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CHAPITRE 3. DEMARCHE METHODOLOGIQUE ET CARACTERISTIQUES DES MENAGES DE

3.3. DISPOSITIF EXPERIMENTAL DE L’IRRIGATION DE COMPLEMENT ET DE L’INFORMATION

3.3.1. Expérimentation de l’irrigation de complément

3.3.1.1. Principe de l’irrigation de complément

ruissellement stockée dans des petits bassins construits (réservoirs) à proximité des champs de cultures (Fox and Rockström, 2000). Cette stratégie permettrait l’irrigation d’une portion de terre sur laquelle sera pratiquée une culture intensive ou à forte valeur ajoutée et pouvant résister à des pluies plus importantes. Elle est basée sur quatre principes : (i) la construction du bassin (ii) la collecte des eaux de ruissellement (iii) le choix et la mise des cultures (iv) la pratique de l’irrigation (Figure 5).

La construction du bassin est réalisée à partir de la main-d’œuvre du ménage avec l’appui de la main-d’œuvre communautaire (Photo 5). La main-d’œuvre communautaire n’est pas rémunérée, mais le bénéficiaire du bassin assure les besoins en vivres. Des producteurs peuvent cependant employer de la main-d’œuvre salariée pour la construction des bassins. Le trapèze et le rectangle sont les formes de bassin diffusées auprès des ménages agricoles. Le volume utile recommandé est de 150 m3 pour irriguer 0,25 ha de maïs (Photo 6). Toutefois, les choix du volume et de la forme du bassin sont fonction des décisions paysannes. Le bassin est creusé à l'endroit le plus bas de la parcelle pour faciliter la collecte des eaux de ruissellement. Des aménagements en terre sont réalisés pour faciliter le drainage de l’eau de ruissellement vers le bassin. L'eau est apportée à une culture pluviale qui devrait normalement produire des rendements sans irrigation. Le moyen d’exhaure vulgarisé est la pompe à pédale. Les ménages agricoles pourront cependant utiliser d’autres moyens d’exhaure tels que les arrosoirs, les motopompes et les pompes manuelles.

Note : a = 16,2 m ; b= 13 m ; c= 12 m; d= 15,2 ; e= 1,6 m.

Figure 5. Dispositif de l’irrigation de complément et dimensionnement du bassin (réservoir) de collecte des eaux de ruissellement

Sources : Adapté de Fox and Rockström (2003) et guide de construction des bassins (2iE, 2014) Pluie insuffisante d c a e b d a d b c e a e

Photo 5. Excavation d'un bassin à partir de la main-d'œuvre familiale Source : Zongo (2012)

Photo 6. Bassin rempli des eaux de ruissellement Source : Zongo (2012)

3.3.1.2. Sites d’expérimentation

Les sites d’expérimentation de l’irrigation de complément sont les villages retenus dans les provinces du Yatenga et du Bam situées dans la zone sahélienne du Burkina Faso (Carte 4). Ces provinces se caractérisent par une longue saison sèche d’octobre à mai et une courte saison de pluies de juin à septembre. Les précipitations sont insuffisantes, irrégulières et inégalement réparties. Elles sont comprises entre 500 et 600 millimètres. Les variations saisonnières des températures suivent l’évolution de l’ensoleillement. Les amplitudes thermiques sont très variables : les températures maximales atteignent 45°C (en avril-mai) et les minimales 15° C (en janvier-février). De novembre à avril, la zone subit le régime d’harmattan. Le régime de mousson s’établit de mai à septembre et s’accompagne des pluies. 3.3.1.3. Sélection des agriculteurs pilotes

Onze agriculteurs pilotes, à savoir six agriculteurs dans le Bam et cinq dans le Yatenga, ont été retenus pour expérimenter l’irrigation de complément au cours de la campagne agricole 2012-2013 (Tableau 1). Durant la troisième campagne agricole d’expérimentation (2014- 2015), le nombre de producteurs pilotes a été augmenté, passant de 11 à 15. Cette augmentation est liée à la construction de quatre nouveaux bassins dans la province du Bam. Malheureusement, l’irrigation de complément n’a pas pu être conduite chez ces derniers en raison de la livraison tardive des pompes à pédale par le fournisseur. Pour cette raison, les 11 producteurs pilotes initiaux suivis au cours des campagnes agricoles précédentes ont été retenus dans l’échantillon de 2014-2015.

D’une manière générale, les critères de choix des producteurs ont été la maîtrise des itinéraires techniques agricoles, la disponibilité de la main-d’œuvre familiale et d’une parcelle d’au moins 0,25 ha, la non-pratique de l’orpaillage et des cultures de contre saison dans les activités et l’absence de retenue d’eau (puits, cours d’eau) à proximité de l’exploitation agricole.

Tableau 1. Répartition des producteurs bénéficiaires de l’irrigation de complément

Provinces retenues Sites retenus pour l’irrigation de complément Effectif des producteurs pilotes

Mogodin 2 Bam Sandouré 2 Yennega 2 Yatenga Koumbri 1 Boulzoma 1 Tougou 1 Sologom 2 Total 7 11

3.3.1.4. Choix de la culture à pratiquer

Deux ateliers ont été organisés avant l’installation de la campagne hivernale 2012-2013. Un atelier participatif a consisté à laisser les producteurs choisir les spéculations agricoles et les moyens d’exhaure adaptés à la pratique de l’irrigation de complément. Les producteurs ont effectué des travaux en groupe pour proposer les spéculations et les moyens d’exhaure. Le maïs, le mil et le sorgho ont été proposés comme cultures céréalières. Certaines cultures maraîchères (aubergine locale, piment, tabac) pouvant être cultivées en association ou en cultures dérobées ont été aussi proposées. Après avoir discuté toutes les propositions, les agriculteurs ont retenu le maïs comme culture à expérimenter. Un atelier de formation a consisté à renforcer les capacités des producteurs sur les itinéraires techniques de la culture du maïs et l’utilisation des moyens d’exhaure.

3.3.1.5. Parcelles d’expérimentation

Dans chaque exploitation, une parcelle expérimentale (PE) de 0,20 ha et une parcelle témoin (PT) de la variété de maïs Barka ont été réalisées (Photo 7). Les PE et PT ont été semées par les mêmes quantités de semences et ont reçu les mêmes doses d’engrais (NPK et l’urée). L’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) recommande 20 kg de semences, 300 kg de NPK et 150 kg d’urée pour un 1 ha de maïs (Sanou, 2007). Les quantités de semences et d’engrais correspondantes aux superficies des PE et PT ont été pesées et conditionnées pour distribuer aux producteurs. Par ailleurs, une pompe à pédale a été fournie à chaque producteur pilote pour irriguer la PE lorsqu’il constate un début de flétrissement au niveau des plants de maïs. En d’autres termes, un complément d’eau est apporté à la culture lors d’une séquence sèche. Par contre la PT n’est jamais irriguée durant toute la campagne agricole. Etant donné que les PE et PT se trouvent dans les mêmes conditions pédoclimatiques et socio-économiques, les biais sont réduits et l’impact de l’irrigation de complément se trouve bien isolé.

Source : Auteur, à partir des expérimentations agricoles