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I.1.4.5 La calcite filonienne de Jebel Oust : une extraction locale, une roche spécifique.

Jebel Oust (Tunisie).

B. I.1.4.5 La calcite filonienne de Jebel Oust : une extraction locale, une roche spécifique.

Cette calcite de type filonienne présente un faciès de très grands cristaux clairs et zonés (Fig. B.23), ou parfois de grands cristaux orangés veinés de rouge, ainsi que des veinules de couleur ocre. C’est une roche rare, ex- traite dans les filons de la carrière antique du Petit Oust (Fig. B.24), localisée à environ 300 m du site antique. Elle est utilisée pour quelques colonnes (d=35cm, h=70 cm) situées vers l’entrée est du clivus, pour quelques plaques de seuil et de tableau de porte ou quelques harpes (en probable réemploi) dans les thermes, ainsi que pour l’opus sectile. Le plus gros bloc sur le site correspond à un autel de statue (L=85 cm, l=80 cm, h=75 cm). Les qualités d’esthétisme visuel de cette calcite filonienne et sa ressemblance avec du véritable marbre l’amène à être considérée comme une roche décorative ou ornementale, lui conférant un rôle particulier dans les structures antiques. Cette roche est une brèche calcaire et ne doit pas être confondue avec une roche sili- ceuse de type onyx, bien que son aspect visuel s’en rapproche étroitement.

Figure B.23. Calcite filonienne de Jebel Oust.

Figure B.20. Echancrures verticales dans le tra- vertin de la salle T23 des thermes, certainement pour une extraction du sédiment.

Figure B.21. Utilisation du travertin dans le mur de la salle T5I des thermes.

Figure B.22. Moellons en travertin dans le mur de la salle T6 des thermes.

Figure B.24. Filon de calcite filonienne dans la carrière antique de Jebel Oust.

B.I.1.4.6. Les matériaux utilisés occasionnellement. • Les oxydes rouges : une récupération locale.

Ces roches sont parfois employées pour des moellons dans l’appareil des murs des thermes et de la résidence. Leur origine est locale : ces roches proviennent très certainement de l’extraction de matériaux issus des tra- vaux réalisés lors de la phase de monumentalisation du temple, et en particulier lors du creusement du grand puits de captage de la source chaude. Ces aménagements ont engendré l’extraction d’une quantité considé- rable d’oxydes ferreux utilisés parfois pour aplanir certaines surfaces de circulation des bâtiments de la pente, et donc, en moellons dans l’appareil de certains murs.

• Le calcaires marneux : une exploitation locale.

Ce calcaire, très argileux et très friable, présente un aspect feuilleté et des variations de teinte allant du violet au jaune et rosé, ainsi que quelques veinules d’oxyde de fer empruntant un réseau de fines fractures. Les af- fleurements ont été reconnus sur les versants du jebel Oust (Fig. B.25) et, même si aucune zone d’extraction n’a pu être observée, son exploitation est néanmoins locale.

Il est utilisé pour quelques harpes dans l’appareil constituant les murs de la résidence, en particulier de la grande salle R16. Malgré ses qualités esthétiques certaines, cette roche n’a été que très peu employée, certai- nement à cause de son extrême fragilité.

• Les grès : une utilisation rare et une extraction régionale.

Quelques moellons en grès sont observés dans l’appareil de certains murs des thermes et de la résidence, construits en Opus africanum. Aucun affleurement de grès n’existe dans l’environnement immédiat du site de Jebel Oust, ce qui exclue une exploitation locale. En revanche, ce type de matériau est largement exploité sur le site antique d’Oudna (Vthina), situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Jebel Oust et pour lequel les carrières antiques de grès sont reconnues à proximité immédiate du site. C’est très certainement de ces carrières que proviennent les quelques grès utilisés sporadiquement sur le site de Jebel Oust.

Figure B.25. Affleurement du calcaire marneux sur le versant du Jebel Oust.

• Quelques cas d’utilisation unique d’un matériau.

Deux matériaux sont, à ce jour, uniques sur le site de Jebel Oust. Il s’agit de l’escalier d’eau alimentant la salle triconque de T16 (Fig. B.26), construit en marbre blanc d’origine inconnue et d’un répartiteur d’eau (Fig. B.27) situé actuellement dans le frigidarium des thermes construit dans un calcaire bioclastique beige dont l’origine reste également encore inconnue.

Synthèse : une exploitation stratégique des ressources locales.

L’analyse pétrographique des matériaux de construction employés sur le site de Jebel Oust met en lumière une exploitation raisonnée des ressources locales. Des zones d’extraction ont pu être mises en évidence à proximité immédiate du site. Les bâtisseurs du site ont su profiter des grandes opportunités qu’offre le jebel Oust en termes de quantité et qualité des matériaux. Des roches dures et compactes, et abondantes sur le versant, tel que le calcaire gris, ont été utilisées dans le gros œuvre des bâtiments, tan- dis que des roches présentant certaines qualités esthétiques, comme la calcite filonienne, ont pu servir de roches ornementales. L’exploitation locale des matériaux est confirmée par l’utilisation ponctuelle du travertin nappant le versant et extrait lors du creusement de l’aqueduc, ainsi que par la récupération du travertin contemporain de l’occupation humaine, déposé dans certaines salles thermales. La quantité considérable de moellons nécessaire pour l’Opus africanum est assurée par l’exploitation d’une croûte calcaire provenant de la plaine alluviale qui borde le jebel Oust. Les roches importées sont très rares (marbre blanc) ou proviennent d’une région voisine (grès d’Oudna).

Figure B.26. Escalier d’eau en marbre blanc de la salle T16 des thermes.

Figure B.27. Répartiteur d’eau en calcaire bioclastique situé actuellement dans les thermes.