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L’écriture comme forme de thérapie

Si Martinez utilise l’écriture (ou la parole) comme véhicule pour son message, elle est considérée d’une toute autre manière par Souad Douibi et Sarah El Hamed463. Ces deux

462 Ibid. Nous revenons à l’idée exprimée au début de ce chapitre à savoir que si l’écriture est un mode d’expression, la parole telle qu’elle est utilisée par les participants de La Fenêtre du Vent est également un moyen d’expression qui mérite d’être mis en lumière dans ce travail sur l’écriture dans les œuvres de Denis Martinez.

463 Souad Douibi est une photographe, vidéaste, peintre, sculpteur, performeuse née en 1982 en Algérie. Elle est diplômée de l’Ecole Supérieure des Beaux-arts d’Alger en 2008. Elle vit et travaille actuellement à Alger. Sarah El Hamed est une artiste performeuse et manager culturelle

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artistes de la même génération (la première est née en 1982 et la seconde en 1985) utilisent l’écriture comme lien physique avec le public à l’occasion de performances participatives. L’écriture, peinte sur leur corps, devient thérapeutique et mystique. El Hamed est une artiste française, née de parents algériens. Sa double culture européenne et maghrébine, lui permet de mêler sources d’inspirations mystiques nord- africaine et art performatif propre à la culture artistique occidentale. Dans les deux cas, l’écriture y tient une place importante, à la fois sous forme écrite et orale (en référence à la tradition orale très forte sur le continent africain). Elle élabore une performance- cérémonie intitulée Mots pour maux en 2014. Le titre montre que l’écriture est directement liée à la guérison et attire l’attention sur la fonction curative de l’acte scriptural. Dans ce projet, l’écriture est un catalyseur d’énergie entre l’artiste (la guérisseuse) et la personne du public qui souhaite participer. La performance implique l’annihilation de la Loi du Talion à travers un rituel qui invite le souffrant (toute personne confrontée aux aléas de la vie) à exprimer le mal qui l’affecte qu’il soit physique ou moral ainsi à s’en défaire par sa propre intention assistée par une médiatrice (ici l'artiste sous les traits d’une guérisseuse). Cette incantation est écrite avec un soin particulier : « Mots pour maux, mots contre maux, œil pour œil, dents pour dents. Touche les mots sur moi écrits, pour les porter en toi ici, soulager des mots de toi sortis, diluer dans l’eau par moi bénie464 ». El Hamed rédige généralement le premier jet assez rapidement puis retravaille le texte scrupuleusement jusqu’à la version définitive. « L’écriture doit avoir du sens pour tous. Le choix des mots est réfléchi. Le texte doit aussi être visuel, évoquer des images.465 » Une fois avoir trouvé les mots justes, elle enregistre sa lecture du texte incantatoire sur fond musical et elle les diffuse lors de sa

née en 1985 en France, de parents algériens. Elle obtient un Master « Entreprise & Management for the Creative Arts » à Londres en 2010. Elle réalise des performances entre théâtre et consultation mystique où l’écriture est omniprésente sous différentes formes (orale et écrite) dans son acception traditionnelle mystique maghrébine. Elle vit et travaille aujourd’hui à Paris. 464 « Mots pour Maux » (première séance), le 26 Juillet 2014 à La Bellevilloise (Paris) dans la cadre de ARTISTIK SUMMER avec la participation de Dominique Pouzol (calligraphie-body painting) et la contribution de Nicolas Charbonnier. Vidéo de la première performance de Sarah El Hamed, Mots pour Maux à la Bellevilloise de Paris, le 26 juillet 2016 URL : https://www.youtube.com/watch?v=8k_whADBLsc

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série de performances – actuellement au nombre de quatre- afin de rappeler la tradition orale mystique (formule magique etc...)466.

Au coucher du soleil du 26 juillet 2014, El Hamed réalise la première séance de Mots pour maux (Fig. 301, 302), à la Bellevilloise à Paris467. Dans un premier temps, le public est invité à écrire sa douleur sur un morceau de papier dans un but exutoire. Pendant ce temps, le calligraphe peint l’incantation sur le corps de l’artiste-guérisseuse. Dans un second temps, elle apparait devant le public (fond sonore de l’incantation enregistré en rythme similaire à la lecture du Coran) et invite les volontaires à venir lui dire leur mal afin qu’elle les aide à se guérir. Elle n’apporte pas le remède mais le moyen de guérir. La personne touche les mots de l’incantation sur son corps pour s’en imprégner. Puis (fond sonore de la psalmodie, rythme de diction similaire à la lecture du Coran, lancinant, envoutant) elle leur dit comment faire disparaitre leur mal en leur donnant un objet (plantes, sable, bougie, eau bénite, etc.) qui les aidera à y parvenir. Son choix varie en fonction de ce que dégage chaque participant. Lorsque les volontaires sont tous passés, elle prend l’intégralité des morceaux de papiers, y compris ceux des personnes qui ne sont pas venues jusqu’à elle et les diluent dans de l’eau qu’elle a bénit à l’aide de l’incantation, (fond sonore de l’incantation enregistrée) et elle la récite une nouvelle fois à haute voix.

Lors de la seconde séance468 de la performance Mots pour Maux (Fig. 303-305), l’artiste demande aux spectateurs d’écrire leurs maux sur les différentes parties de son corps, dessiné sur papier grandeur nature de face et de dos. Puis elle apparait au public caché derrière un drapé, s’en libère et le calligraphe reproduit, sur le corps de l’artiste, les maux écrit sur les dessins. L’artiste devient à nouveau guérisseuse et s’empare des maux pour libérer ceux qui en souffrent. Elle invite ceux qui le veulent à venir toucher les mots peints sur son corps, toujours considérés comme intermédiaire entre la

466 Ibid.

467 « Mots pour Maux » (première séance), le 26 Juillet 2014 à La Bellevilloise (Paris), op.cit.

468 Deuxième séance de la performance-cérémonie Mots pour Maux, réalisée le 9 octobre 2014, Galerie Mamia Bretesché, Paris. En collaboration avec l'artiste Jean-Marc Forax avec la contribution de Nicolas Charbonnier (Sound Designer).

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personne et la guérison qui émane de l’acte scriptural. La troisième séance (Fig. 306,

307) est présentée sous forme de vidéo-performance réalisée à huis clos469. Le spectateur ne peut plus interagir avec l’artiste mais observe le rituel de guérison d’un point de vue extérieur. La psalmodie est toujours audible, récitant le texte de manière lancinante sur fond sonore uniforme. Une quatrième séance (Fig. 308, 309) est prévue par El Hamed en avril 2016 à l’occasion de l’exposition Picturie Générale III, au Marché Volta (friche investie par les artistes) d’Alger. Cependant, elle finit par être annulée pour cause de problème technique. Pour pallier cela, l’artiste réalise une œuvre interactive en créant une sorte de zaouia éphémère pentagonale rappelant un confessionnal ou lieu de recueillement470. À l’intérieur y est installé un panier contenant des morceaux de papier sur lesquels les visiteurs sont invités à inscrire leurs maux, en échange de quoi ils repartent avec un morceau de tissu vert. « En pénétrant dans cet espace où les dimensions réelles, surnaturelles et imaginaires se croisent, la mise à nu est un mot d’ordre ; la confidence encourage la résolution et le dépassement de la peine.471 » Dans cette installation, le spectateur inscrit ses maux seul, en tête à tête avec lui-même. Le corps de l’artiste n’est plus le support intermédiaire à la guérison mais l’écriture reste le moyen libérateur choisi. Mettre des mots sur certaines difficultés aide à en alléger le poids.

Lors d’un entretien, El Hamed explique que cette démarche mystico-artistique trouve son origine dans son enfance et à travers les nombreux voyages qu’elle a effectué en Algérie où elle a écouté attentivement les histoires et mythes liés aux djinns472. Elle tente de faire entrer le spectateur dans un monde parallèle par l’intermédiaire de

469 La vidéo-performance est disponible en ligne : URL : https://vimeo.com/147611627

470 Document explicatif placé au sol aux côtés de l’installation Mots pour Maux, sur la page Facebook de l’exposition Picturie Générale III, Alger, Marché Volta, 2016, mis en ligne le 13

mai 2016, consulté le 20 mai 2016, URL :

https://www.facebook.com/PicturieGenerale/photos/sarah-el-hamedmots-pour-maux- cinquie%CC%80me-se%CC%81anceinstallation2016cette-installatio/1152131361528283/ 471 Ibid.

472 « Jusqu’à aujourd’hui, je reste fascinée par cette notion de monde parallèle, d’invisible et ce qui relève de l’inexplicable. » Entretien avec Sarah El Hamed, Paris, 16.02.2015, archives Camille Penet-Merahi.

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l’écriture comme clé mystique. « Mon travail en tant que performeuse tente de recréer une sorte de brèche dans l'espace-temps créant des moments de suspension d’incrédulité où les sens sont stimulés et les émotions exacerbées en concrétisant l’irréel et l’imaginaire.473 » L’artiste se considère comme héritière d’un don empathique et

prophylactique transmis par les femmes de sa famille474 dont l’œuvre performative est

un hommage qui « révèle à la lumière le féminin sacré475 ». Elle s’inspire donc la fois des traditions mystiques de la culture algérienne et de la pratique théâtrale occidentale dans ses performances mystico-artistiques476 qui placent l’écriture au cœur de la

démarche artistique, tant sur le plan visuel que conceptuel.

À Alger, Douibi pratique l’art-thérapie. L’écriture fait partie des solutions qu’elle propose tout en tenant une place de plus en plus importante dans sa pratique artistique. Il y a quelques années, elle réalise plusieurs vidéos dont certaines mêlent textes et images. (Essouflement, 2010, Cache-cache 2012). Plus récemment, ses performances intègrent régulièrement l’écriture qu’elle inscrit sur sa peau, ses vêtements

473 Ibid.

474 « Je n’ai pas eu l’occasion d’être initiée à proprement dit par mon arrière-grand-mère, Hana Meriem (d’origine Chenoui - « Ichenwiyen », une population berbère d’Algérie). Celle-ci aurait transmis son don à ma mère sans l’initier comme il se doit (ou devrait) cependant ma mère m’a toujours accompagné dans mon questionnement bien qu’elle n’ait jamais pratiqué de rituels. Il faut savoir que ce genre de pratiques sont prohibées et condamnées au grand jour dans les sociétés arabo-mulsulmanes cependant elles perdurent dans l’ombre et le secret. Cela dit, dans le but d’explorer et de suivre cet héritage familial mystique, ma mère reste le lien entre mon ancêtre guérisseuse et moi-même; d’ailleurs sa sensibilité, son empathie et son intuition surprenante m’ont toujours fait penser qu’elle avait ce “je-ne sais-quoi” de magique. » Entretien avec Sarah El Hamed, Paris, 16.02.2015, archives Camille Penet-Merahi.

475 Document explicatif placé au sol aux côtés de l’installation Mots pour Maux, op.cit..

476 Sarah El Hamed réalise une autre performance intitulée Carte blanche en mars 2014 à la Galerie Talmart de Paris. Elle distribue des cartes blanches au public, invité à inscrire un mot, une phrase, un souhait ou plus simplement une pensée en rapport avec l’amour. A ce moment- là, le texte qu’elle a écrit pour l’occasion est projeté sur un mur. Puis elle reprend les cartes, et « tire les cartes » aux volontaires sur un fond sonore du texte qu’elle déclame. Une carte est retournée, et elle cherche à discuter de celle-ci avec la personne pour interagir. Elle peut prendre la personne dans les bras, le rassurer, être plus franche, exprime son ressentie vis-à-vis de la personne et certain vont jusqu’à se confier. Elle souhaite diffuser un message universel à travers cette performance.

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(confectionnés par ses soins) ou sur les murs des villes477. L’écrit est très présent dans les deux performances intitulées Imra’a (femme) (Fig. 310) et Naki Moukhak (Fig. 311) (nettoie/libère ton cerveau). Le mot Imra’a répété à l’infini sur ses vêtements, son visage ses bras et ses mollets (seules parties de son corps dénudées). Naki Moukhak est pensée relativement de la même façon, mais l’indication « nettoie-libère ton cerveau » est inscrite à la fois sur ses vêtements et sur une ardoise que l’artiste brandit en l’air comme une banderole. Elle inscrit aussi ces mots dans les rues d’Alger. Dans ces deux performances, l’écriture est le témoin de son passage. Les mots mettent le doigt sur les travers de la société algérienne et tentent de la faire réagir positivement. Elle fait participer les habitants de la ville en leur distribuant des morceaux de papier sur lesquels sont inscrit les titres des performances, les faisant parfois réagir. Malheureusement, d’après certains articles de presse et les commentaires virulents que l’artiste a reçu sur les réseaux sociaux, le public algérien ne semble pas prêt à voir sa société remise en question. Souad Douibi réalise également Fenan (de nuit) dans le cadre du Festival Raconte-arts à Aït Ouabane en juillet 2017. Pour cette performance, elle danse devant une ardoise portant l’inscription Fenan en arabe, vêtue d’une robe de papier craft sur laquelle est inscrit un texte, lui aussi en arabe. Elle tient dans sa main une bougie et un morceau de papier qu’elle berce au rythme de son chant. Puis elle se met à bruler les bandelettes de sa jupe de papier grâce à la bougie posée devant l’ardoise. Cette performance semble avoir été mieux reçue par le public, probablement parce qu’il s’agissait de personnes plus ouvertes à la création artistique puisque venu spécialement pour l’occasion du Festival Raconte-arts. Elle considère l’écriture pour sa richesse graphique478. En 2014, elle réalise une installation intitulée C’est moi, c’est mon histoire479 (Fig. 312) présentée lors de l’exposition Setta, Ouhed, Seb3a à Alger480.

477 Lors de ces deux performances, l’artiste se met en scène dans les rues d’Alger afin de faire réagir les passants. Dans toutes ses performances, Douibi utilise l’écriture comme lien avec le spectateur et le pousse à s’interroger sur le sens des mots qu’elle inscrit comme une rengaine. 478 « La calligraphie m'influence souvent, et écrire en arabe à mon avis donne plus de richesse graphique à l'œuvre produite, vu le geste et la forme de la lettre. […] c'est une recherche graphique et esthétique pour moi. » Entretien écrit avec l’artiste, 10.11.2014, archives Camille Penet-Merahi.

479 Souad Douibi, C’est moi, c’est mon histoire, Vol 1 : La naissance, installation, poupées de chiffons, fil d’attache, 2014.

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Douibi réalise à la main cent poupées de tissus sur lesquelles elle peint des textes, en arabe et en français de différentes natures (citations, paroles de chansons, textes personnels etc.)481. « L'installation est un jeu de mot, une communication entre le spectateur et la poupée où il s'identifie le plus482. » La poupée représente l’être humain sur terre, à la fois similaire à ses congénères et différents par les expériences individuelles qu’il a vécues (représentés par les textes peints), sources d’inspirations pour l’artiste. Douibi explique dans un texte adjacent à l’installation : « Je suis donc une poupée, je suis anonyme. Je suis à la fois Homme et Femme. Je suis donc l'enfant d'Adam et d'Eve, poursuivit par le péché; je suis maudite! Notre premier cri raconte notre histoire, notre monde commence ce jour-là. C'est là le fil de mon inspiration. Je conçois mon projet en constante progression : "in progress" comme on dit. […] Je n'arriverai probablement jamais à écrire un roman, mais je sais que je pourrai raconter mon histoire avec toi "L'Humain", avec toi "La Terre", avec toi "Ma Vie" ; exactement comme beaucoup d'entre vous qui me faites rêver pour un instant, pleurer en silence, et où sourire d'espoir, très souvent483 »

Après cette installation, l’écriture prend de plus en plus de place dans la pratique artistique de l’artiste. Elle développe plusieurs projets de performances réalisées dans l’espace public qui offre une place importante à l’écriture comme moyen de communication et lien silencieux avec le passant. En octobre 2015 elle confectionne son premier costume, constitué d’une robe de tissu blanc sur lequel elle peint de manière

480 Exposition Setta, Ouhed, Seb3a, Alger, Bastion 23, 16.01-01.02.2014. Œuvres (peinture, installations, design) de sept artistes : Myriam Aït El Hara, Mohamed Belaid, Fatima Chafaa, Souad Douibi, Noureddine Hamouche, Le Hibou Hab. et Ahlam Kourdoughli.

481481 « Quelques-unes portent mes propres textes sur mon enfance et mon âge adulte, le reste des textes appartient à des écrivains comme Gibran Khalil Gibran, chanson de Fayrouz et Barbara, mais aussi des citations célèbres qui m'ont marqué. » Entretien écrit avec l’artiste, 10.11.2014, archives Camille Penet-Merahi.

482 Le spectateur est invité à repartir avec la poupée qui l’aura touché le plus.

483 Souad Douibi, texte présenté avec l’installation C’est moi, c’est mon histoire lors de l’exposition Setta, Ouhed, Seb3a, Alger, Bastion 23, 16.01-01.02.2014.

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continue des mots en arabe pour la performance Le Dernier jour avant le suicide484

(Fig. 313) puis Imra’a. À travers ces deux performances, elle interroge le statut de la

femme algérienne et de la femme en général. Lors de ces deux événements, l’artiste peint le mot

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(imra’a) sur son costume, son visage et toutes parties de son corps non vêtues. Elle rédige un texte sur le sentiment d’oppression sociétal partagé par des femmes qu’elle a rencontrées485pour accompagner sa prestation. On peut lire « Je suis

rentrée. Je n'ai pas pu résister à la mort. Je voulais la voir, sentir son odeur, transpirer sa cendre, frotter mon corps contre l'enfer. […] Je n'ai pas un problème avec mon corps, ni avec mes pensées. C'est ma société qui est un paradoxe pour moi, FEMME.486. » À la fin de la performance Le dernier jour avant le suicide, elle finit par bruler le texte. Pour Imra’a elle déambule dans les rues d’Alger et peint le mot imra’a sur les murs, le mobilier urbain et sur le corps des passants qui le souhaite, en restant muette487. Le mot Imra’a - tantôt isolé, tantôt écrit plusieurs fois à la suite – doit faire réfléchir le passant sur les significations du mot « femme », ce qu’elle représente et sur les conditions de vie souvent contraintes par le poids de la religion et de la société algérienne régit par le Code de la famille qui entravent souvent les desseins des femmes.

Lors de toutes ses performances, Douibi recherche le contact avec les algériens afin de les faire réfléchir sur les travers de la société algérienne (condition féminine, éducation, conscience collective etc.) Elle ne se dit pas féministe488 mais contribue à changer

484 Exécutée dans le cadre de la tournée de l'exposition « L’art Yadjouz », La Performance Le

Dernier jour avant le suicide a eu lieu en avant-première à Oran (La Nuit Blanche), le

03.10.2015.

485 « Le texte ne parle pas forcément de moi, mais d’un mélange de pulsions et d’états d’âme de plusieurs femmes. » Entretien de l’artiste publié le 21 aout 2016 sur sa page Facebook avec une

photographie de la performance Imra’a. URL :

https://www.facebook.com/PerformerArtisteDZ/photos, consulté le 26.11.2018.

486 Extrait du texte publié par l’artiste sur sa page Facebook le 15 septembre et le 2 octobre 2015.

487 Une vidéo de la performance Imra’a est disponible sur la plateforme Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=1oZAmY1kPO0&feature=youtu.be, consulté le 17.07.2018. 488 « Je ne suis pas féministe et je ne prends pas le féminisme comme cause. Je sais que ça va vous surprendre, mais j’ai toujours dit que la femme est le malheur de la femme. […]Comment comprendre une société malade comme la nôtre, comment expliquer ce complexe de la femme. Si une femme arrive à bien éduquer un homme et le préparer pour le futur et surtout à être

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lentement les mentalités en réalisant ses performances, forme artistique inconnue du public algérien. L’écriture est alors un moyen de les toucher, de les intéresser à la cause qu’elle défend. Si la forme performative est incomprise, le message de l’écriture leur est plus accessible. Elle explique qu’elle a « remarqué que les gens préfèrent la présence des lettres. Ils s'amusent et trouvent ça très intéressant et mystérieux. Écrire est devenu un support d'existence, d’influence et de questionnement. Ma dernière performance […], a changé et soutenu mon besoin d'écrire sur moi, sur le corps de l'autre avec qui je me sens en connexion à ce moment, sur qui je laisse mes traces, mon passage, un instant volé de son temps.489 » L’écriture constitue alors bel est bien un lien physique avec

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