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L’orientalisme triomphant

II. Les nouvelles sciences de l’Antiquité

A. La philologie, temple de papier

2) L’orientalisme triomphant

A l’aube du dix-neuvième siècle, la philologie, sous l’influence des exigences scientifiques allemandes, connut un renouveau, qui s’accompagna en France d’un intérêt grandissant pour l’Orient et ses langues. Issu d’une longue tradition,

« l’orientalisme, où la France jouit, dès le XVIIIe siècle, d’un prestige inégalé, se

trouve encore renforcé de découvertes archéologiques extraordinaires »197 au

dix-neuvième siècle. L’orientalisme n’est un terme attesté qu’à partir de 1799, alors même qu’il exista tout au long du dix-huitième siècle une tradition

d’apprentissage des langues orientales et notamment de l’hébreu, du chaldéen, du

syriaque et de l’arabe que l’on enseignait au Collège royal, ancêtre du Collège de France. Ainsi, il était plutôt courant à l’époque pour les jeunes lettrés de se lancer dans l’étude de langues orientales après des années d’apprentissage des langues

classiques grecque et latine. L’intérêt pour l’Orient est encouragé par les sociétés savantes et particulièrement par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,

fondée en 1663 à l’initiative de Colbert, qui regroupa parmi les meilleurs

philologues de son époque en France. Dès le début du dix-huitième siècle, les

membres de cette académie s’intéressent à des horizons plus exotiques comme l’abbé Renaudot qui fait une présentation intitulée Eclaircissements sur les explications que les Anglois ont données de quelques inscriptions de Palmyre et des remarques sur celles qui se trouvent à Héliopolis198 et qui évoque la

Mésopotamie ou encore l’abbé Mignot qui livre une Histoire des Phéniciens199 à partir des premiers déchiffrements de cette langue qui dévoile tout juste ses premiers secrets. L’Egypte captive également considérablement l’Académie

« mais essentiellement à la suite des auteurs grecs et latins, et avant tout

d’Hérodote; ce qui n’empêche pas que les travaux des académiciens s’attachent à la mythologie égyptienne, que l’abbé Banier s’intéresse à la chronologie des

pharaons ; on évoque déjà les monuments figurés, et ce bien avant que la

197 Gran-Aymerich, E., op. cit., p. 64.

198 Richard, Jean, « Les Précurseurs de l’orientalisme », in Comptes-rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 145e année, n°4, 2001, pp. 1639-1644, p. 1639.

199

campagne d’Egypte ait révélé la richesse archéologique de la vallée du Nil »200

. Bien évidemment, dès le début du dix-huitième siècle, on rêve de pouvoir déchiffrer les hiéroglyphes, mais les philologues n’en sont encore qu’aux balbutiements de l’orientalisme et ne possèdent pas encore les matériaux nécessaires à ce progrès. Les travaux s’ouvrent également vers un Orient plus

lointain comme la Chine, l’Inde ou les Mongols201

. Parmi les pionniers de la philologie orientale, on peut citer Abraham-Hyacinthe Anquetil du Perron, qui enrichit beaucoup les fonds de la bibliothèque royale. « Formé à l’hébreu, à l’arabe et au persan »202, réputé pour son sérieux et son austérité, il voyagea en Inde où il vécut dans la communauté parsi et établit un vocabulaire pehlvi dès 1759. Il rentra de son voyage avec de nombreux manuscrits et publia son grand ouvrage, le Zend-Avesta203 en 1771, traduction de Zoroastre, qui ouvrait « tout à la

fois l’Inde et la Perse aux recherches européennes, et fraie la voie qui conduit aux travaux de Franz Bopp […] et à sa Grammaire comparée, qui manifeste l’étroite

parenté des langues indo-européennes »204 et par laquelle il avait « révélé les mécanismes du zend, langue proche de celle des Achéménides »205. Grâce à ses travaux, Anquetil du Perron permit à son successeur dans ce domaine Isaac Silvestre de Sacy206, autre grand nom de la philologie orientale d’étudier « à son tour les inscriptions de Naqsh-i-Roustem, [identifiant] l’une des trois langues, le pehlvi sassanide, et [exposant] ses résultats devant l’Académie des inscriptions et

belles-lettres. »207 A cet intérêt personnel s’ajoute un intérêt institutionnel grandissant avec la création de l’Ecole spéciale des langues orientales qui devint un passage obligé et forma les plus grands orientalistes de l’Europe. En effet,

C’est sur une idée d’un sous-garde de la Bibliothèque nationale, Langlès, spécialiste d’arabe et de persan, que Lakanal fait promulguer le décret du 30 mars 1795, créant l’Ecole des langues orientales dont Langlès sera le premier directeur. Ecole pratique,

200

Ibid.

201 Id., p. 1641.

202 Leciant, Jean, « L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres il y a deux cents ans », in Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, n°3, 1989, pp. 727-745, p. 732.

203 Anquetil du Perron, Abraham-Hyacinthe, Zend-Avesta, ouvrage de Zoroastre, N. M. Tilliard, Paris, 1771.

204 Gran-Aymerich, E., op. cit., pp. 63-64.

205

Id., p. 69.

206 Silvestre de Sacy, Antoine, Isaac, Mémoires sur diverses antiquités de la Perse et sur les

médailles des rois de la dynastie des Sassanides, suivis de l'Histoire de cette dynastie, Imprimerie

nationale exécutive du Louvre, Paris, 1793.

207

certes, destinée à former des interprètes et drogmans. Mais elle est sise à la Nationale et on y voit passer les grands noms du cercle étroit des spécialistes en langues orientales : chez les enseignants, Langlès ( persan), A.S. (sic) de Sacy (arabe et persan) qui, en 1824 remplacera Langlès à la direction, d’Ansse de Villoison (grec moderne), C. de Cirbied (arménien) et P.A Jaubert (turc) ; chez les élèves, Saint-Martin, Rémusat et J. Fr. Champollion. A ces élèves 5000 francs sont attribués pour qu’ils transcrivent des manuscrits.208

Cette institution donne une grande impulsion à l’orientalisme qui peut ainsi

former de grands philologues capables de lire et de déchiffrer des langues rares où

anciennes. L’Ecole est d’ailleurs renforcée dans cette optique puisqu’au Collège de France se créent des chaires de persan et d’arabe en 1806 et de sanscrit en 1814

marquant ainsi l’importance grandissante des langues orientales dans la vision

culturelle de la France qui se prend de passion pour des civilisations inédites et lointaines dont les secrets furent gardés durant des siècles et concoururent à

l’émergence de grandes figures de la philologie au dix-neuvième siècle ainsi qu’à

de grandes avancées en matière linguistique, notamment dans le déchiffrement de langues restées jusqu’alors hermétiques.

Jean-Jacques Barthélemy, homme aujourd’hui méconnu, fut la figure de proue de l’orientalisme philologique en France et également son grand précurseur. Ce savant a en effet beaucoup œuvré à faire de la philologie une science de la

découverte et de l’ouverture dès le dix-huitième siècle. Né à Cassis en janvier 1716, le jeune homme « fit ses études à Marseille, au collège de l’Oratoire, où il

se distingua par son ardeur extraordinaire au travail et son goût pour les belles-lettres »209, puis suivit les cours de philosophie et de théologie chez les jésuites où « il se donna avec ferveur tant à l’étude du grec qu’à celle des langues orientales, notamment de l’hébreu, du syriaque et de l’arabe»210

. Le séminaire achevé, Jean-Jacques Barthélemy, ne manifesta pas le désir particulier d’aller plus avant dans une carrière ecclésiastique et se contenta du titre d’abbé sans charge. S’ensuivit une période de relâche avant de bien choisir sa voie :

Revenu à Aubagne, dans sa famille, le jeune abbé passa plusieurs années dans sa chère Provence, menant une vie toute laïque, à la fois libre et studieuse : il se

208 Chevalier, Jean-Claude, « Philologues et linguiste dans leurs institutions », in Communications, n°54, 1992, pp. 149-159, p. 151.

209 Dupont-Sommer, André, « Jean-Jacques Barthélemy et l’ancienne Académie des Inscriptions et Belles-Lettres », in Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,

115e année, n°4,1971, pp. 707-725, p. 709.

210

perfectionna dans l’étude du grec, de l’hébreu et de l’arabe, et, en ce pays de soleil riche en monuments de toute sorte et en inscriptions, il se passionna pour l’archéologie, l’épigraphie, la numismatique et l’histoire ancienne ; il fréquenta assidûment les érudits locaux, dont plusieurs étaient des esprits de valeur, et qui l’aidèrent à se former dans les diverses disciplines où il devait plus tard s’illustrer.211

Puis le jeune homme « en 1744, à l’âge de vingt-huit ans, […] se décide à venir à Paris […] M. Gros de Boze […] le fait attacher à son Cabinet des Médailles »212. Après quelques atermoiements face à une position ecclésiastique avantageuse, Jean-Jacques Barthélemy choisit finalement d’accepter l’invitation de l’Académie

des Inscriptions et Belles-Lettres dont il devient « associé » à trente et un ans, « c’est pour lui, selon ses propres termes, un engagement irrévocable. » 213 Très

actif lors des séances de l’Académie, le philologue produit de nombreux mémoires brillants et instructifs pour l’Académie. Mais, « tous ces travaux, qui

s’échelonnent de 1747 à 1753, ne font en quelque sorte que préluder à une

découverte de tout premier ordre, qui, à elle seule, assurerait à l’abbé Barthélemy une place d’honneur dans la lignée des grands déchiffreurs d’écritures et de textes orientaux »214. En effet, le 12 février 1754, l’abbé Barthélemy prononce une communication intitulée intitulée Réflexion sur l’Alphabet et sur la langue dont on se servait autrefois à Palmyre215 dans laquelle il explique de quelle manière il

est parvenu à décoder l’alphabet palmyrénien, c'est-à-dire qu’il fut le premier à déchiffrer l’araméen. Cet exploit fut possible grâce à la relation de voyage donnée

par Robert Wood sous le titre Les Ruines de Palmyre216alors qu’il revenait de « la

fameuse cité du désert, à laquelle reste attaché le nom de l’illustre reine Zénobie

et dont les ruines magnifiques émerveillent le visiteur »217 et dans lequel « L’auteur […] avait recueilli un certain nombre d’inscriptions de Palmyre,

accompagnées de copies remarquablement soignées » 218. En effet :

Sur les treize inscriptions palmyréniennes publiées par Robert Wood, huit étaient gravées à la suite d’inscriptions grecques, lesquelles, selon toute apparence, était la traduction des textes palmyréniens. […] Ces procédés sont à la fois ingénieux et

211 Id., p. 710. 212 Ibid. 213 Id., p. 711. 214 Id., p. 712.

215 Barthélemy, Jean-Jacques, Réflexions sur l’alphabet et sur la langue dont on se servait autrefois à Palmyre, H.-L. Guérin et L.-F. Delatour, Paris, 1754.

216 Wood, Robert, Dawkins, James, Les Ruines de Palmyre, autrement dite Tedmor au désert, A. Millard, Londres, 1753.

217 Dupont-Sommer, A., op. cit., p. 712.

218

simple. Le plus remarquable, c’est celui qui consiste à dégager dans l’inscription palmyrénienne les noms propres qui figurent dans l’inscription grecque correspondante. 219

Le grand philologue initie alors une méthode qui sera reprise par tous les grands déchiffreurs qui lui succédèrent, inaugurant une ère de grandes découvertes de langues et par delà de civilisations orientales. Ce succès permit à l’abbé

Barthélemy de devenir le chef de file et l’inspirateur de nombreux grands

orientalistes et donna une forte impulsion à la philologie orientale qui brilla par la suite en France. Outre la grande considération qu’il lui octroya, ce triomphe sur une langue ancienne au déchiffrement de laquelle beaucoup s’étaient escrimés en

vain, lui donna des avantages plus prosaïques :

La brillante réussite du déchiffrement de l’alphabet palmyrénien fit de l’abbé Barthélemy l’une des personnalités les plus marquantes de l’Académie. […] Les circonstances le firent rapidement avancer dans sa carrière : M de Boze étant mort en 1753, Barthélemy, son collaborateur assidu et dévoué depuis dix ans, fut nommé à sa place garde du Cabinet des Médailles du roi.220

L’homme put ensuite passer un long séjour en Italie et découvrir les merveilles de ce pays et s’intéressa également largement à l’hellénistique, sans pour autant

jamais négliger ses premières amours orientales. Puis, partant d’ « une inscription bilingue de Malte, en phénicien et en grec, gravée identiquement sur deux bases

de marbre qui supportaient chacune une colonne décorée de feuilles d’acanthe à sa partie inférieure »221, l’abbé renouvela l’exploit qu’il avait accompli sur l’araméen

concernant le phénicien en prononçant les sobres Réflexions sur quelques monuments phéniciens et sur les alphabets qui en résultent222devant l’Académie

le 12 avril 1758. Continuant sa vie d’érudit en tant que Chef du Cabinet des Médailles, l’homme exerça une influence considérable dans la perception des

langues anciennes orientales en participant à leur renaissance. Il offrit une méthode et de vastes perspectives à ses successeurs, qui lui en surent gré en se réclamant inlassablement de son héritage.

Le modèle du grand orientaliste diffusé par la figure de l’abbé Barthélemy, « héros » de la philologie du dix-huitième siècle, trouve de nombreux échos dans

219 Id., p. 713.

220

Id., p. 715.

221 Id., p. 709.

222 Barthélemy, Jean-Jacques, « Réflexions sur quelques monuments phéniciens et sur les alphabets qui en résultent », in Mémoires de l’Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres,

la société savante du siècle suivant. En effet, la France du dix-neuvième siècle se constitue un incroyable vivier de talents philologiques au milieu duquel émergent

des orientalistes d’exception, auteurs de grandes découvertes encore gravées dans

la mémoire collective. Ce foisonnement n’est évidemment possible que grâce à l’intérêt porté à l’orientalisme par la société du siècle des Lumières et par la mise en place d’une éducation solide, tant au niveau des langues classiques qu’à celui des langues orientales. Ainsi, l’Ecole des langues orientales comme le Collège de

France formèrent-ils de talentueux philologues qui, par la suite, mirent en place

d’autres institutions afin de moderniser l’enseignement de la philologie orientale

qui peinait à garder le niveau face aux nombreuses avancées du siècle. Jean-François Champollion, que nous évoquerons également parmi les précurseurs de

l’archéologie223, demeure le plus célèbre des philologues aujourd’hui connus.

Déjà, dès son jeune âge, il montra des prédispositions tout à fait exceptionnelles dans le domaine des langues :

Jean-François Champollion, lui, était né à Figeac, le 23 décembre 1790, d’une famille originaire du Dauphiné. La Révolution était déjà commencée. Il passa son enfance dans le Quercy, puis son adolescence à Grenoble, où il suivit les cours du lycée récemment créé ; il se montra un élève exceptionnellement doué et studieux, ajoutant dès l’âge de treize ans à l’apprentissage du latin et du grec l’étude passionnée des langues et des écritures de l’Orient : l’hébreu, le syriaque et le copte […] mais c’et l’Egypte, l’ancienne Egypte qui attire surtout le jeune lycéen.224

Extrêmement précoce, avec des aptitudes rares et un penchant puissant vers

l’Orient, le jeune homme poursuit naturellement son cursus auprès des grands maîtres de l’orientalisme que nous avons évoqués :

Il suit assidûment les cours du Collège de France et ceux de l’Ecole nationale des Langues orientales vivantes, étudiant sous la direction de maîtres éminents, tels que Silvestre de Sacy, l’hébreu, le chaldéen, le syriaque, l’arabe, l’éthiopien, et surtout le copte, cette langue des chrétiens d’Egypte dont il suppose à juste titre, comme faisait déjà Barthélemy au XVIIIe siècle, qu’elle est le prolongement de la langue même de l’Egypte antique.225

223

Voir partie I, II, B, 2.

224 Dupont-Sommer, André, « Champollion et l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres », in

Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 116e année, n°3, 1972, pp. 544-556, p. 546.

225

Approfondissant le plus possible sa connaissance du copte et de l’Egypte et

communiquant sur ses résultats226, Champollion s’attaqua enfin à la pierre de

Rosette, clef du mystère des hiéroglyphes mais qui gardait encore son secret alors que dès sa découverte en 1799 elle fut « par son trilinguisme, immédiatement ressentie comme le monument qui doit apporter la solution. Isaac Silvestre de Sacy et le suédois Jean-David Akerblad (1760-1819) entreprennent d’élucider le

texte démotique et isolent les groupes de caractère correspondant aux noms propres. Mais, malgré ces premiers résultats, tous deux renoncent à aller plus loin

et c’est Thomas Young qui, en 1814, reprend les recherches »227. Le déchiffrement des hiéroglyphes ne fut acté que lorsque Champollion lut, le 27

septembre 1822, devant l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres la Lettre à Monsieur Dacier228 puis lorsqu’il eut rédigé le Précis du système hiéroglyphique229 qui expliquait ses conclusions. Il devint alors un héros de la

philologie, ce qui lui ouvrit les portes d’une brillante carrière, trop tôt brisée230

.

On peut citer aussi parmi d’autres Eugène Burnouf, fils de Jean-Louis Burnouf231 le grand helléniste, professeur de sanscrit au Collège de France par qui « la science de la Perse est chose française » 232, qui se lança dans l’interprétation des

cunéiformes et déchiffra la langue Zend et traduisit « en 1836 les inscriptions trilingues du mont Elvend, copiées par Henry Rawlinson, et établit un alphabet de trente-trois signes » 233 qu’il exposa dans le Mémoire sur deux inscriptions cunéiformes trouvées près d’Hamadhan234

. Les philologues français sont de plus en plus productifs grâce aux aides institutionnelles avec la fondation de l’Ecole

des chartes en 1807 qui « devient rapidement le centre des études d’érudition

historique »235, avec la Société asiatique qui ouvre des crédits pour des expéditions lointaines permettant aux philologues de trouver de nouvelles

226 Id., p. 548.

227

Gran-Aymerich, E., op. cit., pp. 76-77.

228 Champollion, Jean-François, Lettre à Monsieur Dacier, relative à l'alphabet des hiéroglyphes

phonétiques employés par les Égyptiens pour inscrire sur leurs monuments les titres, les noms et les surnoms des souverains grecs et romains, Firmin-Didot père et fils, Paris, 1822.

229 Champollion, Jean-François, Précis du système hiéroglyphique, ou Recherches sur les éléments premiers de cette écriture sacrée, Treuttel et Würtz, Paris, 1824.

230 Champollion est mort à l’âge de 42 ans.

231 Jean-Louis Burnouf (1775-1844), grand philologue de l’hellénisme.

232

Gran-Aymerich, E., op. cit., p. 61.

233 Id., p. 69.

234 Burnouf, Eugène, Mémoire sur deux inscriptions cunéiformes trouvées près d’Hamadhan,

Paris, 1836.

235

méthodes et de nouveaux objets d’étude, ou encore avec la création de l’école française d’Athènes en 1846 qui vise à « assurer des cours et répandre en Orient

l’influence française »236. Ainsi, la philologie étend son domaine par le talent et les encouragements de l’Etat français, même si l’on est encore loin de la formation allemande dans le domaine universitaire. C’est ce à quoi souhaite

remédier un autre formidable orientaliste du dix-neuvième siècle, produit de toutes les avancées que nous avons évoquées. Ernest Renan, formé solidement à Saint-Sulpice, particulièrement brillant, « a eu la révélation des sciences historiques et de la philologie en se mettant à l’école de l’Allemagne et a, très tôt, conscience de l’urgente nécessité de développer les études philologiques.

237

C’est pourquoi il rédige en 1848, L’Avenir de la science238

, « véritable « défense et illustration » de la philologie »239. Il sera d’autre part le fondateur en

1867 du Corpus Inscriptionum Semiticarum240 suite à la grande expédition de

Phénicie, ainsi que l’auteur d’une célèbre histoire raisonnée et analytique de la

religion connue sous le titre d’Histoire des origines du christianisme241

. Ernest Renan est particulièrement représentatif de l’évolution de la philologie au

dix-neuvième siècle dans le domaine oriental puisqu’il réfléchissait autant sur le contenu de la matière qu’il travaillait que sur la manière de le diffuser au plus

grand nombre. Il est également, comme ses collègues, très proche de l’archéologie en employant des techniques qui tiennent autant à la philologie qu’à cette

dernière. La philologie orientale apparait donc comme une matrice importante de la diffusion scientifique et de la compréhension des sources et des civilisations anciennes. Elle est à ce titre indispensable à la compréhension qu’auront les auteurs de la période romantique sur l’Antiquité romaine, puisqu’elle offrira un

nouvel éclairage à cette civilisation perdue.

236 Chevalier, J.-C., op. cit., p. 157.

237 Gran-Aymerich, E., op. cit., p. 141.

238 Renan, Ernest, L’Avenir de la science, pensées de 1848, Calmann-Lévy, Paris, 1890.

239

Gran-Aymerich, E., op. cit., p. 141.

240 Renan, Ernest, Rapport fait à l'Académie des inscriptions et belles-lettres par la Commission

spéciale chargée de l'examen du projet d'un Corpus inscriptionum semiticarum, Institut impérial

de France, Paris, 1870.

241