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Le français et les moyens de communication de masse

CHAPITRE 3. LES LANGUES EN PRESENCE AU MAGHREB ET LEURS

3.3. Mauritanie

3.3.1. L’arabe

3.3.3.1. Le français et les moyens de communication de masse

A l’indépendance du pays, un journal, Mauritanie Nouvelle paraissait déjà en français et son tirage pouvait atteindre 5000 exemplaires. A sa disparition, il fut de suite remplacé par un journal gouvernemental le Chaab (Peuple), publié en deux langues, arabe et française. L’année 1988 a connu, un fait nouveau dans les pays arabes, l’arrivée d’une presse indépendante avec la parution de Mauritanie–demain, un mensuel qui va se consolider avec la promulgation le 21 juillet 1991 d’une ordonnance relative à la liberté de la presse.

Début difficile pour certaines publications, absence d’expérience et de financement, problèmes techniques et bien d’autres ont occasionné la disparition d’un bon nombre de titres. Toutefois, devant ces écueils multiples une dizaine de titres de journaux et de revues en français a continué de paraître dans le pays.

Le tirage et la diffusion de cette presse restent limités à environ 3000 exemplaires, exceptés lors d’événements exceptionnels vécus dans le pays ou dans le

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monde. La majorité des lecteurs est concentrée dans les grandes villes du pays où un taux non négligeable de francophones est à enregistrer.

-Presse audiovisuelle

Le français garde certes une place à la radio nationale mais avec un temps d’antenne qui ne cesse de décroître depuis la réforme de 1972 à 1994. Durant cette année, Radio-Mauritanie n’émet en français que 2 heures 15 minutes par jour: ce temps est consacré prioritairement aux bulletins d’informations à 7 heures 15, 14 heures 30 et 19 heures. Ce qui n’empêche guère les auditeurs francophones de suivre régulièrement les programmes d’autres radios internationales comme RFI, Africa n° 1 et aussi ceux des radios des pays voisins, Sénégal, Mali et Guinée. La télévision d’introduction récente en Mauritanie, n’émet que 5 heures par jour en 1997 dont 4 heures 50 minutes consacrées à des émissions hebdomadaires en français, à un journal télévisé et à la diffusion de films ou séries une fois par semaine. Le pouvoir d’achat des Mauritaniens ne permet cependant pas à la majorité de la population d’acquérir un téléviseur d’une part et l’absence d’autre part d’électricité dans les foyers d’une certaine frange de la société a créé un climat que rappelle Turpin cité dans B.Ould Zein (1997 : 47) : « Quand une famille possède un poste de télévision, c’est tout le voisinage, les amis, les connaissances qui viennent regarder les programmes. C’est pourquoi, aujourd’hui, la télévision est sans doute le meilleur support extrascolaire pour la diffusion du français».

- Cinéma

Le 7ème art participe à la diffusion du français et ce avec un nombre de salles de projection très réduit. Les films que proposent ces salles, sont exclusivement en langue française. L’abondance de vidéocassettes et cédéroms de films d’action suivis surtout par une frange de la société ; les jeunes sont des facteurs de propagation de cette langue.

- Edition

En Mauritanie, de 1960 à 1990, 7 auteurs ont contribué à la publication seulement de 20 titres en français, ces titres variés touchent aux genres tels le roman, le théâtre, la nouvelle et la poésie. Dans ce pays, il n’existe en revanche pas de maison d’édition au sens européen du terme mais des imprimeries qui se chargent de publier à compte d’auteur les écrits. De plus dans le cas où l’écrivain trouverait un éditeur national ou étranger son ou ses œuvres seraient rarement achetés par les lecteurs francophones mauritaniens pour essentiellement deux raisons: « la première est qu’il

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n’y a pratiquement pas de librairie ; il faut se rendre à Dakar pour en trouver d’achalandées. La seconde en est le faible nombre des acheteurs potentiels : le lectorat virtuel est constitué essentiellement de jeunes scolaires au pouvoir d’achat dérisoire …» (B. Ould Zein et A.Queffélec, 1997 : 50).

- Secteur parapublic et privé

Dans les entreprises, qui relèvent de l’Etat, la langue de travail est sans conteste le français. Il en est de même pour les sociétés traitant avec l’étranger, la langue reste le médium unique.

- Situations informelles

En milieu familial, le français est rarement utilisé, excepté dans les couples mixtes et les familles d’intellectuels négro-mauritaniennes où cette langue se substitue aux langues nationales (poular, soninké, wolof ou bambara).

- Milieu extra-familial

Au niveau de l’écrit, le français figure à côté de l’arabe dans les affiches, slogans, publicités, enseignes et signalisations routières, particulièrement dans les villes. En ce qui concerne l’oral, le français joue le rôle de langue véhiculaire dans la situation de communication qui met en présence un autochtone (Mauritanien) avec un étranger francophone.

Un autre cas de figure peut se présenter : ce sont des Mauritaniens lettrés qui n’appartiennent pas à la même ethnie et recourent à une langue qu’ils partagent en l’occurrence, le français pour pouvoir communiquer. Cet idiome sert donc, selon Ould Cheikh, de langue d’interaction entre d’une part les Négro-Mauritaniens et les Maures francophones, d’autre part entre les Négro-Mauritaniens entre eux. (B. Ould Zein et A. Queffélec 1997 : 52).

Enfin, comme c’est le cas presque dans tous les pays du Maghreb « ce français oral est présent presque partout. Il est rare d’entendre une conversation au bureau, dans le bus ou au marché, sans que l’un des interlocuteurs n’y glisse un mot, une expression, voire une phrase entière en français. » (1997 : 52).

3.3.4. L’anglais

La réforme du système éducatif mauritanien adoptée en 1999 a permis l’introduction de cette langue étrangère et ce dès le début du 1er cycle du secondaire en vue de permettre aux élèves de s’ouvrir sur le monde.

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3.4. Tunisie

La Tunisie constitue une exception du Maghreb, on peut parler, sans risque de nous tromper, d’unité linguistique, l’arabe est la langue maternelle de 99% de la population, le 1% restant concerne les Berbérophones. (H. Naffati, 2000 : 28). L’unité réside de facto dans une variété d’arabe parlée par la quasi-totalité des Tunisiens avec la spécification propre à la population de ce pays. Elle est différente de celle employée par les institutions de l’Etat et par l’Etat lui-même, l’arabe littéraire (littéral moderne pour d’autres) qui est le symbole de l’appartenance de ce pays au monde arabe.