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123 Benoit RIHOUX, Les Partis politiques : organisations en changement, op cit., p 162.

124 Il est donc dit « évolutif ». En font notamment partie Didier Anger, Dominique Voynet, François Degans et Antoine Waechter. 125 La liste est publiée dans la Lettre contact. Bulletin de liaison des Verts du 23 février 1984. Il en existe douze, qui reflètent les thématiques dont les Verts se préoccupent : agriculture, animaux, culture et communication, démographie (animée par Jean Brière), économie (animée par François Degans), énergie (animée par Yves Cochet), institutions, nature et environnement, défense et désarmement, santé, Tiers-monde et transports et urbanisme.

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laquelle les Verts n’ont de toute façon pas d’élu. L’agrément intérieur est définitivement adopté à l’Assemblée générale de Lille, en novembre 1985.

Les orientations politiques ont également été formalisées dès 1984. Elles ne forment pas à proprement parler un ensemble idéologique complet et cohérent, mais ce type d’ensemble existe-il vraiment dans les partis politiques ? Les « Textes fondateurs » également appelés « Manifeste » en attestent. L’« Introduction » est signée de Roger Fischer. Citant Karl Marx et Jean-Jacques Rousseau, il met en garde contre les crises et s’interroge sur le devenir de l’Humanité, si elle n’est pas en mesure de transformer, démocratiquement, ses manières de produire, de consommer et de vivre. Jean Brière, Yves Cochet et François Degans signent les trois textes qui forment ce corpus. Le premier, « Un monde en crise, un planète en péril », revient sur les différents types d’aliénation de l’Homme, et renvoie dos-à- dos, à coup de citations de Marx, Freud et Bakounine, les « deux modèles dominants » que sont les États-Unis et l’URSS. Le deuxième, de la main d’Yves Cochet, « Écologie et technocratie », pointe les dérives des « institutions obèses » et du productivisme et se prononce en faveur d’une diminution rapide du temps de travail, de la production et de la consommation des biens industrialisés. Le texte de François Degans, « Qu’est-ce que le productivisme ? », prend le Club de Rome, Ivan Illich, Jean Baudrillard, Cornélius Castoriadis, André Gorz et Alain Touraine à témoin, pour vanter les mérites d’une société qui saurait se garder des dérives conjointes du capitalisme et du productivisme. Ces textes sont à la fois le fruit des réflexions ayant présidé à l’unification de 1984 et l’héritage des structures et des campagnes électorales anciennes, pour lesquelles des programmes avaient été élaborés, et qui avaient permis d’affirmer un certain nombre de principes et de propositions concrètes. Les Verts sont donc, dans cette première période, une organisation partisane en phase de structuration, tant du point de vue organisationnel que du point de vue idéologique. Il faut ensuite insister sur le fait qu’être une organisation « en rodage » rend les Verts particulièrement sensibles à l’actualité et aux luttes interpersonnelles. C’est à la faveur des deux, nous semble-t-il, qu’Antoine Waechter a pu s’imposer. Dans les récits habituels, entièrement dédiés à la structuration du fonctionnement interne et à la participation, sans succès, aux élections européennes de juin 1984127 et cantonales de 1985, cette arrivée au

pouvoir n’est jamais expliquée. Pour la comprendre, il faut rappeler que pendant cette période, les luttes environnementales reviennent sur le devant de la scène. Les Verts

127 Les auteurs militants attribuent cet échec à la présence de la liste concurrente sur laquelle figure Brice Lalonde.

tiennent leur Assemblée générale de novembre 1986 sur fond d’affaire Rainbow Warrior128 et de catastrophe de Tchernobyl. Élu régional depuis mars, Antoine Waechter, réputé pour son engagement en faveur de la préservation de la nature, propose, avec Andrée Buchmann notamment, la motion « L’écologie n’est pas à marier ». Il rassemble 68 % des voix et évince l’ancienne direction, plus favorable aux alliances à gauche et à l’ouverture aux alternatifs, et devient l’un des quatre porte-parole (avec Andrée Buchmann, Solange Fernex, et François Berthout129). Le secrétaire national est Guy Marimot, et le reste jusqu’en 1988. L’équipe

dirigeante inclut des militants écologistes de longue date, dont François Degans, Guy Cambot et Christian Brodhag mais n’exclut pas les anciens devenus minoritaires puisque Yves Cochet, Didier Anger et Guy Marimot restent dans le Collège exécutif. Si l’arrivée au pouvoir d’Antoine Waechter a pu être favorisée par les catastrophes environnementales de l’époque, elle est également le signe de son succès dans les luttes internes. Présentée dans tous les récits officiels comme la victoire des militants « environnementalistes » sur les militants « sociaux » – les premiers étant généralement désignés comme « ni ni » puisque considérant que les spécificités de l’écologie politique méritent qu’on la construise au-delà et en dehors des clivages politiques traditionnels, et les seconds comme « de gauche » puisque favorables à l’élargissement de la base du parti via l’intégration des « déçus du socialisme »130 nés du

« tournant de 1983 » – elle n’est jamais clairement expliquée. Pour comprendre de quelle manière le rapport de force entre les dirigeants fondateurs bascule soudain en faveur d’Antoine Waechter et de ses partisans, et l’émergence de ce clivage, structurant – et toujours actuel – entre militants « environnementalistes » et « sociaux », il faut revenir sur une séquence que nous avons pu reconstituer à partir de notre enquête auprès des militants de la commission « Économie et social » et de notre travail sur les archives du parti.

Dès le mois de novembre 1984, les militants verts votent une motion présentée par Yves Cochet131 proposant de conduire une campagne d’action « prioritaire » contre le

chômage. Première action d’ampleur nationale du parti, elle est dans un premier temps destinée à mobiliser uniquement les militants. Mais cette décision les conduit à s’engager dans une campagne de mobilisation plus large. En effet, les Alternatifs lancent, quasiment dans le même temps, l’appel « Vivre solidaires-contre le chômage », qui propose à celles et ceux dont le revenu dépasse 6.000 francs d’« accepter une réduction importante de [leur] temps de travail accompagné d’une baisse de [leurs] revenus, à condition que cette

128 Du nom du navire de Greenpeace coulé, en 1985, sur ordre du gouvernement socialiste français de l’époque alors qu’il faisait route vers Mururoa pour protester contre les essais nucléaires.

129 Cet ancien élève de Claude Lefort à l’Université de Caen, ex-militant de la LCR et dans plusieurs collectifs s’est installé, comme avocat, en Normandie.

130 Cette appellation apparaît dès la Lettre contact. Bulletin de liaison des Verts de décembre 1984. 131 La motion votée est reproduite dans la Lettre contact. Bulletin de liaison des Verts de décembre 1984.

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réduction donne lieu à une embauche compensatoire obligatoire »132, et prévoit la création

d’une association destinée à soutenir les chômeurs dans des projets de création d’emploi d’utilité sociale – Solidarité-Emploi133 – à laquelle pourraient participer diverses

organisations – syndicales, politiques, associatives, chrétiennes – et des acteurs de l’économie alternative et de l’économie solidaire. Le lancement de cette campagne mobilise de nombreuses personnalités, dont Félix Guattari, Gilles Deleuze, Monseigneur Gaillot134,

Maurice Pagat135, Jean-Baptiste de Foucauld136, Gérard Marle137

Les militants verts engagés dans cette mobilisation côtoient à cette occasion un ensemble hétéroclite d’experts et de hauts fonctionnaires, chrétiens démocrates engagés dans la lutte contre le chômage, intellectuels, artistes, militants de la nébuleuse alternative et communautaire, anarchistes, gauchistes et néo-ruraux qui pour certains, à l’image de Félix Guattari ou Alain Lipietz138, adhèreront au parti quelques années plus tard. Pris dans cette

dynamique, les Verts lancent, en mai 1985, l’Appel à la convergence des forces alternatives et écologistes, dans lequel ils mentionnent qu’ils sont décidés à proposer des « listes ouvertes pour les élections de 1986 »139. Cet appel, destiné à rassembler plusieurs petites

organisations politiques dans une configuration dont ils seraient l’organisation pivot, apparaît comme un « coup » dans la lutte qui les opposent aux Alternatifs et dont l’enjeu politique et symbolique réside dans la recomposition des « forces de gauche ». Il sert en effet de passerelle officielle entre le parti et diverses organisations, notamment le PSU et la Fédération de la gauche alternative (FGA) fondée, tout comme les Verts, en 1984. Il permet

132 D’après la reproduction de l’appel transmis via un courrier interne aux Verts, signé d’Yves Cochet (alors porte-parole du mouvement) et Jean-Pierre Georges (il co-préside la commission Économie), daté du 29 décembre 1984. Boîte « Campagne chômage 1985 », archives Yves Cochet, CIRE.

133 D’après le document « Créer avec les chômeurs des emplois d’utilité sociale », annoté par Guy Marimot le 29 décembre 1984, alors responsable des campagne-actions des Verts. Boîte « Campagne chômage 1985 », archives Yves Cochet, CIRE.

134 Évêque d’Evreux depuis 1982, il est engagé dans la défense des droits des minorités et contre le nucléaire. Co-fondateur de Droits devant ! en 1994, et coutumier de prises de positions contraires au magistère de l’Église catholique (mariage des couples homosexuels, ordination des femmes…) il est déchargé de son diocèse en 1995.

135 Militant catholique de gauche, influencé par Emmanuel Mounier et les dominicains, Maurice Pagat est considéré comme une figure emblématique des mouvements de chômeurs.

136 Ancien élève de l’IEP et de l’ENA, Jean-Baptiste de Foucauld, alors fonctionnaire à l’Inspection des finances, est un proche de Jacques Delors. Il participe à son club « Échanges et projets », où s’élabore dans les années 1970 l’essentiel des propositions portées par la gauche chrétienne. Spécialiste des questions d’emploi, de chômage et de solidarité, il crée dès 1985 l’association Solidarités nouvelles contre le chômage.

137 Ordonné en 1970, Gérard Marle est prêtre ouvrier à La Courneuve dès 1972. Frappé par l’arrivée du chômage dès la fin des Trente glorieuses, il s’engage dans la lutte contre le chômage et l’exclusion, et crée, avec Maurice Pagat, le Comité chrétien de solidarité aux chômeurs.

138 Il vient de signer en tant qu’économiste un ouvrage qui défend la création d’un « tiers secteur » à développer entre le secteur public et le secteur marchand. Voir Alain LIPIETZ, L’Audace ou l’enlisement. Sur les

politiques économiques de la gauche, Paris, La Découverte, 1984.

139 « Appel pour la convergence des forces alternatives et écologistes avec Les Verts. Bases politiques », boîte « PSU/FGA. 1980-1990 », fond Yves Cochet, CIRE.

de renforcer les liens entre catholiques de gauche140, militants « ex libertaires, anarchistes,

autogestionnaires, alternatifs, maoïstes, trotskystes, socialistes, PSU ou communistes »141, et

ceux qui, à l’intérieur des Verts, œuvrent, plus ou moins consciemment, depuis la création du parti, en faveur de son ancrage à gauche.

Si cette séquence de mobilisation permet de redynamiser une partie du vivier écologiste issu de Mai 68 dont tous les militants, loin s’en faut, n’avaient pas rejoint les organisations écologistes, et a fortiori le parti vert, et de nouer des liens avec les acteurs avec lesquels les Verts construiront ensuite leurs politiques publiques d’économie sociale et solidaire142, elle est un échec du point de vue de la stratégie politique et de la recomposition organisationnelle. Les verts les plus convaincus de s’allier avec les « forces de gauche », dont Yves Cochet, n’ont en effet pas réussi à convaincre les autres organisations de les rejoindre formellement, et cet échec les affaiblit dans le rapport de force interne qui les opposent déjà aux partisans d’une rupture plus franche avec des mouvements jugés encore trop proches du socialisme et du communisme. Cette séquence voit ainsi s’opposer, pour la première fois dans le cadre du parti constitué, les militants verts, selon leur proximité avec les questions sociales et les acteurs de terrain mobilisés. C’est à cette occasion, nous semble-t-il, que s’officialise et se systématise le travail d’étiquetage143 entre les « sociaux » et les

« environnementaux ». Bien que caricaturant les positions et prises de positions de militants qui sont en réalité presque tous multi engagés sur les questions sociales et environnementales, cette opposition se solidifie et se légitime à mesure qu’elle est instrumentalisée dans les luttes internes, notamment par les deux leaders de fait de l’époque que sont Yves Cochet et Antoine Waechter, et par leurs équipes144, d’autant plus que le parti,

encore en voie de structuration, ne fonctionne pas comme une instance d’harmonisation et d’homogénéisation des prises de positions. C’est donc à la faveur de l’insuccès de la démarche d’Yves Cochet et de ses partisans pour rapprocher les Verts des espaces militants de la gauche alternative de l’époque que les Verts s’ancrent momentanément dans le « ni droite ni gauche ».

140 Voir pour les détails de leur émergence et de leurs liens conflictuels avec l’Église catholique, Jacques LAGROYE, Appartenir à une institution. Catholiques en France aujourd’hui, op. cit.

141 Raymond PRONIER et Vincent Jacques Le SEIGNEUR, Génération Verte. Les écologistes en politique, op. cit., p. 222.

142 Notamment les Boutiques de gestion (BG), l’Agence de liaison pour le développement d’une économie alternative (ALDEA), l’Association d’études des pratiques alternatives, les réseaux France initiative. Voir le chapitre 4 sur ce point.

143 Ici entendu comme travail de stigmatisation réciproque qui confèrent aux « étiquetés » de chaque camp le statut de déviants au regard de ce que devrait être l’orientation idéologique de l’organisation, et en connaissance des réserves que cette appellation peut susciter. Voir sur ce point, Howard S. BECKER, Outsiders.

Études de sociologie de la déviance.

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Dirigés par Antoine Waechter qui le théorise, en interne et via les médias, les Verts se recentrent sur les questions environnementales. Ils attirent, dès lors, des militants que le clivage droite-gauche concerne peu et qui trouvent, de ce fait, à ce moment, des motifs d’engagement. C’est le cas de Jules, seul de nos enquêtés à adhérer aux Verts en 1986 et à ne pas avoir de passé militant « à gauche ». Né juste après la seconde guerre mondiale, d’un père comptable et d’une mère institutrice, il grandit dans une famille dont les préférences politiques sont peu marquées. Il la déclare en effet « socialiste » mais également « gaulliste de circonstance »145. Enfant unique, il est bon élève. Il n’interrompt sa scolarité que pour

effectuer son service militaire en Algérie, expérience dont il parle peu, à l’image des autres enquêtés contemporains de cette guerre, et qu’il résume en une formule : « Les jeunes de maintenant ne se rendent pas compte de ce que c’est que d’être en enfer ». À son retour, il suit des études d’ingénieur en papeterie. Il exerce ce métier pendant une dizaine d’années, tout en se mariant avec une institutrice, élevée dans une famille de militants communistes. Ils ont quatre enfants. Devenu directeur d’une entreprise de papeterie, il « fait mai 68 du côté des patrons ». Peu sensible aux revendications des grévistes en matière de conditions de travail, ce mouvement l’invite en revanche à s’intéresser aux conséquences environnementales de la production de papier. Sensibilisé par un groupe de militants aux pollutions industrielles, il commence à s’engager, en compagnie de sa femme.

F.N : À l’époque j’habitais la Haute Maurienne, qui était une vallée entièrement industrielle et qui émettait toutes sortes de pollutions, à cause de l’électrométallurgie. Moi j’étais dans cet univers, j’étais directeur d’une papeterie. Elle polluait allègrement l’atmosphère parce qu’on avait des rejets de vapeur de souffre, de CO2 […] et on rejetait

de la fibre, on rejetait dans l’eau qui était turbinée par l’EDF enfin finalement… ça m’a amené à envisager de quitter ces fonctions pour chercher une activité plus en règle, plus en accord avec nos constatations quoi.

- Les gens qui vous avaient sensibilisé à ces pollutions, c’étaient qui exactement ? C’étaient des amis, des experts que vous aviez entendus ?

F.N : C’était un groupe auquel nous avions été invités par des amis et qui s’était constitué, un groupe qui n’existe peut-être plus, qui s’appelle les « orthologistes », c'est- à-dire ortho au sens de droit, donc une logique rigoureuse et qui ne se laissent pas influencer par les sentiments ou des choses comme ça, en théorie.

- Et ils vous ont tellement convaincu que vous avez décidé de changer de travail ? F.N : Oui. Et puis il y avait aussi des raisons familiales. Ma femme ne supportait plus le coin, et pour les enfants, il fallait quand même qu’on se rapproche d’établissements scolaires etc.

Cet engagement conduit Jules à reprendre des études d’économie, et participe de sa reconversion professionnelle. Ingénieur quelques années dans un bureau d’étude en chauffage solaire, il a en effet le projet de créer une entreprise de capteurs solaires. Il obtient sa maîtrise en 1977, à l’université de Grenoble, et participe la même année, avec sa femme, à la manifestation contre l’implantation de la centrale nucléaire, à Creys-Malville. La violence des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, provoquant de nombreux blessés et la mort du militant Vital Michalon, le marque profondément et le conforte dans le bien fondé des luttes dans lesquelles il s’est engagé. On n’était pas loin de là où ça s’est passé… C’est un souvenir assez vivace, une journée qui a été vraiment dure, d’autant plus qu’il a plu des cordes toute la journée ! […] On était mouillés comme des… surtout ma femme… […] C’est là que l’on a fait connaissance de chercheurs sur l’énergie nucléaire. […] Et après, on a participé à toutes les manifestations antinucléaires, on a même organisé des conférences. […] Depuis, ma femme est très anti EDF, moi moins… parce qu’il faut bien reconnaître que si l’on a été avertis des risques, c’est qu’il y avait des gens qui travaillaient dans le nucléaire et qui nous ont avisés des dangers.

Lancée en 1979, son entreprise l’occupe beaucoup. Peu disponible, et plutôt opposé à la création d’un parti politique écologiste dont il craint qu’il soit, comme le PCF dans lequel militent les parents de son épouse (le père est même élu depuis de nombreuses années), « une structure où ça marche à la baguette, où il faut suivre la ligne si l’on ne veut pas être éjecté », il n’adhère à aucune organisation écologiste de l’époque. Sa femme Marguerite s’implique, elle, dans la revue écologiste Silence !, créé en 1982, que les Verts considèrent comme très critique à leur égard. Jules n’adhère qu’en 1986, à un moment où son travail l’accaparant moins, il « se sent plus libre », et où la ligne d’Antoine Waechter le rassure. Resté peu politisé (il ne se sent ni très intéressé par le jeu politique, ni très compétent en la matière)146, il est attiré par l’organisation verte au moment où elle exprime le plus, ou en

tous cas le plus officiellement, le rejet des formes classiques du politique. Il a ainsi le sentiment de rejoindre, en « technicien », un parti « qui n’en est pas un » et qui ne relève ni d’une idéologie de droite, ni d’une idéologie de gauche.

J’ai le sentiment, et je le garde, que l’écologie ne passe pas par la gauche et la droite. L’écologie passe par une certaine conception de la vie sociale, qui n’est ni celle des syndicats de gauche parce que eux, les patrons peuvent payer mais sortis de là, ils n’ont

146 Voir sur cette notion le classique Daniel GAXIE, Le Cens caché. Inégalités culturelles et ségrégation politique,

139 pas de programme, ni ceux de droite, pourvu qu’on fasse du pognon, de toute façon on vous distribue des emplois, mais ils gagnent bien assez pour ce qu’ils font… L’écologie, ça ne passe pas par là, à mon avis. Ayant une vision concrète du militantisme, qu’il associe volontiers au « terrain », il se fond rapidement dans le parti, sans avoir nécessairement conscience des enjeux et des contradictions dans lesquels les Verts sont pris à cette époque.

Les tensions dans le parti s’accroissent en effet l’année suivante. Les militants verts