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L E CONTEXTE POLITICO - ÉCONOMIQUE ET INTELLECTUEL DU M OYEN Â GE

Dans le document SCIENCE EXPÉRIMENTALE (Page 39-43)

2. L' HÉRITAGE PHILOSOPHIQUE ET TECHNOLOGIQUE DU M OYEN Â GE

2.1. L E CONTEXTE POLITICO - ÉCONOMIQUE ET INTELLECTUEL DU M OYEN Â GE

La période de l’histoire occidentale appelée Moyen Âge s’étend sur une dizaine de siècles, de la chute de l’Empire romain d’Occident en 476 à la chute de l’Empire romain d’Orient en 1453, date à laquelle Constantinople est conquise par les Turcs.

La fin du Moyen Âge coïncide aussi avec la découverte de l’Amérique en 1492 par Christophe COLOMB (1451-1506) et le temps des grandes explorations maritimes.

Cette période de dix siècles rassemble une mosaïque d’évènements politiques, éco-nomiques, culturels et scientifiques qui en font à la fois la richesse, la complexité et l’ambiguïté. En dépit de son aspect chaotique, cette période connut en fin de par-cours une dynamique animée par un mélange de curiosité culturelle et d'audace dans les idées, qui se concrétisa dans la Renaissance et annonça la révolution scien-tifique du XVIIesiècle.

2.1. L

E CONTEXTE POLITICO

-

ÉCONOMIQUE ET INTELLECTUEL DU

M

OYEN

Â

GE

Durant les premiers siècles du Moyen Âge en Occident, des invasions, des guerres et des troubles politiques avaient engendré un profond marasme économique et une quasi-disparition de la vie intellectuelle. Le règne des Carolingiens marque un

renouveau culturel de l’Occident soutenu par une volonté politique affirmée. Le théologien ALCUIN (735-804), d’origine irlandaise, ainsi que d'autres lettrés furent appelés par CHARLEMAGNE (742-814) pour mettre en place, dans les monastères, une réforme scolaire fondée sur une pédagogie active à base de commentaires de textes et de dialogues. L’enseignement était donné en latin. On parlera d’enseigne-ment scolastique (du latin scola, école). C’est à Tours qu’ALCUIN fonda la première école monastique considérée comme la mère des écoles monastiques françaises.

Dans les temps tourmentés du Haut Moyen Âge, les écoles monastiques eurent le mérite de préserver et de transmettre un fonds de connaissances culturelles.

Le moine GERBERT D'AURILLAC (938-1003), auteur d'un traité de géométrie, devenu le pape de l’an Mil, sous le nom deSYLVESTREII (999-1003), apporte son soutien à un édifice intellectuel qui tente de se reconstruire. Il est à l’origine de l’introduction dans la pratique courante des chiffres, dits "arabes", qui vont de 1 à 9. Manque encore le chiffre zéro qui, plus tard, sera importé de l’Inde. Pierre ABÉLARD (1079-1142) fut l'un des penseurs éclairés de cette époque. Pour ABÉLARD, la notion de Dieu était distincte de sa présence dans les œuvres de sa création. En d'autres termes, la Nature fonctionne selon des lois qui lui sont propres. Pour comprendre ces lois, le philosophe scolastique anglais ADÉLARD DE BATH (v. 1070-1150), l'un des divulgateurs de la science arabe, prônera la raison objective.

Aux XIIe et XIIIesiècles, la civilisation médiévale est remodelée par une révolution technique dont l'importance a été comparée à celle de la révolution industrielle des XVIIIe et XIXesiècles. Le radoucissement du climat favorise l’essor de l’agricul-ture. L’abondance et la qualité améliorée de la nourriture sont sans doute pour beaucoup dans l’essor démographique qui caractérise cette époque et dans le développement de l’artisanat urbain et du commerce. L’exploitation agricole bénéficie d’apports techniques: la charrue remplace l’araire et l'attelage est amé-lioré. Le collier d’épaules est adapté au cheval, lequel remplace le bœuf pour les labours profonds. L’énergie de l’eau et du vent est domestiquée grâce aux roues à aubes et aux moulins à vent. On recense, en Angleterre, au XIIIesiècle, plus de cinq mille moulins hydrauliques Le temps est mesuré avec précision dès le début du XIVesiècle avec des horloges à poids munies d’un mécanisme à échappement. A cette époque, on sait déjà préparer différents acides, nitrique, sulfurique, chlorhy-drique, ainsi que l'alcool. Des lentilles de verre alimentent le commerce de la lunetterie et permettent de corriger les défauts de la presbytie qui s’accentue avec l’âge. Un résultat non-négligeable et inattendu fut le recul de l’âge du retrait de la vie active, dans la société aisée. L’industrie textile bénéficie du perfectionnement des métiers à tisser; en 1338, Florence compte plus de 200ateliers textiles. De son côté, la navigation fait de grands progrès grâce à l’amélioration du gréement. La boussole, originaire de l’Extrême-Orient avec son aiguille aimantée sur pivot, apparaît en Occident au XIIIesiècle; les explorations maritimes à grandes distances deviennent alors possibles. La fabrication du papier, en usage en Chine dès le

IIesiècle de l’ère chrétienne, est introduite en Europe au XIIesiècle. Mais la grande révolution au plan intellectuel et culturel reste celle de l’imprimerie. Là encore, les Chinois avaient été précurseurs. On attribue à BISHENG (XIesiècle) la confection de milliers de caractères d’écriture en terre cuite destinés à l’impression de livres.

Façonnés dans l’argile, les caractères étaient fixés à l’aide d’une résine sur une plaque de fer préalablement à l’impression. Vers les XIIe-XIIIesiècles, les caractères en terre cuite furent remplacés par des caractères en bois puis en étain. Aux envi-rons de 1450, l’impression typographique fait son apparition en Europe, diffusant en quelques dizaines d’années avec une incroyable rapidité du Nord au Sud. C’est à Mayence que Johannes GUTENBERG (1400-1468) met au point un procédé de typographie reposant sur l’usage de caractères mobiles en métal, recyclables, chaque caractère possédant une lettre inversée en relief. Il utilise une encre spéciale qui permet l’impression sur les deux faces d’une page de papier. Une presse à vis munie d’un large plateau sert à appliquer la tablette munie de ses caractères sur la feuille de papier. En 1455, étaient produits 180exemplaires de la fameuse Bible à 42lignes.

Les inventions qui s’accumulent au cours des quelques siècles qui marquent la fin du Moyen Âge et qui bousculent un ordre établi ont leur pendant dans un effort soutenu de la part des autorités religieuses de l’époque pour promouvoir une certaine forme de culture intellectuelle. En 1179, le troisième Concile de Latran avait décidé d’adjoindre une école à chaque cathédrale. Dans ces écoles épisco-pales, l’enseignement passe des mains des moines à celles du clergé séculier lequel, en contact avec le peuple, est chargé de l’éduquer. Les premiers regroupements de clercs éducateurs et d’auditeurs libres préludent à la création des premières Universités occidentales sous l’égide de l’Eglise catholique. A la fin du XIIesiècle sont créées les Universités de Bologne et d’Oxford, et au siècle suivant, celles de Paris, Montpellier, Padoue, Naples, Salamanque et Toulouse. Suivront au XIVesiècle, Cambridge, Grenoble, Prague, Heidelberg et Cologne. Ces Universités, rattachées aux cathédrales, se développent dans un milieu urbain ouvert, selon un mode corporatiste qui regroupe maîtres et étudiants et qui bénéficie d'un statut et d’une relative autonomie avec élection du recteur, décisions prises par des assemblées de professeurs et d'élèves et exemption d’impôts. L’Eglise conservait cependant la haute main sur la gestion des Universités. Ainsi, l’autonomie de l’Université de Paris conférée en 1231 par la bulle Parens scientarum du pape GRÉGOIREIX (1145-1241) fut assujettie à la protection du pape, et de ce fait à sa supervision. La mobilité des étudiants d’une Université à une autre était d'usage courant; ce fut un facteur important d'essaimage du savoir, et aussi une façon de comparer les enseignements et de repérer l'excellence. En Italie, le développement des premières Universités coïncida avec celui de villes-Etats, celles-ci bénéficiant d'un statut d'autonomie, en raison de chartes qui leur permettaient de s'admi-nistrer, d’accroître leur prospérité et de financer à leur gré les sciences et les arts.

Ce fut le cas de Venise qui veilla, d'une façon particulièrement réussie, à l'épa-nouissement de l'Université de Padoue.

Au XIIIesiècle, la Faculté des arts est le centre de gravité de l’Université de Paris.

L’enseignement des sept arts libéraux, qui y était donné, était réparti en deux cycles. Le premier cycle était le trivium, essentiellement littéraire, qui consistait en grammaire, rhétorique et logique. Le second était le quadrivium, plus scientifique, qui comportait arithmétique, géométrie, musique et astronomie. Le trivium et le quadrivium, sortes de propédeutique, préparaient aux Facultés spécialisées de médecine, de droit et de théologie. L’enseignement médiéval pré-renaissant ten-tait de concilier la tradition biblique avec les apports massifs qui lui arrivaient des philosophes de l’Antiquité grecque retrouvée et qui ouvraient les esprits à la connaissance non seulement de la logique, mais aussi de la physique et de la cos-mologie. Cependant, le problème récurrent de cet enseignement essentiellement théorique restait l’absence de considération pour le travail manuel. Le terme "arts libéraux" signifiait "arts des hommes libres" par opposition aux "arts mécaniques".

Pour répondre à des critiques de plus en plus directes, des réformes commencèrent à poindre. Dès le XIIesiècle, la direction de l’école Saint Victor, fondée par Hugues DE SAINT VICTOR (1096-1141) à Paris, décida d’adjoindre, à l’enseignement tra-ditionnel des arts libéraux, l’enseignement des arts mécaniques, en particulier celui des techniques de la forge et de la construction, du tissage, de la navigation, de l’agriculture et de la chasse.

Loin d’être un ténébreux amalgame de notions dépassées et de verbiages, la sco-lastique médiévale, avec ses turbulences, son art de la dialectique et ses interro gations préludait à la pensée créatrice de la Renaissance. Dans les écoles de méde-cine, l’enseignement de l’anatomie qui suivait à la lettre la doctrine galénique vit poindre un frémissement de réforme. Depuis le temps d’ERASISTRATE et d’HÉROPHILE, il n’y avait pratiquement pas eu de dissections de cadavres humains.

L’anatomie de l’homme était déduite d’observations faites depuis GALIEN sur des animaux: singe, porc. Ce n’est qu’au début du XIVesiècle que furent autorisées les premières dissections de cadavres humains. Le grand Conseil de Venise, qui patronnait l’Université de Padoue, les autorisa à raison d’une par an. La pratique s’étendit à Bologne, puis en France, à Montpellier et au tout début du XVesiècle à Paris. Elle se généralisa par la suite. Les ouvrages d’anatomie de l’époque montrent le maître lisant et commentant les traités de GALIEN en latin, tandis qu’un aide indique avec une baguette les organes qui apparaissent sous le scalpel du préposé à la dissection du cadavre. L'enseignement des sciences, qui était exercé pendant le Moyen Âge presque exclusivement par des ecclésiastiques, passe à la Renaissance aux mains des laïcs. A noter que dès le XIIIesiècle la célèbre école de médecine de Salerne en Italie était déjà totalement laïcisé, à noter aussi qu’à la Renaissance l'éclectisme scientifique prévaut; ainsi, aux sciences du vivant s'intéressent non seulement des médecins, des zoologistes et des botanistes, mais également des physiciens, des mathématiciens et des philosophes, un amalgame qui se révéla être un puissant levain d’idées.

2.2. L

ES CONTROVERSES PHILOSOPHICO

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THÉOLOGIQUES AUX XIIe

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