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Grenoble après Lesdiguières

A) Fournir des hommes pour la guerre :

a) Défendre la province et le royaume :

Durant la période étudiée, la ville est aussi amenée sur ordre des autorités royales à mobiliser et à fournir des hommes pour les opérations extra-muros. C’est ainsi le cas le 7 avril 1628, où le maréchal de Créqui demande par ordonnance aux consuls de la ville de Grenoble :

108 Auguste PRUDHOMME , Inventaire…, t. 3, pp. 138-139 ; AMG, EE 58, affiche : ordonnance ;

voir annexe 11 : ordonnance du cardinal de Richelieu, p. 186.

109 A. PRUDHOMME, ibid., p. 138 ; AMG, EE 18, affiche : ordonnance. 110 A. PRUDHOMME, ibid., t. 1, p. 135 ; AMG, BB 96, f° 86r°.

« de mettre incontinant sur pied et tenir prest une compagnie de cent hommes armés soubz commandement du sieur [blanc] pour estre menés où il sera ordonné de

nostre part »112.

À la charge du conseil d’acheter des armes avec l’argent fourni à cet effet par les hommes de la compagnie, ainsi que de nommer un chef pour les conduire. Cette dernière mesure suscitant une réaction du premier consul, François du Menon, qui demanda que ce commandement lui soit confié comme il était d’usage afin de

« mainctenir ladicte ville en ses libertés et privilèges »113. Si rien n’indique dans les

sources consultées, si ce commandement fut finalement confié au premier consul, rien n’indique non plus clairement, si ces hommes furent vraiment utilisés par le maréchal de Créqui.

Enfin, notons aussi qu’en février 1629, la ville dut fournir un guide au roi pour aller jusqu’à la Mure, puis en mai 1630, des éclaireurs pour aller à Cham- béry114.

Grenoble avait déjà par le passé, levé des compagnies dites des « enfants de la ville » pour des opérations extra-muros et généralement d’autodéfense115. Mais ces levées partaient toujours d’une initiative de la ville, ce qui n’est visiblement pas le cas ici. Le maréchal de Créqui avait-il devancé une décision que les consuls et le conseil s’apprêtaient à prendre d’eux-mêmes ? Les protestations du premier consul, ne portant que sur les modalités d’attribution du commandement de cette compagnie, pourraient le laisser penser…

Toutefois s’ils ne participèrent pas directement aux combats, certains des hommes fournis par la ville furent employés pour des travaux du génie, comme ces pionniers réquisitionnés pour servir dans l’artillerie royale.

b) Pionniers et terrassiers:

Une autre ordonnance du maréchal de Créqui, datée du 12 février 1629116, donnait ordre :

112 Auguste PRUDHOMME , Inventaire…, t. 1, p. 133 ; AMG, BB 95, ff° 58v°-60r°. 113 AMG, BB 95, f° 59.

114 A. PRUDHOMME, ibid., t. 2, pp. 170 et 184 ; AMG, CC 768, f° 115v°, CC 806, ff° 146v°-147r°. 115 Stéphane GAL, Grenoble au temps de la Ligue…, pp. 157-159.

« aux consuls et habitants de la ville de Grenoble, de faire les fraiz et avances de la levée de quinse pionniers dans l’estenduë de leur département y compris un capporal, un charron, un charpentier, un masson, et scieur de long , garnis de bon picz, hoyaux, pelles ferrées, et autres outils nécessaires et les faire incontinent mener

et conduire au sieur de la Mollière, Lieutenant du grand Maistre de l’Artillerie »117.

Ces derniers devant être employés dans les différents travaux nécessaires à la conduite des canons jusqu’à Casal, ainsi qu’à ceux de terrassement et de creusement de tranchées nécessaires à la guerre de siège. Le tout pour « ceux qui sont sans mestier, à raison de cinq sols par jour, et le pain de munition. Et pour les ouvriers

susdits huict sols, et le pain de munition »118.

Il est probable que des Grenoblois servirent aussi à titre individuel dans les armées royales, dans des régiments comme celui du comte de Sault, ou la compagnie de gens d’armes du maréchal de Créqui. D’autres furent par contre réquisitionnés temporairement à la mise en état des chemins des abords de la ville, pour le passage des canons.

c) Les chemins du canon :

Pour dégager Casal de l’étreinte espagnole, puis pour défendre cette place ainsi que celles prises à la Savoie (comme Pignerol en mars 1630), le roi de France devait impérativement disposer de canons. Cette arme étant devenue indispensable depuis la fin du XVe siècle, tant pour assiéger que pour tenir une place. Ce fait expliquerait donc que le bon passage du canon à travers les Alpes fut une des préoccupations principales des autorités royales pendant la période étudiée.

Faire franchir des cols alpins à des pièces pesant parfois plusieurs tonnes, demandait non seulement d’entretenir les chemins, mais aussi souvent d’aménager ces derniers à cet effet. Outre une troupe de pionniers levée à Grenoble (comme vu précédemment), ce sont les habitants des villes et des villages le long des chemins empruntés par l’artillerie, que l’on réquisitionna pour aménager ceux-ci en 1629. Le maréchal de Créqui demandant à cet sujet aux consuls des communautés de Gre-

117 Le Grand maître de l’Artillerie était le commandant de l’Artillerie de France. À l’époque Maxi-

milien II de Béthune, depuis le retrait de son père (Sully) en 1610.

noble à Briançon, « comme aussi aux autres communautez qui [étaient] à une lieuë desdits chemins », de faire remettre en état ces derniers ainsi que les ponts, « en sorte qu’ils ayent du moins huict pieds de large aux lieux les plus estroits » (soit 2, 60 mètres)119.

Pour Grenoble, c’est une douzaine de manœuvres qui, dans les derniers jours de février 1629, remettraient en état le chemin de Grenoble à Échirolles. Cela sous les ordres du sergent royal, Jean Félix, pour le passage des canons… et du roi120.