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Frank Scott ou la plume avide de justice sociale

III. DES INTELLECTUELS POUR PANSER ET PENSER LES PLAIES DU

3.2 Lřengagement comme nécessité : la plume comme arme de contestation

3.2.2 Frank Scott ou la plume avide de justice sociale

Sur leur perception des relations canado-québécoises, peu de choses semblent unir Frank Scott et André Laurendeau. Ils ont pourtant des parcours similaires, marqués par un engagement se manifestant sur tous les fronts : la plume, le politique, la quête dřune justice sociale et du bien commun, et la volonté de plonger dans la mêlée afin de bâtir un pays meilleur. Les deux hommes ont pourfendu le même ennemi, Maurice Duplessis. André Laurendeau avec ses articles du Devoir, Frank Scott avec un travail de juriste acharné, qui lřopposa au premier ministre du Québec à la Cour suprême dans lřaffaire Roncarelli, cause remportée par lřintellectuel anglo-québécois qui lui valut ces bons mots dans le McGill

Daily : « Comme le chevalier dřun autre âge, il est vraiment sans peur et sans reproche. Il

illustre ce quřil y a de mieux sur le plan professionnel : cet humaniste érudit est aussi un homme dřaction294. »

Cet homme dépeint comme un homme dřaction et un humaniste érudit savait également manier les vers. Il fut fortement ébranlé par la crise des années 1930 qui conféra un sens plus profond à sa quête de justice sociale et lui inspira des poèmes mettant en lumière les aspects pervers du capitalisme, comme en témoigne lřironie du poème

Efficiency :

292 Gérard Filion va jusquřà souligner quřAndré Laurendeau avait tout du physique de lřintellectuel : « front dégagé prolongé par un nez fin et légèrement arqué, se faufilant entre deux yeux étrangement doux ; des lèvres minces légèrement dédaigneuses, ornées dřune moustache de dandy ; une peau hâlée et sans rides ; une légère ressemblance avec Rudolf Valentino. Tout chez lui est délicat, les mains, les jambes, le torse. Il marche dřun pied léger, comme sřil touchait à peine le sol. » Gérard Filion, « Trente-cinq ans dřamitié », dans Nadine Pirotte, op. cit., p. 29-30. Si les pas de Laurendeau ne semblent quřeffleurer le sol, il nřen reste pas moins que cřétait un homme profondément ancré à sa terre natale, pour laquelle il avait de grandes ambitions dřémancipation.

293 André Larendeau, loc. cit., p. 123.

294 Cette citation provient dřun article du McGill Daily paru le 28 janvier 1956 à la suite de victoire de Scott dans lřAffaire Roncarelli. Voir Sandra Djwa, F.R. Scott, une vie, 2001, p. 438.

The efficiency of capitalism

Is rightly admired by important people Our huge steel mills

Operating at 25 percent of capacity Are the last word in organization The new grain elevators

Stored with superfluous wheat Can unload a grain-boat in two hours. Marvellous card-storing machines Make it easy to keep track or unemployed There isn’t one unnessary employee In these textile plants

That requires 75 per cent tariff protection And when our closed shoe factories re-open

They will produce more footwear that we cas possibly buy. So don’t let’s start experimenting with socialism

Which everyone knows means inefficiency and waste295

À lřinstar de Laurendeau, Scott a négligé, selon ses propres dires, le littéraire en lui au profit dřautres activités plus tournées vers lřaction. Mais lřimpulsion poétique reste forte et essentielle chez lui comme il lřexplique lors de la Rencontre des poètes en 1958. Elle lui permet de canaliser son trop-plein dřénergie et dřatteindre la vérité :

Pourquoi écrire de la poésie ? Parce que quelque chose au fond de moi me pousse à écrire. Une voix qui nřarrête pas de dire « tu dois écrire, tu dois écrire ». Je nřai pas beaucoup écouté cette voix ; en fait, jřai passé plus de temps dans ma vie à jouer du piano quřà écrire des poèmes. La nécessité de gagner ma vie et lřintérêt que je porte à dřautres choses mřont éloigné de la poésie. Pourtant, la petite voix est toujours là… Grâce à cette petite voix intérieure, la poésie a toujours été une sorte dřexutoire pour toute lřénergie que jřaccumulais. […] En écrivant, cette chose nouvelle et curieuse grandit sous mes yeux, prend forme et caractère, évacue les flots de lřimagination, apporte calme et apaisement. Plus encore, elle ouvre dřautres horizons vers la vérité, offre un nouvel éclairage et une compréhension approfondie de lřhomme, de la société et des dieux. Parfois, elle apporte lřextase […]296

Cette année-là, Scott était accompagné de quelques anglophones à la Rencontre des poètes, soit Doug Jones, Jay Macpherson et Thomas Scott Symons297. Lřannée précédente, lors de la première rencontre du genre, Scott était le seul anglophone parmi les Gaston Miron, Gilles Vigneault, Gilles Hénault et Roland Giguère. Sandra Djwa relate alors une anecdote intéressante au sujet de ce rassemblement : « Scott, qui traduit la poésie québécoise depuis le début des années 1950, est le seul anglophone présent. Ce qui incite

295 Frank Scott, cité par Sandra Djwa, op. cit., p. 188. 296 Ibid., p. 516.

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Jean Bruchési, alors sous-secrétaire dřÉtat et dont le ministère a financé en partie la conférence, à accueillir Scott « par la chaleureuse Ŕ et quelque peu révélatrice Ŕ salutation « Quoi, vous êtes le seul païen ici ?298 »

Scott fut souvent le seul anglophone à participer aux mondanités francophones. Cřest notamment le cas dans le cercle plus politique de Gérard Pelletier, où il fréquente André Laurendeau, René Lévesque et Pierre-Elliott Trudeau. Cřest également le cas dans le cercle des poètes francophones, où il tente de créer des liens entre les deux milieux anglophone et francophone afin de faire découvrir la poésie québécoise à ses homologues. Il connaît bien les peurs éprouvées par les francophones par rapport aux anglophones. Anne Hébert lui a déjà raconté, comme le relate Sandra Djwa, que « parfois, lorsquřelle traversait un certain pont [dans sa jeunesse], les religieuses la mettaient en garde en lui disant : « Regarde, cřest la route qui mène à Ottawa. » Cřétait une image sombre et menaçante. Cette anecdote frappe Scott à tel point quřil la consigne immédiatement et étiquette le dossier « Régime de la peur »299. » Frank Scott parvint à sřintégrer à lřunivers francophone mieux que plusieurs anglophones, ce qui lui permit sans doute dřaccroître sa sensibilité à lřéloignement entre les deux communautés culturelles principales du Canada. Il a éprouvé les difficultés de communication quřoccasionnent le manque de maîtrise de lřautre langue, la fermeture à lřAutre, les peurs des francophones à lřégard des anglophones, ce qui en fait un homme particulièrement au fait des préoccupations qui ont engendré la Commission Laurendeau-Dunton. Il tenta, à travers la poésie, de créer un rapprochement entre les imaginaires francophones et anglophones et entre les cercles de poètes anglophones et francophones300. Le rapprochement de Scott avec les poètes

298 Ibid. 299 Ibid., p. 514.

300 Patricia Godbout résume la perception quřavait Frank Scott et dřautres anglophones de la traduction. Pour eux, cřétait une manière de percer un imaginaire québécois qui demeurait nimbé de mystère et de le faire découvrir à leurs pairs. Cette volonté de faire découvrir lřAutre participait à une « mission politique » de construire un Canada dans lequel les deux cultures se respectent davantage parce quřelles se connaissent : « La traduction était perçue par Scott comme une manière de jeter un pont entre les cultures. Comme l'explique Kathy Mezei : Depuis les années cinquante [...] les traducteurs canadiens-anglais se sont chargés de la mission politique de jeter un pont entre les deux solitudes. Les traducteurs et poètes F.R. Scott, John Glassco, A.J.M. Smith et G.V. Downes étaient poussés à traduire les poètes québécois (Gaston Miron, Roland Giguère, Anne Hébert, Paul Chamberland) en partie parce qu'ils étaient attirés par leur (ré)invention poétique novatrice du pays incertain du Québec, mais aussi parce qu'ils croyaient qu'en lisant ces poèmes, les Canadiens anglais commenceraient à comprendre « l'autre » (1994 : 88-89)5. » Patricia Godbout, « Des livres

québécois se fit surtout dans les années 1950, où malgré quelques percées pour connaître lřAutre, beaucoup de travail restait à faire. Patricia Gobdout témoigne du climat qui régnait à Montréal à cette époque en littérature : « Au cours des années 1950, nous pouvons assurément affirmer que certains écrivains anglophones et francophones vivant à Montréal entretenaient, sur le plan personnel, des relations avec « lřautre groupe ». Mais il reste que ces activités se déroulaient, pour lřessentiel, comme si lřautre nřexistait pas301. » Frank Scott voulut rendre cet Autre moins invisible aux yeux de ses pairs.

Il sřintéressa à lřœuvre de Saint-Denys Garneau et à celle dřAnne Hébert302, dont la traduction du Tombeau des rois donna lieu à une correspondance entre les deux poètes303. Marié avec la peintre Marian Dale, il organisait avec son épouse des soirées où les vers se déclamaient dans les deux langues dans leur demeure de la rue Clarke. À ces soirées, tenues dans les années 1950, étaient conviés Gaston Miron, Jean-Guy Pilon et Jacques Ferron304. Aux dires de Micheline Sainte-Marie, « Frank Scott se voyait beaucoup comme découvreur et pionnier du Canada français. Il voulait refléter cette facette-là305. » Or, le succès de ces soirées bilingues qui se voulaient créatrices de rapprochements entre les « deux solitudes » est mitigé aux dires de certains de ses participants. En fait, les difficultés de chacun avec la langue de lřautre communauté culturelle rendaient la compréhension bien difficile entre

à la fois si proches et si lointains » : les échanges littéraires à Montréal durant les années 1950 », dans Marie- André Beaudet, dir., Échanges culturels entre les deux solitudes, Québec, Presses de lřUniversité Laval, 1999 p. 85. Coll. « Culture française dřAmérique ». Sur la mission politique de la traduction chez Scott, voir aussi Susan Margaret Murphy, Le Canada anglais de Jacques Ferron. Formes, fonctions et représentations, 1960- 1970, Québec, Presses de lřUniversité Laval, 2011, p. 149.

301 Patricia Godbout, loc. cit., p. 81.

302 Il publia en 1962 une traduction des œuvres de ces deux poètes intitulée St-Denys Garneau et Anne Hébert : Translations/Traductions. Ce recueil de poésie qui regroupe les pièces préférées de Scott est bilingue et intègre une préface en français de Gilles Marcotte. Dans la note du traducteur, Scott formule son souhait, soit que cette traduction pousse ceux qui la lisent à se tourner vers les textes originaux. Il se voit comme un passeur, comme un intermédiaire, désireux de rétablir des ponts entre les deux communautés culturelles principales du Canada. Susan Margaret Murphy voit son rôle de traducteur comme « lřéquivalent littéraire du rôle de metteur en scène quřil jouait en invitant chez lui les poètes des deux groupes linguistiques. » Voir Susan Margaret Murphy, op. cit., p. 150.

303 Voir Anne Hébert et Frank Scott, Dialogue à propos de la traduction du « Tombeau des rois », Saint- Laurent, Bibliothèque québécoise, 2000 (1970), 107 p.

304 Susan Margaret Murphy, op. cit., p. 153. 305 Micheline Sainte-Marie, citée par Ibid., p. 153.

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francophones et anglophones306. Micheline Sainte-Marie ne fait pas dans la tendresse lorsquřelle décrit lřattitude de Frank Scott au cours de ces soirées : « Lřattitude paternaliste et condescendante de Scott nřétait pas non plus propice aux rapprochements […]307 ». Il faut nuancer en ajoutant que Frank Scott, comme plusieurs anglophones, était loin de plaire à tous les francophones, surtout ceux qui avaient comme projet de faire du Québec un pays. Jacques Ferron lui a dřailleurs consacré deux personnages dans son œuvre fictive : Frank Archibald Campbell et Frank-Anarchasis Scott, personnages à lřégard desquels il fut parfois impitoyable. Ainsi, il confia :

Alors jřai regretté que « la Nuit » soit une fiction. Elle le restera, mais jřen change le titre pour insister sur le poison. Frank Archibald Campbell dont jřai beaucoup écrit, mais toujours avec révérence et une sorte dřamitié, non seulement dans « La Nuit » mais aussi dans « La Charrette » et « Le Ciel de Québec », nřest plus pour moi quřun ridicule épouvantail à corneilles, une manière dřimbécile presque aussi méprisable que ce Hugh MacLennan308.

Cette citation illustre à quel point les anglophones qui sřintéressent aux francophones peuvent sembler suspects, voire « ridicules », aux yeux de certains francophones.

La littéraire Susan Margaret Murphy se consacre à cette fascination quřexerça Scott sur lřimaginaire ferronien dans son livre Le Canada anglais de Jacques Ferron. Sřinspirant dřune notion développée par Raymond Aron dans Paix et guerre entre les nations, elle présente les deux hommes comme des « frères ennemis », partageant les mêmes intérêts pour le droit, la politique et la littérature. Nés tous deux de familles bourgeoises et désireux de redonner aux plus déshérités Ŕ de là, leur attachement au socialisme Ŕ, ils avaient tout pour représenter le miroir lřun de lřautre, mais le fait quřils soient issus de deux cultures différentes installa une dynamique de combat entre eux. Comme le souligne Susan Margaret Murphy : « La métaphore du combat entre deux grands capte non seulement lřesprit des rapports au niveau individuel entre Ferron et Frank Scott, du moins quřil a été

306 Les poètes francophones étaient, à lřépoque (presque) tous unilingues. Scott parlait quant à lui le français, mais un français, comme le souligne Susan Margaret Murphy, comme dans les livres, avec un accent très prononcé. Malgré tout, comme le rappelle Sandra Djwa, des échanges dynamiques naquirent de la rencontre de Scott avec les poètes francophones. Voir Djwa, op. cit., p. 514.

307 Micheline Sainte-Marie, citée par Patricia Godbout, Traduction littéraire et sociabilité interculturelle au Canada, Ottawa, Presses de lřUniversité dřOttawa, 2004, p. 108-109.

308 Lř« Appendice aux Confitures de coings ou Le congédiement de Frank Archibald Campbell », Les confitures de coings et autres textes, Montréal, Parti Pris, 1977 (1972), coll. « Projections libérantes », p. 105, cité par Susan Margaret Murphy, op. cit., p. 130.

vécu par Ferron, mais aussi la vision qui émerge des écrits ferroniens des rapports entre les sociétés canadienne-française et canadienne-anglaise 309 . » Personnalité flamboyante, fréquentant autant les cercles dřartistes que les milieux politiques et universitaires, Frank Scott ne faisait pas lřunanimité parmi les francophones et pouvait déranger : était-ce parce quřil était si rare quřun anglophone sřintéresse au travail des francophones que cela pouvait sembler suspect ? Était-ce parce ce que ses intentions nřétaient pas toujours bien comprises par les francophones en raison de la barrière linguistique ? Était-ce parce que son attitude était parfois condescendante ? Difficile de trancher. Toutefois, il faut souligner son désir sincère de créer, par la poésie, des liens plus soutenus entre les deux groupes linguistiques principaux du Canada à une époque où ces liens étaient ténus et où lřincompréhension de lřAutre dominait.

La plume de Scott nřétait pas quřune plume de poète et de traducteur. Comme plusieurs intellectuels de sa génération, il se servit des revues pour présenter ses idées et publia notamment dans Esprit, dans Cité Libre, dans le Queen’s Quarterly et dans le

Canadian Forum. Là aussi, il désira expliquer le Québec francophone à ses pairs, comme il

le fait dans un article de 1952 intitulé Canada et Canada français :

Le Québec voit ces questions dřun autre œil. Il croit quřun pays bi- culturel doit être partout bi-culturel. Il se sent lésé dans ses droits quand il les voit limités par des barrières provinciales. Pour lui, la Confédération nřest pas une simple redistribution de pouvoirs entre gouvernements, mais une sorte de traité entre deux races, dont le premier but était dřaccorder plus de liberté au Québec, et donc de sauvegarder, voir dřaugmenter lřautonomie provinciale. Il craint les tendances centralisatrices si évidentes dans lřÉtat industriel moderne310.

Si Frank Scott était conscient de la crainte exprimée par une majorité de Québécois francophones envers une centralisation trop forte, il se fit toutefois un fervent défenseur du centralisme. Il nřadhéra aucunement à la théorie du pacte entre deux peuples fondateurs. Son passage dans les rangs socialistes, le fait quřil appartienne lui-même à une minorité, et sa connaissance des abus dans le domaine des droits civils, tout cela contribua à forger sa pensée et à voir dans un État fédéral fort, la seule voie viable pour garantir le droit des

309 Ibid., p. 136.

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minorités et des plus faibles311. En 1943, en pleine guerre mondiale, Scott fit un discours devant le Jeune Barreau du Québec qui louangeait les vertus de la centralisation : « Pourtant, malgré lřaccroissement des pouvoirs du gouvernement fédéral depuis le début de la guerre, nous voyons les provinces survivre et même très bien sřen porter312. »

Cřest à ce moment aussi que les chemins de Frank Scott et de Pierre-Elliott Trudeau se croisent pour la première fois, ce qui mènera plus tard Trudeau à dire que tout ce quřil savait, cřétait Scott qui lui avait appris313. À la fin des années 1950, à la suite de ses deux victoires retentissantes en Cour contre le gouvernement Duplessis dans lřaffaire Roncarelli314 et lřaffaire de la Loi du Cadenas, Frank Scott, alors même quřil se voyait de plus en plus reconnu en tant que poète, fut sacré champion des droits civils dans plusieurs journaux du pays315. Son implication dans ces deux causes largement médiatisées lřamena à penser quřil y avait un vide important au Canada en matière de protection des libertés civiles. Ce vide, seule une Constitution rapatriée et augmentée dřune Charte des droits et libertés pouvait le combler. En 1959, Scott publie Civil Liberties and Canadian

Federalism, qui recèle un plaidoyer nationaliste en faveur du rapatriement de la

Constitution, afin que le Canada sřémancipe enfin complètement du joug de lřimpérialisme et que la relation entre la Grande-Bretagne et le Canada en soit une entre deux partenaires égaux316 :

We like to think that our nationhood is complete, but from the point of view of constitutional law it is not complete. We are still in a partly colonial relationship to Britain, for we still have to return to the British source of our constitution for its major

311 Sandra Djwa, op. cit., p. 324.

312 Frank Scott, Essays on the Constitution, Toronto, University of Toronto Press, 1977, p. 133.

313 Ramsay Cook reprend cette affirmation de Trudeau dans un portrait quřil brosse de Scott : « En cela, il était très proche de son ami et partenaire de canot (ils avaient fait ensemble un grand voyage sur la Rivière Mackenzie), Pierre-Elliott Trudeau. Trudeau nřa-t-il par déjà déclaré : « Tout ce que je sais, cřest Frank qui me lřa appris » ? » Ramsay Cook, « Lřutopie à lřépreuve de lřhistoire : le Canada de F.R. Scott (1899-1985), dans Jean-Philippe Warren, Mémoires d’un avenir : 10 utopies qui ont forgé le Québec, Québec, Éditions Nota Bene, 2006, p. 109. Afin de comprendre les parentés intellectuelles entre Scott et Trudeau en ce qui concerne les droits linguistiques, voir Valérie Lapointe Gagnon, loc. cit.

314 Sur lřaffaire Roncarelli, voir Michel Sarra-Bournet, L’affaire Roncarelli : Duplessis contre les Témoins de Jéhovah, Québec, Institut québécois de la recherche sur la culture, 1986, 196 p.

315 Sandra Djwa, op. cit., p. 422.

amendments. […] We must eventually nationalize the constitution, as we have nationalized the Crown. […] When we have reached this final point of maturity, when at least we shall take our fate in our hands, […] then at least we shall be a truly independent people, dual in culture but single in democratic statehood. That will be the proper time at which to entrench in the constitution those further fundamental freedoms and human rights which are inadequately protected by purely Canadian declarations317.

À travers une charte canadienne des droits et libertés, Scott ne voulait pas simplement protéger les minorités ; son dessein était plus ambitieux. Il aspirait à doter le Canada dřun puissant instrument qui unirait les Canadiens autour dřune référence