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Les interventions plus cibl´ees sur les enfants ayant des difficult´es au niveau des comp´etences sociales que seul l’arrangement et l’adaptation de l’environnement, sont les Naturalistic Interventions selon le mod`ele hi´erarchique de Brown et collabora-teurs pr´esent´e plus haut (Brown et al., 2001). Ces interventions ne sont pas des instructions individualis´ees hors du groupe et du programme quotidien, mais ont lieu dans des situations d’interactions sociales qui apparaissent naturellement. Dans

ces situations, l’´educateur donne des soutiens ponctuels quand l’enfant en a besoin en utilisant des strat´egies comme fa¸conner, modeler et r´ecompenser des compor-tements ad´equats. Selon Brown et collaborateurs, les interventions naturalistiques typiques est l’Incidential Teaching of Social Behavior. En int´egrant diff´erentes litt´ e-ratures sur l’Incidential Teaching, Conroy et Brown (2002) proposent quatre ´etapes de l’implantation de celui-ci. Premi`erement, l’´educateur doit identifier les activit´es, surtout peu structur´ees, dans lesquelles l’enfant montre de l’int´erˆet et de l’engage-ment. Ensuite, l’´educateur doit inciter l’enfant `a communiquer et `a interagir dans une telle situation avec un ou plusieurs camarades. Le troisi`eme pas est de donner des soutiens concrets `a l’enfant, ainsi qu’aux camarades qui interagissent avec lui, en fa¸connant et en guidant des comportements et r´eponses sociaux. Finalement, il est important de donner des r´ecompenses et des feedback positifs `a l’enfant et aux camarades (Conroy & Brown, 2002).

Selon plusieurs auteurs, les strat´egies d’intervention dans les situations naturelles, dirig´ees directement par l’adulte vers l’enfant cible, sont avant tout l’encouragement syst´ematique des interactions ou des comportements sociaux, comme partager ou assister, et lerenforcement des initiations et r´eponses sociales positives (McEvoy et al., 1992 ; Brown & Conroy, 2002). L’adulte peut motiver l’enfant `a interagir avec les camarades `a l’aide d’invitations verbales ou `a l’aide de signaux visuels ou gestuels.

Suite `a des comportements qui r´esultent en une interaction entre l’enfant et un ou plusieurs camarades, l’´educateur peut f´eliciter l’enfant verbalement ou donner des r´ecompenses comme, par exemple, des autocollants des « smileys » (Asher et al., 1977 ; McEvoy et al., 1992). Plusieurs recherches ont affirm´e l’efficacit´e des tech-niques d’encouragement et de renforcement par les adultes sur l’augmentation des interaction entre les enfants (par exemple Odom & Strain, 1986, cit´e par Brown &

Conroy, 2002 ; ou Allen et al., 1964, cit´e par McEvoy et al., 1992). Une autre tech-nique de renforcement consiste `a accorder de l’attention `a l’enfant quand il interagit avec un pair et de l’ignorer quand il interagit avec un adulte (McEvoy et al., 1992 ; Brown & Conroy, 2002). Comme l’´etude de Fagot (1984), pr´esent´e au chapitre 2.2, l’a d´emontr´e, les r´eactions par l’adulte et surtout l’attention donn´ee suite `a certains comportements de l’enfant, ont une grande influence sur la stabilit´e ou la diminution ou mˆeme la disparation des comportements.

Malgr´e ces recherches qui montrent l’efficacit´e de ces strat´egies d’intervention, celles-ci peuvent pr´esenter ´egalement des points n´egatifs. Un enjeu important est la d´ependance de l’enfant aux encouragements et aux renforcements des adultes (Odom & Strain, 1986, cit´e par Brown & Conroy, 2002). Une ´etude de O’Connor (1972, cit´e par Asher et al., 1977) a d´emontr´e que les interactions sociales entre les enfants augmentent fortement quand elles sont renforc´ees par les adultes, mais d`es que le renforcement est arrˆet´e, les interactions r´egressent. Il est possible de

Cadre th´eorique

surmonter cet inconv´enient en incluant des m´ethodes de r´eduction syst´ematique des renforcements, mais cela demande un investissement de temps et d’entrainement important des ´educateurs (McEvoy et al., 1992). Un autre effet n´egatif possible de ce type d’intervention consiste en l’interruption des interactions entre les enfants en cours par ces interventions de l’adulte (Strain & Fox, 1981, cit´e par Brown &

Conroy, 2002).

Une strat´egie alternative pour augmenter les interactions entre les enfants, dans laquelle l’adulte n’interagit pas directement avec l’enfant en difficult´e, est le recours aux interventions m´ediatis´ees par les pairs. Dans ce type d’intervention, les ´ edu-cateurs encouragent et renforcent aussi certains comportements sociaux, mais ceux des pairs. Premi`erement, les ´educateurs donnent des le¸cons `a un ou plusieurs pairs comp´etents pour entraˆıner, avant tout, des strat´egies d’initiation d’interactions avec les enfants en difficult´e. Ensuite, dans des situations r´eelles, les ´educateurs encou-ragent et r´ecompensent les initiations par les pairs pour une certaine dur´ee (Brown &

Conroy, 2002). Les camarades apprennent aussi `a persister jusqu’`a ce qu’ils re¸coivent une r´eponse par l’enfant en difficult´e (McEvoy et al., 1992). Ces le¸cons d’entraine-ment peuvent inclure seuled’entraine-ment un ou plusieurs camarades (McEvoyet al., 1992) et peuvent inclure une p´eriode courte de quelques minutes d’apprentissage en dehors du contexte normal jusqu’`a plusieurs moments pendant la journ´ee dans des situations r´eelles (McConnell, 2002).

Les r´esultats de plusieurs recherches ont mis en ´evidence que les interventions m´ediatis´ees par les pairs peuvent fortement augmenter la fr´equence des interactions sociales entre les enfants en difficult´e et leurs pairs, et plus pr´ecis´ement les initiations par les pairs et les r´eponses par les enfants en difficult´e (McEvoyet al., 1992). Mal-gr´e ces effets positifs, certains chercheurs critiquent l’implication intense de l’adulte dans ces interventions. En cons´equence, ils ont examin´e d’autres proc´edures pour apprendre aux pairs des comportements sociaux d’initiation, par exemple par le mo-delage. Cette proc´edure se trouve ˆetre efficace et montre que des encouragements et renforcements pendant les interactions dans des situations de jeu libre apr`es l’entrai-nement ne sont pas n´ecessaires (Shaferet al., 1984, cit´e par McEvoyet al., 1992).

En comparant l’efficacit´e des interventions m´ediatis´es par les adultes avec des interventions m´ediatis´es par les pairs, Odom et Strain (1986, cit´e par McEvoyet al., 1992) ont conclu que les deux strat´egies d’intervention sont compl´ementaires dans l’augmentation des interactions entre des enfants en difficult´e et leurs camarades. Les interventions m´ediatis´es par les adultes augmentent avant tout les initiations par les enfants en difficult´e et les r´eponses des pairs. Par contre, les interventions m´ediatis´ees par les pairs augmentent les initiations des pairs et les r´eponses des enfants en difficult´e. Malgr´e ces r´esultats positifs, certains probl`emes restent : la d´ependance des enfants cibles ou des camarades `a l’encouragement et au renforcement intensif

des adultes, la n´ecessit´e d’avoir des ´educateurs bien form´es, ainsi que du temps (McEvoy et al., 1992). Le transfert et la g´en´eralisation des comportements appris dans d’autres contextes, avec des camarades moins comp´etents, restent aussi un challenge (McConnell, 2002), et le recours `a des pairs comp´etents est un ´el´ement essentiel pour une intervention efficace (McEvoyet al., 1992).