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FRANCE ESPAGNE

Dans le document Géographie des homophobies (Page 53-58)

Espaces trans

FRANCE ESPAGNE

PORTUGAL MALTE CHYPRE TURQUIE GRÈCE ALBANIEM. S. K. B.-H. CR. BULGARIE ROUMANIE HONGRIE SLOV. RÉP. TCHÈQUE AUTRICHE ALLEMAGNE PAYS- BAS LUX. BELGIQUE POLOGNE UKRAINE BIÉLORUSSIE RUSSIE G. AZ. AR. LITUANIE LETTONIE ESTONIE FINLANDE DANEMARK ROYAUME- UNI IRLANDE ISLANDE SUISSE ITALIE MONT. NORVÈGE SUÈDE MOLDAVIE SL. 12 Respect des droits de l’homme

8 4 0 -4 AR. : ARMÉNIE AZ. : AZERBAÏDJAN B.-H. : BOSNIE-HERZÉGOVINE CR. : CROATIE G. : GÉORGIE K. : KOSOVO M. : MACÉDOINE MONT. : MONTÉNÉGRO S. : SERBIE SL. : SLOVÉNIE SLOV. : SLOVAQUIE Source : www.ilga-europe.org 500 km Légendes Cartographie

1. On comptera parmi elles, la carte très précise effectuée par l’Association nationale trans- genre (ANT), disponible sur : www.ant-france.eu/ta2-accueil.htm

Espaces trans

Cependant, lon ne saurait se satisfaire d’une traduction sur carte qui soit simplement juridique. Les transidentités ne sont pas que des éléments de droit, même si celui-ci intervient parfois. Ainsi, dans les parcours individuels comme dans les ressources collectives qui les gui- dent, les éléments de droit viennent façonner des choix : dans quel pays se faire opérer ? Dans les différentes carrières trans, il serait donc pertinent de proposer une géographie des éléments de conduite de ces carrières, les opérations ou les associations par exemple. La figure  7 indique, selon les chiffres du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) 2012, le nombre d’opérations dans les centres français de prise en charge.

Figure 7. Carte Nombre d’opérations dans les centres de prises en charge 1

La figure  8 localise quelques associations transes françaises. La superposition des lieux où se situent les protocoles hospitaliers et les associations pourraient ainsi permettre d’élaborer une géographie des mouvements trans. Encore faudrait-il rendre les cartes dynamiques. Quelles associations sont reliées entre elles ? Quels déplacements existe-t-il entre les protocoles régionaux ? Peut-être faudrait-il zoomer encore pour saisir plus précisément ces déplacements.

1. Selon les chiffres du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales 2012 concernant la prise en charge du transsexualisme en France.

Géographie des homophobies

Figure 8. Carte Localisation des principales associations trans 1

En posant la question des stratégies d’évitements, de contourne- ments et d’investissements des espaces à deux associations borde- laises, quelques exemples de « transphobie » sont apparus. Je mets volontairement « transphobie » entre guillemets car on ne sait parfois pas distinguer ce qui relève de l’homophobie et de la transphobie. De plus, s’agit-il de « transphobie » ou, plus généralement, de sexisme ? Laura, jeune trans d’environ 25 ans, rejoignait des copines dans le centre-ville de Bordeaux lorsqu’un groupe de jeunes garçons l’inter- pelle et lui propose de les suivre « pour s’amuser ». Suite à son refus, les jeunes garçons s’empressent de lui rappeler que « vu comment t’es habillée faut pas chercher non plus », ajoutant qu’à leurs yeux ce type de vêtements relevaient des « trav’ ». Peut-être faudrait-il proposer une géographie des « transphobies » – à entendre au sens large c’est-à- dire concernant non seulement les personnes transgenres mais aussi travesties –, avec tous les problèmes méthodologiques qui en décou- lent – comment établir cette géographie qui se veut « déclarative » ? Ne mesurerait-on pas plus les moments que les espaces ? N’est-ce pas le « passing » plus que la transition en elle-même que ce type d’exer- cice rend visible ?

Espaces trans

Sur la figure 9, j’ai restitué les espaces où ont eu lieu les diverses attaques, physiques ou verbales, des personnes qui ont accepté de témoigner.

Figure 9. Déclaration d’agressions transphobes, Bordeaux, mai 2011

Étrangement, tous ces lieux sont centre-urbains, ce qui vient rela- tiviser la théorie de l’anonymat urbain, lequel ne semble pas s’appli- quer de la même manière pour les personnes trans, ainsi que celle de la sérénité des centres contre les périphéries –  ce que l’on peut lire par exemple dans des témoignages comme « homo ghetto ». Les dépla- cements complexifient considérablement la géographie des hostilités envers les minorités et les éléments intersectionnels peuvent aussi jouer. Tycia a 32 ans et vit au centre-ville de Bordeaux. Opérée depuis quatre ans dans cette même ville, elle avoue être souvent « prise pour une pute » : « c’est peut-être comment je m’habille mais sincèrement, si je n’étais pas métis, tu crois qu’on dirait de moi que je suis brésilienne ? Ça veut dire quoi ? Pute ? »

Il s’agit donc d’être au plus près des expériences et ne pas saisir seule la question trans. La géographie des minorités ne peut réelle- ment s’entendre qu’à la condition qu’elle soit « sociale ». La géographie ne doit-elle pas alors abandonner la carte pour lui préférer le récit empirique – celui qui répond à la question : qu’est ce que les individus font de l’espace ? – ? Dès lors, pourquoi ne pas proposer sur ce modèle une géographie des transidentités qui sache passer du micro au macro, puisque c’est sur ce jeu d’échelles que les individus bricolent leurs par- cours, toujours voués aux incertitudes.

Géographie des homophobies

Bibliographie

Blidon Marianne, 2008, « Jalons pour une géographie des homosexualités », L’espace géographique, n° 37, p. 175-189.

Blidon Marianne, 2005, « La casuistique du baiser », EchoGéo, n° 5.

Jaurand Emmanuel et Leroy Stéphane, 2009, « Espaces de pacs : géographie d’une innovation sociale », Annales de géographie, n° 667, p. 179-203.

Jaurand Emmanuel et Leroy Stéphane, 2008, « Le littoral : un paradis gay ? », in Actes

du colloque international pluridisciplinaire Le Littoral : subir, dire, agir, Lille, IFRESI-

MESH-CNRS.

Puar Jasbir, 2011, Homonationalisme : politique queer après le 11 septembre [trad. M. Cer-

vulle et J. Minx], Paris, Amsterdam.

Raibaud Yves, 2011a, « Géographie de l’homophobie », Cafés géographiques, décembre,

disponible sur : www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2319 Raibaud Yves, 2011b, Géographie socioculturelle, Paris, L’Harmattan.

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Transidentités

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