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240 D’après Benoît RIHOUX, Les Partis politiques : organisations en changement, op. cit., p. 164. 241 Ils sont toujours élus aux ¾ par les assemblées régionales, et pour ¼ en assemblée fédérale. 242 Yves FRÉMION, Histoire de la révolution écologiste, op. cit., p. 235.

confirmée dans sa fonction de « figure dirigeante du parti »243. Elle a d’ailleurs, entre ces

deux séquences, le 23 octobre, été investie comme candidate à l’élection présidentielle par la Convention de l’écologie politique et sociale, à laquelle ont participé Les Verts, l’Alternative rouge et verte (AREV), Écologie et fraternité, La Convention pour une alternative progressiste (CAP)… mais également des dissidents communistes (Charles Fiterman, Gilbert Wassermann…) et de nombreuses personnalités (Daniel Cohn-Bendit, Théodore Monod, René Dumont, Charles Piaget, Pierre Rabhi244, Susan George245, ou encore les acteurs

François Cluzet et Claude Piéplu).

De 1993 à 1995, l’arrivée de Dominique Voynet au pouvoir et « l’ancrage à gauche » du parti vont de pair avec une polarisation des débats internes, une faible visibilité électorale (les Verts n’ont aucun élu aux législatives de 1993 et perdent tous leurs députés européens en 1994) et l’éclatement de l’écologie politique française. L’écologie politique est en effet morcelée en plusieurs organisations246 : Génération écologie créée par Brice Lalonde

dès 1990, Convergence écologie solidarité (CES), groupe mené par Noël Mamère faisant sécession de Génération écologie (GE) en 1994, le Parti écologiste pour le rassemblement de l’écologie sociale (PERLES) fondé par Yves Piétrasanta en 1994, et le Mouvement écologiste indépendant (MEI) fondé par Antoine Waechter après sa mise en minorité, en 1994247. Ces

diverses formations, échouant à s’inscrire dans l’espace partisan, vont, pour la plupart, fusionner avec les Verts dans cette période, ou, à tout le moins, constituer un vivier pour de nouveaux entrants, attirés par les rétributions que procurent aux Verts l’alliance avec le Parti socialiste et l’entrée dans le gouvernement de Lionel Jospin.

Au mois d’avril 1995, Dominique Voynet est la seule candidate écologiste à l’élection présidentielle, Brice Lalonde et Antoine Waechter ayant finalement dû se retirer (à la mi mars pour Brice Lalonde et début avril pour Antoine Waechter248). Pour cette présidentielle,

la stratégie de la campagne est très claire : « alliance avec la gauche alternative et les mouvements sociaux en pleine ébullition, vent debout contre la droite revenue en force aux législatives de 1993 »249. La campagne de Dominique Voynet250 est conçue à partir de cinq

243 Pierre SERNE, Les Verts ont 20 ans. Petite histoire de l’écologie politique en France, op. cit., p. 47. 244 Né en 1938 en Algérie, il s’est formé à l’agriculture dans le sillage du mouvement néo rural initié dans les années 1960. Devenu spécialiste d’agroécologie, il anime à cette époque le mouvement « Oasis en tous lieux », qui promeut « le retour à une terre nourricière et la reconstitution du lien social ». 245 Cette américaine née en 1934 et installée en France a soutenu en 1978 une thèse en Science politique sur le transfert du système alimentaire américain à l’EHESS. Elle est alors membre du Conseil d’administration de Greenpeace International et de Greenpeace France. 246 Une vingtaine à cette époque d’après Erwan LECOEUR, Des écologistes en politique, op. cit., p. 63-64. 247 Corinne Lepage créera CAP 21 en 1996. 248 Les régionalistes ont également renoncé à leur tentative de présenter un candidat (Max Siméoni). 249 Erwan LECOEUR, Des écologistes en politique, op. cit., p. 65.

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axes programmatiques : « préservation de l’environnement ; lutte contre le chômage et l’exclusion ; nouvelle citoyenneté/démocratie ; paix/solidarité entre les peuples ; lutte contre le sida/dépénalisation des drogues »251. Elle est résolument tournée vers les

thématiques sociales : soutien aux combats des étudiants, des sans papiers, des mouvements féministes, des malades du sida, engagement en faveur du droit de vote des étrangers… Les spots officiels de campagne se centrent sur le triptyque « Écologie - Justice sociale - Démocratie » et mettent en scène les soutiens de la candidate. Bernard Langlois252 les

animent, et accueille plusieurs personnalités253, dont quelques élus écologistes qui vantent

leur efficacité dans les collectivités locales (Marie-Christine Blandin pour la Région, Yves Piétrasanta et Dominique Frager pour les Villes) et quelques représentants d’autres mouvements écologistes ou de gauche « amis » (Gilbert Wasserman254 et Roger

Winterhalter255), qui attestent de l’ancrage à gauche de Dominique Voynet. Marie-Anne Isler

Béguin, l’une des quatre porte-paroles des Verts, symbolise le soutien du parti. La stratégie de Dominique Voynet consiste à empêcher les électeurs de « voter utile » au premier tour. S’étant fixé l’objectif de recueillir 5 % des suffrages, elle les invite à voter par conviction, pour « la transformation écologique de la société ». Malgré les compétences de l’Agence Verte, qui participe à la campagne – sans toutefois être pleinement intégrée dans l’équipe de communication –, et la consultation de politologues ou sondeurs256, Dominique Voynet reste

une « petite candidate »257 et la couverture médiatique de sa campagne n’est pas très

importante. Si l’Agence verte préconisait de « supprimer la vocation militante de Dominique Voynet pour conforter son statut de présidentiable »258, la candidate a fait, avec son équipe, d’autres choix de communication. Aux « coups » symboliques du verre d’eau, du jeu de quille et de la branche d’arbre, elle préfère se mettre en situation sur le terrain, plongeant à l’Ile aux vieilles près de Saint-Raphaël pour alerter sur les écosystèmes marins259 ou se laissant

250 On pourra utilement se reporter sur ce point au chapitre IV « La campagne présidentielle de 1995 », in Patrick SALMON, Les Écologistes dans les médias. De René Dumont à Dominique Voynet, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 207-240. 251 Yves FRÉMION, Histoire de la révolution écologiste, op. cit., p. 232. 252 Il a fondé en 1988 le journal de gauche antilibéral Politis. 253 http://www.ina.fr/video/I04167298/dominique-voynet.fr.html. 254 Il intervient en tant que représentant de la Convention alternative progressiste. 255 Il est le porte-parole de l’Alternative rouge et verte (AREV). 256 Daniel Boy du Cévipof, Jean Chiche du CNRS, Agnès Roche de l’IEP de Grenoble et Stéphane Rozès du CSA sont intervenus. Voir Patrick SALMON, Les Écologistes dans les médias. De René Dumont à Dominique Voynet, op. cit., p. 217. 257 Elle est à ce titre interrogée avec moins de déférence et de sérieux par les journalistes que les candidats « présidentiables ». On lui pose surtout des questions relatives à la division de sa famille politique, à ses relations avec le PS, au vote utile…

258 Cité dans Patrick SALMON, Les écologistes dans les médias. De René Dumont à Dominique Voynet, op. cit., p. 235.

259 Voir sur http://www.ina.fr/economie-et-societe/environnement-et- urbanisme/video/CAB95021719/voynet-en-campagne.fr.html.

filmer dans des situations privées260 (à son domicile ou en promenade à Dôle avec sa fille en

poussette)261. Les divisions et ressentiments au sein du parti se font jour pendant la

campagne, alors que les proches de Dominique Voynet262 n’en n’ont, aux dires de nos

enquêtés, pas toujours conscience. Même les soutiens manquent : Noël Mamère et Yves Piétrasanta votent pour Lionel Jospin au premier tour, Brice Lalonde vote, lui, pour Jacques Chirac. Avec son score « modeste » de 3,35 %, Dominique Voynet ne donne pas de consigne de vote officielle : « C’est à lui [i.e Lionel Jospin] de convaincre nos électeurs, pas à nous de leur donner des consignes de vote »263.

Si de nombreux militants ont apprécié la tonalité sociale et « de gauche » de la campagne, d’autres regrettent son ancrage à gauche, sans être pour autant « ninistes » ou décidés à suivre Antoine Waechter au MEI. Yves Paccou, par exemple, voit l’arrivée de Dominique Voynet et sa campagne comme le signe d’un « virage gauchiste »264. Selon lui, les

Verts sont pris dans « les dogmes de la gauche » auxquels il tentait justement, en tant qu’ex socialiste, d’échapper. Les élections municipales de juin 1995, sont pourtant l’occasion de poursuivre la dynamique d’ancrage à gauche. Les Verts obtiennent à nouveau plus de six cent élus265, bien que leur scores en listes autonomes soient inférieurs à ceux de 1989 (6,5 %

au lieu de 9 % au total), et ce, grâce à leur présence sur de nombreuses listes d’union de la gauche (160 listes autonomes, plus de 150 listes d’union). Plusieurs de nos enquêtés se font élire ou réélire : Alain Lipietz démissionne de son mandat régional et devient conseiller municipal à Villejuif, Dominique Reffay266, qui siégeait grâce au « tourniquet » est réélu dans

sa commune, Henri Arévalo, réélu, devient adjoint au Maire de Ramonville, Jean-Yves Le Turdu devient conseiller municipal. Les Verts sont également mobilisés autour de l’Appel au débat sur le chômage267, puis à l’occasion du mouvement social de l’automne de la même

260 Voir sur http://www.ina.fr/politique/presidents-de-la-republique/video/CAC95024332/journee-de- dominique-voynet.fr.html.

261 Ceci peut-être sous l’impulsion de l’Agence verte qui conseillait de parier sur d’autres types de communication que politique, et de tenter, notamment, de paraître dans la presse féminine. Cité in Patrick SALMON, Les Écologistes dans les médias. De René Dumont à Dominique Voynet, op. cit., p. 235. 262 Yves Cochet, Jean-Luc Bennhamias, Alain Lipietz, Gérard Peurière, Denis Baupin, Gérard Onesta… 263 Intervention de Dominique Voynet du 30 avril 1995. 264 Entretien avec Yves Paccou, 19 mai 2008. 265 Entre 600 et 700 selon les sources. 266 Né en 1949, il est fils d’un tourneur sur bois et d’une horticultrice proches des républicains espagnols. Il est entré au parti en 1989. 267 Cet Appel a été publié le 28 juin 1995 dans Le Monde, à l’initiative du Mouvement antiutilitariste dans les sciences sociales (MAUSS). Relayé par la revue Transversales (animée par Jacques Robin et Patrick Viveret), dans son numéro 34 de juillet-août 1995, il a été signé par une trentaine de personnalités, dont quelques membres des Verts (Aline et Jacques Archimbaud, Dominique Voynet, Alain Lipietz) ou d’autres partis ou mouvements, qualifiés chez Les Verts d’« écolo-compatibles » (Jean-Louis Laville, Antonio Negri, André Gorz, Serge Latouche, Patrick Viveret, Robert Castel, Pierre Larrouturou, ou Dominique Méda). Dans le sillage de l’appel, une association a été constituée, l’Appel pour une économie et une citoyenneté plurielles (AECEP), pour élargir la dynamique et lui donner une ampleur européenne. Pour plus de détails voir « Chômage : appel au débat », Trente intellectuels français, in Nouvelles pratiques sociales, vol. 8, n° 2, 1995, p. 169-173 sur

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année, qui leur permet de reprendre leurs relations avec quelques personnalités et mouvements de gauche qu’ils avaient déjà côtoyés au milieu des années 1980. Dominique Voynet confirme sa position dans le parti, présentant à l’Assemblée générale du Mans de novembre 1995 une motion « Rassembler pour agir », votée à plus de 75 %. Cette configuration entraîne « la reprise de la croissance du nombre d’adhérents »268.

La particularité de ces nouveaux adhérents ne réside pas dans leurs trajectoires – elles sont relativement semblables aux précédentes – mais dans le motif d’adhésion. Contrairement à leurs prédécesseurs, assez indifférents à l’ancrage à gauche du parti, les deux enquêtés de notre terrain qui adhèrent en 1995 sont en accord avec la stratégie que le parti renvoie désormais : une formation de gauche, intéressée par les postes électifs. C’est qu’ils ont, tout au long de leur trajectoire, opté pour des orientations politiques plus marquées à gauche que les militants plus anciens auxquels ils ressemblent malgré tout. La trajectoire de Lucien est peut-être celle de nos deux enquêtés qui l’illustre le mieux.

Né trois ans avant Yves Paccou, en 1945, Germain est élevé dans une famille politisée. Comme celui d’Yves Paccou, son père est élu (maire socialiste d’une petite commune du Val d’Oise alors que celui du premier est député RPR). Également bon élève, il entre à seize ans dans une école de commerce de Reims, en 1961, où il apprend plusieurs langues. Diplômé en 1964, et pas encore majeur, il se voit imposer par son père une réorientation vers la comptabilité. Pour y échapper, il passe le CAPES de maths, qu’il réussit. Devenu enseignant dans un lycée de province, il participe relativement peu aux événements de mai 68. Il est en effet déjà marié à cette époque et sa femme est enceinte. Sa trajectoire scolaire est moins ascendante que celle d’Yves Paccou. Tout comme ce dernier, il choisit, malgré sa charge de famille, de partir en Afrique. Professeur de maths en Tunisie puis salarié coopérant, il prend conscience « des différences de niveaux de vie entre les pays riches et les pays du Tiers monde »269. Mais moins à l’aise qu’Yves Paccou avec les orientations politiques

de l’institution pour laquelle il travaille (le secrétariat d’État à la Coopération), il rentre en France au bout d’un an et prend un poste d’enseignant en comptabilité à Rouen. Comme Yves Paccou, il prend sa carte à la CDFT et y occupe des fonctions de responsable. Mais alors que le premier avait couplé ce militantisme syndical avec celui au Parti socialiste, Germain choisit, lui, la LCR, où il milite à partir de 1971, tout en étant très proche des socialistes qu’il côtoie dans son syndicat :

http://id.erudit.org/ierudit/301335ar ; voir également Alain CAILLÉ, « Une fondation Polanyi : un projet toujours actuel », in Revue du MAUSS, 1/2007 (n° 29), p. 465-476.

268 D’après Benoît RIHOUX, Les Partis politiques : organisations en changement, op. cit., p. 164. 269 Pour cette citation et les suivantes, entretien avec Germain, 30 avril 2008.

Je me sentais à gauche. Je me sentais vaguement révolutionnaire mais le Parti communiste ne me convenait pas parce qu’il représentait l’Union soviétique. J’avais réfléchi pendant trois semaines au maoïsme [rires] mais ça m’avait suffi ! J’avais été un tout petit peu attiré par les histoires de révolution culturelle mais rapidement j’ai fréquenté des maos et je me suis rendu compte que c’était n’importe quoi, que c’était de l’endoctrinement et surtout pas de l’épanouissement. Donc la Ligue, c’était un petit peu mieux. Il y avait l’aspect Trotski donc opposition à Staline, etc… mais je m’en suis éloigné assez vite. En fait, j’étais relativement proche du Parti socialiste. Parce qu’il y avait beaucoup de gens qui étaient à la fois à la CFDT, comme moi, et au Parti socialiste.

Germain quitte la Ligue en 1977, en même temps qu’il accepte un poste d’enseignant en Corse. Il y reste six ans, avant un conflit avec les milieux indépendantistes qu’il côtoyait. Rapatrié sur le continent, il devient professeur d’économie dans un lycée niçois et quitte la CDFT, dont il considère qu’elle a joué un rôle dans son départ de la Corse. Il se contente ensuite de militer au SGEN. Lorsqu’il entre chez les Verts, en 1995, Germain n’est pas, comme Yves Paccou, un « déçu du socialisme », mais un « déçu de l’extrême gauche ». Les deux ont ainsi, en entrant chez les Verts, modéré leur « gauchisme ». Par ailleurs, alors qu’Yves Paccou se consacre très vite aux réflexions programmatiques en intégrant la commission « Économie et social », Germain s’engage sur le terrain. Il intervient auprès des élus municipaux de 1995, pour lesquels il devient une sorte de chargé de mission technique, et milite auprès des associations d’usagers de transports. Quant à sa deuxième femme, elle est, contrairement à celle d’Yves Paccou, écologiste et très engagée. Autant de raisons qui font peut-être que Germain n’a pris sa carte qu’une fois qu’il était sûr d’adhérer à une formation écologiste de gauche. De 1996 à 2001, l’écologie politique française se recompose, autour des Verts. Les premières discussions avec les autres partis de gauche ont lieu en marge des Journées d’été de Sanguinet, en août 1996, où Charles Fiterman (CAP), Robert Hue (PCF) et Lionel Jospin (PS) sont invités. Les Verts, pressés de préparer les accords aux prochaines législatives, puis pris de court par la dissolution de Jacques Chirac, ratifient un accord que bon nombre d’entre eux considèrent comme a minima. Alliés au Parti socialiste malgré les heurts et mécontentements internes, ils font élire, en 1997, six députés270, et acceptent que

Dominique Voynet entre au gouvernement comme ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire. Elle est rejointe par Guy Hascoët qui, après le succès des Verts

270 Marie-Hélène Aubert, Yves Cochet, Guy Hascoët, Noël Mamère, Jean-Michel Marchand et Dominique Voynet. André Aschiéri, qui n’est pas adhérent des Verts, rejoint leur groupe.

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aux élections européennes de 1999271, obtient un secrétariat d’État à l’Économie solidaire272,

avant d’être remplacé, de 2001 à 2002, par Yves Cochet. Pour les militants les plus favorables aux alliances avec le Parti socialiste, cette séquence justifie a posteriori la dynamique d’ancrage à gauche, et ce malgré les résultats des élections régionales et cantonales de 1998273 durant lesquelles, d’après certains militants, les Verts ont pâti de leur

alliance avec le Parti socialiste. Parmi nos enquêtés, Philippe Chesneau est élu conseiller régional cette année là, et préside la commission « Emploi » du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Les plus petites formations, dont le CES de Noël Mamère, le PERLES fondé par Yves Piétrasanta, l’AREV et la CAP, sans réel succès électoral, rejoignent massivement les Verts entre 1997 et 1998. Ces nouveaux entrants ne modifient pas les équilibres internes : ils viennent en effet grossir les rangs de la majorité voynetiste, sans pour autant provoquer le départ des anciens waechtériens dont certains sont mêmes revenus, avec l’échec relatif du MEI. Les Verts monopolisent de fait, à nouveau à partir de cette séquence, la représentation de l’écologie dans le champ politique.

Notre enquête nous a fait rencontrer onze de ces nouveaux adhérents. Trois adhèrent entre 1997 et 1998, dans le cadre de la fusion des Verts et du groupe CES de Noël Mamère. Leurs trajectoires, peu éloignées de celles de leurs prédécesseurs, sont simplement plus proches du Parti socialiste ou de la « deuxième gauche ». Ils avaient quitté GE, créée par Brice Lalonde pendant qu’il était au gouvernement274, considérant sa stratégie comme une

« droitisation », pour suivre Noël Mamère en 1994, au moment où ce dernier avait, avec quelques proches, créé CES. Militants de longue date, ayant, pour beaucoup d’entre eux, déjà été élus, ils possèdent des capitaux militants significatifs et pour certains, des ressources politiques locales personnelles.

Né en 1954 dans une famille de bretons « de tradition chrétienne de gauche », Dominique Boullier est fils d’un employé de la SNCF et d’une infirmière. L’écologie et la politique sont le lot quotidien de cette famille d’agriculteurs rennais, « grande et unie »275. La

plupart de ses membres, dont ses parents, se sont engagés en Mai 68, dans les luttes