• Aucun résultat trouvé

L A RECHERCHE ACTION INTÉGRALE SYS TÉMIQUE

Dans le document Récits de formation (Page 114-116)

UN APPRENTISSAGE ADULTE RÉUSS

L A RECHERCHE ACTION INTÉGRALE SYS TÉMIQUE

La recherche-action intégrale (RAI) est un idéal de méthodologie participative qui permet à l’acteur de devenir chercheur et au chercheur de devenir acteur. Elle exige une entente avec les principaux protago- nistes, une participation à toutes les étapes de la re- cherche. La RAI doit viser une transformation au- tant dans l’ordre du discours que dans celui de l’action1.

La RAI est née de l’utilisation d’une méthodologie

ethnographique voire anthropopédagogique. Pour ouvrir davantage cette approche à la réalité globale, nous y avons intégré plus tard une dimension systé- mique. Depuis quelques années, nous avons exploité la richesse de l’ethnographie en utilisant la narration ou l’histoire de vie et de pratique autant dans des pro- jets d’amélioration de conditions de travail que dans deux recherches de plus d’envergure2.

nLa systémique

La RAI est implicitement systémique car elle res- pecte le système organique humain, personnel et so- cial. Nous y avons ajouté une dimension systémique explicite qui exige des chercheurs de donner à leurs actions une finalité de compréhension d’une vision globale dynamique des liens et des interférences per- tinents à une problématique. Ainsi le risque d’une vi- sion étroite diminue grâce à un horizon plus grand permettant le recadrage. On obtient un modèle de RAIS ou d’une recherche-action intégrale systé-

mique3.

nLa démarche

Dans le dialogue qui permet à une équipe de re- cherche-action de construire un consensus, on peut imaginer le processus de la démarche comme une spirale irrégulière où les réflexions entrecoupées d’ac- tions permettent de vérifier la complexité évolutive et sociale du phénomène et des liens qui l’unissent à l’environnement. Partant de réflexions sur des ac- tions, une équipe parvient à la conceptualisation et à la simulation. Il y a une réflexion sur la pertinence et le phénomène à modéliser, conçu comme projet, re- pensé et validé par de nouvelles actions qui engen- drent de nouvelles simulations afin d’adopter des tac- tiques, revues et corrigées en vertu de nouveaux processus de l’action et de la réflexion.

La RAIS est au départ une approche inductive qui stimule les praticiens à appréhender la complexité de la réalité sous ses multiples formes ; le dialogue les fait ac- céder à une compréhension mutuelle de cette réalité de manière à la décrire fidèlement et à en concevoir des modèles téléologiques4 en faisant appel à leur imagi- nation créatrice. La réflexion critique des acteurs au cœur de l’activité du dialogue est récursive, autopro- ductrice ; elle les entraîne à de nouveaux concepts men- taux et à des images créatives d’une action planifiée et consentie en vue d’un changement au sein de cette réa- lité. Elle constitue la trame d’un questionnement inno- vateur dans un processus en spirale à la fois inductif et déductif, réflexif et fonctionnel, exploratoire et créatif.

nUne logique conjonctive avec la narration La conception systémique nous a conduit à inclure

dans la démarche une approche plus vitale, plus orga- nique de l’histoire de vie et de la pratique profession- nelle. Ce faisant, nous répondions à la logique conjonctive de la systémique qui nous enjoignait de regarder un phénomène en évolution formant partie d’un tout lui-même en évolution. En faisant appel à notre mémoire, nous pouvions réfléchir sur nos expé- riences, nous les approprier, les transformer et les uti-

liser pour la solution de problématiques émergentes. Nous pouvions le faire en définissant nos ententes,

en élaborant nos stratégies, convaincus qu’on ne pou- vait appliquer une stratégie sans l’intégrer, voire la changer. Si le paradigme qui sous-tend la RAIS se réclame du constructivisme caractérisé par le subjec- tivisme, le relativisme et l’herméneutique, la réalité existe en conséquence sous forme de multiples constructions mentales. Les chercheurs et l’objet de la recherche se confondent et de leurs interactions émergent des constructions qui peuvent donner nais- sance à une ou quelques nouvelles constructions sur lesquelles s’établit un consensus. Ainsi, les points marquants d’un parcours individuel ou d’équipe ponctuent la détermination du projet commun.

En introduisant l’histoire de vie dans la RAIS, nous prenions en considération les motivations profondes personnelles qui incitent les gens à agir. En deman- dant aux chercheurs de les expliciter, nous allions construire sur les expériences éprouvées, sur les va- leurs profondes qui les avaient marqués. Deux au- teurs5ont démontré comment on pouvait utiliser les histoires de vie en pédagogie de façon sociale ou en groupe. De leur typologie, nous avons retenu deux cas de figures : d’abord, le récit de pratique qui est un tronçon du vécu d’un certain nombre de personnes correspondant à une pratique sociale ; en second lieu, l’histoire de vie en groupe où l’on trace des biogra- phies croisées de personnes ayant vécu des situations communes ou qui sont associées peu ou beaucoup aux différentes étapes d’une recherche ou d’une recherche formation.

Ces deux figures du récit de vie correspondent fort bien à l’aspect participation individuelle et commu- nautaire que nous attribuons à la recherche-action

intégrale qui exige un discours qui fait de l’homme et de la femme des auteurs de l’histoire en la transfor- mant, en l’inscrivant dans l’action et la connaissance plurielle. On a déjà démontré6 que le discours doit être dynamique, relié au vécu pour favoriser la conscientisation et même être remis en question.

L’

APPLICATION DE LA NARRATION À DES

Dans le document Récits de formation (Page 114-116)