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l’ajournement d’une politique trop ambitieuse dans la ville de la sur-motorisation

2.1.1 Le PDU d’Aix-en-Provence : un affichage environ nemental au secours des transports en commun

2.1.1.3 L’élaboration du PDU : une stratégie de retranchement

La consultation du préfet, des conseils municipaux, généraux et régionaux a été différée pour ne pas avoir à arrêter le projet PDU et, par voie de conséquence, à rentrer dans une procédure d’enquête publique trop proche des municipales de mars 2001. L’AOTU aixoise s’est ainsi protégée d’une confrontation populaire prématurée au vu de l’échéancier électoral. Clôturant l’événement PDU, cette stratégie de retranchement s’est révélée une conduite générale tout au long de l’élaboration.

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Entretien avec Jean-Luc Sidoine, chef de projet PDU, département planification et régulation urbaine de la ville d’Aix-en-Provence, le 30/11/00.

2.1.1.3.1 Un retranchement thématique

Sans revenir sur les enjeux aixois d’un affichage environnemental, il est intéressant de mettre en exergue la prudence de l’AOTU quant à la présentation du document. Cette dernière s’appuie régulièrement sur le plan régional pour la qualité de l’air (PRQA) et lorsque la DTA devient un référent c’est en tant que promotion du développement durable. De plus, l’exercice de style s’attache à introduire l’ensemble des propositions par le biais d’une accroche pollution atmosphérique. Monopolisant plus de la moitié du document, le diagnostic en est caractéristique. Il n’aborde les conditions de déplacements et de stationnement qu’après un large constat sur la dégradation de la qualité de l’air. Constat qu’il impute d’ailleurs à l’augmentation inquiétante de la pollution VP par opposition à une baisse tendancielle des émissions industrielles. Enfin, balisant sa démarche jusqu’au bout, outre le Porter à connaissance de l’Etat, le PRQA reste le seul document annexé au PDU.

2.1.1.3.2 Un retranchement décisionnel

« C’est pas ma faute ! » pourraient-ils dire à tour de rôle. De l’état des lieux aux propositions du PDU, jamais un responsable unique et direct n’est désigné. C’est au contraire une responsabilité partagée qui est affichée. D’une part, sur le plan de la configuration territoriale, le président des comités de pilotage et technique affirme que « les erreurs d’analyses de la DATAR, encourageant un système de transport en étoile autour de Marseille en oubliant le pôle secondaire d’Aix-en-Provence, ont fait perdre plus de dix ans à la planification locale »94 ou encore le directeur des études de l’agence d’urbanisme regrette « l’absence d’architecture institutionnelle supracommunale à laquelle devrait pouvoir se raccrocher une réflexion communale telle que celle du PDU »95. D’autre part, sur le plan des modalités d’actions, il n’y a pas un portage politique mais des portages politiques. Le maire ne s’est pas impliqué en personne dans la démarche, il en a délégué la responsabilité à plusieurs de ses adjoints. En effet, si c’est stratégiquement la direction de l’environnement qui a été choisie pour représenter le PDU, elle l’a piloté avec l’élu aux transports et elle a

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Entretien avec Jacques Lengrand, adjoint au maire d’Aix-en-Provence délégué aux transports, à la circulation et à l’université, président des comités de pilotage et technique du PDU, le 30/11/00.

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associé les délégués à l’économie et aux grands travaux. Ce groupuscule décisionnel, « se traduisant in fine par des élus qui ne portent pas forcément le même projet »96, contourne un portage mayoral franc et massif du PDU peut-être trop risqué au vu de ses diverses propositions sur la diminution du trafic automobile.

2.1.1.3.3 Un retranchement démocratique

« Aix-en-Provence attendait la nécessité de se mettre au boulot, l’Etat nous y a obligé et on l’a fait en concertation comme ça on n’était pas responsable »97. Cette déclaration, peut-être un peu réductrice au vu des différentes revendications reprises dans le projet de PDU, présente néanmoins la concertation comme un des bastions de la procédure. Outre les comités de pilotage et techniques, un comité dit consultatif a été mis en place. S’il permettait aux élus et aux techniciens de confronter les avis et les attentes de la société civile, il devenait également le lieu idéal pour faire « prendre conscience à la population de la difficile mise en œuvre d’une démarche telle que le PDU »98. De plus, très organisés, ces comités se sont attachés à ne pas mélanger les genres. D’une part, les participants ont été invités selon quatre groupes de travail distincts, d’autre part, ils n’ont jamais dialogué avec les bureaux d’études. C’est un comité restreint, composé des élus pilotes, de l’AUPA et du département planification et régulation urbaine, qui faisait le relais. Le chef de projet PDU dit que par cette démarche « les élus cherchaient avant tout à maîtriser ce qui allait ou pouvait se faire »99. Enfin, si les nombreuses réunions instituées par le PDU ont fait l’objet d’un essoufflement participatif, il ne pourra pas être reproché à la démarche son manque de volontarisme.

2.1.1.3.4 Un retranchement institutionnel

« On aurait pu faire passer le PDU mais face au périmètre des transports en commun et aux compétences de la future communauté d’agglomération il n’était plus

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Entretien avec Jacques Lengrand, adjoint au maire d’Aix-en-Provence délégué aux transports, à la circulation et à l’université, président des comités de pilotage et technique du PDU, le 30/11/00

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Entretien avec Jean-Luc Sidoine, chef de projet PDU, département planification et régulation urbaine de la ville d’Aix-en-Provence, le 30/11/00.

valable »100. Voilà en une phrase l’épilogue PDU. Alors que les élus et les techniciens s’attachent à présenter leur plan de déplacements urbains comme une démarche cohérente, ambitieuse et volontaire, ils en justifient l’ajournement par la mise en place d’une nouvelle autorité organisatrice qui invalide les propositions d’actions. Pourtant, plus qu’une incohérence institutionnelle, c’est davantage l’agenda électoral qui semble expliquer cette suspension. D’une part, l’adjoint délégué au transport ne remet pas en cause l’ensemble des propositions PDU mais, au contraire, il en escompte les premières mises en œuvre dès juin 2001, d’autre part, rappelant qu’Aix- en-Provence est une ville d’avocats très procédurière, l’élue responsable de la démarche admet la vulnérabilité d’un tel document à la veille des municipales : « s’il y a une brèche, l’opposition ne manquera pas d’attaquer pour vice de forme et ce pendant les élections »101. Arrivant à échéance trop tôt ou trop tard, le projet de PDU se termine néanmoins par là où il aurait dû démarrer. « Malgré les diverses propositions qui en ressortent, un PDU communal n’avait pas de sens opératoire d’autant plus que les études de la DTA diagnostiquaient déjà un système polycentrique métropolitain. On a commencé par la fin avant d’avoir fait le début, à savoir une structure intercommunale des transports »102.

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Aux dires des différents acteurs, si la procédure se trouve aujourd'hui ajournée, il semble cependant que grâce à son entrée « loi sur l’air » elle a lancé un changement de mentalité. « A Aix-en-Provence, le PDU c’est une mise en bouche, une pédagogie que l’on se distribue, un outil de prospective qui révèle des contraintes »103.

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Entretien avec Françoise Brassard, adjointe au Maire d’Aix-en-Provence déléguée à l’environnement, élue responsable du PDU.

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Entretien avec Emmanuel Perreau, directeur d’études à l’AUPA, le 29/11/00.

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