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Tableau II.III : Effectifs généraux des collections lithiques étudiées.

Sites Éclats et fragments Nucléus Outils ad hoc Grattoirs Pièces esquillées Pièces bifaciales Matrices brutes Macro- outils Total CkEe-12 4441 37 10 4 7 1 4500 (16,0 %) CkEe-22 9236 7 72 26 25 2 7 9375 (33,3 %) CkEe-9 87 81 137 126 186 194 1 812 (2,9 %) CkEe-2 5605 8 65 14 90 46 2 5830 (20,7 %) CjEd-5 7564 6 26 7 1 9 1 7614 (27,1 %) Total 26 933 (95,7 %) 139 (0,5 %) 310 (1,1 %) 177 (0,6 %) 277 (1,0 %) 281 (1,0 %) 3 (0,01 %) 11 (0,04 %) 28 131 (100 %)

Tableau II.IV : Densité par mètres carrés des classes d’artefacts sur chaque site.

Sites Éclats et fragments Nucléus Outils ad hoc Grattoirs Pièces esquillées Pièces bifaciales Matrices brutes Macro- outils Total CkEe-12 (18,5 m2) 240,1/m 2 2/m2 0,5/m2 0,2/m2 0,4/m2 0,1/m2 243,2/m2 CkEe-22 (16,5 m2) 559,8/m 2 0,4/m2 4,3/m2 1,6/m2 1,5/m2 0,1/m2 0,4/m2 568,2/m2 CkEe-9 (22 m2) 4/m 2 3,7/m2 6,2/m2 5,7/m2 8,5/m2 8,8/m2 0,1/m2 36,9/m2 CkEe-2 (22 m2) 254,8/m 2 0,4/m2 3/m2 0,6/m2 4,1/m2 2,1/m2 0,1/m2 265/m2 CjEd-5 (6 m2) 1260,7/m 2 1/m2 4,3/m2 1,2/m2 0,2/m2 1,5/m2 0,2/m2 1269/m2

Les effectifs généraux des collections lithiques étudiées démontrent qu’un total de 28 131 objets lithiques a été examiné dans le cadre de cette thèse32 (Tableau II.III). Puisque les cinq aires de fouille sont de dimensions différentes, le Tableau II.IV montre pour sa part la densité de chaque classe d’artefacts par mètres carrés excavés. CjEd-5 est le secteur montrant la plus petite superficie fouillée avec seulement 6 m2, alors que les autres secteurs varient entre

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Les effectifs affichés ici peuvent varier de ceux présentés dans les précédents rapports, études et catalogues associés à chacun des sites. Les analyses effectuées dans le cadre de cette thèse ont mené plusieurs artefacts à changer de classe d’objets. Les modifications les plus fréquentes ont été l’ajout de nouveaux outils qui étaient passés inaperçus dans les éclats de taille et l’attribution d’un nouveau type pour certains outils.

16,5 m et 22 m. C’est par conséquent CjEd-5 qui présente la plus grande densité totale de matériel, bien que cette forte concentration soit surtout due aux éclats de taille.

La nette majorité du matériel mis au jour (95,7 %) correspond à des éclats et fragments d’éclats de taille. Le seul site faisant exception à cela est CkEe-9 dont les éclats étudiés ne correspondent qu’à ceux en matières exogènes, cela expliquant leur nombre très réduit (n=87)33. Pour les autres collections, l’assemblage des éclats (entiers, proximaux et fragmentaires) varie entre 4441 et 9236 pièces. Comme mentionné plus haut, cette variabilité s’explique par la méthode d’échantillonnage employant une localisation spatiale des artefacts, ce qui apporte forcément des différences d’un site à l’autre. L’examen du Tableau II.III nous montre que les différentes collections présentent des classes d’objets assez semblables : une dominance d’éclats de taille, accompagnés généralement de nucléus, de pièces bifaciales et d’outils sur éclats peu ou pas formalisés (éclats retouchés, éclats utilisés bruts, grattoirs, pièces esquillées). Les outils sur éclats qui ne présentent pas d’attributs formalisés sont réunis la plupart du temps sous le vocable d’« outils ad hoc » pour simplifier les descriptions et pour alléger le texte et les tableaux. Les deux types dominants de cette catégorie sont les éclats retouchés et ceux utilisés bruts. Les éclats retouchés englobent tous les outils sur éclats, autres que les grattoirs, présentant un ou plusieurs bords retouchés. Les attributs morphométriques de ces outils et la nature de leurs retouches sont très variables d’une pièce à l’autre. Quant aux spécimens utilisés bruts, il s’agit d’éclats utilisés sans aménagements préalables, mais dont l’usage a entraîné une modification macroscopique plus subtile des bords actifs, laquelle prend habituellement la forme de fines dents (voir le chapitre 4 pour plus de détails).

Les nucléus, les outils ad hoc, les grattoirs et les pièces bifaciales sont tous présents dans chaque collection, mais en proportions très variables. On voit notamment que deux sites (CkEe-12 et CkEe-9) se démarquent par leurs nucléus qui sont beaucoup plus nombreux que sur les autres établissements. Si CkEe-12 compte un grand nombre de nucléus, il est en revanche assez pauvre en outils de toutes sortes, ce qui est tout le contraire du site CkEe-22.

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CkEe-2 montre une situation semblable à CkEe-22, mais avec moins de grattoirs et davantage de pièces bifaciales. La collection de CjEd-5 présente quant à elle une position mitoyenne avec quelques nucléus et une proportion modérée d’outils. Enfin, c’est CkEe-9 qui affiche de loin la plus forte quantité d’artefacts dans chaque classe d’objets.

Une particularité ressort cependant pour les sites CkEe-2 et CkEe-9, soit la présence en proportion importante de pièces esquillées. Cette différence est marquante d’autant que cette classe d’outils est complètement absente des autres collections étudiées, sauf sur CjEd-5 où un seul spécimen en quartz laiteux a été mis au jour.

Au sujet des matrices brutes34, elles sont anecdotiques (n=3) et sont toutes en chert local. Il est enfin fait mention, à titre indicatif seulement, de onze pièces qualifiées par le terme générique de « macro-outils » et qui renvoient aux polissoirs, percuteurs et pièces taillées/bouchardées/polies faits en pierres non siliceuses. Ces outils n’ont pas fait l’objet d’une analyse technologique, car cela aurait exigé l’emploi d’une méthodologie distincte et leur nombre est trop restreint pour justifier un tel investissement.

Tableau II.V : Effectifs détaillés des assemblages d’éclats de taille.

Types d'objets CkEe-12 CkEe-22 CjEd-5 CkEe-2 CkEe-9 Total

Éclats entiers et proximaux Éclats entiers et proximaux 1708 3381 1571 3005 35 9700 (36,0 %) Esquilles 204 312 1510 163 9 2198 (8,2 %) Esquilles bulbaires 13 11 16 5 0 45 (0,2 %) Total - éclats entiers et proximaux 1925 3704 3097 3173 44 11 943 (44,3 %) Éclats

fragmentaires

Fragments et

cassons35 2516 5532 4467 2432 43 14 990 (55,7 %)

Total 4441 9236 7564 5605 87 26 933 (100 %)

Le Tableau II.V montre que les éclats de taille sont, d’un point de vue global, majoritairement fragmentaires (n=14 990; 55,7 %). CkEe-12, CkEe-22 et CjEd-5 présentent entre 56,7 % et 59,9 % de fragments, alors que CkEe-2 en compte moins avec 43,4 %. Quant à CkEe-9,

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Une matrice se définit ici comme « un module de matière première débité ou façonné dont la vocation est de générer des supports et/ou d’être lui-même in fine un outil » (Brenet 2011 :28). Dans le cas des matrices brutes, ce sont les blocs, plaquettes ou galets retrouvés sans évidence de taille.

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rappelons que l’assemblage des éclats n’est constitué que par ceux en matières exogènes, ce qui le rend ici impropre aux comparaisons avec les autres sites. La classe des spécimens entiers et proximaux (n=11 943; 44,3 %) est répartie en quelques sous-types d’éclats. On retrouve la catégorie des éclats entiers et proximaux (n= 9700), celle des esquilles36 (n=2198) et celle des esquilles bulbaires37 (n=45).

Enfin, concernant le site CjEd-5, il est intéressant de noter la part prépondérante des esquilles dans l’assemblage, puisqu’elles représentent 48,8 % des pièces non fragmentaires. Cette proportion est hautement supérieure à celle observable sur les autres sites analysés. Il faut toutefois tenir compte, contrairement aux autres collections, que les sols de CjEd-5 ont fait l’objet d’un tamisage aux mailles de 1/8 de pouce. Cela a pour effet, certes, de favoriser la représentativité des très petits éclats, mais leur proportion est à ce point importante qu’il est permis de croire que cette prépondérance n’est pas seulement due aux méthodes de collecte sur le terrain.

Remontages

La réalisation de raccords et de remontages est une pratique courante dans les analyses technologiques de tradition française, mais elle l’est beaucoup moins dans les recherches nord- américaines. Bien que non essentiels, les remontages sont néanmoins très utiles et apportent beaucoup d’informations sur le déroulement des activités de taille in situ.

Le Tableau II.VI relate le compte des remontages effectués sur les différentes pièces des collections lithiques à l’étude. Ces chiffres ne concernent que les éclats et outils sur éclats ayant été remontés sur d’autres pièces : des nucléus, des pièces bifaciales, des pièces esquillées, ainsi que d’autres éclats. On ne compile donc pas ici les fragments remontés à partir d’une même pièce lithique, par exemple les deux segments d’une pointe de projectile cassée.

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Petits éclats de moins de 1 cm2 (Cattin 2002 :23).

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Petits éclats parasites se détachant parfois du bulbe de percussion en même temps que la taille de l’éclat (Inizan, et al. 1995 :146).

L’auteur de cette thèse a donc effectué 278 remontages d’éclats bruts, ce qui correspond à 4,4 % de tous les éclats ayant fait l’objet d’une analyse technologique détaillée (n=6299). Les remontages sur nucléus sont constitués par 94 éclats bruts distribués sur 26 nucléus, ce qui correspond à 33,8 % de tous les éclats remontés. C’est une proportion de 18,7 % de tous les nucléus analysés qui a fait l’objet d’un remontage. Parallèlement aux éclats bruts, un seul outil sur éclat (un grattoir) a pu être remonté sur un nucléus en matière exogène du site CkEe-12. Tableau II.VI : Compte des remontages effectués pour chaque collection lithique étudiée.

Sites Types de pièces remontées Nb d’éclats remontés

Nb d’outils sur

éclats remontés Total

CkEe-12

20 nucléus 63 1 64

1 pièce bifaciale 1 0 1 Éclats remontés entre eux 45 0 45 Encoche sur plaquette 1 0 1

Total CkEe-12 110 1 111 (39.6 %)

CkEe-22

4 nucléus 22 22

5 pièces bifaciales 20 1 21 1 outil taillé/bouchardé/poli 4 4 Éclats remontés entre eux 52 52

Total CkEe-22 98 1 99 (35,4 %) CkEe-9 1 nucléus 1 0 1

Total CkEe-9 1 0 1 (0,4 %) CkEe-2 16 pièces esquillées 31 0 31

Éclats remontés entre eux 4 0 4

Total CkEe-2 35 0 35 (12,5 %) CjEd-5

3 pièces bifaciales 16 0 16

1 nucléus 8 0 8

Éclats remontés entre eux 10 0 10

Total CjEd-5 34 0 34 (12,1 %)

Total 278 (99,3 %) 2 (0,7 %) 280 (100 %)

Les pièces bifaciales ont également fait l’objet de remontages. On dénombre ainsi 28 éclats raccordés à neuf pièces bifaciales de types variés (ébauches, préformes et bifaces), ce qui correspond à 10 % de tous les remontages réalisés. Un éclat retouché a également été remonté sur une ébauche bifaciale en chert Tobique du site CkEe-22. Les pièces esquillées ont également fait l’objet de 31 remontages concentrés uniquement sur le site CkEe-2. Quant aux raccords d’éclats sur d’autres éclats (Figure 16), on en compte un total de 111.

Figure 16 : Vue de deux séries d’éclats en chert Touladi remontés les uns avec les autres, mais sans la présence de leur matrice. Les éclats de la vue du haut proviennent de CkEe-12 et ceux de la vue du bas de CkEe-22.

Il est intéressant de mentionner un cas unique sur CjEd-5, soit celui du raccord d’une ébauche bifaciale à un présumé nucléus (Figure 17). Grâce aux remontages d’éclats sur ces deux pièces, il a été possible de voir qu’elles provenaient de la même plaquette de chert qui a été segmentée de manière intentionnelle ou accidentelle. Sans le remontage des éclats, il eut été impossible de raccorder ces pièces l’une à l’autre, la jonction des deux segments ayant été modifiée par les enlèvements subséquents.

Figure 17 : Vues du présumé nucléus CjEd-5.454 (en bas à gauche) et de l’ébauche CjEd- 5.466 (en bas à droite) provenant de la même plaquette de chert Touladi. Les vues du haut montrent les deux pièces raccordées l’une à l’autre et avec leurs remontages d’éclats.

Ces remontages ont été un élément crucial pour l’étude de ces collections lithiques, d’autant que les technologies se présentaient de prime abord de manière peu formalisée. Ils furent surtout nécessaires pour identifier les produits débités des nucléus, car ces derniers ne portent habituellement pas de traits réellement diagnostiques et sont faciles à confondre avec des sous- produits des premières phases de la chaîne opératoire bifaciale. Ils ont également permis de nuancer ou de confirmer certaines interprétations technologiques et de mettre en lumière les liens unissant différents artefacts.

Il est intéressant aussi de noter qu’un seul outil sur éclat remonte sur un nucléus et qu’il s’agit en plus de pièces en matériaux exogènes (chert Washademoak). Malgré des tentatives nombreuses et systématiques, aucun outil n’a donc pu être raccordé à un nucléus en chert

Touladi. Cette absence est intrigante considérant la proportion assez élevée d’éclats bruts ayant pu être remontée sur de nombreux nucléus, ce qui soulève d’intéressantes questions sur l’organisation économique de l’outillage sur éclats que nous aborderons au chapitre 4.

Aux remontages physiques, ajoutons également le cas de pièces ayant été « rapprochées ». On parle ici de rapprochement lorsque deux ou plusieurs artefacts lithiques sont interprétés comme étant issus d’une même matrice de matière première en fonction de critères macroscopiques (matière première, laminations, couleur, grain, impuretés, cortex, etc.) ou technologiques (mêmes techniques et méthode de fabrication, caractéristiques morphotechnologiques similaires, dimensions, etc.) sans pour autant qu’un réel remontage n’ait été réalisé (Bordes 2000 :391; Porraz 2005 :46; Sellet 1999 :42-43). Ces spécimens n’ont pas été quantifiés38, mais ont servi aux interprétations technologiques et se sont avérées utiles notamment pour le rapprochement de diverses pièces en matériaux exogènes ou celles en chert Touladi présentant des attributs plus rarement rencontrés dans le reste de l’assemblage (couleur, laminations, grain, impuretés, etc.).