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La construction de soi dans la perspective constructioniste

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2.3 I NTERACTION DIALOGIQUE ET CONSTRUCTION DE SOI

2.3.2 La construction de soi dans la perspective constructioniste

Dans la perspective constructioniste, la construction de soi se fait par l’intériorisation « des interactions vécues par le sujet » (Burger, 1994, p. 250). De ce point de vue, la construction identitaire est un processus continu qui se fait « dans la dialectique d’une reconnaissance intersubjective » grâce à l’interaction verbale. Le développement de soi s’effectue donc dans une dynamique circulaire :

C’est dans ce rapport à l’autre que l’individu identifie qui il est dans la mesure où il peut donner un sens à ce Je qui est lui-même en rapport avec le Je d’autrui. Il y a là l’idée d’une pluralité du Je. Dans cette perspective théorique, la construction de soi et de la réalité se fait dans et par le langage et l’interaction. Le langage est considéré comme un processus de construction de la réalité : « aucun langage n’est purement descriptif : Les mots qui nous

Le soi

La situation

(l’objet) Autrui

Médiation sémiotique

servent à décrire la réalité entrent constamment dans la construction de cette réalité même » (Eraly, 2007, p. 40). Ainsi, parler, dialoguer, ne consiste pas simplement à échanger des informations sur une réalité donnée (objet) mais fait partie intégrante de cette réalité. La pensée, les représentations mentales sont les produits de l’activité verbale. Elles existent et se construisent par le langage, et s’expriment par la parole. De ce fait, « parler ne revient pas seulement à transmettre des informations, c’est constituer pour autrui et pour soi-même les objets dont on parle » (Eraly, 2007, p. 43). Nous pouvons ainsi comprendre que le langage ne représente pas seulement la réalité mais la construit. La parole a un effet qui ne se limite pas à sa force perlocutoire1. Elle a un effet constructioniste de l’être social et de la réalité. Le langage peut par conséquent être considéré comme une activité de création des modes et des conditions d’existence de l’être : « Le langage n’est pas un reflet de la vie, c’est l’acte qui crée la vie » (Gergen, 2001, p. 69).

Le constructionisme social, tel qu’il est conçu par Gergen, repose sur quatre hypothèses de travail (Gergen, 2001, p. 89-94).

Hypothèse 1 : les termes par lesquels nous percevons le monde et le soi ne sont pas dictés de manière absolue ou nécessaire par ce qui existe.

Cette hypothèse repose sur le principe selon lequel toute situation a une possibilité d’explication illimitée. Cette proposition suppose que grâce au langage, l’individu peut construire et reconstruire la réalité, sa réalité de manière continue.

Hypothèse 2 : nos modes de description, d’explication et/ou nos représentations sont issues des relations.

Nos langages, nos représentations acquièrent leur signification dans la relation avec les autres : « le sens naît des coordinations entre personnes – des accords des négociations, des affirmations. Les relations précèdent tout ce qui est intelligible. Bref rien n’existe pour nous - en tant que monde intelligible d’objets et de personnes – sans les relations » (Gergen, 2001, p. 90). La relation à l’autre joue donc un rôle essentiel dans l’assignation d’une signification à ce que l’individu est, vit, expérimente, à son rapport à la réalité et à la création de cette réalité. Ce système relationnel inclut bien évidemment l’environnement naturel (au sens général, macroscopique) qui habite l’individu et que l’individu habite.

1. Selon Austin, la force perlocutoire est l’influence exercé sur l’interlocuteur.

Hypothèse 3 : par nos manières de décrire, d’expliquer ou de symboliser, nous donnons forme à notre avenir.

Le langage est ici considéré comme « un élément majeur de notre monde de l’action. Il constitue la vie sociale elle-même » (Gergen, 2001, p. 91). De ce point de vue, la construction de soi est fondamentalement liée à un « processus continu de génération du sens commun » (Gergen, 2001, p. 91). En situant cette réflexion dans le contexte d’une pratique d’aide à un individu qui doit faire face à une situation de transition, l’expert n’est pas le conseiller mais l’individu lui-même. C’est en se confrontant au défit de générer de nouvelles significations, grâce au dialogue avec l’autre notamment, que l’individu arrive à se créer un nouvel avenir. Ce processus de « re-création » s’effectue également grâce à l’émergence de nouvelles manières de catégoriser et symboliser ses expériences, de nouvelles interprétations du monde. Il y a ainsi une remise en cause du « tenu pour vrai » - des habitudes, des formes de soi cristallisées - ce qui permet de nouvelles possibilités d’action.

Hypothèse 4 : une réflexion sur nos formes de compréhension est vitale pour notre bien être futur.

Cette proposition met en évidence les formes de résistances auxquelles le processus de transformation de soi pourrait être confronté : l’expérience passée, les valeurs, les formes d’anticipation de soi, etc. Pour faire face à ces résistances, le constructionisme accorde une valeur fondamentale à la réflexivité. Ainsi, pour faire face à la transition, l’individu doit

« placer ses propres suppositions en question […], mettre de côté l’évident, prêter l’oreille à d’autres manières de définir la réalité » (Gergen, 2001, p.94). C’est ainsi que la relation à l’autre peut jouer un rôle essentiel dans le processus de restructuration de soi. En effet, grâce à l’action de l’interaction (dialogique), l’individu rentre dans un processus réflexif critique qui l’amène à « douter » de ce qu’il a toujours accepté comme réel, essentiel etc. :

« en nous exprimant par la parole, notre énoncé constitue aussi une action à l’intérieur de la relation » (Gergen, 2001, p. 236).

Le constructionisme social accorde donc une grande importance à la réflexivité. Il met l’accent sur la nécessité d’une remise en question de « l’évident », ce qui consiste à « être toujours attentif à l’effet limitatif du tenu pour vrai » (Gergen, 2001, p. 94). Pour Gergen, le

langage est un élément majeur de cette façon d’être au monde. C’est grâce à la fluidité du langage que l’individu peut contribuer à la transformation de la vie sociale et à la construction de nouveaux futurs : « la fluidité, ou la façon précise d’être ce que l’on est dépend des mouvements subits de la conversation [...] l’identité est une situation instable, soumise aux déplacements subits des mots [...] Ce processus n’est pas fixé une fois pour toutes » (Gergen, 2001, p. 147). Nous retrouvons cette même orientation dans les écrits de Gordon et Gergen (1968). Le soi y est présenté comme un processus complexe d’activités interprétatives continues, dans une dynamique relationnelle. Dans l’approche de ces auteurs, l’individu construit la réalité à partir de la signification cognitive et affective qu’il attribue aux informations, aux signaux que son contexte lui renvoie. C’est une activité qu’il effectue en interaction avec son milieu et avec autrui.

Les implications d’un tel raisonnement sont multiples. L’approche constructioniste invite à une démarche de recherche qui exige d’appréhender le soi comme un phénomène subjectif fondamentalement lié à l’intersubjectivité.

C

ONCLUSION DU PREMIER ET DU DEUXIEME CHAPITRE

L’analyse sociologique de la situation des docteurs sur le marché de l’emploi ainsi que les différents apports théoriques que nous venons de développer permettent d’aborder le passage de la thèse à l’emploi dans le secteur privé comme un moment de transition particulier. Les jeunes docteurs en reconversion doivent faire face à un changement majeur dans leur vie : en plus de la transition normative école-emploi, ils doivent affronter leur entrée dans un monde qu’ils méconnaissent, craignent, et dans lequel ils n’auraient peut-être pas souhaité s’insérer.

Ces jeunes vivent à la fois les trois types de transitions définis par Schlossberg : une transition anticipée (le passage de la thèse à emploi), une transition imprévue (ils ne se sont jamais préparés à l’insertion dans le secteur privé car ils espéraient avoir un poste dans la recherche académique ou publique), une transition par « événement manquant » car ils n’arrivent pas à réaliser leurs anticipations. Cette dernière transition (l’événement manquant) est souvent différée car la plupart des jeunes docteurs, en situation de reconversion, espèrent toujours que l’événement attendu finira par se produire. C’est cette attente qui les amène à évoluer dans une succession de contrats précaires ("stage" Post-doctoral, Attaché Temporaire de Recherche et d’Enseignement, etc.). Ce qui peut jouer en leur défaveur quand ils se retourneront finalement vers le secteur privé.

Le passage de la thèse à l’emploi dans le secteur privé constitue pour les jeunes docteurs en général, et particulièrement pour ceux qui ne s’y sont pas préparés, une période de remaniement de certains choix fondamentaux. Ces jeunes doivent modifier leurs anticipations, leurs représentations d’eux-mêmes et des contextes dans lesquels ils interagissent.

Faire face à ces situations implique une activité de reconstruction - de nouveaux cadres de référence - qui passe par une restructuration de soi et une redéfinition du sens de ses choix à travers des processus de personnalisation et de subjectivation. Ce sont ces processus que les travaux de Philippe Malrieu nous ont permis d’élucider en montrant leur rôle central dans la construction et les remaniements identitaires qu’implique la situation de transition. La théorie du constructionisme social, représentée par Kenneth Gergen, nous a permis de

souligner que ces processus de construction de soi sont intersubjectifs, dialogiques, ancrées dans le langage et donc fondamentalement sociaux.

Toutefois, la question du mode de fonctionnement et des mécanismes par lesquels s’opèrent cette construction et réorganisation des formes de soi construites (passées, anticipées), en cours de construction ou anticipées, reste encore à approfondir. C’est l’objet du chapitre suivant dans lequel sont développés les principes de base du modèle des formes identitaires subjectives conçu par Jean Guichard. Cette approche dynamique du fonctionnement identitaire, présente et analyse les processus en œuvre dans la construction de certaines anticipations de soi, les processus qui les "font", les "défont" et les "refont".

3 D

YNAMIQUES IDENTITAIRES ET MISE EN PERSPECTIVE DES FORMES D

ANTICIPATION DE SOI

Les réflexions actuelles sur les problématiques théoriques et pratiques de l’orientation au 21e siècle, mettent en discussion les notions de stabilité, d’étape, de prévisibilité sur lesquelles reposent les théories classiques en psychologie de l’orientation. Savickas et al.

(2010) montrent les limites de ces théories ainsi que leur manque de pertinence face à la question : comment l’individu du 21e siècle se construit-il tout au long de sa vie ? Selon ces auteurs, il « semble crucial que les spécialistes de l’orientation essaient de construire des modèles prenant en compte les caractéristiques des contextes. Leur utilisation par les individus engagés dans le projet de construire leur vie devrait leur permettre de comprendre leur propre contexte et d’y faire face » (p. 12).

Le modèle des formes identitaires subjectives proposé par Guichard s’inscrit dans cette perspective de redéfinition des fondements scientifiques des pratiques de conseil dans la société contemporaine. Cet auteur propose un modèle général de la construction du sujet individuel intégrant différentes approches (notamment psychologiques, sociologiques, philosophiques, etc.) sur lesquelles les interventions d’accompagnement en orientation peuvent se fonder. Il souligne les facteurs et processus « subjectifs » en œuvre dans les

« transformations », « stagnations », « déprises de soi qui adviennent tout au long de la vie » (Guichard, 2004b, P. 2). Pour Guichard, une réponse rigoureuse à cette question de construction de soi nécessite une réflexion approfondie sur sa dimension sociologique, (socio) cognitive, subjective et humaine. Il décline ces propositions comme suit :

- l’individu oriente sa vie et se rapporte à lui-même dans une société déterminée ; - l’individu organise ses conduites, se construit et perçoit autrui en relation avec des

structures cognitives élaborées au cours de ses activités, interactions et interlocutions antérieures ;

- la dynamique de la construction de soi repose sur une tension entre deux types de réflexivité : celle duelle de l’anticipation en miroir de soi (je-me) et celle trinitaire de l’interprétation dialogique de la personne (je-tu -il/elle). (Guichard, 2004b, P. 3).

La problématique de la construction de soi renvoie donc à une multitude de concepts comme l’identité, le soi, la subjectivité, qui font par ailleurs l’objet de différentes approches que Guichard (2000) propose de regrouper sous six grands courants de pensée :

- le courant personnaliste, - le courant psychanalytique,

- le courant de la psychologie du soi, - le courant de la psychologie différentielle,

- les courants anthropologiques culturels et structurels, - les courants psychosociaux.

Le modèle des formes identitaires subjectives et de la double réflexivité est une tentative d’intégration de ces différentes approches. Le concept central étant celui de l’identité pensée comme un système pluriel et dynamique : le Système des Formes Identitaires Subjectives (SFIS). Avant d’entrer dans la présentation de ce modèle, soulignons tout d’abord quelques aspects des réflexions contemporaines sur l’identité.

3.1 Vers une conception dynamique et intégrative du concept d’identité

Concept fort complexe et polysémique, l’identité fait l’objet d’un usage très extensif dans les discours qui animent notre société contemporaine. Elle est utilisée en psychologie, en philosophie, en sociologie, en journalisme, en politique, etc. pour décrire l’individu « post-moderne » comme un être en « quête incessante de soi ; quête ambivalente où l’affirmation identitaire devient à la fois un objectif exaltant et un fardeau accablant » (Marc, 2005, p. 1).

Kroger (1999) présente la construction identitaire comme un ensemble de processus dynamiques étroitement intriqués, en perpétuel développement. A travers une analyse de l’âge adulte, cet auteur montre que la construction identitaire ne se limite pas à l’adolescence. En effet rien n’est définitif à l’âge adulte car différents événements bouleversent en permanence les certitudes acquises : le chômage, le divorce, la stérilité, la retraite, etc. L’individu est ainsi amené à faire face à des phases de remaniement et de reconstruction. C’est dans cette dynamique qu’il peut recréer un nouveau sens à sa vie face à chaque crise. Dans une telle perspective, l’identité est présentée comme un processus jamais achevé qui renvoie à la conscience immédiate qu’a chacun d’être soi à travers

l’écoulement du temps et la diversité des situations. Kroger (1999) souligne également la nécessité du soutien pour une gestion optimale des remaniements qu’implique cette restructuration identitaire permanente qui peut être déstabilisante. Elle mentionne l’importance des conseils en orientation bien organisés.

L’approche de Marc (2005) nous semble particulièrement intéressante et complémentaire de celle de Kroger. Celui-ci propose une conception phénoménologique (existentielle) de la construction identitaire. L’approche phénoménologique a pour référence les principes du courant philosophique existentialiste (Hussel, Jaspers, Heidegger, Sartre, etc.). Cette philosophie se revendique d’un humanisme qui rappelle que l’homme est essentiellement projet, i.e. rien si ce n’est ce qu’il invente à chaque instant en se jetant hors de soi et en assumant l’originalité de ses choix. Marc définit ainsi l’identité comme « un système coordonné de mécanismes psychologiques, visant certains objectifs et répondant à des besoins identitaires fondamentaux. Ces mécanismes sont à la fois intra-psychiques et interactionnels » (Marc, 2005, p. 6). Il considère l’identité comme le « fondement de soi » (p. 64). Le soi est conçu dans cette perspective comme un processus dynamique et continu de « totalisation ».

3.1.1 Système de formes identitaires subjectives et cadres cognitifs

Présenter l’identité en rapport avec les cadres cognitifs suppose une certaine explicitation de l’univers cognitif. Selon la définition de Codol (1969), l’univers cognitif, désigne

« l’ensemble des savoirs d’un individu ». Il dépend « des caractéristiques personnelles de l’individu, de son expérience passée et présente en relation avec son environnement, de l’anticipation qu’il fait d’événements futurs […]. La représentation est un sous-ensemble de

« l’univers cognitif […] qui privilégie les cognèmes mis en œuvre lorsqu’on s’intéresse à un projet particulier » (P. 65). C’est le produit d’une construction mentale du réel qui s’effectue à partir des informations reçues de l’expérience et des relations avec l’environnement. Le cognème (ou élément cognitif) est « l’unité la plus simple de toute construction théorique dans le domaine de la cognition » (p. 64). Ce sont les savoirs, opinions, croyances, concepts, attributs, idées à propos de soi-même, d’autrui, du monde. Les cognèmes sont en relation d’interdépendance, ils fonctionnent comme un système.

Du point de vue cognitiviste, le soi est présenté comme un processus cognitivo-affectif par lequel le sujet s’appréhende lui-même dans son individualité et comme la structure psychique qui résulte de ce processus : « la façon dont l’individu s’appréhende cognitivement lui-même, met en œuvre des processus de même nature que ceux qui régissent toute appréhension cognitive » (Codol, 1980, p. 154).

Les cadres cognitifs identitaires

Les « cadres cognitifs identitaires » (Guichard, 2004b) font partie de cet univers. Ce sont les structures cognitives que l’individu construit (dans sa mémoire à long terme) au cours de ses expériences et qui lui servent de repère pour organiser ses conduites, se construire et percevoir autrui. Les cadres cognitifs sont des schémas mentaux abstraits en mémoire à long terme qui structurent un ensemble de cognitions correspondant à une catégorie d’objets du monde. Les cadres cognitifs correspondent donc à ce qui permet à l’individu de voir le monde d’une certaine manière, de percevoir et de se structurer dans une certaine catégorie donnée. C’est par exemple pour un doctorant, le schéma qu’il se fait dans sa tête de ce qu’est le sociologue, le chimiste, le physicien, etc. Autrement dit, ce sont des repères construits au fil de l’expérience et qui s’appliquent à des catégories d’individus partageant une certaine identité. Guichard précise que « les cadres identitaires forment, dans l’esprit de chacun, un système de cadres cognitifs identitaires. Ce système constitue la représentation intériorisée par l’individu de l’offre identitaire de la société où il interagit, telle qu’il a pu se la construire en fonction de ses interactions, compte tenu des positions qu’il occupe dans les différents champs sociaux où il se situe » (2004b, p. 8).

Notons toutefois que la construction identitaire ne pourrait être réduite à des processus d’appréhension cognitive. C’est un phénomène « multiréférentiel […] dynamique et relationnel où interviennent simultanément des mécanismes inconscients, des mouvements d’assimilation et de différenciation, des modèles culturels et sociaux et des fonctions cognitives » (Marc, 2005, p. 54/55). D’où l’intérêt de l’approche intégrative proposé par le modèle des formes identitaires subjectives vicariantes et de la double réflexivité. Cette conception dynamique de l’identité a l’avantage de nous montrer une articulation étroite entre les différentes dimensions de l’identité : la dimension psychologique et sociale. Dans ce sens, la construction de soi peut être conçue comme un processus de développement continu qui s’élabore dans une « intrication intime entre le psychologique et le social » (Doublet, 2006, p.131). La subjectivité de l’individu y est présentée comme « un système

unifié et structuré des formes identitaires subjectives dans lesquels l’individu se construit et se représente lui-même et autrui » (Guichard, 2000, p. 186). Les cadres cognitifs identitaires ont une fonction structurante de ces formes identitaires.

Les formes identitaires

Partant des apports de la psychologie cognitive, Guichard suggère une redéfinition du concept sociologique de « formes identitaires » proposé par Dubar. Il en précise les modes de structuration interne caractérisés par des structures cognitives, schémas, scripts, représentations mentales, cadres qui permettent de « percevoir » immédiatement un objet, de « lire » une situation et de s’y comporter d’une manière sensée pour soi-même et pour autrui. (Guichard, 2004b, p. 6). Les « formes identitaires » représentent donc une vision d’autrui ou de soi-même ou une construction de soi selon la structure d’un cadre identitaire déterminé (Guichard, 2004b, p. 8). Elles correspondent à un ensemble d’actions et d’interactions qui renvoient à des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être. Ce sont également des modes de rapports aux « objets » du contexte, à soi-même, aux autres et aux anticipations futures de soi. Guichard distingue dans ces formes identitaires, les « formes identitaires subjectives » et les « formes identitaires subjectives anticipées ».

Les formes identitaires subjectives

La subjectivité telle qu’elle est présentée dans ce modèle se réfère au concept de

« subjectivation » de Foucault. Elle désigne les modes de rapports à soi qui déterminent la manière dont l’individu se construit en fonction des contextes, des circonstances mais aussi dans son rapport à autrui. La subjectivité est donc faite de facteurs et processus intra-interindividuels, collectifs et sociaux (Guichard, 2004b, p.2). Elle prend différentes formes en fonction des contextes : « Le sujet n’est pas une substance. C’est une forme, et cette forme n’est pas partout ni toujours identique à elle-même […] Il y a sans doute des rapports

« subjectivation » de Foucault. Elle désigne les modes de rapports à soi qui déterminent la manière dont l’individu se construit en fonction des contextes, des circonstances mais aussi dans son rapport à autrui. La subjectivité est donc faite de facteurs et processus intra-interindividuels, collectifs et sociaux (Guichard, 2004b, p.2). Elle prend différentes formes en fonction des contextes : « Le sujet n’est pas une substance. C’est une forme, et cette forme n’est pas partout ni toujours identique à elle-même […] Il y a sans doute des rapports

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