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1. L’Espace Catalan Transfrontalier, un terrain de recherche à expérimenter

1.1. Les institutions sportives : distribution et répartition sexuée des organes de

1.1.2 Les fédérations

Comme souligné précédemment, les politiques et actions volontaristes publiques sont en marche vers la parité et l’égalité des hommes et des femmes dans divers secteurs jusqu’ici communément occupés par des hommes. Le Comité interministériel aux droits des femmes53 réuni par le Premier ministre a été l’occasion de fixer plusieurs champs d’actions prioritaires pour s’attaquer aux inégalités, notamment en affirmant les valeurs du sport dont l’une est de valoriser la place des femmes.

La gouvernance est au cœur des débats dans les fédérations et récent au sein des politiques publiques. Prenons pour exemple l’élection d’un Comité directeur paritaire à la fédération française de natation en 2012 (L’année 2012 marquée par les Jeux-Olympiques de Londres est synonyme de renouvellement des instances dirigeantes au sein des fédérations sportives).

Cette initiative est un exemple à souligner car le monde du sport est caractérisé par une suprématie des hommes dans l’encadrement technique, dans les postes de responsabilité des instances décisionnelles des fédérations sportives. A ce titre, depuis 2013 les fédérations ont l’obligation de s’engager à travers un plan de féminisation pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de leurs structures. Toutefois, dès 2006 quatre fédérations étaient engagées sous l’impulsion du ministère dans la définition d’un plan de féminisation : le handball, le basket-ball, le cyclisme et le football. Elles ont été suivies au cours de l’olympiade 2009-2012 par les fédérations d’aviron, d’hockey sur glace, de montagne et d’escalade, de boxe, de triathlon et de tennis. Dans le cadre des conventions d’objectifs 2014-2017 qui les lient à l’État, toutes les fédérations sportives doivent désormais se doter d’un plan de féminisation concernant la pratique sportive, l’encadrement, la formation et l’arbitrage. Dernièrement, la Fédération Française de lutte vient de nommer une femme

53 Cf. Annexe 4. Circulaire du 23 août 2012 relative à la mise en œuvre de la politique interministérielle en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes.

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comme directrice technique nationale (DTN), fait remarquable dans ce sport de tradition masculine. Afin de dresser un état des lieux favorisant les synergies entre les différents acteurs, la mutualisation des pratiques, des compétences et des connaissances, un panorama des plans de féminisation des fédérations sportives a été élaboré. Ce panorama des plans de féminisation est une photographie à un instant T des 80 plans transmis au 1er avril 2015.

L’instauration d’un arsenal juridique vise à contrebalancer ces discriminations. Le lien entre les divers ministères concrétisé par le comité interministériel démontre la détermination des politiques publiques à intégrer l’égalité des femmes et des hommes en sport. Certes, cela représente un enjeu majeur mais au-delà de l’évolution du cadre législatif/institutionnel, c’est une évolution des mentalités, des représentations et des pratiques qui doit être conduite.

L’objectif est de concéder aux femmes plus de responsabilités dans le sport et faciliter l’émergence de candidates et de dirigeantes. Des fédérations mettent en place une politique volontariste de parité des instances de direction mais quelques-unes sont encore réservées.Le manque de volonté de la part de certaines fédérations est l’une des raisons pour lesquelles la mesure obligatoire de proportionnalité (2014) entre féminisation des instances dirigeantes et nombre de licencié pourrait échouer. La Fédération Française de Football (FFF), dont les élections se sont tenues en 2012, quelques jours après la notification officielle de V.

Fourneyron aux différentes fédérations, a vu une seule femme, Brigitte Henrique. Elle a été élue au poste de secrétaire générale et nommée au sein de son comité exécutif, sur 10 membres au total. Déjà souligné en 2004 par Brigitte Deydier dans son rapport « Femmes et sport »54, le manque à voir des femmes dans des positions de pouvoir des instances dirigeantes des fédérations sportives, est-il inscrit plus de 10 ans après, dans un processus d’amélioration de cette situation ? Comme elle le précise : « Malgré toutes les intentions exprimées depuis de

54 Cf. Annexe 5. Rapport Femmes et Sport 2004 sous la direction de Brigitte Deydier (directrice technique nationale à la Fédération Française de Judo 2005), pour le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la vie associative et le ministre de la Parité et de l’Egalité Professionnelle p.10.

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nombreuses années dans le monde sportif, les déclarations restent, pour beaucoup, incantatoires et les changements sont infimes »55. Le tableau56ci-dessous illustre une certaine progression du taux de féminisation des instances dirigeantes que nous détaillons plus spécifiquement ici : la représentation des femmes au sein des bureaux des fédérations sportives progresse de 9,8% entre 2009 et 2013. Si le recensement des personnes élues au sein des bureaux des fédérations enregistre une hausse de 2,3% entre 2009 et 2013, le nombre de femmes augmente lui de 9,8% sur la même période. Pour l’olympiade en cours, les femmes représenteront donc 22,8% des membres élus de ces instances.

Tableau 1 : Taux de féminisation des fédérations sportives 2009-2013.

2009 2013

Aussi, 26,47 % de femmes sont élues dans les comités directeurs des fédérations sportives, c’est-à-dire 681 élues dans les comités de direction des fédérations sportives pour 2573 postes. Les postes clés des instances dirigeantes sont ceux de président(te), secrétaire général(e) et trésorier (rière). A l’issue des élections des instances dirigeantes des fédérations

55 Femmes et sports, DEYDIER Brigitte, FRANCE. Ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative;

FRANCE. Ministère de la parité et de l'égalité professionnelle, Avril 2004 27 p.

56 Les chiffres clés de la féminisation du sport en France, MVJS (Ministère de la Ville de la Jeunesse et des Sports), 2012-2013, 11p.

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sportives pour l’olympiade 2013-201657, les femmes représentent 12,5% des présidents, 22,9% des secrétaires généraux et 13,5% des trésoriers. Sur ces trois fonctions, la représentation des femmes est en progression par rapport à la précédente olympiade.

Tableau 2 : Part des femmes aux postes de responsabilité des fédérations 2009-2013 Femmes Femmes Femmes présidentes secrétaires générales trésorières

2009 2013 2009 2013 2009 2013

Multisports 6

(2 en 2004)

6 4 9 3 6

Non-olympiques

4 7 10 12 4 5

Olympiques 1 5 4 7 4

Total général 10 14 19 15 14 15

Dans le tableau ci-dessus, nous avons souligné en couleur jaune plus particulièrement les fédérations olympiques car c’est en leur sein que les écarts sont les plus criants, notamment pour le poste de présidente. Hormis la prise en compte du poste, il est essentiel de se pencher sur la nature des fédérations. En effet, dans les pratiques sportives les plus en vue puisqu’elles sont olympiques, médiatisées et donc à forte notoriété.

57 Ibid. op.cit.

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Tableau 3 : Taux de féminisation des DTN, CTN, CTR et entraineurs nationaux 2013-2014

Nombre de postes Nombre de femmes Taux de féminisation

Entraineurs nationaux 324 36 11.11%

DTN 63 7 11.11%

CTN 599 128 26.36%

CTR 627 103 16.42%

Total général 1613 274 16.98%

Les missions de DTN (Directeur Technique National) sont confiées à 7 femmes contre 3 lors de la précédente olympiade. Sur les 24 appels à candidatures lancés en 2013-2014, 14 actes de candidature sont féminins et 7 femmes ont été nommées pour 17 hommes.

Sur les 1613 postes de cadres techniques et sportifs, 274 sont détenus par des femmes soit 16,98 %. Ces postes concernent à la fois les entraineurs, les conseillers techniques nationaux (CTN), régionaux (CTR) et les DTN. Ici encore, nous avons mis en perspective par un surlignage jaune l’idée que plus les fonctions sont importantes moins les femmes sont représentées. Les femmes qui atteignent les hautes sphères du pouvoir sportif sont généralement d’anciennes sportives de haut-niveau voire de très haut-niveau en rapport aux hommes et, détiennent un capital social et culturel supérieur aux autres salariées, ce que nous précise C. Chimot : « Les femmes cadres techniques disposent ainsi d’un capital sportif supérieur à celui de leurs homologues masculins. Alors que ces derniers ont atteint un niveau de pratique national (44% des hommes pour 21% des femmes), les femmes ont majoritairement été des sportives de niveau international (63% des femmes contre 33% des hommes). […] Les femmes élues des fédérations ou comités olympiques sont caractérisées

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quant à elles par une sursélection sociale et culturelle comparativement aux autres femmes de la population active des mêmes catégories d’âge. […] ».58

En 2014,59 le panorama sur les plans de féminisation selon diverses thématiques dont celui des instances dirigeantes des fédérations sportives, à divers échelons territoriaux et selon les pratiques sportives considérées, démontre que si pour certaines fédérations l’égalité des sexes est un processus intégré, pour d’autres, l’heure est à l’état des lieux. Rien d’étonnant à voir des disparités persistantes selon les fédérations. Dans ses conclusions et perspectives, ce panorama établit que sur 107 fédérations, 69 ont rendu un plan de féminisation (64,5 %), dont 71 % des fédérations olympiques, 41,7 % des fédérations unisport non-olympiques et 88 % des fédérations multisports. L’objectif de la deuxième édition est fixé à 100 %. De ce fait, les marges de progression restent importantes notamment dans les fonctions de responsabilités et de direction les plus prestigieuses et dans les fédérations dites de tradition masculine, là où les hommes sont surreprésentés. Elles nous spécifient également que d’autres facteurs viennent entraver l’entrée des femmes (élues) au sein des institutions sportives comme les normes de travail dont la principale est la disponibilité, le système électif des fédérations ou comités olympiques et sportifs, le cumul des mandats autorisé, l’entre soi, la cooptation permise à travers un système de réseau. Tous ces facteurs constituent des freins car l’élection :

« nécessite ainsi un investissement temporel et géographique important particulièrement difficile à tenir pour elles qui cumulent une triple charge familiale, professionnelle et associative. […] Les carrières des femmes cadres techniques sont largement soumises aux exigences de mobilité géographique et d’investissement temporel qu’exige la préparation compétitive sportive […].60

58 CHIMOT C., « Femmes dirigeantes et cadres des organisations sportives : la construction des inégalités de carrière ». Coordonné par Cyrille Rouger, Revue Jurisport, 2017, n°171, pp.18-21.

59 Panorama sur les plans de féminisation des fédérations sportives 2014, Ministère du Droit des Femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, 78p.

60 CHIMOT C, « Femmes dirigeantes et cadres des organisations sportives : la construction des inégalités de carrière ». Coordonné par Cyrille Rouger, Revue Jurisport, 2017, n°171, pp.18-21.

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Au-delà des statistiques émises au niveau national à travers les fédérations, les plans de féminisation des instances dirigeantes concernent d’autres échelons territoriaux, régionaux ou locaux notamment avec les clubs. Ceci afin d’impliquer au maximum les organes déconcentrés des fédérations sportives qui prêtent une attention particulière à leurs clubs sur cet aspect. L’investissement sollicité par les plans présentés (entre autre celui de la féminisation des instances dirigeantes) est plus important au niveau local (60,9 %) qu’à l’échelon régional (46,4 %). Il y a néanmoins 15,9 % de fédérations qui n’ont prévu aucune déclinaison territoriale de leur plan. Comme nous nous intéressons plus spécifiquement aux associations sportives de judo, et ce à un échelon local, nous présentons ci-dessous le bilan concernant la Fédération Française de Judo et Disciplines Associées proposé par le panorama.

1.1.3 Données générales de la fédération française de judo et