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Nous avons explicité au chapitre 1 le procédé permettant de diagnostiquer les techniques de taille. Nous présentons ici les critères retenus pour la reconnaissance, sur les éclats, des trois principales techniques de taille rencontrées dans nos recherches. Nous parlons ici de la percussion directe au percuteur dur, de la percussion directe au percuteur tendre (organique) et de la percussion bipolaire sur enclume. Les attributs propres à chaque technique présentés ici sont basés sur les données recensées dans la littérature (Cattin 2002 :22-23; de la Peña 2015 ; Donnart, et al. 2009 :527-529; Guyodo et Marchand 2005 :541-542; Lucas et Hays 2004 :115- 116; Pelegrin 1995 :67-68, 103-106; 2000 :75-77; Roussel, et al. 2009 ; Soressi 2002 :53; Wenban-Smith 1989). Rappelons que tous les paramètres énumérés ne sont pas automatiquement présents sur chaque produit obtenu par ces différentes techniques, mais

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Même si on ne possède pas de chiffres exacts concernant les pièces rapprochées, elles sont tout de même plus nombreuses que les pièces remontées.

qu’ils représentent les stigmates potentiellement observables pour poser un diagnostic. C’est l’accumulation des différents attributs diagnostiques qui permettra de reconnaître une technique avec un bon niveau de certitude (Chabot 2002 :49; Pelegrin 2002 :215-216; Tixier 1982 :21).

Critères de diagnose de la percussion directe au percuteur dur

Les critères morphotechnologiques de la percussion directe à la pierre dure ont été tirés des références suivantes : (Pelegrin 1995 :67-68, 103-106; 2000 :75-76; Roussel, et al. 2009 ; Soressi 2002 :53; Wenban-Smith 1989).

 Il peut y avoir présence d’un point d’impact de superficie limitée (punctiforme) et de forme circulaire résultant de la dureté et du faible étalement du percuteur. Si le percuteur a fait contact sur une nervure d’un talon facetté, celle-ci sera écrasée.

 Il peut y avoir présence d’une fissuration semi-circulaire (ring-crack) sur le talon, laquelle représente la pointe du cône incipient.

 Il peut y avoir présence d’un débordement semi-circulaire formant aussi la pointe du cône incipient et visible sur la partie postérieure du talon (à l’angle du talon et de la face inférieure). Lorsqu’une fissuration est aussi visible, les deux attribuent forment ensemble un cercle complet.

 Il peut y avoir présence de micro-rides fines et serrées après le point d’impact, sur les premiers millimètres du bulbe.

 Le talon est généralement épais, ce qui amène la tendance vers des éclats relativement épais aussi.

 Il y a une certaine tendance vers un bulbe plutôt saillant, mais cet attribut est peu diagnostic en soi puisqu’il dépend de multiples facteurs.

 La préparation du plan de frappe est facultative. L’angle de chasse du talon (angle entre le talon et la face supérieure de l’éclat) peut donc être aménagé on non (abrasion, éperon, etc.)

 L’angle de chasse peut atteindre les 90o.

Critères de diagnose de la percussion directe au percuteur tendre

Les critères morphotechnologiques de la percussion directe tendre (organique) ont été tirés des références suivantes : (Pelegrin 1995 :67-68, 103-106; 2000 :76-77; Roussel, et al. 2009 ; Soressi 2002 :53; Wenban-Smith 1989).

 Cette percussion se fait selon un geste tangentiel venant accrocher le bord du plan de frappe. Cela nécessite donc une préparation de ce dernier via notamment une abrasion des aspérités. L’angle de chasse de l’éclat porte donc habituellement des marques d’abrasion.

 Le talon est généralement mince, ce qui a tendance à générer des produits également minces, mais pouvant par contre être assez larges. La production d’éclats relativement minces, mais couvrants constitue d’ailleurs l’intérêt particulier de cette technique.  Il peut y avoir présence d’une lèvre (qui serait plus fréquente avec un percuteur de bois

végétal plutôt qu’animal). La lèvre est généralement plus marquée sur les talons dont l’angle de chasse est plus aigu.

 Le bulbe est très peu marqué, généralement diffus ou peu saillant.  L’angle de chasse est généralement plutôt aigu (inférieur à 80o)  Il y a absence habituelle de point d’impact.

 Généralement, on ne distingue pas de fissuration du talon, mais il arrive parfois qu’on puisse voir une fissuration latérale parallèle à l’un des bords du talon et allant potentiellement rejoindre une de ses extrémités.

 La partie distale des éclats est généralement fine (feathering).

 Il y a présence occasionnelle d’un esquillement du bulbe (esquillement fait dans l’axe de débitage et ayant des bords rectilignes lui donnant une forme à peu près rectangulaire).

Critères de diagnose de la percussion bipolaire sur enclume

Les critères morphotechnologiques de la percussion bipolaire sur enclume (incluant la taille de pièces esquillées) ont été tirés des références suivantes : (Cattin 2002 :22-23; de la Peña 2015 ; Donnart, et al. 2009 :527-529; Guyodo et Marchand 2005 :541; Lucas et Hays 2004 :115- 116).

 Il y a fréquemment des marques d’écrasements des éclats en raison du contact de l’enclume et du percuteur. Les écrasements peuvent cependant n’être visibles que dans la partie proximale de l’éclat si ce dernier ne file pas jusqu’à l’enclume.

 Il y a absence fréquente d’un bulbe et lorsque présent, il se résume souvent à un cône incipient (les cônes incipients peuvent aussi être présents sur les nucléus). Lucas et Hay (2004 : 115) notent cependant que sur les pièces esquillées, un bulbe est parfois présent et qu’on peut percevoir sous ce dernier un genre d’arête en arc de cercle. Le « bulbe » peut également être concave plutôt que convexe.

 Il y a souvent présence d’ondulations très marquées et serrées (surface vibrée).

 Il y a souvent des fractures longitudinales pouvant engendrer certains produits caractéristiques comme les quartiers et les bâtonnets.

 Les talons sont rares et, lorsque présents, leurs limites sont mal définies. En l’absence d’un talon, la portion de l’éclat ayant reçu le coup prendra la forme d’un point ou d’une ligne en raison de l’écrasement.

 Le réfléchissement de la partie distale des éclats serait rare pour le débitage de nucléus bipolaire (Donnart, et al. 2009 :527), mais serait plus fréquent dans le cas des pièces esquillées (Cattin 2002 :22; de la Peña 2015 :4).

 De petites esquilles se détachent souvent en même temps que les plus gros éclats et affichent les mêmes caractéristiques. Leurs négatifs peuvent être visibles sur les faces supérieures et inférieures des éclats.

 Le profil des éclats est souvent rectiligne.

Diagnostic des produits de chaque chaîne opératoire (affiliation