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L’invention du « roman peplum » ?

II. L’Antiquité et ses genres

B. L’évolution du modèle romanesque

1) L’invention du « roman peplum » ?

La très riche production romanesque d’Alexandre Dumas montre que

l’auteur porta un intérêt tout particulier à l’antiquité latine. Acté est le premier

roman qui réponde aux critères de ce qu’on pourrait appeler un « roman peplum », c'est-à-dire à un roman historique romanisant. Comme beaucoup d’œuvres du dix

-neuvième siècle en général et d’Alexandre Dumas en particulier, Acté fut publié en feuilleton1027. Le pré-original, parut sous le titre : Histoire d’un ténor Acté dans

La Gazette et Revue Musicale de Paris en 1837 puis dans La Presse sous le titre

Une nuit de Néron : Acté1028. La première édition en volume parut chez Dumont

en 1838 avec le titre conservé aujourd’hui Acté, sous titré Amour tragique de Néron1029. Les spécialistes d’Alexandre Dumas qualifient Acté d’ « étrange »1030,

sans doute car l’œuvre est particulièrement originale pour l’époque dans l’expression de l’antiquité. Le roman présente une jeune et belle Corinthienne nommée Acté. L’héroïne s’éprend du beau Lucius, grand vainqueur des jeux de

Corinthe, en compagnie duquel elle fuit pour Rome. Arrivant à Rome, elle

découvre avec stupeur et effroi que son bel amant n’est autre que l’empereur en

personne, Néron. Terrifiée par les débauches de la cour, elle fuit et rencontre fortuitement Paul, qui la convertit au christianisme. Puis Paul meurt en martyr. Arrêtée à son tour, Acté se présente dans l’Arène avec Silas, compagnon de Paul, qui la défend jusqu’à la mort. Miraculeusement indemne, Acté trouve refuge dans

1027

Cfr Queffélec, L., op. cit.

1028 Frémy, Dominique, Schopp, Claude, Quid d’Alexandre Dumas, in Dumas, Alexandre, Mes

Mémoires, Vol II, Robert Laffont, (bouquins), Paris, 1989, p. 1406.

1029 Dumas, Alexandre, Acté : amour tragique de Néron, op. cit.

1030

les catacombes et n’en sort qu’afin d’offrir une sépulture à son amant décédé et qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. Puis, elle retourne au monde chtonien devenu le sien. Sans utiliser la même forme que dans Les Martyrs de Chateaubriand, Alexandre Dumas semble vouloir se placer dans la filiation de son illustre aîné

pour lequel il éprouvait tant d’admiration. La lecture des Poules de Monsieur de Chateaubriand dans les Mémoires1031 d’Alexandre Dumas ne permet pas de douter de l’admiration que l’auteur portait à au maître du romantisme. Avec cette

verve si caractéristique, Dumas professe « une religion d'enfance »1032 pour cet écrivain « dont le génie s'était écarté le premier du chemin battu, pour frayer à notre jeunesse littéraire la route qu'elle a suivie depuis »1033. D’ailleurs, lorsqu’il

le rencontre en exil à Lucerne, il trouve en lui « la lucidité de l'homme de génie qui pénètre au fond des choses, et de l'homme qui estime à leur valeur les convictions et les intérêts, et qui ne s'illusionne sur rien »1034. L’homme « à la fois simple et grand »1035 écrase de « cette immense supériorité »1036 un auteur pourtant célèbre comme Alexandre Dumas. Il est bien évident que Dumas ne fut

pas, à l’instar de son illustre prédécesseur, un représentant des doctrines de la religion catholique, mais il n’en demeure pas moins évident que le choix de son

sujet, si proche de celui des Martyrs, c'est-à-dire une « époque historique de l’alliance des deux religions »1037, montre que Dumas fut particulièrement influencé par ce texte. Tout en évacuant la dimension épique des Martyrs, synonyme de manichéisme, et en choisissant une période différente, Alexandre Dumas se rapproche de Chateaubriand puisqu’il utilise les symboliques chrétiennes et païennes, les mélange, et fait ressortir la beauté de l’une au détriment de la laideur de l’autre. Le texte peut être considéré comme une matrice

de roman antiquisant. En effet, l’exploitation de l’antiquité familière par la scène

des bains, du mariage et de la superstition1038, est devenue une des règles du roman peplum, dont les réjouissances romaines sont des topoï. Ainsi, Alexandre Dumas présente la première course de chars de la littérature1039 mais il exploite

1031 Dumas, A., Mes mémoires, Vol. II, op. cit., pp. 900-905.

1032 Id., p. 900. 1033 Id., pp. 900-901. 1034 Id., p. 901. 1035 Id., p.903. 1036 Id., p. 901.

1037 Chateaubriand, F.-R., (vicomte de), Les Martyrs, op. cit., p. 29.

1038 Voir Dumas, A., Acté, op. cit., pp. 96-101 ; pp. 211-212. ; p. 39.

1039

également les jeux du cirque, les orgies, thème très en vogue, et la scène de martyre1040 qui inspirera nombre de successeurs. Il faut également noter que

l’intérêt d’Alexandre Dumas pour l’antiquité s’exprime par l’entremise d’autres romans qui présentent moins d’originalité. En 1853, il écrit Isaac Laquedem ou Le Roman du juif errant1041, dont la publication fut interrompue par la censure impériale. Ce roman utilise la légende du Juif errant, un damné souvent présenté

sous le nom d’Ahasvérus1042 afin d’une faire «le témoin de l’histoire des

hommes »1043. Cependant, cette œuvre ne traite que peu de l’antiquité romaine en

tant que telle. Alexandre Dumas s’essaye finalement à la biographie avec un

César, extrait de sa série Les Grands hommes en robe de chambre1044 en 1855 et

Les Mémoires d’Horace1045

, autobiographie fictive d’Horace publiée en 1860. Ces deux textes sont une reprise romancée de l’histoire romaine et utilisent les grands thèmes de la vie quotidienne romaine exploités par l’auteur dans Acté. A ce titre

ils ne sont pas aussi importants dans l’évolution du modèle romanesque et dans la

constitution du roman antiquisant en tant que genre qu’Acté.

Devenue « la forme la plus prisée par le public de masse »1046 au dix-neuvième siècle, le romanesque va, à partir de 18361047, utiliser un nouveau mode de diffusion qui garantit son succès, le roman-feuilleton. Innovation introduite par Emile de Girardin pour le lancement de La Presse1048, puis suivi par son ancien collaborateur Armand Dutacq pour Le Siècle1049, la publication des romans en feuilletons connut un essor exceptionnel correspondant à l’essor de la presse de

masse. Alexandre Dumas avec Les Trois Mousquetaires1050, Le Comte de Monte-Cristo1051 ou encore La Reine Margot1052, Honoré de Balzac avec Splendeurs et

1040 Id., pp. 225-237 ; pp. 142-143 ; pp. 238-249.

1041

Dumas, Alexandre, Isaac Laquedem ou Le Roman du Juif errant, Librairie théâtrale, Paris, 1853 ; préfacé et annoté par Claude Aziza, Les Belles Lettres, Paris, 2005.

1042 Le thème du Juif errant est très fertile dans la littérature avec par exemple : Quinet, Edgar,

Ahasvérus, Ad. Guyot, Paris, 1833 ; Sue, Eugène, Le Juif errant, op. cit., Von Chamisso, Le Nouvel Ahasvérus, 1831 ; …

1043 Aziza, Claude, présentation, p. IX, in Dumas, A., Isaac Laquedem, op. cit.

1044

Dumas, Alexandre, César, in Les Grands hommes en robe de chambre, A. Lebègue, Bruxelles, 1855.

1045 Dumas, Alexandre, Les Mémoires d’Horace, Le Siècle, Paris, 1860 ; présentation et commentaires de Claude Aziza, Les Belles Lettres, Paris, 2006.

1046 Queffélec, L., op. cit., p. 4.

1047 Ibid.

1048

Id., p. 11.

1049 Id., p. 12.

1050 Dumas, Alexandre, Les Trois Mousquetaire, Le Siècle, 14 mars-14 juillet 1844.

1051 Dumas, Alexandre, Le Comte de Monte-Cristo, Le Journal des débats, 1845.

1052

misères des courtisanes1053, La Cousine Bette1054 ou Le Cousin Pons1055,

connurent un immense succès en tant que feuilletonistes. Si l’on trouve beaucoup de romans de mœurs contemporaines dans la production feuilletonesque, « le roman historique est le genre prédominant »1056 et il offre quelques textes

d’inspiration romanisante. De juin 1842 à octobre 1843, Eugène Sue publia dans

Le Journal des Débats le roman feuilleton demeuré le plus célèbre, Les Mystères de Paris1057, puis du 26 juin 1844 au 26 aout 1845, il fut consacré par le succès dans Le Constitutionnel du Juif errant1058. C’est toujours auréolé de cette gloire qu’Eugène Sue publie en 1849, en livraison illustrée, sa « dernière grande

œuvre »1059 intitulée Les Mystères du peuple, sous-titré explicitement Histoire d’une famille de prolétaires à travers les âges1060

. Ce texte, dont la nette visée politique sera exploitée par ailleurs1061, nous intéresse à travers les parties II à V qui traitent des rapports entre les Gaulois et les Romains et offrent une vision très intéressante de Rome. La seconde partie du texte, La Faucille d’or ou Hêna la vierge de l’île de Sên relate le sacrifice de Hêna, vierge de l’île de Sên, fille de

« JOEL, le brenn de la tribu de Karnak »1062 afin de favoriser les Gaulois dans la guerre contre les troupes de César. Dans La clochette d’airain ou le chariot de la mort, l’auteur expose les conséquences de la guerre des Gaules pour les descendants de Joel à savoir l’esclavage ou la mort. La quatrième partie de l’œuvre, Le collier de fer ou Faustine et Siomara est destinée à montrer la « dépravation ou férocité dont les esclaves des villes, de l’industrie ou des champs

étaient victimes »1063 à travers les portraits de Siomara et Sylvest, troisième génération depuis Joel. La cinquième partie marque un déplacement vers le Moyen-Orient et à ce titre, présente un moindre intérêt pour la représentation de Rome. Elle expose « la divine émancipation chrétienne » 1064comme l’indique son

1053 Balzac, Honoré (de), Splendeurs et misères des courtisanes, L’Epoque, 1846.

1054

Balzac, Honoré (de), La cousine Bette, Le constitutionnel, 1847.

1055 Balzac, Honoré (de), Le Cousin Pons, Le Constitutionnel, 1847.

1056 Queffélec, L., op. cit., p. 26.

1057

Sue, Eugène, Les Mystères de Paris, Le Journal des Débats, Paris, 1842-1843.

1058 Sue Eugène, Le Juif errant, Le Constitutionnel, Paris, 1844-1845.

1059 Queffélec, L., op. cit. , p. 41.

1060 Sue, Eugène, Les Mystères du peuple ou l’histoire d’une famille de prolétaires à travers les âges, Administration de librairie, 16 vol., Paris, 1849-1857 ; (Bouquin), Robert Laffont, Paris,

2003.

1061 Voir partie III, C, 3.

1062 Sue, E., Les Mystères du peuple, op. cit., p. 126.

1063 Id., p. 258.

1064

titre, La Croix d’argent ou Le Charpentier de Nazareth. Dès 1850, un auteur beaucoup moins célèbre, pour ne pas dire inconnu, Félix Deriège, publie dans Le Siècle, un roman feuilleton intitulé Les Mystères de Rome1065. Cette œuvre narre la

conjuration de Catilina vue par la modeste famille de Gurgès, « désignateur »1066, de sa fille Daphné et de son fils soldat prénommé Rutuba. Daphné « jeune, passionnée et par conséquent crédule »1067 succombe aux charmes de Lélius, scribe aux manières étrangement raffinées qui lui promet le mariage et délaisse

son jeune soupirant, Prosper. Très vite, rongée par d’horribles soupçons, elle découvre que son fiancé est en réalité Catilina et qu’il ne nourrit envers elle aucun projet d’union. Son frère Rutuba s’éprend de la riche matrone Sempronia « imbue de tous les vices, capable de tous les crimes »1068 qui convainc le jeune centurion de perpétrer un attentat contre Cicéron. L’attentat échoue et Rutuba s’aperçoit de

la duplicité de sa maîtresse qui avait fait alliance avec Catilina afin de renverser le grand orateur. Devenus orphelins (le père meurt prématurément de son alcoolisme) et tous deux déshonorés, Daphné et Rutuba tentent de se venger alors que Cicéron fait tomber les conjurés. Vengée par la mort de Catilina, Daphné épouse le jeune Prosper (fils naturel de Cicéron) alors que Rutuba se trouve nommé chevalier pour ses actes de courage auprès du général Pompée. On peut voir dans le titre choisi par Félix Deriège une volonté de s’attirer les faveurs des lecteurs des Mystères de Paris, déjà évoqués ou des Mystères de Londres1069 de Paul Féval publiés dans Le Courrier Français en 1843 sous le pseudonyme de Sir Francis Trolopp. Paul Féval, célèbre dès 1850, publia plus de soixante-dix romans entre 1850 et 1870 dont Le Bossu1070 ou Les habits noirs1071. Paul Féval a exploité le thème romanisant dans un texte intitulé Les Nuits de Parisque l’on trouve dans

le premier tome des Drames et récits nocturnes publié en 18551072. Ce texte

s’inspire, comme celui de Sue de la lutte entre Gaulois et Romains et offre une vision atypique de la Rome antique. La première nuit, intitulée Gaulois et Romains narre l’histoire de deux jeunes époux Guella et Ar-Bel, en butte à la jalousie du centurion Corvinus et victimes de leur attirance envers les deux favoris

1065 Deriège, Félix, Les Mystères de Rome, Le Siècle, Paris, 1850.

1066 Id., p. 4.

1067 Id., p. 15.

1068

Id., p. 52.

1069 Féval, Paul, Les Mystères de Londres, Comptoir des imprimeurs unis, Paris, 1844.

1070 Féval, Paul, Le Bossu, Office de publicité, Bruxelles, 1857.

1071 Féval, Paul, Les habits noirs, L. Hachette, Paris, 1863

1072

de César sur toile de fond de la lutte entre César et « les parisiens »1073. La seconde nuit, Le palais des Thermes traite de la prise de pouvoir de Julien

l’Apostat et des différentes manœuvres politiques mises en œuvre. Ces trois textes

répondent bien à la définition générique du roman-feuilleton : tous trois relèvent en effet bien « d’une conception dramatique du roman »1074, tout autant par les « tableaux vrais et variés »1075 qu’ils offrent que par la «recherche de l’effet »1076 c'est-à-dire par les « coups de théâtre, suspense, rebondissements, contrastes entre

lumière et ténèbres (de l’âme et de la société) » extrêmement nombreux dans les textes. Le chapitre XI de la troisième partie des Mystères de Rome en offre un exemple flagrant : la magicienne engagée par Sempronia afin d’empoisonner son

amant refuse car « c’était bien en effet Rutuba qui avait séduit Canidia cinq ans auparavant et l’avait quittée pour aller servir la République en Asie. Mais il se crut sur le coup victime d’une hallucination épouvantable, tant il y avait de différence entre la fraîche jeune fille qu’il avait délaissée et l’être ignoble qui se

présentait à lui »1077. Mais alors que Rutuba, sauvé par son ancienne maîtresse

s’apprête à frapper Sempronia, celle-ci « poussa un ressort qu’un artiste habile avait caché dans une des moulures de son lit [….] » et « femme et divan tout avait disparu. »1078 Par ailleurs, comme le souligne Lise Queffélec « malgré une

intrigue souvent complexe et démultipliée, qui permet d’embrasser dans la représentation sociale et historique une plus vaste étendue, l’action a le plus

souvent un seul axe directeur : c’est la geste du héros »1079. Chacun de ces textes

répond à cette définition, les intrigues souvent d’une grande complexité restent cependant assujetties aux actions des héros, même s’ils sont différents selon les

âges comme dans Les Mystères du peuple, qui présentent tout de même une continuité dans les souffrances endurées par les différentes générations de la famille avec une fierté bretonne jamais entamée.

Parallèlement à la vogue du roman feuilleton et sous l’influence des Martyrs de Chateaubriand, un certain nombre d’auteurs vont tenter d’exprimer leur

1073 Féval, P., Les Nuits de Paris, op. cit., p. 8.

1074 Queffélec, L., op. cit., p. 26.

1075

Id., p. 27.

1076 Ibid.

1077 Deriège, F., op. cit., p. 107.

1078 Id., p. 108.

1079

« philosophie catholique de l’histoire »1080 dans ce que Marie-France David appelle des « romans antiques chrétiens »1081. Dès les années 1840 « la littérature de propagande chrétienne s’était emparé [...] de la période de transition entre le

paganisme et le christianisme »1082 et elle offre une foisonnante production,

passant souvent par la traduction ou l’adaptation de récits britanniques. Dans ces

ouvrages, la visée est très nettement apologétique et didactique puisqu’il s’agit

avant tout « d’inculquer des préceptes moraux »1083. Sur le modèle de Chateaubriand, « les conflits du christianisme et du paganisme ainsi que la peinture dithyrambique de la religion chrétienne fournirent d’intarissables sujets d’inspiration »1084 et particulièrement les règnes des empereurs qui ordonnèrent des persécutions. En 1834, paraît en France la traduction des Derniers jours de Pompéi1085 de Bulwer-Lytton. Ce texte connaît un succès fulgurant en représentant « l’impasse morale de Rome et les vérités chrétiennes qui vont permettre d’en sortir »1086 lors de l’éruption symbolique du Vésuve. Mais il ne s’agit pas à proprement parler d’une « littérature chrétienne de propagande »1087 car Bulwer-Lytton est avant tout considéré comme un des maîtres du roman

historique en tant qu’« héritier reconnu de Walter Scott »1088. Dès 1840, Adrien Lemercier1089 offre une adaptation moralisante du texte augmentée d’une édulcoration des passages jugés trop licencieux avec « l’approbation de Mgr l’archevêque de Tours » dans la collection de la Bibliothèque de la jeunesse chrétienne. La production de récits chrétiens s’accélère alors. En 1835, le Baron

Alexandre Guiraud publie Flavien ou de Rome au désert1090 qui relate les

pérégrinations de Flavien, riche romain, à travers tout l’Empire et sa conversion érémitique sur fond d’anarchie militaire et de complots politiques. On peut

1080 Guiraud, Alexandre, Flavien ou de Rome au désert, 4.Tomes, Librairie D’Amyot, Paris, 1845, p. XV.

1081 David, M.-F., op. cit., p. 13.

1082

Ibid.

1083 Id., p. 14.

1084 Id., p. 17.

1085

Lytton, Bulwer, Edouard, George, Les Derniers jours de Pompéi, édition revue par M. Amédée Pichot, Fournier, Paris, 1834.

1086 Blix, Göran, « Les lendemains de Pompéi : Bulwer-Lytton et l’archéofiction française », in La Plume et la Pierre, l’écrivain et le modèle archéologique au 19ème

siècle, sous la direction de Martine Lavaud, Lucie éditions, Nîmes, 2007, pp. 61-80., p. 66

1087

David, M.-F., op. cit., p. 14.

1088 Blix, G., op. cit., p. 63.

1089 Lemercier, Adrien, Les Derniers jours de Pompéi, imité de Bul er, (bibliothèque de la jeunesse chrétienne), A. ame et C , Tours, 1840.

1090

également citer Hypathia ou le triomphe de la foi de Charles Kingsley, traduit en français en 1853 par Clément Drouault1091, publié dans la collection de la

Bibliothèque des familles dirigée par l’abbé Orse. Il s’agit de la longue confession de l’ermite Isaac à Jean d’Antioche. Isaac a été exilé de sa terre, sorte de paradis

terrestre pour avoir contesté les règles de sa communauté. Réfugié à Alexandrie, il

tombe sous les charmes D’Hypathia et de sa doctrine païenne. Revenu sur ses erreurs après la conversion et le lynchage de sa belle, il tente de réintégrer le foyer

paternel. Son père, implacable le condamne à une vie d’errance. En 1854, paraît le

texte le plus emblématique de cette mouvance, à savoir Fabiola ou l’Eglise des catacombes1092 du Cardinal Wiseman. L’ouvrage « devint bien vite un modèle incontesté »1093 et fit des émules dans la seconde moitié du siècle. Ainsi lors de la création de collections de romans antiques chrétiens dans les années 1860, « le titre de « collection Fabiola » porté par l’une d’elles reconnaît explicitement la

paternité du genre au cardinal Wiseman »1094. L’œuvre relate la trajectoire de la

« fière, hautaine, impérieuse et colère »1095 patricienne Fabiola. La jeune femme va aspirer à la religion chrétienne suivant le modèle de sa jeune cousine, la douce et tendre Agnès1096 et de sa servante Syra au caractère éminemment généreux.

Après avoir vu mourir tous ceux qu’elle aime et particulièrement Agnès, sous les persécutions de Dioclétien, elle se convertit au christianisme et vit alors une longue vie de sainteté au service des autres chrétiens. Toujours dans la même veine, paraît en 1857, Callista ou tableau historique du troisième siècle1097 de Newman, « docteur en théologie, recteur de l’université catholique de Dublin, supérieur de l’oratoire de Birmingham, etc. », avec « l’approbation de l’archevêché de Malines ». C’est « vers 236 »1098, c'est-à-dire au moment de la persécution de Dèce, en « Afrique Proconsulaire »1099, précisément à Sicca que se

développe l’intrigue. L’éponyme du texte n’en n’est pas la seule héroïne puisqu’il

1091

Kinksley Charles, Hypathia, ou le Triomphe de la foi, par M. Clément Drouault, (bibliothèque de la famille), A. Le Clerc, Paris, 1853.

1092 Wiseman, Nicholas Patrick, Fabiola, or the Church of the catacombs,, Burns and Lambert, London 1854 ; Fabiola ou l’église des catacombes, traduction nouvelle par Mlle Nettement, Garniers frères, Paris, 1895.

1093 David, M.F., op. cit., p. 17.

1094 David, Marie-France, Antiquité latine et décadence, Honoré Champion, Paris, 2001, p. 18.

1095 Wiseman, N.P., op. cit., p. 23.

1096

Qui a pour modèle sainte Agnès.

1097 Newman, R.P., Callista ou tableau historique du troisième siècle, traduit de l’anglais par l’abbé A. Goemaere, H. Goemaere, Bruxelles, 1857.

1098 Newman, R.P., op. cit., p. 21.

1099

s’agit, du destin croisé d’Agellius, jeune chrétien en manque de repère qui

retrouve le chemin de la foi et devient évêque de Sicca, de son frère Juba,