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De nombreuses recherches soulignent l’influence du contexte social et physique sur la fr´equence et la qualit´e des interactions sociales entre les enfants. L’efficacit´e et l’ad´equation des comportements sociaux des enfants et les buts qu’ils poursuivent dans les ´echanges sociaux d´ependent beaucoup des caract´eristiques de l’entourage (Odom, Brown, Schwartz, Zercher, & Sandall, 2002 ; Fontaine, 2005 ; Ivory & McCol-lum, 1995 ; Baileyet al., 1993). Ces influences contextuelles peuvent ˆetre regroup´ees en quatre cat´egories : (1) le contexte spatial et l’organisation de l’espace, (2) le mat´ e-riel et les jouets qui sont `a disposition pour les enfants, (3) les activit´es auxquelles les enfants participent, et (4) la composition du groupe, donc les pairs qui sont pr´esents (Sainato & Carta, 1992).

1.4.1 Le contexte spatial

Plusieurs recherches ont d´emontr´e que la taille de l’espace dans lequel les enfants jouent et la densit´e des enfants qui jouent dans cet espace ont une influence sur les interactions sociales de ces derniers. Par exemple, Fagot (1977) a d´emontr´e que les enfants, dans un espace dense, ´etaient beaucoup plus impliqu´es dans des interactions sociales positives qu’un groupe d’enfants avec plus d’espace `a disposition4. Cepen-dant, selon Sainato et Carta (1992), si les enfants ont trop d’espace, les interactions entre eux diminuent. D’autres recherches, comme celle de Bailey et collaborateurs, ont montr´e quant `a eux que trop d’enfants dans un espace limit´e augmentent la probabilit´e des comportements perturbants et agressifs (Bailey, Clifford & Harms, 1992, cit´e par Conroy, Davis, Fox, & Brown, 2002). Une analyse spatiale de Brown et coll`egues (1987, cit´e par Brown & Conroy, 2002) a d´emontr´e qu’une consid´eration de l’arrangement de l’espace (par exemple la division d’un espace dans des zones d’activit´es) peut soutenir la proximit´e entre les enfants et augmenter la sensibilit´e `a des initiations des camarades.

1.4.2 Le mat´eriel

Le type de mat´eriel et le nombre de jouets accessibles aux enfants sont des m´ e-diateurs importants et peuvent plus ou moins stimuler les interactions positives ou n´egatives entre les enfants. Les chercheurs distinguent souvent les«jouets sociaux» des« jouets solitaires»(Brown & Conroy, 2002). Les jouets sociaux qui renforcent les coordinations et interactions sociales sont, par exemple, des ´equipements larges

4. N´eanmoins, l’espace plus petit a eu des effets sur les strat´egies des ´educateurs : ils ont plus structur´e les activit´es et ont plus dirig´e les comportements des enfants.

Cadre th´eorique

comme des toboggans, des ´equipements de grimpe et des ballons ainsi que des jouets qui facilitent le jeu sociodramatique (comme des poup´ees, des dinettes, des d´ eguise-ments, des maisons de poup´ees, etc.) (Beckman & Lieber, 1992 ; Brown & Conroy, 2002). Une recherche de Fontaine (2005) avec une approche « d’´ecologie d´ evelop-pementale », d´evelopp´ee par Wohlwill (1980, cit´e par Fontaine, 2005), analyse les effets diff´erenci´es de deux types de mat´eriel de jeux : des jouets moteurs (ballons, blocs de mousse ou de bois, balancelles, engins roulants, toboggan etc.) et des jeux de manipulation (puzzles et jeux d’emboitement sur des tables). En observant 29 enfants de 19 `a 38 mois, dans deux sessions avec des jeux de manipulation et deux sessions avec des jeux moteurs, Fontaine a trouv´e que les jeux de manipulation in-citent beaucoup plus au jeu parall`ele ou solitaire. Les jeux moteurs quant `a eux, ont amen´e les enfants `a beaucoup plus s’observer et `a interagir ensemble. Les interac-tions avec des jeux moteurs ´etaient aussi plus amicales et plus d´evelopp´ees qu’avec les jeux de manipulation.

D’autres recherches ont d´emontr´e l’effet de la quantit´e et du nombre d’exem-plaire du mˆeme objet : un nombre plus ´elev´e d’´equipements et de jouets diminue les contacts et les ´echanges entre les enfants et entraˆıne une partition du groupe en sous-groupes (Smith & Connolly, 1986, cit´e par Fontaine, 2005). Par contre quand les enfants disposent de plusieurs exemplaires du mˆeme jouet, les interactions posi-tives, l’int´erˆet pour le camarade et les interactions imitatives augmentent fortement (Nadel, 1986, cit´e par Fontaine, 2005).

1.4.3 Les activit´es et la structuration des activit´es

La d´efinition de la structuration de l’activit´e varie beaucoup dans les diff´erentes recherches et en cons´equence les r´esultats sont souvent contradictoires (Sainato &

Carta, 1992). Certaines recherches indiquent que des activit´es moins structur´ees comme le jeu libre, le repas et le rangement provoquent plus d’interactions entre les enfants. En revanche, des activit´es plus structur´ees, comme les jeux de ma-nipulation ou ´ecouter une histoire diminuent les interactions (Sainato & Carta, 1992). Par contre, d’autres auteurs ´ecrivent que les enfants pr´esentant un handi-cap comme l’autisme, profitent des activit´es plus structur´ees pour interagir avec les pairs (McConnell, 2002). Des activit´es pr´ef´er´ees par les enfants et la pr´evisibilit´e de l’activit´e sont aussi des variables importantes pour l’apparition des interactions.

Pour les enfants en situation de handicap, des rituels et des activit´es routiniers fa-cilitent les ´echanges sociaux avec leurs camarades sans handicap (Odom, Brown, et al., 2002). Une recherche de DeKlyen et Odom (1989) indique que les activit´es structur´ees par les adultes, comme donner les r`egles du jeu, donner les th`emes et des

rˆoles pour un jeu, ont provoqu´e plus d’interactions sociales entre des enfants sans handicap et des enfants en situation de handicap.

De plus, le type de tˆache dans laquelle les enfants interagissent, influence les com-portements sociaux des enfants. Dans une recherche exp´erimentale, Gelb et Jacobson (1988) ont observ´e les interactions sociales entre 203 gar¸cons de 4`eme primaire aux Etats-Unis. Ceci dans le but d’analyser l’effet du type de la tˆache (comp´etitive versus coop´erative) sur les interactions entre des enfants impopulaires et des enfants moyen-nement populaires, ainsi que sur leurs comportements. Les r´esultats ont indiqu´e que les enfants impopulaires ainsi que leurs pairs ont d´emontr´e plus de comportements sociaux positifs (par exemple plus de d´eclarations d’accord et de reconnaissance) dans la tˆache coop´erative et plus de comportements n´egatifs (par exemple rompre les r`egles) dans la tˆache comp´etitive. Il y avait une atmosph`ere plus d´etendue, moins de comportements d´erangeants des enfants impopulaires et plus de tol´erance par les camarades dans la tˆache coop´erative.

1.4.4 La composition du groupe

De nombreuses recherches soulignent l’importance de l’interaction avec des pairs comp´etents, sensibles et avanc´es au niveau des comp´etences sociales, afin d’am´eliorer les comp´etences des enfants d´emontrant des difficult´es (McConnell, 2002 ; Beckman

& Lieber, 1992 ; Odom, Zercher,et al., 2002 ; Brown & Conroy, 2002). Les enfants en situation de handicap interagissent plus avec des camarades sans handicap, imitent leurs comportements et jouent `a des jeux plus matures au niveau cognitif qu’avec d’autres pairs en situation de handicap (Beckman & Lieber, 1992). La familiarit´e, l’ˆage et le sexe des pairs influencent aussi le niveau du jeu et la qualit´e des ´echanges entre les enfants. Avec des camarades familiers, les enfants s’engagent dans plus de jeux complexes et sociodramatiques et dans plus d’interactions sociales (Sainato &

Carta, 1992). Les enfants interagissent aussi plus avec des camarades du mˆeme ˆage (moins d’un an de diff´erence). Avec des pairs plus jeunes, les enfants d´emontrent plus de comportements d’aide et les pairs plus jeunes d´emontrent plus de comportements de recherche d’assistance envers des pairs plus ˆag´es (Whiting & Whiting, 1975, cit´e par Sainato & Carta, 1992). Pour des enfants avec des difficult´es au niveau des comp´etences sociales, comme par exemple des enfants autistes, la pr´esence de pairs plus ˆag´es est un facteur important qui augmente les interactions sociales. En effet, ces pairs initient beaucoup plus d’interactions et r´epondent plus sensiblement aux initiations des enfants en difficult´e (McConnell, 2002). Les enfants en ˆage pr´escolaire d´emontrent d´ej`a une pr´ef´erence du jeu avec des camarades du mˆeme sexe. Les jeux associatifs et coop´eratifs, mais aussi les comportements sociaux n´egatifs apparaissent beaucoup plus entre des partenaires de jeu du mˆeme sexe (Sainato & Carta, 1992).

Cadre th´eorique

2 Difficult´ es au niveau des comp´ etences sociales

2.1 Caract´eristiques des enfants avec de faibles comp´etences