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III. DISCUSSION GENERALE

1. S YNTHÈSE DES RÉSULTATS

2.2 U N MODÈLE DE TRAVAIL DÉVELOPPEMENTAL DE L AUTOMUTILATION À

2.2.3 Facteurs spécifiques

Opioïdes endogènes. Le système opioïde joue un rôle important dans le contrôle physiologique des circuits cérébraux liés à la récompense. Par ailleurs, la libération de ces molécules produit un effet analgésique actuellement bien documenté. Ce système a donc été impliqué de manière récurrente dans les modèles biologiques des conduites automutilatrices (Osuch & Payne, 2009[ Sher & Stanley, 2009).

Les é

des conduites automutilatrices rapportent une absence ou un faible niveau de douleur au moment de scarifications ou de brûlures

auto-(pour une revue, voir Nock, 2010)[ ces deux particularités pouvant être mis en lien avec des dysfonctionnements au sein du système opioïde. De plus, on retrouve dans ces échantillons un niveau « de base

endogènes en moyenne plus bas que chez les personnes sans conduites automutilatrices.

telles conduites pour stimuler la libération de ces molécules (Sher & Stanley, 2009). Ceci, ment ultérieur dans ce

ème opioïde pourraient ainsi -dessus (Osuch & Payne, 2009).

Image du corps.

pparence (Cash & Pruzinsky, 2002). Précisément, elle se réfère aux (a) cognitions (p.

ex., perceptions et estimations subjectives de l

pensées associées au corps, biais attentionnel vers certaines parties physiques), (b) exerce sur son physique) liées au corps.

autodestructrices de régulation de soi (p. ex., I. Orbach, 1996[ I. Orbach et al., 2006).

expériences corporelles vécues dans le contexte interpersonnel des premières années de

propre corps (p. ex., Anzieu, 1985). Ils favorisera

sentiment de soi « incarné » (où les aspects psychologiques et somatiques forment un tout cohérent[ I. Orbach et al., 2006[ S. Orbach, 2004)

physiqu

soi (Ainsworth, Blehar, Waters, & Wall, 1978[ Feldman, Greenbaum, & Yirmiya, 1999[

Feldman, Weller, Sirota, & Eidelman, 2002). Feldman et al. (2002) ont par exemple montré les effets bénéfiques de la proximité et du contact physique maternels (sourire, toucher, voix, chaleur corporelle) sur la capacité à tolérer les émotions négatives et à proximité maternelle » environnement lors des moments de jeu (reflet de capacité à désactiver le système termes, les interactions physiques semblent donc procurer une base fondamentale pour

adaptatives (Feldman et al., 2002[ Field, 1995).

De plus, les propriétés des échanges parent-enfant se passant au travers du corps et du mouvement (liés aux tempo, direction et flux de tension17 des interactions) seraient tout autant cruciaux pour le développement des capacités de mentalisat

que les processus se déroulant au niveau verbal et explicite (p. ex., où le parent répond Shai & Belsky, 2011). Ces auteurs introduisent l mentalisation parentale incarnée », définie comme la capacité du parent à implicitement concevoir, comprendre

(sensations de mouvement provenant du corps entier, et pas uniquement des expressions

17

-(Kestenberg-Amighi, Loman, Lewis, & Sossin, 1999)[ le flux de tension se réfère aux séquences contraction-relâchement des muscles. Un tonus musculaire bas peut par exemple refléter plaisir et détente

(Davis, 1978) (Tortora, 2006).

Enfin, le tempo se réfère au nombre de mouvements par unité de temps, un rythme accéléré pouvant (Tortora, 2006).

contracter, à détourner la tête, un parent avec de bonnes capacités de mentalisation incarnée détecte ces mouvements et les interprète implicitement comme signalant un

ici est intrinsèquement dyadiq

entre le parent e

psychologiques et somatiques soient intégrés en un sentiment de soi cohérent (Shai &

Belsky, 2011).

dans la partie introductive de ce travail), mais aussi modifier l

propre corps, entrainant des difficultés au niveau des attitudes, sentiments (p. ex., rejet du corps), et sensations (p. ex., anhédonie physique18) liés à ce dernier (I. Orbach et al., 2006[ S. Orbach, 2004). Combinées à la présence de mécanismes de contrôle défaillant -à-dire une attitude faciliteraient alors les comportements autodestructeurs, en particulier lorsque un individu est soumis à une situation stressante (I. Orbach et al., 2006).

dans des échantillons de participants avec des conduites suicidaires (p. ex., I. Orbach, 2003[ I. Orbach et al., 2006[ I. Orbach, Stein, Shan-Sela, & Har-Even, 2001). Au niveau développemental, I. Orbach et al. (2006) observent par exemple que les adolescents ayant fait une tentative de suicide dans le passé rapportent des scores de soins et de contacts physiques plus bas avec les parents que les groupes de contrôle (tout venant et clinique), mais présentent un taux supérieur de maltraitance (I. Orbach et al., 2006). De plus, au moins deux études montrent également que les adolescents ayant fait une tentative de suicide dans le passé ont des attitudes et des sentiments plus négatifs envers leur corps,

(I. Orbach, 2003[ I. Orbach et al., 2006).

corps dans les conduites automutilatrices (Brunner et al., 2007[ Claes et al., 2010[ Cross, 1993[ Darche, 1990[ Favaro, Ferrara, & Santonastaso, 2007[ Muehlenkamp, Claes, Smits, Peat, & Vandereycken, 2011[ Muehlenkamp, Gutierrez, Osman, & Barrios, 2005[ Ross, Heath, & Toste, 2009[ Walsh, 2006[ Walsh & Frost, 2005[ Wright, Briggs, & Behringer, 2005[ Yates, 2009). Ces travaux révèlent une évaluation physique moins positive chez les tout venant et cliniques (p. ex., adolescents ayant reçu un diagnostic de troubles du comportement alimentaire[ Claes, Vandereycken, & Vertommen, 2003[ Solano, Fernández Aranda, Aitken, López, & Vallejo, 2005). Ces données indiquent également allant au-delà de la « simple » insatisfaction corporelle. Par exemple, Muehlenkamp, Peat, Claes, et Smits (2012)

satisfaction corporels permettent sont plus faibles chez les étudiants qui rapportent une c un passé de difficultés alimentaires les échantillons de contrôle). De manière intéressante, deux études précisent également que les attitudes négatives liées au corps ne suffiraient à expliquer la présence es à des difficultés de régulation émotionnelle, elles (Duggan, Toste, & Heath, 2013[ Muehlenkamp & Brausch, 2012). En effet, Muehlenkamp et Brausch (2012) montrent a

bles liées au physique (degré

Ils dévoilent également que ces variables expliquent une part substantielle (22%) de la

statistiquement non significative. Ce

automutilatrices. Nous pouvons également poursuivre la réflexion entamée par ces

tilation, facilitées par des dysfonctions -terme de la pornographie conduites automutilatrices, la consommation de pornographie peut en effet représenter une forme de régulation de soi (tension interne), par soi, via son propre corps, où tion. De manière intéressante, Peter et Valkenburg (2009) montrent notamment que la consommation pornographique à lors des rapports ultérieurs avec un (ou une) partenaire « réel(le) ». Ce résultat nous amène à suggérer que l

normative

(Ricciardelli, 2012[ Wertheim & Paxton, 2011).

(Fredrickson & Roberts, 1997)

pour interpréter le recours à des conduites autodestructives directement dirigées contre le corps (tentatives de suicide et automutilation). Brièvement, ces auteurs proposent que les pratiques culturelles qui tendent à véhiculer une représentation du corps féminin sexuel) peuvent conduire les femmes à progressivement internaliser cette image comme -mêmes. En conséquence, celles-ci se considéreraient alors comme

-objectification). La manifestation comportem «

auto-objectivation » se révèlerait dans une vigilance corporelle accrue (la femme surveille son corps de près), pouvant mener à des expériences subjective négatives (honte et anxiété nce de ses états internes) qui, ultimement, augmenterait le risque pour la santé mentale (p. ex., dépression, dysfonction sexuelle[

Calogero, 2012[ Fredrickson & Roberts, 1997) rie

concerne actuellement essentiellement des échantillons adultes, mais celle-ci semble néanmoins pertinente pour la compréhension de certaines manifestations adolescentes.

e -objectification dans un échantillon de jeunes filles (12 ans). Cette dernière est un facteur

(Tiggemann & Slater, 2015).

En c Nelson et Muehlenkamp (2012) ont

restriction alimentaire da

(habillement), d

soutiennent également la présence de particularités lies à la conscience des sensations perturbation de la sensibi

fonctionnement du système opioïde) chez les adolescents rapportant des conduites

juger une stimulation comme douloureuse (seuil de douleur à la chaleur ou à la pression augmenté) et endurent ensuite la stimulation plus longtemps que les participant de contrôle (Franklin, Aaron, Arthur, Shorkey, & Prinstein, 2012[ Franklin, Hessel, &

Prinstein, 2011[ J. J. Glenn, Michel, Franklin, Hooley, & Nock, 2014[ McCloskey et al., 2009). Ensemble, ces travaux confirment ainsi que la considération de son propre corps comme un objet externe peut promouvoir un niveau de détachement, de mépris et de dissociation de soi, et laisser libre cours à une attaque de son intégrité physique (I.

Orbach, 1996).

En résumé, les travaux présentés dans cette section suggèrent que la considération du corps comme un objet séparé de soi pourrait diminuer la conscience des signaux internes de douleur, augmenter les représentations de soi négatives (honte liée à son corps) et, par là même, favoriser le recours à des attaques corporelles chez certains individus en situation de détresse émotionnelle. De manière générale, les études de

ces données permettent de mettre en évidence que les adolescents qui s

corporelle, manifeste aux niveaux affectif, cognitif et comportemental. Lorsque les trop intense, ces particularités faciliteraient le recours direct au corps comme outil de régulation de soi indirecte (p. ex., prise

Afin de compléter ce modèle de compréhension des liens entre image du corps et pourrait révéler une diminution plus générale de la conscience intéroceptive, ce qui pourrait constituer, à notre sens, un élément de compréhension important des conduites

corporelles (I. Orbach, 1996). La conscience intéroceptive se définit comme la corps, telles que les sensations cardiovasculaires, respiratoires ou liées à la faim, et qui peuvent affecter, consciemment ou inconsciemment, la cognition ou le comportement

(Cameron, 2002) travaux montrant, dans un

degré de conscience intéroceptive « de base/trait » moindre que ceux qui ne chez ces adolescents, le degré de conscience intéroceptive serait plus réactif (variable « état ») aux stimuli qui suscitent une activation émotionnelle (p. ex., situation de rejet). Ces derniers augmenteraient drastiquement et soudainement le ressenti de leurs sensations viscérales, normalement mises en veille, induisant un degré de conscience intéroce

es à la douleur, certains travaux empiriques mettent en évidence un lien entre une diminution de la conscience intéroceptive et les conduites automutilatrices (p. ex., Favaro & Santonastaso, 1998). Leurs résultats reposent cependant sur des questionnaires auto-reportés, développés pour appréhender la gravité des difficultés alimentaires (p. ex., échelle de conscience intéroceptive au sein de mesures pour les troubles alimentaires[ Muehlenkamp et al., 2012)

tomutilation, que nous résumons ci-dessous.