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(LONGUEUR 125 m)

SOURCE THERMO-MINERALE 59° - DEBIT 400 m3

PAR JOUR

EAU CHLORUREE-SULFATEE-SODIQUE- IODUREE LITHINEE TRES RADIO-ACTIVE DECOUVERTE EN 1910 PAR Mr DANTE GERINI

B.I.3.2.2. L’exploitation de la source chaude par le complexe balnéaire.

Suite à sa redécouverte en 1907 par D. Gérini, l’eau thermale de Jebel Oust est exploitée, depuis 1976, pour l’alimentation d’un établissement thermal moderne où est pratiqué l’ensemble de la crénothérapie moderne. Les indications thérapeutiques sont celles des eaux chlorurées sodiques en général : rhumatismes (dégénéra- tifs, inflammatoires), traumatismes ostéo-articulaires, diathèse arthritique, gynécopathies, et dermatologie. Depuis son captage au fond de la « galerie Gérini », l’eau thermale est véhiculée par simple gravité dans des canalisations jusqu’à une station de pompage située à la sortie de la galerie. Depuis cette station de pompage, l’eau thermale est envoyée vers des réservoirs fermés (de stockage et de refroidissement) qui alimentent l’établissement thermal en eau thermale chaude et en eau thermale refroidie. Ainsi, deux eaux de température différente, une eau chaude à 55 °C et une eau refroidie à 30-40 °C, sont disponibles pour un fonctionnement optimal des pratiques balnéaires. L’ensemble fonctionne grâce à un double système de canalisations, qui per- met de faire face au problème d’entartrage des tuyaux dû à la précipitation des carbonates. Ce système permet de remplacer la tuyauterie non-fonctionnelle, car colmatée par des dépôts de travertin, sans interrompre l’ali- mentation en eau et le fonctionnement du bâtiment de soins thermaux.

Le captage actuel se situe à environ 200 m du capatge antique (Fig. B.38) à la cote de 121,70 m, soit plus bas que le second, et dernier, captage antique, situé à la cote de 124,10 m. Cette différence de niveau entre les deux captages, actuels et antique, reflète parfaitement la chute hydrostatique de l’aquifère thermal depuis la période antique. Il est encore impossible, à l’heure actuelle, d’attribuer cette chute du niveau de l’aquifère thermal depuis l’Antiquité soit à l’impact humain sur l’hydrogéosystème qui se traduit par une surexploitation des ressources hydriques du milieu, soit à des facteurs naturels qui peuvent être des conditions climatiques différentes (sécheresse plus importante) ou un (des) phénomène(s) tectonique(s) ayant perturbé le circuit hy- drothermal.

B.I.3.2.3. Les deux environnements actuels de dépôt.

Le captage actuel de l’eau thermale consiste en une large vasque naturelle prenant forme dans une cavité d’une dizaine de mètres de circonférence moyenne et dont la hauteur varie de 2 à 3 mètres. La grotte est revêtue par des dépôts oxydes de fer générés par l’activité de l’eau thermale. Nous pouvons également y observer quelques croûtes ponctuelles de sel sur les parois, ainsi que quelques petites stalactites, de sel également, qui croissent au plafond.

Nos observations au cours des différentes missions sur le terrain ont permis de mettre en évidence la variabi- lité du niveau de l’eau dans cette vasque. De plus, ces variations du niveau hydrostatique sont repérables sur les parois de la grotte par des repères continus de précipitation de sel (marqués par des lignes continues qui apparaissent blanches sur la paroi de la grotte, fig. B.39). Le plus haut niveau de concrétion est repéré à une

cote d’environ 2 m par rapport au fond de la vasque thermale. Ceci permet d’estimer une variation du niveau hydrostatique de l’aquifère thermal d’environ 2 m entre les périodes de pluie et les périodes sèches. Suivant le modèle géothermale régional défini (cf. B.I.3.1), nous savons que le débit de la source thermale est indirecte- ment lié aux précipitations de la région. Les variations du niveau d’eau dans le captage sont une conséquence du régime variable des pluies dans la région.

Suite à une relative période de sécheresse, nous avons pu observer le niveau d’eau dans la grotte réduit au qua- si-strict minimum. Néanmoins, le flux d’eau continu, indispensable au fonctionnement du complexe sanitaire, était maintenu grâce des canaux sur-creusés dans le plancher de la grotte. Ces canaux sont une réponse à la

150 source actuelle (alt. 121,70 m) captage (vasque) galerie “Gérini” entrée de la galerie piscine abandonnée terrain de foot maison de fouilles maison de fouilles site archéologique

station thermale actuelle

captage antique

(alt. 124,10 m)

200

100 m N

Petit Oust

crainte des périodes de faible pluviosité1 qui provoquent une baisse du niveau de l’eau dans la grotte, voir un

assèchement total et irrémédiable, et permettent ainsi un écoulement continu même lors des périodes sèches.

L’observation des dépôts sédimentaires a permis de distinguer deux milieux de conditions de dépôt différentes dans le captage actuel et la galerie d’accès qui lui est associée :

▫ un milieu de précipitation du fer : dans la grotte thermale et dans la section amont de la galerie d’accès, jusqu’à une distance de 30 m depuis la source.

▫ un milieu de précipitation des carbonates : il débute dans la galerie, à partir d’une distance de 30 m depuis la source, et il se prolonge en aval sur quelques centaines de mètres.

Ce modèle actuel de morphologie de la grotte thermale et des conditions de précipitation des dépôts est primordial pour comprendre et établir le modèle de fonctionnement de la source antique (cf. B.III.1).

En effet, le fonctionnement de la source thermale répond à des facteurs géodynamiques identiques à ceux de l’époque antique, puisque l’hydrogéosystème reste le même (c.-à-d. un système par pression, cf. B.I.3.1), avec uniquement un changement du niveau topographique de l’exutoire, plus bas d’environ 3 mètres à l’époque actuelle.

Les courbes de suivi du pH et de la température de l’eau thermale, que nous avons pu établir depuis la source jusqu’à la distance de 93 m dans la galerie « Gérini » (Fig. B.40), permettent de caractériser l’évolution de la nature de l’eau et de distinguer les deux environnements de dépôt. La mesure effectuée au niveau de l’évent

1 L’ingénieur en charge du réseau hydraulique du complexe sanitaire de Jebel Oust mentionne empiriquement un temps de réponse du débit de la 

source d’une durée de trois semaines, mais aucune quantification n’a pu être acquise. Ce temps de réponse, s’il s’avère constant avec le temps, prin- cipe que l’on peut facilement envisager considérant les caractéristiques géologiques de la région, est une information primordiale pour la compréhen- sion de la morphologie du captage antique. 

Figure B.39. Le captage actuel de la source chaude de Jebel Oust ; observons les lignes de précipitation (en blanc) sur les parois de la grotte.

thermal (dans la grotte) présente une valeur en pH de 6,32 et une température de 54,5 °C. Immédiatement à la sortie de la grotte, c’est-à-dire 1 m en aval, le pH connait une forte augmentation pour atteindre la valeur de 6,74, alors que la température reste quasiment identique, à 54,4 °C. La température de l’eau décroît pro- gressivement tout au long de la galerie, en respectant deux épisodes de refroidissement : un premier de 0 à 30 m, où la température varie de 54,5 à 53 °C, soit une perte de 0,05 °C/m, et un second de 30 à 93 m, où l’on se rapproche de l’exutoire de la galerie et où la température décroît de 53 à 46,2 °C sur plus de 60 m, soit une perte, plus importante que pour la première fenêtre, de 0,1 °C/m.

Parallèlement, le pH de l’eau thermale croît progressivement tout au long de la galerie, phénomène expliqué par un dégazage progressif du CO2 de l’eau, montrant néanmoins un saut de pH à partir de 30 m, limite entre la fin du milieu de précipitation de fer et le début de la précipitation des carbonates, qui apparaît lorsque le pH se neutralise. Le pH augmente de 7,01 à 7,52 jusqu’à 70 m, avant un nouveau pallier de stabilité à partir de 70 m jusqu’à 93 m. 54,5 54,4 53,9 53,5 53 52,4 51 50,2 48,5 47,5 46,6 46,2 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 6,32 6,74 6,86 6,92 7,01 7,13 7,32 7,41 7,52 7,53 7,54 7,51 6,2 6,4 6,6 6,8 7,0 7,2 7,4 7,6 7,8 8,0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Distance à la source (m) 6,0 S milieu de précipitation des carbonates milieu de précipitation du fer T (°C) pH

Figure B.40. Courbes d’évolution du pH (vert) et de la température (rouge) de l’eau chaude de la source thermale de Jebel Oust dans la galerie Gérini (S = Source).

B.II. Les travertins anthropiques du site de Jebel Oust :