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L’analyse technologique prend appui sur l’étude minutieuse des attributs morphotechnologiques de chaque pièce afin de poser un diagnostic sur sa technique de taille et sur sa position au sein d’une chaîne opératoire spécifique (affiliation technologique). Chaque artefact a donc fait l’objet individuellement d’une analyse et d’une interprétation technologique qui ont ensuite été étudiées à l’échelle de la collection entière. On a vu précédemment que tous les artefacts ne sont pas révélateurs au même degré des informations recherchées et de nombreuses pièces ont un profil technologique plus équivoque. Cela peut s’appliquer autant au diagnostic des techniques de taille qu’au positionnement des artefacts

dans leur chaîne opératoire (Brenet 2011 :28-30; Cattin 2002 :19-20 et 77; Chabot 2002 :49; Soressi et Geneste 2011 :340-341). Afin de tenir compte de cette variabilité au moment d’établir ces deux types de diagnostics, un indice variant en cinq degrés de certitude a été élaboré (Tableau II.VII).

Tableau II.VII : Indice de certitude pour la pose des diagnostics technologiques.

Indices de certitude Certitude du diagnostic

0 Indéterminé 1 Incertain

2 Moyen

3 Très bon 4 Certain

La démarche consistant à évaluer le degré de certitude se fait en considérant si les artefacts analysés présentent suffisamment d’attributs diagnostics pour reconnaître leur technique de taille ou leur affiliation technologique. Même si les attributs diagnostiques permettant de révéler ces éléments sont relativement fixes, leur manifestation sur chaque pièce varie selon différentes combinaisons. C’est pourquoi la détermination du niveau de certitude se fait en évaluant les paramètres propres à chaque artefact et non selon des critères génériques universels. Néanmoins, on peut dire de manière générale que plus il y aura de critères en faveur d’un diagnostic (technique de taille ou affiliation technologique), plus il sera fiable. Inversement, plus il y aura d’attributs pouvant révéler une ou plusieurs autres possibilités, plus le diagnostic sera incertain. La définition de chaque indice va comme suit :

 Indice 0 – indéterminé : c’est lorsqu’il est impossible de proposer un diagnostic plutôt qu’un autre.

 Indice 1 – incertain : c’est lorsqu’on présume d’un diagnostic, mais qu’on a très peu d’éléments pour le soutenir.

 Indice 2 – moyen : c’est lorsqu’on a plusieurs éléments favorisant un diagnostic, mais qu’ils sont en nombre insuffisant ou qu’ils sont contrebalancés par des éléments favorisant aussi un autre diagnostic.

 Indice 3 – très bon : c’est lorsqu’il y a une majorité d’éléments favorisant un diagnostic. Nous considérons cela comme un haut indice de certitude.

 Indice 4 – certain : c’est lorsque tous les éléments pointent vers un diagnostic. Nous considérons cela aussi comme un haut indice de certitude.

Dans le cadre de cette thèse, les deux types de diagnostics effectués ne sont pas de même valeur. En effet, si la reconnaissance des techniques de taille est un élément important pour notre étude, il demeure néanmoins secondaire à l’affiliation technologique. Ce dernier aspect est donc central et c’est sur lui que repose l’essentiel de nos interprétations relatives aux éclats. Pour ne compter que sur des données fiables et fondées sur des interprétations solides, seuls les spécimens ayant atteint un niveau de certitude de « 3 - très bon » ou de « 4 – certain » concernant leur affiliation technologique ont été pris en compte pour l’analyse des différentes chaînes opératoires. Quant aux outils sur éclats, ils ont tous été considérés dans notre étude, mais seuls ceux ayant obtenu un haut indice de certitude ont servi à évaluer la relation entre la production de l’outillage et les trois processus ayant généré des éclats.

Au sujet de la reconnaissance des techniques de taille, elle demeure subordonnée aux pièces ayant révélé leur affiliation technologique selon un haut indice de certitude. On ne s’attarde donc pas dans cette thèse à la technique de taille des éclats n’ayant pas divulgué leur affiliation technologique. Selon la même logique, les diagnostics de technique de taille n’ont été retenus que lorsqu’ils présentaient un niveau de certitude de « 3 - très bon » ou de « 4 – certain ».

Le Tableau II.VIII montre que parmi tous les éclats entiers et proximaux analysés, 6299 ont révélé à différents degrés des éléments informatifs sur leur chaîne opératoire (indices de certitude de 1 à 4). De ce nombre, plus de la moitié (n=3399; 54 %) a été diagnostiquée avec un haut indice de certitude (indices de certitude de 3 à 4). Pour l’assemblage des éclats, ce sont donc ces 3399 spécimens qui ont servi de fondement à l’étude des chaînes opératoires39.

39

Ce nombre inclut quelques éclats issus de la taille de macro-outils, mais qui ne sont pas abordés dans l’analyse technologique détaillée aux chapitres 4 et 5.

Tableau II.VIII : Nombre d’éclats de taille associé à une chaîne opératoire selon l’indice de certitude.

Sites Éclats porteurs d’information sur leur chaîne opératoire (indices de certitude de 1 à 4)

Éclats associés à une chaîne opératoire (indices de certitude de 3 à 4 seulement)

CkEe-12 1282 700 CkEe-22 1578 916 CkEe-9 44 21 CkEe-2 1247 985 CjEd-5 2148 777 Total 6299 3399

Les outils sur éclats (n=764) ont également été analysés afin de les positionner au sein d’une chaîne opératoire spécifique. Or, en raison notamment de la fragmentation et de la retouche effaçant les détails morphotechnologiques, seuls 134 spécimens (17,5 %) ont pu être rattachés à une chaîne opératoire avec un haut indice de certitude (Tableau II.IX).

Tableau II.IX : Nombre d’outils sur éclats associé à une chaîne opératoire selon l’indice de certitude.

Sites Outils sur éclats porteurs d’information sur leur chaîne opératoire (indices de certitude de 1 à 4)

Outils sur éclats associés à une chaîne opératoire (indices de certitude de 3 à 4 seulement)

CkEe-12 14 5 CkEe-22 98 23 CkEe-9 449 66 CkEe-2 169 34 CjEd-5 34 6 Total 764 134