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Les trois couleurs dominantes du paysage calédonien rappellent la terre, la végétation et l’élément marin : le rouge, le vert et le bleu. Elles sont devenues des éléments de repère et d’identité, reprises par la Mairie de Nouméa dans la conception de son PUD1

, et par certains partis politiques locaux dans l’élaboration d’un drapeau identitaire. Le rouge rappelle la composition du sol, résultant d’une géologie et d’une tectonique complexes. Elles ont doté l’archipel de terrains extrêmement ferreux, avec des teneurs importantes en nickel. Les fortes teneurs en fer oxydé colorent la terre de tons chauds : rouge, orange, rose, jaune…

La couleur verte est le résultat d’un climat tropical océanique favorisant le développement d’une végétation luxuriante, qui a su s’adapter aux conditions édaphiques, géologiques et climatiques particulières pour atteindre un niveau d’endémisme de 83%.

Le bleu, c'est-à-dire le lagon et l’océan, frappe toute personne qui vient découvrir la Nouvelle-Calédonie. La pénétration des rayons solaires sous des angles différents, à des profondeurs diverses est à l’origine d’une coloration majestueuse des eaux du lagon selon une gamme allant du bleu turquoise au bleu foncé. Cet ensoleillement favorise la croissance de récifs coralliens aux structures géomorphologiques variées à l’origine d’écosystèmes récifo-lagonaires2.

Une telle beauté et un tel esthétisme frappent par leur omniprésence dans le paysage. Cela laisse supposer un rapport privilégié de la population à l’espace marin... Ainsi, le visiteur déambulant sur le littoral, et en particulier dans les villes, villages et tribus côtières pourra-t-il, au détour d’une rue, apercevoir dans les jardins (ou même parfois sur les trottoirs) les embarcations bâchées n’attendant que le week-end pour faire rugir leur moteur. Si le promeneur privilégie le bord de mer, son attention sera attirée par les éléments structurants du paysage côtier : les marinas avec leurs forêts de mâts, les ports à sec stigmatisés par la symétrie et l’ordre qui y règne ; plus nombreuses

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En effet, le PUD (Plan d’Urvbanisme Directeur) a défini des zones par couleur : les zones vertes ont pour but de préserver la végétation sur les crêtes et conserver un minimum de verdure dans le paysage urbain, et la zone bleue, en bord de mer, destinée à être aménagée en promenade pour favoriser les activités de loisir

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sont les rampes de mises à l’eau et leurs parkings imposants ; enfin les ornements des espaces publics d’anciennes ancres marines, ou anciennes bouées. Le visiteur qui aura la chance de rester quelque temps sur le territoire sera fasciné par l’importance de ce rapport privilégié de la population à l’espace marin auquel il prendra part d’une façon ou d’une autre. Ce rapport se matérialise pour sa forme la plus inattendue et périodique mais suffisamment récurrente pour être mentionnée : la publicité.

Les publicitaires s’inspirent largement d’études déterminant les stéréotypes humains et les facteurs influençant les choix des consommateurs. L’argument très utilisé pour attirer un maximum de personnes dans une grande surface ou pour inciter le plus grand nombre de personnes à acheter tel produit repose sur le rêve communément partagé par tous : devenir propriétaire de bateau. Et tout cela en participant au grand jeu de hasard organisé par telle ou telle entreprise de chips ou de boissons, afin de gagner LE bateau de ses rêves, en fibre avec un moteur puissant, ou la « plate3 » qui se faufilera dans les moindres recoins côtiers, ou encore le jet-ski qui emmènera l’heureux gagnant sur le lagon paradisiaque à la recherche de sensations fortes entre amis.

Illustration 1 : Une publicité indiquant l’importance de l’activité de plaisance en Nouvelle-Calédonie

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Une « plate » est un mot du jargon local désignant un canot, une embarcation en aluminium, limité en longueur.

Les publicités se basent sur des stéréotypes adaptés à la réalité locale : pourquoi la population tient-elle autant à posséder une embarcation ? Le fait d’être propriétaire d’un bateau est synonyme de liberté, sentiment largement partagé par les plaisanciers, car de l’embarcation dépend le pouvoir de se déplacer géographiquement sur un espace nouveau et à sa convenance, le pouvoir de découvrir des lieux que l’on s’imagine être le seul à découvrir, le pouvoir de se déplacer loin du regard des autres, avoir la garantie d’un dépaysement total à chaque sortie… Mais plus que le sentiment de liberté et une mobilité accrue sur un espace nouveau, ce que peignent les publicités, ce sont des rapports très privilégiés que les Calédoniens entretiennent avec l’élément marin et le besoin d’aller à sa rencontre pour en jouir de quelqu’une façon...

Et c’est là que la science géographique prend toute sa source ! Il n’est pas inutile de rappeler que la géographie étudie les relations que les hommes entretiennent avec leur milieu. Les hommes sont devenus des acteurs parce qu’ils utilisent le milieu, le transforment, et agissent sur lui. Ces actions se développent dans un cadre spatial déterminé. Or la spatialisation de leurs actions et activités est souvent la résultante de processus d’origines diverses, dont chaque paramètre possède un fondement propre.

La pêche plaisancière dans le lagon sud-ouest de la Nouvelle-Calédonie nous a paru être l’usage et le terrain d’étude se prêtant parfaitement à une problématique géographique. Tout d’abord parce que la pêche fait partie intégrante de la vie des Calédoniens. Elle possède en effet différents rôles largement déterminés par l’histoire sociale et politico-économique de l’archipel. Ensuite, parce que les usagers/acteurs grâce à leur embarcation fréquentent des espaces de pratiques ou se construisent des territoires dont la localisation spatiale obéit à un certain nombre de facteurs choisis ou subis et qu’il conviendra d’appréhender. Et enfin parce que toute action de prélèvement, de quelque nature qu’elle soit, et à n’importe quelle échelle spatiale ou temporelle, engendre des pressions qui peuvent mener jusqu’à la perturbation et la destruction du milieu. Nous entrons alors dans une problématique de gestion avec la perspective induite : la durabilité de l’activité.

Notre thèse s’inscrit donc dans la branche de la géographie des pêches. Si l’étude des pêches est ancienne et reste principalement du domaine des sciences halieutiques, en géographie elle a débuté en France après la Seconde Guerre mondiale avec la thèse de Charles Robert-Muller sur les « Pêches et pêcheurs de la Bretagne atlantique », parue en 1944. F. Doumenge contribua activement à développer la recherche dans ce domaine en publiant plusieurs études sur les pêches tropicales et japonaises. Il fut à l’origine de la « Géographie des mers » en 1965, offrant une place importante à « la mère nourricière ». La même année, la « Géographie des pêches » de

J. Besançon paraissait chez Gallimard (Carré, 2009). D’après F. Carré, professeur de géographie de la mer à l’université de Paris IV-Sorbonne, « c’est à partir de 1970 que le courant [de la géographie des pêches] s’étoffe et se structure ». D’après lui, la vitalité de cette branche de la géographie se concrétise par l’atlas des pêches et des cultures maritimes, coordonné par J. Chaussade et J-P. Corley en 1990.

Qu’apporte la géographie à ce domaine de recherche ?

Nombreuses sont les recherches sur la gestion des pêcheries pour lesquelles, les données utiles ne tiennent pas compte de la distribution spatial des pêches, ce que Corley nomme « l’espace halieutique »(Corlay et al., 1995). Elles sont souvent basées sur des modèles numériques dans lesquels les variations spatiales sont absentes, car trop souvent, la zone d’étude est considérée comme un espace homogène (Booth, 2000; Caddy, 1996). Or les écosystèmes marins sont spatialement hétérogènes (Babcock et al., 2005). Ainsi la gestion des pêches surtout dans les zones côtières, ne saurait être uniquement basée sur des études globales et non spatialisées. De plus en plus, l’évaluation et la gestion des ressources marines prennent en compte la dimension spatiale (Hughes et al., 2005 ; St. Martin et Hall-Arber, 2008) et reposant sur des méthodes de gestion par zones (Botsford et al. 1997 ; Caddy, 1996). Les systèmes d’information géographique sont devenus un outil performant possédant des applications utiles pour les sciences marines et pour la gestion des pêcheries (Fisher et Rahel, 2004 ; St Martin et Hall-Arber, 2008). Ils sont utilisés aussi bien dans la gestion des pêcheries hauturières (Riolo, 2006) que côtières (Hall et Close, 2007). Ainsi, la gestion raisonnée des pêcheries et notamment côtières passe par l’analyse de la dynamique spatiale des flottilles, de la distribution spatiale de l’effort de pêche, de la connaissance de la ressource (stock, comportement spatial, écologie). Au-delà de l’analyse de la distribution spatiale, le géographe s’intéresse à comprendre les processus qui régissent l’activité de la pêche, qui la favorisent ou la contraignent, à étudier la place et le comportement des acteurs qui influencent d’une manière ou d’une autre la ressource (Adams et Ledua, 1997 ; Hara, 1999). La géographie se base sur une approche systémique et non écosystémique de l’activité de pêche, productrice de bien et d’espace : c’est ce que Corlay appelle « géosystème halieutique » (Corlay et al., 1995) dont il donne la définition :

« Le géosystème halieutique est une construction économique et socio-spatiale résultant de la rencontre d’un potentiel de ressources biologiques marines exploitables (l'écosystème) et d’une stratégie de valorisation de ce potentiel (le sociosystème) ».

La géographie s’est longtemps intéressée à la pêche professionnelle ou commerciale qui structure le paysage par les ports de pêche, dont les productions contribuent de façon non négligeable à l’économie des pays exploitant les ressources marines, et dont l’impact sur ces ressources a été pendant longtemps le plus important.

La pêche est qualifiée de professionnelle ou commerciale, lorsqu’elle est exercée par tout pêcheur qui s’est acquitté d’une licence de pêche, et/ou dont la finalité est la vente de sa production. Il s’agit aussi bien de la pêche hauturière (exercée au large et ciblant des espèces pélagiques), que de la pêche artisanale (associée à la pêche côtière) généralement pratiquée jusqu’à 12 miles marins de côtes.

L’étude de la pêche récréative (ou de loisir, annexe 2) par les géographes est récente et actuellement en plein essor surtout dans les pays développés. L’enjeu est de taille. D’un point de vue économique, ce n’est pas la ressource qui est génératrice de profit pour la pêche récréative, c’est l’équipement (bateaux, matériel de pêche, GPS, etc.) et les services induits, alors que pour la pêche commerciale, c’est la vente des captures qui l’est. Ce type de pêche peut générer des retombées économiques (Zann, 1996) importantes à tel point que le secteur est stratégique pour le tourisme. La contrepartie réside dans les impacts que l’activité génère sur les stocks de poissons et de ressource en général. Les autorités compétentes en matière de gestion de la ressource se penchent sérieusement sur la gestion de l’activité puisque la pêche récréative contribue de façon substantielle aux productions (captures) totales, comme c’est le cas aux USA (Coleman et al., 2005) et dans le sud-est de l’Australie. Dans ces pays, les productions de la pêche récréative sont aussi importantes que celles des pêcheurs commerciaux (selon le Fisheries Research and Development Corporation, Australian Government). Les pêcheurs récréatifs sont les plus nombreux usagers de l’environnement marin. L’activité devient donc un des éléments majeurs pris en considération dans les stratégies de gestion des ressources (Zann, 1996). En France, l’IFREMER a mené des études à la demande de la Direction des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture (Ministère de l’Agriculture et de la pêche) sur la pêche de loisir entre 2006 et 2008 (IFREMER et BVA, 2009). L’institut a par ailleurs mis en place un système d’informations scientifiques pour la mer (SISMER) en 1990, pour l’ensemble des données du domaine marin. La Nouvelle-Calédonie n’échappe pas à la tendance : les estimations des captures selon le SPMMM (Service des pêches maritimes et de la marine marchande) annonçaient des captures de 3 500 t par an prélevées dans le lagon par la pêche plaisancière et vivrière, alors que les pêcheries artisanales produisaient environ 1 200 t en 2004. Or avec un nombre de bateaux de plaisance très important par habitant (un bateau pour 12 habitants ou pour trois ménages), l’activité participe de façon non négligeable à l’économie de l’archipel (N'Guyen Khoa, 1993). De même, la pêche plaisancière contribue activement à la production globale des pêches non commerciales. Comme les productions étaient estimées conjointement avec celles de la pêche

vivrière, il était impossible de connaître la part réelle des productions réalisées par la pêche plaisancière.

Ainsi est née l’idée de s’intéresser particulièrement à la pêche plaisancière en Nouvelle-Calédonie.

Posons en premier lieu les bases contextuelles et conceptuelles de la pêche plaisancière en Nouvelle-Calédonie et plus précisément dans le lagon sud-ouest. Pourquoi nous intéresser à cette partie de l’archipel ? Parce que la majorité des bateaux de plaisance (environ 70%) y est concentrée. Et pourquoi existe-t-il autant de bateaux privés en Nouvelle-Calédonie ? En raison de multiples atouts économiques, climatiques et environnementaux qui favorisent les activités marines. La Nouvelle-Calédonie jouit en effet d’un climat plutôt favorable bien évidemment lié à sa position géographique sur la surface de la Terre. Rappelons qu’elle est située dans l’océan Pacifique Sud (carte atlas 1), entre 164° et 167° e st et entre 18° et 22,30° sud. L’archipel comprend l’île principale ou Grande Terre de 16 890 km² (carte atlas 1), orientée selon un axe nord-ouest / sud-est sur près de 400 km, les quatre îles Loyauté (Ouvéa, Lifou, Tiga et Maré) alignées selon un axe parallèle à celui de la Grande Terre à l’est de celle-ci ; l’île des Pins au sud-est de la Grande Terre, à l’opposé : les îles Bélep et enfin des îles et atolls au nord-ousud-est : atolls Hugon et Surprises, à l’est : Walpole, Matthew et Hunter, et à l’ouest les plateaux de Chesterfield et Bellona.

L’archipel est par conséquent baigné par un climat tropical océanique, « soumis au courant des alizés, aux cyclones, qui sont à l’origine du découpage en deux saisons principales séparées par deux intersaisons »4. Les deux saisons principales, d’une durée de cinq mois chacune, correspondent à une période chaude et humide, et à une période fraîche. Ainsi, si le temps est suffisamment clément pendant la moitié de l’année pour permettre l’exercice d’activités lagonaires, l’autre moitié n’incite pourtant pas les habitants à se détourner du lagon, ceux-ci adaptent leurs activités marines aux conditions météorologiques et à l’état du lagon.

Or, si lagon il y a, c’est en raison des eaux chaudes qui bordent l’archipel et de son éloignement relatif du triangle d’or de la biodiversité corallienne5. Dans des eaux de bonne qualité à une

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Définition de Météo France Nouvelle-Calédonie

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Le triangle d’or est né d’une théorie générale dans les années 1970, qui explique que le cœur de la biodiversité corallienne est contenu dans un triangle formé par l’île indonésienne de Sulawesi, les Philippines et la Nouvelle-Guinée, où se trouvent le plus grand nombre d’espèces marines au monde. La biodiversité dans ce triangle y est 100 fois plus élevée que celle qu’on trouve aux Galapagos ou l’île de Pâques. Ce triangle correspond au foyer de dispersion spécifique à partir duquel toute la faune de l’indo pacifique aurait diffusé et colonisé le reste de l’océan pacifique et indien au gré des courants et des

température moyenne de 25°C, se développent des org anismes marins spécifiques aux régions tropicales : les coraux. Certains organismes dénommés coraux constructeurs sont à l’origine d’édifices imposants aux caractéristiques géomorphologiques variées (Andréfouët et Torres-Pulliza, 2004). Ils sont devenus la base de riches écosystèmes récifo-lagonaires qui, au gré de l’activité tectonique de la région et des variations eustatiques, ont permis le développement d’une barrière récifale ceinturant la Grande Terre. Longue de 1 600 km, elle constitue selon M. Richer de Forges et al. (1987) la plus grande barrière récifale continue du monde.

Appelé aussi localement récif barrière, ce dernier délimite un vaste lagon de 23 400km² dont les habitats permettent le développement de 1 694 espèces de poissons récifaux répertoriées (Fricke et Kulbicki, 2006), entre 2600 et 3100 espèces de mollusques connues (estimées entre 3200 et 4000 ; ), 83 espèces de crustacés (estimées à plus de 1000 jusqu’à une profondeur de 2000 m ; Bruce, 2006), etc….

Dans de tels contextes climatique, géomorphologique et biologique, il est logique que la pêche récréative et à plus forte raison plaisancière ait séduit les Calédoniens. D’ailleurs ceux-ci ont pu développer une variété d’activités et d’usages à des fins commerciales ou récréatives. De quelque nature qu’ils soient, ces activités et usages sont amenés à prendre une ampleur croissante conjointement à l’accroissement de la population et au développement économique local actuels. Ils se sont déjà matérialisés par l’utilisation d’une grande diversité d’engins nautiques, toujours plus performants pour aller plus vite et plus loin, par l’acquisition d’une multitude de matériels destinés à exploiter au mieux les ressources vivantes ou non, par l’adoption de toute une panoplie d’engins de loisirs que la population, très gourmande de nouveautés, s’approprie en suivant les phénomènes de mode mondiaux (voile, ski nautique, planche à voile, kite-surf, Va’a ou pirogues polynésiennes, baignade, apnée, plongée sous marine, pêche…).

Mais ne nous bornons pas à cette vision déterministe de la relation homme/milieu. Le développement de la pêche est aussi le fait d’une société qui a vécu des mutations successives tout au long de son histoire. Mutations qui sont issues d’un certain nombre de facteurs politiques et économiques. En effet, la population néocalédonienne est une population aux multiples origines,

dispersions larvaires. A mesures que l’on s’éloigne de ce triangle, on note que la biodiversité diminue pour être beaucoup plus faible à l’île de Pâques ou à l’extrême est de l’océan pacifique. La variété des organismes marins (la plupart d’entre eux sont endémiques) y est exceptionnelle et s’explique par une histoire géologique complexe et les divers courants océaniques qui balaient cette région. Cependant, à mesure que la qualité de l’échantillonnage s’améliore dans les différents archipels, ce paradigme est remis en question. Pour les mollusques, un auteur australien a montré qu’il n'y avait pas de différence significative entre la richesse des côtes ouest et nord australienne et celle d'Indonésie.

aux identités bien marquées qui cohabitent, coexistent ou simplement vivent dans un système relationnel complexe, dont les objectifs de vie, les attentes, les fonctionnements et comportements se superposent sans toujours se rencontrer.

La société calédonienne actuelle est composée principalement de Kanak, d’Européens, et dans une moindre mesure de communautés polynésiennes (Wallisiens, Futuniens et Tahitiens), asiatiques (vietnamiennes, indonésiennes, japonaises), et de Ni-Vanuatu. Actuellement il est impossible de connaître la proportion de chaque communauté dans la population car, le dernier recensement général de la population faisant état de la diversité culturelle a eu lieu en 1996. Cependant, la diversité de la population est le résultat d’un long processus de vagues d’immigrations dont la plus ancienne remonte à 3000 ans lors de l’arrivée des premiers Mélanésiens sur l’archipel.

Les seuls usages du lagon connus à cette époque furent le transport et la pêche. Exploitant tout d’abord les ressources lagonaires à des fins vivrières ou coutumières, les habitants se sont orientés vers la pêche commerciale au contact des Européens dont l’installation officielle débuta avec le rattachement de l’archipel au territoire français (1848). La découverte de gisement de nickel par JF Garnier en forte concentration et quantité fut à l’origine de l’arrivée de vagues de travailleurs asiatiques, enrichissant ainsi la diversité culturelle de l’archipel et ses usages lagonaires. Ce n’est qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que la pêche récréative prit un véritable envol. La prospérité économique liée au « boom » du nickel favorisa l’augmentation générale du niveau de vie de la population qui pu acquérir plus facilement des engins de pêche et des embarcations. La croissance économique fut également à l’origine de l’arrivée de nouvelles communautés : les Polynésiens de Wallis et Futuna et de Polynésie française.

Le rapport de la population à la ressource et au lagon a considérablement évolué au fil des décennies, suivant de près les mutations de la société calédonienne. Les communautés immigrées se sont progressivement mélangées au peuple mélanésien, à l’origine d’un métissage plus ou