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L’accroissement des problèmes de santé

LES IMPACTS DE LA TEMPÊTE DE PLUIE VERGLAÇANTE SUR LA SANTÉ DES PERSONNES ET DES POPULATIONS

2.2 L’accroissement des problèmes de santé

Dès le début de la tempête de pluie verglaçante, les Directions de la santé publique ont émis des communiqués de presse afin de prévenir la population quant à certains comportements risqués pour la santé. Afin de rejoindre le plus grand nombre de personnes, des communiqués à l’égard des risques d’intoxication à l’oxyde de carbone et des symptômes qui y sont associés ont été diffusés dans les différents médias.

2.2.1 Les cas d’intoxications à l’oxyde de carbone

Malgré les avertissements, plusieurs personnes se sont retrouvées dans des situations d’intoxication à l’oxyde de carbone provenant de génératrices, d’appareils de cuisson ou de systèmes de chauffage parfois en mauvais état ou trop artisanaux. Certaines d’entre elles ont eu besoin d’oxygène, d’autres ont été hospitalisées ou ont eu recours à la chambre hyperbare (chambre pressurisée) et, malheureusement, quelques individus sont décédés.

Au Québec, tous les patients souffrant d’intoxication sévère à l’oxyde de carbone ont été conduits à l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, le seul centre québécois spécialisé dans le traitement en chambre hyperbare. Du 7 au 28 janvier dernier, 50 personnes sévèrement intoxiquées à l’oxyde de carbone y ont ainsi été traitées. Une forte proportion des cas provenait de la Montérégie (62 %). Les appareils mis en cause étaient des génératrices (29 cas), des grilloirs

« Hibachi » (12 cas), des appareils de cuisson au propane (3 cas), des appareils de chauffage au gaz (2 cas), des chaufferettes d’appoint (2 cas), une souffleuse laissée en marche dans un cabanon (1 cas) et une voiture laissée en marche dans un garage (1 cas).

2.2.2 L’augmentation des consultations aux urgences

Un plus grand nombre de patients se sont présentés aux urgences dans les régions du Centre-du-Québec, de l’Estrie, de Montréal-Centre, de Chaudière-Appalaches et des Laurentides entre le 6 janvier et le 3 mars 1998 par rapport aux mêmes périodes des années antérieures (1996 et 1997). En Montérégie, on a constaté qu’entre le 6 janvier et le 3 février 1998, un plus grand nombre de patients se sont présentés aux urgences comparativement à la même période pour les années précédentes. Dans les autres régions, le nombre de patients se présentant aux urgences a été légèrement supérieur, en 1998, à celui des années précédentes.

Pour ce qui est de l’attente aux urgences et du nombre de patients sur civières, pour la période allant du 5 janvier au 2 février 1998, on a constaté que le nombre de patients excédentaires a connu une augmentation plus ou moins marquée en 1998 par rapport à 1997 dans plusieurs régions, à l’exception de la Montérégie qui a connu une baisse durant cette période.

Ce constat s’explique en partie par le fait que les hôpitaux de la région de la Montérégie ont ouvert, de façon temporaire, des lits dans différents départements. Les patients nécessitant une hospitalisation ont été transférés rapidement sur les étages, et il n’y a pas eu d’engorgement dans les salles d’urgence de cette région au cours du mois de janvier 1998.

La Régie régionale de la Montérégie corrobore ces constatations pour sa région. En janvier 1998, il y a eu 15 % d’augmentation des visites à l’urgence dans les hôpitaux de la Montérégie par rapport à janvier 1997 et ce, tant dans les hôpitaux situés dans le « triangle de glace » que pour ceux situés hors de cette zone. On a aussi constaté que les patients qui ont consulté à l’urgence en janvier 1998 étaient notablement plus nombreux à arriver par ambulance qu’en 1997 (20 % et 13 % respectivement). Les routes étant verglacées, les gens ont vraisemblablement hésité à prendre leur propre véhicule. De plus, il y a eu relativement plus de cas de traumatismes et les personnes affectées se sont alors trouvées dans l’incapacité de conduire leur voiture ou d’utiliser les transports en commun.

Les principales causes de consultations à l’urgence lors de la tempête de pluie verglaçante ont été, dans l’ordre : les traumatismes et les empoisonnements (26 %) ; les maladies de l’appareil respiratoire (24 %) ; les maladies du système digestif (22 %) ; les maladies endocriniennes (19 %) ; les maladies infectieuses et parasitaires (16 %) ; les maladies de l’appareil circulatoire (8 %).

2.2.3 L’augmentation du nombre des hospitalisations

Les données disponibles sur le nombre de patients hospitalisés à partir des urgences des hôpitaux des régions touchées par la tempête de pluie verglaçante montrent que toutes ces régions ont connu en janvier 1998 des augmentations, à des degrés divers, par rapport à la période correspondante des années précédentes. En février 1998, la majorité des régions ont également connu une hausse du nombre total d’hospitalisations, à l’exception des régions de Laval et Lanaudière.

L’analyse des données disponibles reste cependant plus ou moins concluante. La Régie régionale de la Montérégie a procédé à une étude comparative des problèmes de santé qui ont nécessité une hospitalisation durant les mois de janvier, février et mars 1997 et 1998. Elle en a conclu qu’il ne fallait pas tenter d’en tirer des conclusions définitives, puisque «plus de 30 % des hospitalisations de Montérégiens se font dans les hôpitaux de la région de Montréal. Il est donc possible que la répartition des hospitalisations entre les hôpitaux de la Montérégie et ceux de Montréal ait été différente durant la crise8». Selon cette Régie, le nombre de patients admis dans les dix hôpitaux de son territoire a connu une baisse significative de 11 % entre le 6 et le 31 janvier 1998, comparativement à la même période en 1997. Le profil des patients alors hospitalisés est sensiblement différent de celui de janvier 1997 quant à l’âge, au sexe et à la durée des séjours hospitaliers. De plus, les patients ont été hospitalisés pour une plus longue période, les séjours ayant une durée moyenne de 6,1 jours en 1998 par rapport à 5,3 jours en 1997.

Graphique 2

Nombre d’hospitalisations relevées en Montérégie

8. Régie régionale de la santé et des services sociaux de la Montérégie, mémoire présenté à la Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], 1998, p. 41.

12 000

Source : Régie régionale de la santé et des services sociaux de la Montérégie, mémoire présenté à la Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], 1998.

Comparativement à janvier 1997, le tableau démontre une augmentation de 38 % du taux pour des maladies infectieuses, de 21 % pour des maladies de l’appareil respiratoire et de 20 % pour des lésions traumatiques ou des empoisonnements.

Plus spécifiquement, un nombre accru d’hommes ont été hospitalisés pour des maladies cardiaques ischémiques, des maladies pulmonaires obstructives chroniques, des pneumonies ou des grippes ainsi que des fractures du crâne, des traumatismes intracrâniens et des fractures diverses. Chez les femmes, on a constaté une hausse appréciable des hospitalisations pour des pneumonies et des grippes, des maladies pulmonaires obstructives chroniques et des fractures diverses. Au cours des mois qui ont suivi la tempête de pluie verglaçante, on a remarqué une augmentation importante du nombre d’hospitalisations. Ainsi, en février et en mars 1998, contrairement à janvier, ce nombre est demeuré supérieur à celui de 1997, pour la même période.

2.2.4 Le recours aux services de santé

L’information sur le recours aux services de santé est incomplète, puisqu’il manque certaines données sur la fréquentation des CLSC. Cependant, selon les résultats globaux du sondage effectué pour la Commission, un certain nombre des personnes interrogées ont consulté un professionnel de la santé au cours de la période de la tempête de pluie verglaçante ; dans 80 % de ces cas, il s’agissait d’un médecin. Un problème d’infection des voies respiratoires (26 %) constituait la raison première évoquée. Ces consultations ont eu lieu principalement en clinique médicale (48,8 %), à l’urgence (33,1%) ou en CLSC (7,8 %).

Chez les individus ayant déclaré avoir consulté un professionnel de la santé, 10 % ont nécessité une hospitalisation d’une durée moyenne de 4,6 jours. Enfin, parmi les 2 112 répondants au sondage, 8,7 % ont déclaré avoir dû annuler leur rendez-vous, notamment parce que la plupart des hôpitaux ont reporté les chirurgies électives en raison des pannes de courant.

Les résultats préliminaires d’une étude effectuée par la Régie régionale de la Montérégie indiquent que 14 % des ménages interviewés ont eu recours aux services de santé pour un problème qu’ils associent à la tempête de pluie verglaçante ou à ses conséquences. Les principaux problèmes de santé évoqués concernent des troubles digestifs (diarrhée ou vomissement), des blessures causées par une chute, des blessures aux yeux et des blessures causées par un outil.

Aucune différence notable n’a été constatée entre la région du « triangle de glace » et le reste de la Montérégie.

2.2.5 L’accessibilité des services de santé et le niveau de satisfaction

Les pannes électriques, les conditions climatiques difficiles et l’état de plusieurs routes laissent supposer qu’une certaine proportion des personnes affectées par la tempête de pluie verglaçante ont eu de la difficulté à obtenir des services de santé.

Les données de la Régie régionale de la Montérégie indiquent que, parmi 5 % des ménages interviewés, au moins un membre aurait souhaité consulter un médecin et a été dans l’incapacité de le faire. La limitation de l’accès aux services a été plus accentuée dans la région du « triangle de glace » qu’en dehors de cette région. Cet écart est encore plus apparent dans les territoires des agglomérations et des villes. Comme principales raisons on a invoqué la difficulté de se déplacer, la fermeture des établissements ou l’absence du médecin.

Par ailleurs, selon le sondage, plus de 90 % des personnes qui ont alors consulté un professionnel de la santé se sont dites satisfaites des soins reçus.

L’impact de la tempête de pluie verglaçante en termes de mortalité et de morbidité s’est répercuté