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L’origine des humains

Dans le document Québec athée (Page 59-63)

Un des principaux mandats de toute religion est d’expliquer l’origine des hommes. Dans le cas des grandes religions ( celles qui ont beaucoup d’adhérents), l’explication de l’origine des hommes est un conte farfelu. Dans le christianisme, l’humain aurait été créé il y a 10 000 ans de toutes pièces en un seul exemplaire, masculin, par l’intention immatérielle d’un dieu. La femme aurait été créée ensuite par l’extraction d’une côte du premier homme, la condamnant à un statut de personnage

secondaire, dérivé. L’argument, pseudo rationnel, évoqué le plus souvent par les tenants du créationnisme, fut toujours et demeure celui du « dessein intelligent ». Le monde est harmonieux, il ne peut donc provenir du hasard, il faut donc supposer une intention créatrice organisée. Cet argument est réfuté par la théorie de l’évolution. Une expression de cette réfutation provient du médecin et romancier québécois Philippe Panneton (alias Ringuet) dans Le carnet du cynique (1998), constituant ses notes autobiographiques publiées après son décès en 1960 :

Un être intelligent ne peut, dit-on, être l’ouvrage que d’un être très intelligent… De même sans doute un être déféquant ne peut-il être l’ouvrage que d’un être très déféquant.

Ne nous attardons pas davantage à des explications religieuses de l’origine de l’homme qui insultent l’intelligence et l’éthique. La science nous fournit un compte rendu infiniment plus exquis pour peu que l’on prenne la peine de l’étudier.

La plupart des biologistes admettent aujourd’hui l’explication de l’évolution par la théorie synthétique (qui regroupe des données de plusieurs théories). Elle est basée en particulier sur la génétique des populations. Aujourd’hui, l’évolution n’est plus envisagée comme la transformation d’individus isolés, mais comme celle de groupements d’individus de même espèce, c’est-à-dire des populations. Mais le principe de base est le même : elle explique l’évolution par l’action de la sélection naturelle sur des individus.

Une population évolue quand la fréquence d’une version d’un gène appelée allèle (ou de plusieurs allèles) s’y modifie. On voit ainsi se répandre dans certaines espèces des caractères ayant acquis, en raison de changements du milieu, une valeur adapta- tive qu’ils ne possédaient pas auparavant ; les individus porteurs de ces caractères sont particulièrement favorisés dans le nouveau milieu, auquel ils se trouvaient en quelque sorte « préadaptés » ;

ils vont constituer alors rapidement une grande partie de la population ou même toute la population de l’espèce. Les carac- tères qui se répandent alors correspondent à des allèles existant auparavant « silencieusement » au sein de l’espèce.

Lorsque l’ensemble des individus qui constituent une espèce forme plusieurs populations isolées, chacune de ces populations peut acquérir des caractères particuliers et donner naissance à des variétés différentes au sein de la même espèce. Si ces variations sont, par la suite, dans l’impossibilité de se croiser, elles divergent de plus en plus et finalement sont interstériles : elles constituent alors des espèces distinctes. Les « barrières » qui séparent les variétés d’une même espèce ou de plusieurs espèces sont de nature très variée.

Les plus anciennes traces de molécules organiques ont été retrouvées en 2006, dans des fossiles de crinoïdes. Âgés de 350 millions d’années, ces composés s’apparentent à des pigments. L’assemblage de petites molécules (comme les acides aminés) en macromolécules (comme les protéines) nécessite l’élimination de molécules d’eau. Or, il paraît difficile de réaliser une telle condensation dans l’eau elle-même. Il est possible pour résoudre cette contradiction de faire appel à des surfaces minérales, comme les argiles ou les pyrites. L’argile, par exemple, a de nombreuses propriétés et se trouve très abon- damment sur Terre. Entre les différentes couches de l’argile peuvent se glisser de petites molécules organiques. L’argile est un catalyseur très efficace pour de nombreuses réactions orga- niques, et aurait ainsi permis la formation des acides aminés. Nous ne sommes plus en 1859, date de la publication de L’Origine des espèces de Darwin. Il existe maintenant de nouvelles sciences qui contribuent, tous les jours, de nouvelles « preuves » très diversifiées de l’évolution des espèces. Bien que l’argumentaire de Darwin suffise à tout esprit critique pour croire sans réserve à la théorie de l’évolution, aujourd’hui, il n’y a plus aucune base pour défendre une théorie fixiste. À fortiori, on ne peut échapper à la réalisation que c’est le HASARD qui est le moteur de l’évolution des espèces et que

donc il n’y a aucun lieu de croire à une descendance « digne », « transcendante », « pensée » ou « prévue ». Quelles sont ces « nouvelles » sciences de l’évolution ? Nommons-en quelques- unes : la biogéologie, la génétique, la taxonomie homologique, la sélection artificielle et les adaptations naturelles courantes. Nous détenons maintenant des techniques de datation des échantillons fossiles qui sont extrêmement fines. Nous avons cartographié, et placé dans des trames temporelles précises, les couches terrestres AVEC leurs contenus fossiles. Nous avons une bonne connaissance de l’histoire des plaques tectoniques et des autres formations géologiques ainsi que des températures ambiantes à différentes époques. Aucune trouvaille fossile ne contredit la théorie de l’évolution. Au contraire, toutes les trouvailles, qui se comptent par dizaines de milliers, l’appuient. C’est dans le contexte des changements géologiques et climatiques, et des adaptations progressives des organismes à ces changements, que l’on arrive à comprendre l’arbre de la vie. Avec la récente découverte d’ardipithèque, il n’y a plus de « chaînon manquant » dans notre compte rendu de l’évolution de l’espèce humaine.

La génétique nous apprend aussi que nous portons en nous de nombreux vestiges génétiques de nos ancêtres évolutifs, la plupart des gènes de notre corps étant inactivés. Mieux, la génétique moléculaire est maintenant tellement avancée qu’on y répertorie dans le code génétique de l’humain l’arbre de la vie dans toute sa splendeur. Au temps de Darwin, on devait se contenter des vestiges évolutifs observés dans la phase embryonnaire de notre développement (ouïes, mamelons surnuméraires, queue de poisson, etc.) pour voir des exemples saillants de vestiges évolutifs. Maintenant, on les voit partout dans notre génome.

Le système de taxonomie de l’arbre de la vie a lui aussi évolué. On le dénomme classification par homologie, classification qui tient compte non seulement de l’apparence à l’âge adulte, mais aussi de toutes les formes d’un organisme à tous âges, incluant les formes cellulaires et subcellulaires.

Nous sommes capables, par sélection artificielle, de recréer des espèces d’autrefois comme de créer de nouvelles espèces. Nous observons aussi des changements dans les phénotypes des populations vivantes assujetties à des pressions écologiques importantes. Ces changements sont des adaptations évolutives naturelles qui se déroulent sous nos yeux : l’évolution en action directe. Les biologistes sont maintenant capables de formuler de nombreuses prédictions sur les fossiles, sur les gènes, sur l’embryogenèse, inspirées de la théorie de l’évolution à mesure qu’elle se précise. Ces prédictions se font vérifier tous les jours. Bien sûr, nombre de ces prédictions laissent les chercheurs au moins temporaire- ment bredouilles. Mais on n’obtient jamais, et on n’a jamais obtenu, de contre-démonstration.

1.16. L’anomie des athées : un déficit en rituels ?

Dans le document Québec athée (Page 59-63)