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PRÉSENTATION DU CORPUS ET MÉTHODOLOGIE DE TRAVAIL

B. Images collectées d’autres sources (8)

3.2 Le corpus de photographie

La photographie est généralement reconnue pour « son pouvoir de reproduire exactement la réalité extérieure » qui lui accorde « un caractère documentaire comme le procédé de reproduction le plus fidèle ».171 Malgré les progrès de la technologie photographique (retouche, images de synthèse, montage), la photographie garde les aspects de l’authenticité en attestant la réalité et l’existence de l’objet photographié. « L’effet qu’elle (la photographie) produit sur moi n’est pas de restituer ce qui est aboli (par le temps, la distance), mais d’attester que cela que je vois a bien été. »172 C’est ce que Barthes a nommé le « ça a été » qui souligne l’existence de l’objet en question. La photographie témoigne de l’authenticité du sujet photographié. « Le pouvoir d’authentification prime le pouvoir de représentation. »173 Selon la célèbre photographe professionnelle Gisèle Freund, les photographies, par leurs qualités, permettent les déformations de la réalité selon la façon de voir de l’auteur de la photo. « L’importance de la photographie ne réside donc pas seulement dans le fait qu’elle est une création, mais dans le fait surtout qu’elle est un des moyens les plus efficaces de façonner nos idées et d’influer sur notre comportement. »174

Dans notre corpus, la plupart des photos sont prises par des professionnels soucieux d’exprimer leurs visions et de révéler des visages différents de la Thaïlande, comme cela est indiqué dans l’introduction de plusieurs ouvrages. Ils visent l’originalité mais gardent toujours à l’esprit le souci de la crédibilité. La mise en scène et le montage sont des sujets sensibles, qui risquent de ternir la crédibilité des photographes.

3.2.1 La classification des publications

Lors de la recherche sur quelques sites Internet de vente de livres, comme amazon.fr, nous constatons que les publications qui concernent notre étude sont classées pour la plupart dans les catégories « culture et société » et « vie pratique », qui se divisent toutes les deux en une sous-catégorie « tourisme et voyages ». Toutefois nous en trouvons d’autres dans la sous-catégorie « histoire et actualité ».

171 FREUND Gisèle, op.cit., p. 6. 172

BARTHES Roland, La chambre claire, Paris : Seuil, 1980, p. 129.

173 Ibid., p. 138-139. 174

Parmi de nombreuses publications sur la Thaïlande, nous nous concentrons tout d’abord sur les beaux livres dans lesquels les images occupent la plus grande place. Notre intérêt pour ce genre de livre ne réside pas dans leur qualité esthétique mais dans les sujets photographiés, ceux qui concernent la population surtout, c’est-à-dire les photos qui révèlent des « tranches de vie ». À travers les scènes de la vie on découvre des pratiques, des coutumes, des croyances et tout ce qui reflète la culture. Ces ouvrages sont encore très intéressants pour le choix de scènes, les points de vue innovants, parfois surprenants, et surtout pour leur capacité de faire ressortir le mode de vie de la population. Il est indéniable, malgré les sujets souvent répétés ou stéréotypés, que les photographes cherchent toujours à présenter des images inédites, des points de vue jamais traités ou des lieux jamais découverts, pour leur authenticité. Pour y parvenir, les photographes doivent véritablement s’immerger dans la vie quotidienne de la population. La photographie exprime les points de vue propres à chaque photographe et à son expérience personnelle. Les images ainsi capturées ne représentent que la réalité de son auteur, par le fait même du choix du sujet photographié.

Malgré leur appellation, ces « beaux livres » ne présentent toujours pas les « belles » images au sens esthétique du terme. En fait, elles expriment parfois le côté obscur de la vie de la population, les visages insolites de la ville, voire opposées à ce que l’extérieur croit savoir de la Thaïlande. Bref, les livres tentent parfois de faire découvrir les « inattendus ». Ils exercent ainsi le rôle de reportage et ils diminuent la distance entre les lecteurs et l’univers représenté. Gisèle Freund avance que la photographie aide à niveler les connaissances et à rapprocher les hommes en rendant les images accessibles au public, comme celle de la surface de la lune.175 Nous remarquons également que les beaux livres jouent sur l’actualité ou les phénomènes culturels frappants et qu’ils deviennent donc des sources excellentes pour la recherche de l’ambiguïté. Les beaux livres, dont les photos entrent dans nos critères, incluent Thaïlande : neuf jours dans le royaume par 55

photographes internationaux, Impressions Thaïlande et Bangkok Panorama. Les deux

premiers sont en français tandis que le troisième est en anglais. Les beaux livres choisis ne se composent pas uniquement d’images. Outre le texte introductif de l’ouvrage, chaque image comporte une légende qui facilite l’interprétation du cliché.

175

En deuxième lieu, les couvertures de livre semblent être d’intéressant objet d’étude tout en reflétant et en résumant le contenu des ouvrages. Elles sont aussi le terrain de signes qui ont recours à l’identité culturelle pour susciter la reconnaissance et soutenir la finalité commerciale de l’ouvrage. À première vue, les lecteurs trouveront ainsi des signes stéréotypés de la Thaïlande dans la plupart des couvertures. Prenons une des icônes les plus récurrentes : le bouddhisme. Celui-ci apparaît par toutes sortes de représentations iconiques : des moines et leurs vêtements, des pratiquants, des pratiques religieuses, des temples bouddhiques. Dans d’autres cas, il s’agit des visages de personnes, des sites touristiques, culturels ou naturels, des modes de vie typiquement asiatiques, comme un métier (toujours pratiqué à la façon traditionnelle), le transport fluvial, l’artisanat ou l’agriculture. Malgré le nombre important des articles trouvés sur les sites Internet, les couvertures qui entrent dans notre projet sont peu nombreuses étant donné que la plupart d’entre elles ne présentent pas l’image de l’ambiguïté. Nous ne prenons que deux couvertures dont la présence des signes suscite l’ambiguïté.

Troisièmement, au sujet des échanges culturels, nous pensons aux publications touristiques, qui fournissent des informations sur la culture. Les contenus parsemés de points de vue d’auteur sont très subjectifs. À part la description des sites touristiques, ils présentent aux lecteurs des informations indispensables sur le pays pour mieux l’apprécier ou pour éviter les difficultés. Les imaginaires sur le pays prennent forme avant l’arrivée en Thaïlande. Les guides touristiques et les livres sur la découverte du pays sont à inclure dans cette catégorie. Par le choix de la langue française utilisée dans les ouvrages, nous pouvons encadrer les livres adressés directement aux francophones, Français inclus. Par opposition, les guides touristiques qui expriment visuellement l’ambiguïté culturelle sont rares : ils se contentent de la raconter par des textes dont nous préférons nous servir davantage en tant que références. Il est difficile par ailleurs de trouver un guide touristique pourvu de clichés ou d’images trop insolites voire déplaisantes, qui pourrait décourager les futurs touristes de séjourner en Thaïlande. Toutefois nous arrivons à en trouver deux :

Thaïlande : Guide Évasion et La Thaïlande des Thaïlandais, dont certaines photos peuvent

montrer l’ambiguïté culturelle. Sachant que les nouveaux guides sont publiés chaque année et que les textes et les photos sont toujours repris d’une édition à l’autre, seule celle la plus récente au moment de la recherche sera traitée dans notre étude.

Finalement, les livres sur la découverte du pays semblent aussi des sources d’images intéressantes. Il ne s’agit pas de la photographie touristique mais des livres qui abordent les sujets culturels, économiques ou sociaux. Parmi les meilleures ventes de livres en langues étrangères à Bangkok, nous avons découvert Very Thai : Everyday Popular

Culture, qui aborde comme sujet la vie quotidienne et la culture populaire des Thaïlandais.

Ce livre offre d'ailleurs des photos qui illustrent la question de l’évolution culturelle, de la mixité de la tradition et de la modernité et de l’acculturation. Certains essais, qui reprennent des faits ne se trouvant pas toujours dans d’autres ouvrages, peuvent enrichir le choix de notre corpus. Bien qu’il soit rédigé en anglais, nous choisissons de le retenir comme un miroir des phénomènes sociaux contemporains. C’est ainsi que 19 photos de ce livre font partie de notre corpus.

Nous avons recours également à un nombre de photos en tant que corpus secondaire. Ce type de corpus apparaîtra lors de l’analyse pour mettre l’accent sur notre démonstration ou servira à la comparaison. Ces photos proviennent de livres et de la presse en français, de sites Internet majoritairement en français.

3.2.2 Les thématiques dans les photos

Cette liste s’inspire de l’observation des signes iconiques dominants dans les photos. Les thématiques sont relevées à partir des éléments apparus comme pertinents en ce qu’ils portent sur deux signes iconiques contradictoires ou deux systèmes symboliques contrastés. Voici les tableaux résumant les thématiques principales.

Tableaux 3-9 : Les thématiques retenues dans les photos