CHAPITRE II CADRE THÉORIQUE CADRE THÉORIQUE
2.4 Les signes et la représentation culturelle
2.4.2 Les images et les significations
Une fois les signes étudiés, on envisagera leurs significations. Cest à travers les signes que lon apprend sur la culture grâce aux significations et aux données socio- culturelles que portent les signes. Il est à noter que la méta-textualité et la méta-iconicité jouent également un rôle important quand nous associons les différentes facettes de notre corpus en recherchant les relations établies entre des images différentes. Nous avons recours à lisotopie. Greimas la définie en premier lieu de la manière suivante : « le syntagme réunissant deux figures sémiques peut être considéré comme le contexte minimal permettant détablir une isotopie. »147 Dans un second temps, la notion a été élargie en tant que « récurrence de catégories sémiques, que celles-ci soient thématiques (ou abstraites) ou figuratives (ce qui dans lancienne terminologie, donnait lieu à une opposition entre isotopie sémantique au sens restreint et isotopie sémiologique). »148 La recherche des isotopies se fait en envisageant l« ensemble homogène de signifiés répétés, facteur de cohésion sémique de lénoncé. »149 Cela permettra de dégager ce qui est récurrent dans différents documents, produits par différents auteurs.
Au niveau idéologique, nous tâcherons de dégager les significations à laide de plusieurs images, constituées de signes portant sur les mêmes thèmes ou les mêmes isotopies. Cette étape mène à la recherche des structures profondes. « La dimension narrative y joue le rôle dune composante organisatrice sous-jacente, structurant, à la manière des règles dune grammaire, les processus de production et de lecture du "message". »150 Cela permet dorganiser les effets de sens saisis par linterprétation, à travers les signes visuels, avant daboutir à la représentation culturelle.
Nous avons recours à loutil de base de la sémiotique, le carré sémiotique, qui permettra de rechercher les relations à partir de deux catégories sémantiques opposées. Les couplages de fonction dopposition savéreraient très utiles dans létude de limage ambiguë, où lon trouve des éléments incongrus, même contrastés. Il en va du carré sémiotique « la représentation visuelle de larticulation logique dune catégorie sémantique
147
GREIMAS Algirdas-Julien et COURTÉS Joseph, Sémiotique : Dictionnaire raisonné de la
théorie du langage, op. cit., p. 197. 148
Ibid., p. 197-198.
149 HELBO André, Sémiologie des messages sociaux, Paris : Édilig, 1983, p. 69. 150
quelconque. La structure élémentaire de la signification quand elle est définie dans un premier temps comme une relation entre au moins deux termes, ne repose sur une distinction dopposition qui caractérise laxe paradigmatique du langage [ ] », ce qui peut être schématisée ainsi : 151
A B
Non B Non A
Fig. 19 : Le carré sémiotique
La relation A /Non A est définie par limpossibilité quont les deux termes dêtre présents ensemble et elle est dénommée relation de contradiction, de la même manière que B est le contradictoire de Non B. Si le terme A nest pas Non A, cela implique que A équivaut à Non B et B, à non-A. Il en va ainsi dune structure où les catégories sopposent, se contredisent et se complémentent. Prenons lexemple de Jean-Marie Floch (dont le schéma est ici reproduit et légèrement modifié) dans lequel il oppose le bien au mal :
Bien vs Mal
Pas mal Pas bien
Fig. 20 : Le carré sémiotique de bien vs mal
Selon Floch152, la position de chaque terme est définie par rapport à trois relations : la relation, horizontale, de contrariété (laxe entre A et B), la relation de contradiction représentée par une oblique qui correspond à une négation (A vs non A et B vs non B), et
151 GREIMAS Algirdas-Julien et COURTÉS Joseph, Sémiotique : Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, op.cit., p. 29-30.
152 FLOCH Jean-Marie, Sémiotique, marketing et communication, Paris : PUF, 1995 [1990], p. 28-
la relation de complémentarité, ou la relation dimplication153 (le « bien » implique « pas mal » et le « mal », « pas bien ») sur laxe verticale. Cette structure sémantique satisfera à notre recherche de lidentité, qui se fonde sur plusieurs dichotomies. Aussi adoptons-nous le schéma suivant qui peut être utile quand on traite des problèmes de lambiguïté, de lêtre et du paraître. Nous voyons la catégorie de la véridiction, qui « est constituée par la mise en corrélation de deux schémas : le schéma paraître/non paraître est appelé manifestation, celui dêtre/non-être immanence. Cest entre ces deux dimensions de lexistence que se joue le « jeu de la vérité » : inférer, à partir de la manifestation, à lexistence de limmanence, cest statuer sur lêtre de lêtre. »154
vérité (être) (paraître) secret mensonge (non-paraître) (non-être) fausseté
Fig. 21 : La structure de la véridiction
Le carré réunit les quatre possibilités ou valeurs en position de métatermes : le secret, le mensonge, la vérité et la fausseté. « Chaque métaterme résulte dune relation de spécification entre les termes de base, et ce sont ces relations de spécification qui entreront elles-mêmes en relation dans le système de seconde génération. Ainsi le secret se définira comme une spécification entre être et non paraître, l illusion comme une spécification entre non-être et paraître, la vérité, comme une spécification unissant être et paraître... »155 Par ce schéma, « ne pas faire paraître ce qui nest pas » et « faire paraître ce qui est » sont définis comme vrai. Cette structure sappliquera à la recherche de lidentité ambiguë qui est la nôtre et nous tenons à compléter les paires de chaque relation et à trouver les métatermes appropriés aux résultats de cette recherche.
153
Terme trouvé chez KLINKENBERG Jean-Marie, op.cit., p. 169-170.
154 GREIMAS Algirdas-Julien et COURTÉS Joseph, Sémiotique : Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, op.cit., p. 419.
155 GREIMAS Algirdas-Julien et COURTÉS Joseph, Sémiotique 2 : Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, Paris : Hachette, 1986, p. 111.