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l’ajournement d’une politique trop ambitieuse dans la ville de la sur-motorisation

2.1.2 Le PDU aixois : un avant-goût de l’intercommunalité

2.1.2.1 Le PDU aixois comme production d’expertise

2.1.2.1.2 L’expertise participante : une évolution des mentalités

Largement appréhendés par l’expertise savante, les transports en commun ont également trouvé un appui de taille auprès du public. En effet, alors qu’en matière de déplacements la logique prédominante était celle de l’automobile, l’affichage environnemental du PDU a généré une véritable émulation pour les modes alternatifs du côté associatif.

Outre les usagers qui se sont associés aux solutions avancées en matière de TC, les associations de parents d’élèves, a priori plus éloignées de la problématique PDU, ont forci le trait en corrélant indirectement le problème des transports à celui de l’urbanisme. Elles représentent une population touchée de plein fouet par le territoire fonctionnel aixois qui se caractérise par un hypercentre accueillant la quasi-totalité des services et des activités pour des périphéries de plus en plus éloignées vouées essentiellement à l’habitat. En effet, les établissements scolaires sont tous situés dans le centre historique et, pour y accéder de la périphérie, le mode le plus efficace reste la voiture. En d’autres termes, la mobilité quotidienne des parents d’élèves est largement dépendante de l’agenda scolaire de leurs enfants. Dès lors, « s’ils ont insisté sur l’amélioration des transports scolaires en vue de réduire les temps d’attentes » – telle que la proposition inscrite dans le document PDU d’une harmonisation des horaires TC et des entrées/sorties des établissements – « en regrettant l’absence d’écoles, collèges ou lycées proches de leur habitat, ils ont également mis le doigt sur une périphérie trop dépendante du centre »109. Alors que leur participation était due aux questions de pollution de l’air ou de sécurité routière (nuisant chacune à la santé de leur « chérubin »), leur intervention a, d’une part, pris la forme d’une demande TC en décalage avec leur discours initialement pro-VP et,

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Entretien avec Jacques Lengrand, adjoint au maire d’Aix-en-Provence délégué aux transports, à la circulation et à l’université, président des comités de pilotage et technique du PDU, le 30/11/00.

d’autre part, corroboré le débat des incohérences déplacement – urbanisme, débat a priori différé et, par le fait, peu solutionné par les techniciens.

Par ailleurs, le monde associatif a parachevé l’aspect modes alternatifs, originellement dédié au transports en commun, en l’élargissant aux modes doux. En effet, pour des raisons de budget, si le consortium de bureaux d’études retenu regroupait ATT, BETURE, ISIS et ALTERMODAL, ce dernier, expressément mandaté pour son expérience dans les modes doux, a disparu du panel initial avec son expertise et, comme nous l’avons vu précédemment, les techniciens ont essentiellement considéré le report modal vers les TC.

Ainsi, instauré en 1997 sous l’impulsion de Françoise Brassard, pour favoriser la mise en œuvre de la charte de l’environnement et avec pour mission d’établir une synergie entre les différents acteurs associatifs, institutionnels et socio-professionnels quant aux enjeux de l’environnement, l’Atelier de l’environnement s’est inscrit en tant que force de proposition et aide à la décision dans la démarche PDU afin de combler les carences en circulation douce.

Pour ce faire, un comité permanent, sous le nom de Réseau Vert, a été constitué. En vue d’étendre l’utilisation des modes doux aujourd'hui trop circonscrites aux loisirs, son rôle a été de recenser les opportunités et les besoins en matière de déplacements des piétons et des cyclistes comme mode complémentaire à la VP et au TC ou plus strictement comme alternative. Ce recensement a débouché sur la réalisation d’un manuel (le Livre Blanc) proposant une cartographie explicite des itinéraires piétons et vélos ainsi qu’une méthodologie d’aménagement détaillée et différenciée selon les secteurs traversés. De plus, les circulations douces y sont considérées comme le moyen de favoriser une urbanisation de proximité : « transférer un idéal d’habitat aujourd'hui porté sur la maison individuelle isolée, à la campagne et loin de la ville, vers un idéal porté sur l’habitat en quartier de ville, proche des équipements et des lieux de travail, où les facilités de liaisons et d’accès en modes doux sont synonymes de cadre de vie de qualité »110. En outre, marquant leur pertinence, si les propositions de l’Atelier de l’environnement sont pour la plupart inscrites par le document PDU,

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on retrouve également la cartographie soumise par le Livre Blanc. Par ce biais, l’AOTU concède une réelle reconnaissance à l’Atelier de l’environnement qu’il justifiera lui-même par « l’apport d’une approche fine de terrain que les élus et les techniciens n’ont pas »111.

Tout en accompagnant la prise en compte des TC dans la démarche PDU, la participation associative a donc permis la mise sur l’agenda de différents thèmes qui, d’une part, auraient été traités à la marge sans leur intervention et, d’autre part, ont entraîné un nouveau regard sur la suprématie VP. De plus, alors que l’expertise savante ne l’y incitait pas, l’expertise participante a su corréler la problématique transport à celle de l’urbanisme. Enfin, au vu des actions proposées dans le document PDU, si le plan de déplacements urbains aixois profite de la plus-value associative, c’est parce que « derrière un vernis environnemental, il a été considéré comme une méthode de travail, de réflexion et de concertation afin d’aboutir à un changement de mentalité »112.

Partant d’une culture zéro sur les déplacements, l’AOTU aixoise n’a peut-être pas rattrapé tout son retard en trois ans de PDU mais elle part sur des bases a priori en large décalage avec les coutumes aixoises. Outre le discours général qui ne se veut plus tout voiture, celui, sous-jacent, de l’intermodalité – caractérisée par les actions volontaristes en matière de TC, de stationnement ou encore de modes doux – donne du grain à moudre pour la mise en place de la communauté d’agglomération du Pays d’Aix instituée au 1er janvier 2001.

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Entretien avec Pierre Deschamps, coordonnateur du Réseau Vert, Atelier de l’environnement, le 30/11/00.

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Entretien avec Françoise Brassard, adjointe au Maire d’Aix-en-Provence déléguée à l’environnement, élue responsable du PDU.

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