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L’invention de l’environnement global Déconstruire l’environnement global : de la nature à la littérature

REPROUVE L’ APPROCHE DES POLITIQUES PUBLIQUES

1. La globalisation aux origines de la capture de l’environnement par les relations internationales Approches de

1.1. L’invention de l’environnement global Déconstruire l’environnement global : de la nature à la littérature

Le déploiement dans la littérature de la notion de « gouvernance environnementale » a partie liée avec l’émergence de l’environnement comme problématique globale. Saisie, notamment dans la littérature anglo-saxonne, comme « crise de l’environnement » (environmental crisis) dès le début des années 1970247, puis

généralisée sous l’appellation de « changement environnemental » – souvent assorti de l’adjectif « global »248 –, cette construction de l’environnement comme enjeu global249,

247 Faisant écho à la crise économique et au choc pétrolier, l’idée de crise environnementale s’est disséminée à

partir du début des années 1970 : Helfrich H.W. (Ed.), « Symposium on Issues in Environmental Crises Yale University 1968-69 », Agenda for survival : the environmental crisis-2, New Haven : Yale University Press, 1970, 234 p. ; Helfrich H.W. (Ed.), The environmental crisis : man's struggle to live with himself, New Haven London : Yale university press, 1970, 187 p. ; Commoner B., The closing circle : confronting the environmental crisis, London : J. Cape, 1972, 336 p. ; Center of International Studies – Woodrow Wilson School of Public and International Affairs – Princeton University (Ed.), Ecology and politics in America's environmental crisis, Princeton University, 1970, 138 p. Cette thématique a en outre essaimé dans les années 1980 et 1990, s’appliquant à des pays et/ou des aires géographiques spécifiques, interrogeant les rapports nord-sud et la prise en compte des pays en développement dans l’appréhension de cette problématique globale au regard de l’évolution des politiques environnementales à l’échelle mondiale : Barrett R.N. (Ed.), International dimensions of the environmental crisis, Boulder (Colorado) : Westview Press, 1982, 398 p. ; Development and the environmental crisis : red or green alternatives

?, London : Methuen, 1984, 146 p. ; Wilson D., The environmental crisis : a handbook for all friends of the earth,

London : Heinemann Educational Books, 1984, 196 p. ; Goodin R.E., « International ethics and the environmental crisis », Ethics & International Affairs, n° 4, 1990, p. 91-105 ; Jancar-Webster B., Environmental

action in Eastern Europe : responses to crisis, Armonk, N.Y. : Sharpe, 1993, 238 p. ; White R.R., North, South, and the environmental crisis, Toronto : University of Toronto Press, 1993, 214 p. ; Johnston B.R. (Ed.), Who pays the price ? : the sociocultural context of environmental crisis, Washington, D.C. : Island Press, 1994, 249 p. ; Ahmed I.,

Doeleman J.A., Beyond Rio : the environmental crisis and sustainable livelihoods in the Third World, New York : St Martin's Press, 1995, 390 p. ; Gare A.E., Postmodernism and the environmental crisis, London : Routledge, 1995, 192 p. ; Santos M.A., The environmental crisis, Westport, Conn. : Greenwood Press, 1999, 250 p.

248 Voir par exemple Kobrin S.J., Managing political risk assessment : strategic response to environmental change,

Berkeley : University of California Press, 1982, 224 p. ; Jacobson H.K., Price M., A framework for research on the

human dimensions of global environmental change, Paris-Unesco : International Social Science Council, 1990, 71 p. ;

« Global environmental change and international relations », Millenium, vol. 19, n° 3, hiver 1990, p. 337-476 ; Fleagle R.G, Global environmental change : interactions of science, policy, and politics in the United States, Westport : Praeger, 1994, 243 p. ; Schaeffer R.K., Understanding globalization : the social consequences of political, economic and

environmental change, Lanham, Md. : Rowman and Littlefield, 1997, 360 p. ; Vogler J., Imber M.F., The Environment and International relations. Global environment Change Programme, London and New York : Routledge,

1996 ; Prades J.A., Dunlap R.E. (Ed.), « Sociological perspectives on global environmental change »,

International Sociology, vol. 13, n° 4, décembre 1998, p. 421-516.

249 Si elle connaîtra une diffusion beaucoup plus large à partir de la fin des années 1980, et surtout des années

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planétaire a essentiellement été appréhendée par l’analyse des relations internationales. Cette littérature met ainsi l’accent sur la nécessité de penser les conditions et les formes d’une gouvernance environnementale dans un contexte où les interdépendances apparaissent de plus en plus saillantes :

« Nous vivons dans une ère d’interdépendances accrues du point de vue international, ce qui donne lieu à une demande accrue de systèmes de gouvernance pour encadrer des activités humaines qui, sans cela, interféreraient entre elles et produiraient des effets néfastes les unes sur les autres. Ce mouvement n’est nulle part plus visible que dans le domaine des ressources naturelles et de l’environnement. »250

L’invention de l’environnement comme enjeu global, comme écologie générale des interactions entre l’homme et les écosystèmes, apparaît donc comme un processus historicisé et historicisable – et source de nombreuses illusions rétrospectives. J. Vogler rappelle ainsi l’ancienneté de la mise en œuvre de politiques environnementales – et plus encore de la pensée environnementaliste. Néanmoins, l’appréhension des questions environnementales à l’échelle globale constitue un saut qualitatif, celui de la prise de conscience élargie des interdépendances :

« Une lecture de la littérature contemporaine pourrait donner cette impression, et il est effectivement vrai que la prise de conscience concernant certains problèmes environnementaux (comme par exemple la dégradation de la couche d’ozone), et le concept de changement global lui-même sont d’origine récente. Néanmoins, les Etats ont conclu des accords concernant leurs ressources et leurs intérêts en termes d’environnement depuis plus d’un siècle déjà. »251

L’imposition même du terme environnement, relativement récente et dérivée du français « environner » (« surround-entourer » pour les Anglo-saxons) traduit son acception géo-biosphérique, celle de la saisie d’une totalité, dont les contours demeurent controversés. Si l’« environnement global » s’est désormais imposé dans le langage252,

issues, New York : Foreign Policy Association, 1973, 63 p. ; Neuman S.G. (Ed.), Small states and segmented societies : national political integration in a global environment, New York : Praeger, 1976, 238 p.

250 « We live in an era of increasing international interdepencies that give rise to growing demands for

governance systems to manage human activities that would otherwise interfere with and produce harmful effects on each other. Nowhere is this movement more apparent than in the realm of natural resources and the environment. » Young O.R., International Governance. Protecting the environment in a Stateless Society, Ithaca & London : Cornell University Press, 1994, p. 181.

251 Vogler J., « The Environment in International Relations : Legacies and Contentions », in Vogler J., Imber

M.F., The Environment and International relations. Global environment Change Programme, London and New York : Routledge, 1996, p. 3.

252 Imposition qu’il faut sans doute nuancer, dans la mesure où le terme d’environnement interfère toujours

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faisant l’objet d’un accord minimal sur « les cadres de pensée » et les savoirs qui rendent descriptible et ordonnable253, il est possible d’en retrouver l’origine au moins au XIXème siècle.

En effet, comme le rappelle M. Foucault :

« On voit que l’expérience du langage appartient au même réseau archéologique que la connaissance des choses de la nature. Connaître ces choses, c’était déceler le système des ressemblances qui les rendaient proches et solidaires les unes des autres ; mais on ne pouvait relever les similitudes que dans la mesure où un ensemble de signes, à leur surface, formait le texte d’une indication péremptoire. »254

L’environnement global correspond dès lors à la mise en forme provisoirement et imparfaitement stabilisée d’une idée d’interdépendance à l’échelle planétaire – stabilisation qui apparaît comme un processus né du dialogue entre disciplines scientifiques et ancré dans des contextes historiques. L’interdépendance globale trouve ainsi ses fondements dans les principes et métaphores écologiques véhiculés initialement par tout un pan de la littérature des sciences naturelles ouvert aux sciences sociales qui, à partir du XIXème siècle, s’est tout spécifiquement penché sur la question écologique comme

totalité255. Les pionniers de l’environnementalisme au XXème, tels que Brown ou Osborne,

s’inscrivent également dans ce continuum vers l’imposition d’une thématisation générique d’un « environnement global », tout en traduisant l’indexation de cette idée théorique à des époques historiques – comme le rappelle là encore M. Foucault :

langue française met en lumière la difficulté inhérente à la stabilisation de termes dans des contextes linguistiques différents. Un autre exemple particulièrement saillant concerne les « (militants) écologistes » dénommés en anglais « environmentalists », les « ecologists » renvoyant davantage aux scientifiques, c'est-à-dire aux « écologues » français. Ces perspectives peuvent ainsi renvoyer à des conceptualisations différentes des interactions entre Homme-Nature, comme l’a montré Whiteside K.H., Divided natures : French contributions to

political ecology, Cambridge, Mass. : MIT Press, 2002, 393 p. Notre préférence ira ici au terme d’environnement,

plus usité dans la littérature comme par nos acteurs, et évitant davantage les confusions que le terme d’écologie – ce dernier étant fortement connoté en français. En outre, si la distinction entre ces deux termes renvoie pour une large part au statut dévolu à l’homme, notre acception du terme environnement ne se réduit pas à celle de « milieu environnant », mais tend davantage à intégrer les activités humaines aux éco-systèmes. En ce sens, environnement comme écologie entendus dans leur sens générique sont ici conçus dans une perspective proche du « lien écouménal » décrit par Augustin Berque (Berque A., Écoumène. Introduction à l’étude

des milieux humains. Paris : Belin, 2000, 271 p.).

253 Foucault M., Les mots et les choses, Paris : Gallimard, 1966, p. 170 et suiv. 254 Ibid., p. 56.

255 Voir notamment Drouin .J-M., L'écologie et son histoire : réinventer la nature, Paris : Flammarion, 1993, 213 p. ;

Lenoble R., Esquisse d’une histoire de l’idée de nature, Paris : Albin Michel, 1969, 446 p. ; Moscovici S., Essai sur

l’histoire humaine de l’idée de nature, Paris : Flammarion, 1968, 604 p. ; Cadoret A. (dir), Protection de la nature : histoire et idéologie : de la nature à l'environnement, Paris : L’Harmattan, 1985, 245 p. Du côté de la littérature anglo-

saxonne on se reportera plus spécifiquement à Marsh G.P., Man and Nature, Cambridge : Harvard University Press, 1965 (1ère Ed. 1864), 472 p. ; Osborn F., The limits of the earth, Boston : Little, Brown, 1953, 238 p. ;

Osborn F., La planète au pillage, Paris : Payot, 1949 ; Brown H., The challenge of man's future : an inquiry concerning

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« L’histoire naturelle est contemporaine du langage : elle est de même niveau que le jeu spontané qui analyse les représentations dans le souvenir, fixe leurs éléments communs, établit des signes à partir d’eux, et impose finalement des noms. » 256

Comme le soulignent K. Conca et R.D. Lipschutz257, la pensée de l’environnement

héritée des sciences naturelles essentiellement centrée sur la croissance de la population, des pressions écologiques et des ressources rares à l’échelle planétaire demeure la focale dominante au moins jusque dans les années 1980. La Seconde Guerre mondiale représente certes un premier « saut qualitatif », mais d’avantage d’ordre géographique, voire topographique. L’importance des combats aériens augure en effet une nouvelle ère de la cartographie, celle de la « terre vue du ciel » – imagerie qui reçoit sa pleine actualisation grâce aux premières photographies de notre Terre depuis l’espace258. Pour autant,

l’interrogation sur l’environnement comme enjeu à l’échelle planétaire persiste à le concevoir avant tout comme ressource, certes susceptible d’incidences sociales et politiques. Ainsi F. Osborn développe un parallèle entre les destructions massives de la Seconde Guerre mondiale et une seconde qu’il qualifie de « guerre silencieuse » (silent war), consistant en « ce que les hommes ont fait au cours des derniers siècles à la face de la terre et la vitesse croissante avec laquelle ils sont en train de détruire les sources de leur propre vie259 ». Brown, en 1954, suggère quant à lui que les perspectives futures d’une

paix mondiale seront directement liées aux progrès accomplis en matière de résolution des problèmes de croissance de la population, de consommation de ressources, de productivité de l’agriculture et de développement économique.

Au total, si la liste des problématiques environnementales globales s’est allongée, si leurs caractéristiques physiques ont été appréhendées avec une précision croissante, ces

256 Foucault M., Les mots et les choses, op. cit., p. 171.

257 Conca K., Lipschutz R.D., « A Tale of Two Forest », in Conca K., Lipschutz R.D. (Ed.), The State and

Social Power in global Environmental Politics, New York : Columbia University Press, 1993, p. 4.

258 B. Ward a ainsi souligné le rôle fédérateur joué par ces images alors même qu’elles s’inscrivaient

pleinement dans le contexte de la Guerre froide : « When the astronautes spin through more than a dozen sunrises and sunsets in a single day and night ; when the whole globe lies below them with California one minute and Japan the next ; when, as they return from space, they fell spontaneously, with the first Soviet spaceman : “How beautiful it is, our Earth ; it is inconceivable that no modification of consciousness or imagination occurs, no sense that quarrels are learningless before the majestic yet vulnerable reality of a single planet carrying a single human species through infinite space. », Ward B., Space Ship Earth, London : H. Hamilton, 1966, p. 146. Cité dans l’excellent article de Jasanoff S., « Heaven and Earth : The Politics of Environmental Images », in Long Martello M., Jasanoff S., Earthly Politics. Local and Global in Environmental

Governance, Cambridge/London : MIT Press, 2004, p. 31-52.

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travaux s’en tiennent à invoquer la nécessité d’analyses intégrant les multiples aspects économiques, sociaux et politiques à prendre en considération sans pour autant s’y confronter réellement. L’environnement global prend en effet toute sa consistance et s’impose au moment où il se « politise davantage », et cesse d’ignorer la complexité sociale des politiques internationales pour s’interroger sur la manière dont ces multiples interactions façonnent le changement environnemental.

L’environnement global, fruit d’une configuration historique spécifique

La qualification de « global » pour traiter d’un environnement aux frontières incertaines peut être conçue comme l’effet d’une configuration260 historique spécifique,

celle du début des années 1970, période au cours de laquelle les Etats et les opinions publiques prennent conscience de leur interdépendance économique et écologique par le biais des effets conjugués d’événements tels que la crise du pétrole, les considérations malthusiennes du Club de Rome ou encore la première conférence sur l’environnement humain à Stockholm en 1972. Cette configuration tend ainsi à s’imposer comme nouvel enjeu de la politique mondiale, engendrant l’émergence d’un nouvel espace de recherche pour l’étude des relations internationales. L’appréhension de la problématique par ce champ disciplinaire spécifique opère une transformation des formats d’analyse : à la focale traditionnelle des questions de sécurité, de ressources et de pressions environnementales, se superpose progressivement une littérature plus attentive aux structures et aux processus sociaux261.

La question de l’environnement global, désormais explicitement enjeu de politique internationale est ainsi à la source de la résurgence de l’opposition entre « réalistes » et « pluralistes ». Le début des années 1980 demeure cependant marqué par le primat de

260 La notion de configuration est ici utilisée dans une acception proche de celle d’Elias. Dans Qu’est-ce que la

sociologie ?, Elias la définit comme une formation de taille variable (les joueurs d’une partie de cartes, la société

d’un café, une classe scolaire, un village, une ville, une nation), où les individus sont liés les uns aux autres par un mode spécifique de dépendances réciproques et dont la reproduction suppose un équilibre mobile de tensions. Cette notion nous semble en effet demeurer opératoire dans un contexte élargi, dans lequel les individus analysés par Elias seraient davantage conçus comme les multiples entités et acteurs impliqués dans la construction d’événements et de « schème de perception » toujours mis en tension mais susceptible de perdurer afin de fournir des « cadres » généraux de pensée et d’action socio-politiques. Elias N., Qu’est-ce que la

sociologie ?, La Tour d’Aigues : Ed. de l’Aube, 1991 [1ère édition en allemand, 1970], p. 154-161.

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l’approche réaliste, du côté des acteurs politiques comme de la littérature262. Même si la

vulnérabilité commune aux dégradations de l’environnement fait de plus en plus figure de forme ultime de l’interdépendance, cette question est restée relativement négligée au profit d’une approche avant tout d’ordre économique. Saisi par la seule perspective réaliste, l’environnement en tant que phénomène global a ainsi été jusque dans le milieu des années 1980 réduit à des considérations géopolitiques sur les ressources naturelles, et ce au détriment de toute préoccupation d’ordre écologique – et participant de la critique radicale de l’incapacité du néoréalisme à penser l’interdépendance écologique263.

L’environnement comme phénomène « global » – au-delà des effets d’inertie propres aux disciplines de recherches et aux résistances de certains acteurs politiques dominants – apparaît étroitement lié à une configuration d’événements et d’acteurs spécifiques et à l’émergence d’enjeux thématiques déterritorialisé, préhensibles seulement à l’échelle planétaire. Le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, Our Common Future, publié en 1987, apparaît ainsi comme l’acte qui entérine la saisie de l’environnement global, celui de la planète. Fondamentalement politique, ce rapport peut être décrit comme le lieu par lequel s’opère une prise de conscience généralisée, celle d’une responsabilité partagée quant au devenir de la Terre dans le cadre d’une politique globale où les activités et édifices humains s’inscrivent et tendent à être subordonnés à la dynamique plus globale des systèmes naturels264. Pour

Jasanoff, cette nouvelle image d’une planète comme totalité, où le centre n’est plus l’homme mais l’écologie, peut être décrite comme une révolution scientifique, un

262 Ibid., p.14. Les deux auteurs soulignent ainsi la permanence d’approches reposant sur des bases similaires à

celles développées dans les années 1950 par Osborn et Brown.

263 Vogler J., « The Environment in International Relations : Legacies and Contentions », in Vogler J., Imber

M.F., The Environment and International relations. Global environment Change Programme, London and New York : Routledge, 1996, p. 5-7. Vogler l’explique en outre par le fait que la position réaliste se fondait sur la revendication positiviste de « connaissances objectives », par opposition aux incertitudes scientifiques sur les questions écologiques globales, excluant par là-même explicitement les valeurs ne pouvant être directement associées avec des intérêts nationaux. D’un point de vue plus général, cette critique s’apparente à celle de l’incapacité de la posture réaliste à admettre l’existence de valeurs universelles du type de celles associées à la préservation de la biosphère dans le cadre d’une pensée focalisée sur l’égoïsme et la compétition des Etats nations.

264 Jasanoff S., « Heaven and Earth : The Politics of Environmental Images : The Politics of Environmental

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changement de paradigme sur le modèle de Kuhn qui énonce les obligations éthiques inhérentes à la prise en compte de l’environnement global :

« In the middle of the twentieth century, we saw our planet from space for the first time. Historian may eventually find that this vision had a greater impact on thought than did the Copernician revolution of the 16th century, which upset humans’ self-image by revealing that the Earth is not the center of the universe. From space, we see a small and fragile ball dominated not by human activity and edifice but by pattern of clouds, oceans, greenery, and soils. Humanity’s inability to fit its activities into that pattern is changing planetary systems fundamentally. »265

Au cours des deux décennies qui séparent les conférences de Stockholm et de Rio, l’intérêt croissant pour la question écologique en tant que telle, interrogeant les relations entre les activités humaines et son « milieu-oikos », contribue à une transformation du paradigme environnemental qui essaime logiquement dans la littérature sur la gouvernance environnementale :

« Ici, la clé semble résider dans un changement de paradigme, évident entre Stockholm et Rio. Pour l’énoncer de façon simple, ce changement implique le passage d’une appréhension strictement localisée – ou transfrontalière – des problèmes à une appréhension globale. La dégradation de la couche d’ozone et le changement climatique prévisible – associé à une augmentation de « l’effet de serre » – constituent des enjeux réellement globaux. L’interconnexion extraordinaire entre les différents problèmes, l’étendue du champ des interdépendances que révèle ne serait-ce qu’un examen rapide de la question du changement environnemental global constituent des problèmes fondamentaux pour tous ceux qui étudient les relations et l’économie politique internationales. »266

La problématique environnementale s’est ainsi imposée comme le lieu par excellence du global (et de son articulation avec le local267). Symétriquement, la nécessité

de trouver des solutions globales à des enjeux environnementaux planétaires, quasiment

265 World Commission on Environment and Development (WCED), Our Common Future, Oxford : Oxford

University Press, 1987, p. 307. Cité in Jasanoff S., Ibid.

266 « The key here may lie in the paradigmatic shift that was clearly evident in the interval between Stockholm

and Rio. Simply stated, it involved the shift to an awareness of global rather than purely localised or transboundary phenomena. Stratospheric ozone-layer depletion and the projected climate change associated with the enhanced ‘greenhouse effect’ have a truly global scope. The extraordinary interconnection between

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