivée des différents contingents immigrants, confrontés à une cohabitation plus ou moins volontaire. Mais leurs descendants furent à l’origine de la création d’une identité calédonienne soucieuse d’œuvrer pour un destin commun et possédant des spécificités propres aux différentes communautés.

lorsqu’ils se retirèrent (ou bien échouèrent leurs bateaux sur les récifs), ils choisirent de s’implanter à Maré, Lifou et dans le nord de la Grande Terre. L’impact de ces populations sur la population autochtone, bien que réel fut limité. Beaucoup plus limité que celui des santaliers.

A partir des années 1841 la découverte de bois de santal dans l’archipel posa les bases d’un commerce régulier (Shineberg, 1973) avec la mise en place de comptoirs permanents à partir de 1845.

b) L’annexion de l’archipel et l’arrivée des colons

Ce qui va véritablement bouleverser la composition culturelle de la Nouvelle-Calédonie est le choix de l’administration française d’annexer l’archipel et de procéder à son développement en attirant les colons libres pour développer l’agriculture, et offrir de nouvelles perspectives économiques à ces individus ayant fuit la misère ou des situations dangereuses. Cette colonisation de peuplement a été initiée par les différents gouverneurs de la Nouvelle-Calédonie appuyés par le gouvernement français (Terrier-Douyère, 2000). Parallèlement, la Nouvelle-Calédonie a servi de terre de bagne. Il s’agira d’y envoyer les « rebuts » de la France avec la construction du bagne qui entraîna le début de la colonisation pénale.

Les premiers colons libres sont venus s’installer à partir de 1859 en Nouvelle-Calédonie puis arrivèrent en quatre vagues principales. Tout d’abord il y eut ceux partis d’Alsace ou de Lorraine parce qu’ils ne voulaient pas subir les conséquences de la rétrocession de la France à l’Empire Allemand des deux provinces à l’issu de la guerre de 1870-1871, puis à partir de 1926 ceux venant du nord (les « nordistes » pour cultiver le coton) ; ensuite, arrivèrent les déçus de la ruée vers l’or en Australie ; enfin il y eut les hommes poussés par des conditions économiques misérables (ou politiques) qui vinrent tenter leur chance dans les colonies.

Leur objectif ou leur devoir était de développer l’agriculture sur des concessions accordées par l’administration. On y cultiva la canne à sucre, le café, et même le riz et on y développa l’élevage. Puis au début du XXème siècle, on tenta la culture du coton.

En 1887, ils étaient près de 9 000 à avoir répondu aux campagnes publicitaires menées par les gouverneurs de Nouvelle-Calédonie de l’époque, malgré le désenchantement qui les attendait une fois sur place...

Quant à la colonie pénitentiaire, elle fut à l’origine pensée et bâtie pour devenir une colonisation pénale. Plusieurs lois empêchaient certains détenus de s’en retourner au pays après avoir purgé leur peine, car on voulait débarrasser le sol métropolitain de ses (ou ces) indésirables.

Au début de la colonisation pénale en 1869, l’administration attribua des concessions aux condamnés avec l’objectif de créer une colonie de paysans. Ils s’installèrent à Bourail, La Foa en 1876, Ouégoa en 1881, ou encore à Pouembout en 1883. Cependant, devant le mécontentement des colons libres et des Kanak30, cette politique fut largement ralentie. Seuls les plus méritants se firent octroyer des concessions sur la Grande Terre, c’est ce que l’on appelait la « suprême récompense » (Barbançon, 2003).

En 1897, il n’y avait que 1 700 colons pénaux. Sur les 22 000 condamnés31 envoyés en Nouvelle-Calédonie, cette politique peut être considérée globalement comme un échec.

Ils furent quasiment les seuls à assurer une descendance sur le territoire, un certain nombre d’entre eux ayant fait venir leur famille, envoyée sur les transports de l’Etat. Les mariages entre condamnés hommes et femmes furent aussi « féconds », assurant une descendance au comportement exemplaire (Brou, 1992).

Les autres libérés n’avaient pas de moyen de subsistance après leur libération. Tout concourait à les marginaliser, les nomadiser et à ne pas leur offrir la moindre chance de se réhabiliter. Les libérés laissèrent, on s'en doute, peu de descendants et officiellement encore moins (Merle, 1995). En 1906, on comptait environ 9 000 libérés.

Nous évoquerons très succinctement les déportés Kabyles (Ouennoughi, 2005) condamnés après la plus importante insurrection contre le pouvoir colonial français depuis la conquête de l’Algérie en 1830. La révolte des Mokrani, telle qu’elle fut aussi dénommée, survint en 1871. 84 participants furent déportés au bagne néo-calédonien. La presque totalité fit souche sur le territoire après leur amnistie en 1895. Leur effectif étant trop réduit pour avoir eu un quelconque impact sur la composition ethnique de la population. Ils s’intégrèrent à la communauté européenne.

Quoiqu’il en soit, les colons libres ou pénaux installés sur la Grande Terre - et à l’origine d’une descendance - ne se sont pas mélangés pendant des décennies. L’origine douteuse de certains était un frein à la mixité. Celle-ci n’arriva que tardivement, vers les années 1930, lorsque les histoires de famille ne sont plus que des souvenirs tus : il fut convenu de ne pas en parler (D'Anlebermes-Devaud et al., 1994).

Ce qui caractérisa le plus les colons libres ou pénaux à l’origine d’une descendance c’est leur acharnement au travail, dans des conditions le plus souvent très difficiles, livrés à eux-mêmes dès

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Les données concernant le nombre de condamnés varient d’un livre à l’autre. D. Shineberg annonce 20 000, alors que I. Merle parle de 30 000.

leur arrivée, sans véritable expérience pour certains dans l’agriculture… Leur persévérance et leur débrouillardise montraient la valeur de ces hommes dont la réussite ne dépendait que de leur labeur. Majoritairement paysans, vivant en milieu rural, ils fondèrent des villages comme Païta, Boulouparis, Moindou, Farino, Négropo, Sarraméa, Koné et Voh.

Néanmoins, nombreux furent ceux qui n’arrivèrent pas à s’implanter, à faire fructifier leur lopin de terre (sciemment ou non) et finirent par s’en retourner dans leur patrie ; ou bien qui abusèrent du système pour réaliser de la spéculation foncière. Mais dans le contexte qui nous intéresse, c'est-à-dire les hommes et femmes ayant assuré une descendance, ils assurèrent grâce à leur travail la pérennisation de leur descendance.

A cette période, une partie de la population européenne parvient cependant à accumuler des fortunes grâce à l’exploitation minière, au commerce, et par l’activité agricole sur d’immenses propriétés (Brou, 1975).

Les descendants des colons qui ont pu faire souche formèrent l’identité Caldoche comme en témoignent les auteurs de l’ouvrage : « Etre Caldoche aujourd’hui » (D'Anlebermes-Devaud et al., 1994). La terminologie « Caldoches » est récente, comparé à la présence de français dans l’archipel. Ce vocable fut inventé dans les années 1960 par Mme Jacqueline Schmidt32 à partir de deux phonèmes : CAL- et -DO- pour l’appartenance familiale à la Nouvelle-Calédonie depuis quatre générations, et « –OCHE pour rappeler son enfance où elle se faisait traiter (…) de « sale boche » en raison de ses origines familiales » (F.O.L., 1982). La généralisation de ce terme vient du propriétaire du journal DITO (Gérald Rousseau) qui trouva le pseudonyme amusant. Même si J. Schmidt trouve ce terme « affreux comme tout » (comm. pers.) et que sa sonorité/origine lui confère une note péjorative externe au contexte calédonien, il est aujourd’hui revendiqué par ceux qui sont attachés à leur territoire et à leur culture. Ainsi, si la définition du mot « Caldoche » fut-elle l’objet d’un débat d’idées reporté dans l’ouvrage « Etre Caldoche aujourd’hui», c’est parce qu’elle est complexe et empreinte d’enjeux sociaux.

D’après l’ouvrage, et selon F. Angleviel, être « Caldoche » (D'Anlebermes-Devaud et al., 1994) signifie tout d’abord avoir des origines européennes puis :

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La famille Schmidt-O’Connor est implantée en Nouvelle-Calédonie depuis quatre générations. M. Schmidt arriva en Nouvelle-Calédonie car il voulut fuir les révolutions organisées par les partisans de l’unité nationale allemande au milieu du XIXème siècle. La famille O’Connor décida elle de fuir la grande famine qui toucha l’Irlande entre 1845 et 1852. Après de nombreuses vicissitudes et des rencontres fortuites, les deux familles sont arrivées en Nouvelle-Calédonie qui n’était pas, au départ, le pays ciblé.

- être issu d’une famille de longue tradition calédonienne, en d’autres termes : avoir un ancêtre fondateur des vieilles familles Calédoniennes ;

- ou être né sur le territoire ;

- ou être arrivé en Nouvelle-Calédonie depuis un âge où les souvenirs les plus lointains sont associés à la Nouvelle-Calédonie, ce qui entraîne un enracinement à une seule terre. Les jeunes années marquent d’une « manière ineffaçable la conscience que nous pouvons avoir de notre environnement géographique et culturel ». En effet, le comportement est d’autant plus typique que l’enracinement est ancien (Terrier-Douyère, 2000).

Jean-Claude Mermoud (Mermoud, 1999) dans son livre « Mode de vie et culture Caldoche » se distingue de ces auteurs en appuyant son raisonnement sur le fait que les Caldoches sont « tous

ceux, de quelque origine que ce soit, qui sont attachés au Caillou et qui partagent la culture de la majorité des habitants ». Il ne fait plus du tout état de la naissance, et des origines, mais d’un

sentiment d’appartenance et de partage des valeurs et des normes, bref c’est le fruit de représentations qui permettent à un individu de s’intégration à la société calédonienne.

Les Caldoches aiment cet attachement historique à la Brousse, même si la plupart habite à Nouméa. Leur enracinement à cette ruralité est fort. Les Caldoches implantés en milieu urbain ou périurbain recherchent cette ruralité le plus souvent en « descendant en brousse » les fins de semaine, pour rejoindre une maison de campagne ou pour aller rendre visite à la famille implantée dans une propriété broussarde. Ils ont tendance à conserver des représentations héritées du mode de vie rural, tout en habitant dans un milieu urbain.

c) Les travailleurs immigrés depuis la moitié du XIXème siècle

Pour les aider à développer leurs exploitations (agricoles ou minières) certains colons firent en effet appel à une main d’œuvre bon marché, venue de l’étranger. Les détenus libérés étaient jugés trop chers, et engager la main d’œuvre indigène locale fut jugée impossible en raison de conflits qui opposaient les Kanak à l’administration française (Angleviel, 2000; Devambez-Armand, 1994). Ils firent donc appel dans un premier temps à des néo-hébridais, puis plus tard à des Asiatiques, majoritairement issus des anciennes colonies françaises ou néerlandaises et plus largement destinés au travail dans les mines. Ces populations en s’implantant sur le « caillou » contribuèrent à renforcer la diversité ethnique, à constituer des communautés aux pratiques et attentes diverses.

• Les Réunionnais et Indiens pour le travail des champs

Bien que des planteurs réunionnais débarquèrent accompagnés de leurs employés coolies indiens et firent venir 500 Malabars à partir de 1858 pour travailler dans la culture de la canne à sucre, la main d’œuvre n’était pas suffisante au travail des champs ou en tant que domestiques. Si bien que

le gouverneur de l’époque, Charles Guillain se tourna vers les travailleurs mélanésiens d’origine néo-hébridaise, s’inspirant d’un trafic qui existait déjà avec la province australienne du Queensland.

• Les Néo-hébridais en renfort dans l’agriculture et les mines

Le recrutement systématique des néo-hébridais débuta en 1865. En Nouvelle-Calédonie, ces travailleurs furent dans un premier temps contents de leurs conditions de travail. L’administration française, encore marquée par l’abolition de l’esclavage, était très vigilante pour leur garantir des conditions de recrutement et de rémunération décents. Mais vers 1870, les manques de moyens financiers de l’état français pour assurer leur arrivée sur l’île vinrent à manquer. Pour cause, la défaite franco-prussienne de 1870 suivie de l’insurrection des communards a entraîné une crise budgétaire de la France, et une restriction des subventions accordées à la colonie du Pacifique sud. Si bien que les conditions de recrutement furent moins encadrées, les conditions de rémunération se détériorèrent et les travailleurs néo-hébridais préférèrent s’engager pour l’Australie (phénomène appelé également Blackbirding) ou les îles Fidji que d’aller travailler en Nouvelle-Calédonie. Pour faire face à la demande en main d’œuvre de la Nouvelle-Calédonie, les recruteurs développèrent des techniques apparentées au kidnapping…

Ils furent cependant près de 15 500 à être arrivés dans la colonie, un peu moins de la moitié réussirent à retourner chez eux (Shineberg, 2003). Quelques centaines sont restées après leur engagement, mais d’après le Gouverneur Georges Hubert Parisot en 1947 :

« Ceux (les Néo-hébridais) qui sont nés en Nouvelle-Calédonie ont généralement fréquenté les écoles européennes. Ils sont donc socialement plus près des Européens que des indigènes (…) qui normalement vivent en tribu et demeurent toute leur vie attachés à la cellule sociale33

».

Cette main d’œuvre ne fut pas uniquement destinée au travail des champs ou en tant que domestiques, mais fut dès 1891 destinée au travail dans les mines. En effet, le Gouverneur de l’époque, Paul Feillet dû faire face à la demande croissante en main d’œuvre pour l’exploitation du nickel. En effet, la découverte en 1864 par Jules Garnier (ingénieur civil des mines) de gisements de nickel sur la Grande Terre longtemps considérés comme les plus importants du monde engendrèrent de fabuleuses perspectives d’emploi.

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Référence tirée du livre de D. Shineberg, 2003- La main d’œuvre néo-hébridaise en NC 1865 – 1930 », elle-même ayant reçu cette référence de Dr. Stephen Henningham, mentionnée p. 397.

• L’arrivée massive d’Asiatiques Vietnamiens, Javanais puis Japonais L’exploitation du minerai fit appel dans un premier temps à la main d’œuvre locale ou néo-hébridaise. Mais une demande croissante en main d’œuvre engendra une pénurie qui se fit rapidement ressentir. En effet, il y eut entre 1885 et 1890 un premier « boom » du nickel. La mine est « dévoreuse de bras (Guiart, 1998) », la situation de pénurie de main d’œuvre conduisit les représentants du gouvernement français à ouvrir le territoire à l’immigration d’une population jugée docile et travailleuse. Ceci se solda par l’arrivée de vagues successives d’immigrés Asiatiques d’abord prisonniers politiques34

puis sous contrat35

. Dès 1891, le tout premier contingent fut constitué d’Indochinois, plus précisément originaires de la province surpeuplée du Tonkin. Il fut suivi de l’arrivée de Japonais et de Chinois (1892), et enfin de Javanais (1896).

Mais les engagés Indochinois arrivèrent massivement après la Première Guerre Mondiale, malgré des conditions de travail proches de l’esclavage. Les périodes de disette et des revenus tellement faibles en sont majoritairement les causes.

Bien que dans les termes du contrat prévoyaient le retour des travailleurs dans leur pays d’origine après avoir effectué la totalité de la durée du travail, les bouleversements mondiaux qui marquèrent le milieu du XXème siècle empêchèrent pour un temps ces populations de repartir. A titre d’exemple, les coupures de relations entre la France et l’Indochine pendant la Seconde Guerre mondiale puis par les différentes guerres qui ont marqué le territoire vietnamien, empêchèrent les retours. La France accorda alors la résidence libre à tous les travailleurs sous contrat (Angleviel, 2005), et comme les Vietnamiens provenaient d’un état associé à l’Union française, l’administration fut favorable à leur installation définitive. C’est pourquoi seuls deux rapatriements furent organisés en 1949 et 1950 par le gouvernement français. Seulement, après la proclamation de l’indépendance du Viet Nam, ces ressortissants furent considérés comme indésirables, et les rapatriements suivant tant attendus débutèrent en 1960 et se prolongèrent jusqu’en 1964. Ils furent environ 1 500 à décider (ou contraints) de rester36. Les raisons principales sont d’ordre familiales parce qu’ils avaient entre temps fondé une famille, ou encore idéologiques parce que profondément anti-communistes, ou enfin économiques, ils avaient en effet un emploi ou des intérêts financiers sur le territoire. Certains s’en retournèrent même sur le Caillou après

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Les prisonniers politiques en raison de leur opposition à la colonisation française notamment incarcérés au célèbre bagne de Poulo Condor, île du Viet Nam.

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Sous contrat signifie qu’il existait un contrat qui déterminait le type de relation entre l’engagé, le patron, l’engagiste, et l’administration (Angleviel, 2005)

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Le prêtre vietnamien Tôn arrivé en 1955 sur le Caillou fut traqué par les partisans du Viet Minh, et essaya de convaincre ses compatriotes de ne pas s’en retourner dans un pays devenu intolérant et brutal, et leur permettre ainsi d’échapper « à la vie pénible qui attendait ceux qui y partirent » (Bougerol, 2000).

avoir vécu des retrouvailles décevantes avec leur pays. A la fin des années 1980 lorsque le Viet Nam permit aux ressortissants qui avaient de la famille demeurée en Nouvelle-Calédonie de quitter le territoire national, un certain nombre s’en revint (Bougerol, 2000). Les causes des retours sont liées au regroupement familial en grande partie, mais également aux désillusions des Vietnamiens qui, lorsqu’ils s’en retournèrent au Viet Nam, durent mettre leurs économies péniblement constituées à contribution pour la création d’un pays communiste. Ainsi, ils entreprirent leur retour sur le Caillou (Bougerol, 2000; Van Mai, 1980).

La communauté vietnamienne s’enrichit en 1975-1985 de 700 boat people fuyant le régime après la défaite des Américains qui abandonnèrent à leur triste sort leurs alliés du sud entre les mains des « Viet Minh », les communistes vietnamiens ; ou bien à la recherche de conditions de vie meilleures.

L’enracinement des Javanais date également de la Seconde Guerre mondiale. Ils bénéficièrent des mesures visant la résidence libre à tous les travailleurs sous contrat dès 1946. Mais ils bénéficièrent surtout de meilleures conditions de travail parce que jugés travailleurs et dociles et les employeurs préféraient mieux les payer pour qu’ils choisissent de rester une fois leur engagement arrivé à terme. Ainsi, sur les 7 600 Indonésiens venus travailler en Nouvelle-Calédonie, 3 500 s’y installèrent définitivement. Le dernier rapatriement eut lieu en 1953.

Depuis la fin des contrats, cette population vietnamienne et javanaise connut un mouvement d’abandon de la Brousse et d’installation à Nouméa. A l’exception de maraîchers et de vieux propriétaires terriens qui travaillent ou habitent en Brousse, la majorité des Asiatiques habite à Nouméa et dans le Grand Nouméa.

Les Japonais furent un peu mieux traités. Leurs contrats étaient plus cléments que ceux des ressortissants des colonies françaises et leur salaire deux fois plus importants que celui d’un tonkinois. En tant que ressortissants d’un pays étranger, les employeurs ne pouvaient pas utiliser les mêmes méthodes pour les faire travailler que celles qu’ils utilisaient pour les travailleurs des