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II. ARCHITECTURE DES FORTIFICATIONS

II.1. Techniques de construction

II.1.1. Les fondations

II.1.1.2. Les fondations creusées

Une autre méthode largement employée était de fonder les murs de fortification en pleine terre. Pour ce faire, les constructeurs creusaient une tranchée qu’ils remplissaient de pierres, de sable, de bois et de matériaux divers. En réalité, il n’était pas toujours possible

393 Voir plus bas.

394 Les traces de ces encastrements ne sont pas très visibles car les blocs sont toujours en place mais un important

travail de nivelage est notable sur tout le périmètre du kale. Des marches ont d’ailleurs été façonnées dans la rampe menant à l’entrée. La datation de cette porte n’est pas établie précisément. Sa conception et l’apparence des blocs suggèrent peut-être une datation à l’époque classique.

395 Zimansky, 1995, 106. Voir aussi le même auteur 1990, 8 avec références. 396

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d’atteindre le rocher quand celui-ci était enfoui trop profondément. Il fallait alors au moins parvenir aux couches vierges possédant une texture suffisamment compacte pour éviter le glissement de la construction. Dans certains cas, il s’avère difficile de faire la différence entre les fondations et le socle du mur parce que les mêmes matériaux et les mêmes techniques pouvaient être employés pour les deux ensembles.

Les fondations des premières fortifications de Pergame (partie sud) consistaient en un mur de terrasse à parement unique installé sur la pente préalablement entaillée en L (fig. 298)397. C’est cette construction qui portait le mur de fortification à double parements constitué du même matériau : des pierres brutes de forme oblongue « en miche de pain »398. Les parties basses du mur étaient en saillie par rapport à la superstructure ce qui est une technique assez courante en Anatolie.

A Milet, les prospections géophysiques ont identifié dans l’isthme une anomalie interprétée comme étant le négatif d’un mur de fortification reliant la partie sud de Kalabaktepe au secteur de la porte Sacrée (Helige Tor) (fig. 214)399. Deux sondages ont été effectués au nord et au sud pour vérifier cette hypothèse400. Le premier a révélé la présence d’un mur qui a été daté de l’époque hellénistique. Le second a déterminé l’existence d’une tranchée de fondation dont le remplissage contenait uniquement du matériel de l’époque archaïque (VIIe-VIe s.) associé à des fragments de blocs de gneiss et de tuf. Les fouilleurs ont émis l’idée selon laquelle ce fossé serait la tranchée de fondation du mur de défense archaïque dont les blocs auraient été récupérés à une époque postérieure. Les recherches n’ont pas pu déterminer si les constructeurs de l’ouvrage avaient atteint le rocher401. Quant au mur du VIIe s. à Kalabaktepe, une partie au moins était fondée en pleine terre402.

A Sardes, l’enceinte fortifiée était en grande partie fondée en pleine terre car le rocher était trop profondément enfoui. Cela apparaît clairement dans le secteur MMS/N où se trouve l’entrée ouest de la cité. Les fouilles ont montré que le mur en appareil pseudo-isodome de la porte avait des fondations creusées. Les blocs rectangulaires à ciselure périmétrale reposaient

397

Radt, 1988, 473-475 et 1991(b), 400 ; 1994 (a), 66-67 fig. 3 et 4.

398 Radt (1994, 66) emploi le terme brotlaibförmige. 399 Stümpel et al., 1997, 124-134 et 1999, 94-97 et fig. 6. 400 Schneider, 1997, 134-136.

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Les fouilles ont dû être interrompues à cause de l’eau qui emplissait les sondages.

402 Ce n’est pas l’avis de von Gerkan pour qui le mur de fortification n’était pas doté de fondations. Comme le

fait logiquement remarquer F. Lang (1996, 199 n.144), il est possible que le fouilleur n’ait pas vu de différence de technique dans la construction du socle et des fondations. Cela n’induit pas nécessairement une absence de fondations.

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sur des blocs grossiers (fig. 145). La tranchée de fondation de ce mur coupait plusieurs surfaces de circulation403. Pour ce qui est de l’analyse architecturale du mur de fortification principal, elle est rendue difficile par les réaménagements successifs du secteur404. De manière générale, le socle qui portait la superstructure en briques crues était en partie enterré et comportait deux niveaux405. La ligne de monticules (secteur MD2) située au nord-est a également livré les vestiges du système de défense406. Une section du mur de fortification a été partiellement mise au jour mais il n’a pas été possible d’atteindre les assises les plus basses du fait des remontées de la nappe phréatique.

Les fouilles menées à Kerkenes ont montré que les murs étaient fondés soit sur d’épaisses couches de remblai soit directement sur le rocher407. En ce qui concerne les défenses, il semble que pour l’essentiel, elles aient été installées dans une couche d’argile granuleuse naturelle qui avait été nivelée au préalable408. Le glacis situé contre le rempart dans le secteur de la porte orientale était fondé sur une couche peu compacte et limoneuse qui était humide en permanence. Cela a engendré un glissement et une destruction partielle du dispositif sous la pression du reste de la construction défensive409. Très récemment, les fouilles de la porte de Cappadoce ont mis en évidence la présence de fondations comprenant à la fois des pierres et du bois, une méthode bien documentée à Gordion et à Zincirli410.

A Smyrne, les publications sont assez peu prolixes au sujet des fondations des murs411. Quelle que soit la phase concernée, il ne semble pas y avoir eu de séparation marquée entre ce qui pourrait être le mur de fondation et le socle qui portait la superstructure en briques crues. L’enceinte de Smyrne est un ouvrage assez unitaire dans le sens où la brique, qui constituait la totalité de la superstructure (jusqu’au VIe s.), était également employée pour former le cœur du socle. Cette plinthe, composée d’un amas compact de pierres et de briques était enfoncée dans une tranchée de fondation creusée dans l’argile vierge. Celle-ci semble avoir été en partie comblée par les éclats issus de la mise en forme des blocs polygonaux des parements. Les différents murs de fortifications semblent après tout avoir été fondés les uns sur les autres.

403 Greenewalt et Rautman, 1998, 483-495, fig. 17-18. 404

Le glacis construit contre la face extérieure du rempart résulte d’une deuxième phase d’aménagement des fortifications (Cahill et Kroll, 2005, 608).

405 Voir en particulier les coupes dans Greenewalt et al., 1983, fig. 3 et 6.

406 Greenewalt et al., 1987, 80 et suiv. ; Greenewalt et Rautman, 2000, 672-673; Greenewalt, 2001, 416-417. 407

Summers, G. et F., 1998, 177-194.

408 Summers et al., 1999, 3. 409 Summers et al., 2010, 72.

410 Summers et al., 2011, 35 et fig. 60. Sur le sujet voir II.1.4. Le bois et autres éléments végétaux. 411

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